« On remarquera cette expression latus au lieu de costa, “côté” au lieu de “côte” ; saint Augustin a pu admettre que, dans le texte de la Genèse, le mot hébreu désigne bien un côté et non une côte, sans accepter pour cela la fantaisie de l’androgyne primitif, qui devait lui sembler entachée de paganisme et contraire à tout l’esprit du récit biblique.
Une autre difficulté soulevée par le texte sacré était celle-ci. Il est dit que Dieu, après avoir créé Adam, lui insuffla la vie (ou une âme) ; mais il n’est rien dit de tel lors de la création d’Ève. Quelques-uns, au témoignage de saint Augustin, avaient conclu de là que l’âme de la femme, comme son corps, provenait directement d’Adam, ce qui impliquait cette conséquence dangereuse que l’esprit, comme la matière, passait des parents aux enfants et que Dieu n’était pas le créateur des âmes. Saint Augustin répondait que l’Écriture, ayant raconté une fois comment Dieu avait donné une âme à l’homme, s’est tue sur les autres âmes parce qu’elle croyait inutile de se répéter » (Salomon Reinach, La naissance d’Ève).