« [...] On comprendra sans doute que l’axe de la médecine mentale s’est entièrement déplacé, et que nous ne gravitons plus autour de la psychologie. Cliniciens et observateurs comme au temps de nos grands maîtres, nous portons plus volontiers notre attention sur les maladies du corps que sur les perturbations de l’entendement, et nous ne consentons plus, suivant l’expression de Falret, à devenir les secrétaires de nos malades et à écrire sous leur dictée.
Mais il est d’autres points sur lesquels la contradiction est encore plus radicale. L’axiome fondamental, l’idée maîtresse du système, c’est que la folie vraie est absolument indépendante et distincte du délire des maladies aiguës. Or, nous voyons l’un des doyens et des chefs de la médecine mentale, mon excellent maître et ami Moreau (de Tours), exprimer ouvertement l’idée qu’il n’existe aucune distinction radicale entre le délire et la folie, qu’il va même jusqu’à comparer à des faits parfaitement physiologiques, le rêve et le sommeil [...] » (Benjamin BALL, La médecine mentale à travers les siècles).