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D. G. M. SCHREBER

Des exercices particuliers : 31 à 45

Gymnastique de chambre : Chapitre III (Exercices 31 à 45)

Date de mise en ligne : mercredi 8 mars 2006

D. G. M. Schreber, Gymnastique de chambre médicale et hygiénique, Cinquième édition (Traduite sur la 15e Édition allemande), Éd. G. Masson, Paris, 1867.
 Chapitre III : Description des formes particulières du mouvement, des exercices particuliers, de la gymnastique médicale de chambre, avec adjonction de l’indication de quelques applications spéciales à chaque exercice.
 Exercices 31 à 45.

Trente et unième exercice. - Étendre et fléchir le pied, 20, 30, 40 fois chaque pied.

La jambe étant libre et légèrement tendue en avant, de manière que le genou reste immobile, on relève et on abaisse successivement avec force la pointe du pied, en donnant à ce mouvement toute l’étendue qu’il est possible de lui donner. Ce mouvement concerne uniquement l’articulation du pied (articulation tibio-larsienne). En même temps que l’on relève et que l’on abaisse le pied, on fléchit et on étend aussi les doigts du pied, ce qui exige naturellement l’emploi de chaussures assez larges. Après avoir ainsi relevé la pointe des pieds, on pourrait, pour alterner, faire exécuter à la pointe des pieds un mouvement circulaire, et ainsi de suite.

Cet exercice met en activité les muscles tibiaux, péroniers, et principalement tous ceux du bas de la cuisse et du pied. Il nous fournit un moyen convenable pour faciliter le jeu des articulations du pied, du torse et des doigts de pied (articulations tibio-tarsienne et métatarso-phalangienne) ; il est utile comme dérivatif pour faire descendre le sang de toutes les autres parties du corps ; il exerce un effet salutaire lorsqu’on l’oppose aux paralysies et aux légères contractures des pieds ; il constitue un moyen rapide et radical de s’échauffer les pieds [1].

Trente-deuxième exercice. - Élever le genou en avant, 4, 8, 12 fois pour chaque jambe.

La jambe, étant pliée avec force à l’articulation du genou, est ensuite élevée de manière que le genou se rapproche aussi près que possible de la poitrine. Le mouvement doit être accentué avec vigueur au moment de l’élévation. Il est bon de s’efforcer de tenir la partie supérieure du corps aussi immobile que possible, ce qui n’empêche pas qu’il ne se produise toujours involontairement une légère inclinaison du corps en avant. Lorsqu’il y a liberté complète du jeu de l’articulation coxo-fémorale et que les muscles élévateurs de la jambe ont acquis par la pratique leur pleine puissance d’action, le mouvement peut atteindre une telle perfection d’exécution, que le genou peut arriver à toucher légèrement la poitrine sans que la partie supérieure du corps (le buste) subisse la plus légère inclinaison en avant. On doit du reste, dans cet exercice, tenir rigoureusement compte des conditions spéciales de l’idiosyncrasie individuelle qui imposent à l’étendue des mouvements de cette nature des limites différentes suivant les individus. Il faut aussi, dans cet exercice, éviter les mouvements violents ; la manière la plus sûre d’arriver au but est de se contenter de ce que chaque individu peut faire. Le mode d’exécution le plus facile consiste à faire exécuter alternativement le mouvement à chaque jambe.

Tous les muscles élévateurs de la jambe, notamment ceux qui sont placés bien avant dans la cavité abdominale, sont mis avec une très grande force en activité par cet exercice qui, par son action tant interne qu’externe, agit mécaniquement d’une manière tout à fait convenable sur la totalité des organes de l’abdomen. Son influence sur les fonctions de ces organes est extrêmement vive et bienfaisante.

Cet exercice doit donc être recommandé surtout dans tous les états pathologiques provenant en général d’inertie ou d’interruption des fonctions de l’abdomen, ou dans les affections chroniques concomitantes, et notamment dans les engorgements du système de la veine porte, dans les digestions difficiles, surtout celles provenant d’un état pathologique de l’intestin grêle, qui se manifeste par les malaises que l’on ressent généralement une heure et demie à deux heures après les repas, dans les constipations, dans le développement si incommode de flatuosités, de gaz, que l’exercice dont il est ici question a pour effet tout spécial d’expulser immédiatement, dans l’hypochondrie, dans l’hystérie, dans les cas d’interruption de l’écoulement des flux hémorroïdaux et menstruels, dans les affections qui portent le nom d’hémorroïdes muqueuses et d’hémorroïdes de la vessie, dans les écoulements muqueux (leucorrhée) des organes génitaux du sexe féminin, etc., etc. ; cet exercice constitue en outre un moyen tout à fait convenable pour amener rapidement la fatigue et par suite le sommeil.

Dans les applications de cet exercice, il faut toujours avoir en vue que son premier effet général est d’échauffer, et que la considération de cette circonstance doit peser d’un grand poids sur son mode d’application et sur sa réglementation ; l’exécution de cet exercice doit donc être entièrement proscrite dans les cas d’inflammation des organes de l’abdomen, ou dans les cas de tendance aux hémorragies et d’existence de hernies abdominales ; elle ne doit être appliquée qu’avec beaucoup de précautions chez les femmes qui présentent des tendances aux palpitations ou qui suivent un traitement échauffant dans lequel elles font usage d’eaux minérales en boissons et en bains.

Cet exercice ne doit être prescrit aux jeunes filles que dans des cas tout à fait exceptionnels.

Trente-troisième exercice. - S’accroupir, 8, 16, 24 fois de suite.

Les talons étant bien rapprochés, on s’élève sur la pointe des pieds ; puis, en ayant soin de tenir le corps bien droit, on se baisse autant que possible et on se relève de la même manière sans séparer les talons l’un de l’autre. Dans les commencements, on éprouvera quelque peine à tenir le corps bien droit ; en effet, en s’efforçant de se maintenir en équilibre, on se penchera presque involontairement plus ou moins en avant. Toutefois, avec un peu d’attention et d’habitude, on arrivera bientôt à triompher de cette difficulté.

Les muscles extenseurs du genou, les muscles péroniers et les muscles des orteils (doigts du pied) jouent ici le principal rôle ; toutefois, les efforts que l’on est obligé de faire pour maintenir le corps bien droit font concourir à l’action des muscles inférieurs du dos pour une part qui est loin d’être insignifiante.

Cet exercice a pour effet de procurer de la liberté au jeu de toutes les articulations de la jambe et des pieds ; il joue en outre le rôle d’un fortifiant énergique dans les paralysies de la moitié inférieure du corps et d’un dérivatif dans les congestions des parties supérieures du corps. Comme il stimule fortement la respiration, il est utile, pour certaines personnes, de se ménager des intervalles de repos dans l’exécution des doses d’exercice représentées par le 2° et le 3° nombre [2].

Nous allons examiner maintenant une série d’exercices composés, c’est-à-dire d’exercices dans lesquels l’activité musculaire n’est plus localisée dans un membre ou dans une région, mais s’étend de temps en temps plus ou moins, bien qu’à des degrés divers d’intensité, à plusieurs régions, par contre-coup au corps entier.

Trente-quatrième exercice. - Passer une canne par-dessus la tête d’avant en arrière et d’arrière en avant, 4, 12, 16 fois dans chaque sens.

On doit employer pour cet exercice une canne bien ronde, qui doit avoir une longueur telle qu’elle puisse mesurer l’espace compris entre le sol et l’aisselle de la personne qui s’en sert. On prend la canne aux deux bouts avec les deux mains en tournant leur face dorsale en l’air, puis on fait décrire verticalement au-dessus de la tête, à la canne, un mouvement circulaire d’avant en arrière ; on ramène ensuite la canne de la même manière en avant, en ayant soin que, tant dans le mouvement d’avant en arrière que dans celui d’arrière en avant, la canne arrive bien à se trouver en contact avec le corps. Un point capital, c’est de garder toujours le bras fortement tendu à l’articulation du coude. Dans les commencements, cela présente bien quelques difficultés, parce que, chez bien des gens, le manque d’exercice a fait perdre à l’articulation de l’épaule la plénitude de sa liberté naturelle d’action. Cette difficulté diminue peu à peu par la pratique : on peut alors, au fur et à mesure, rapprocher quelque peu les mains jusqu’à ce qu’elles arrivent à prendre la position qui doit être considérée comme la limite extrême, et qui est représentée par la figure 34 dans les proportions moyennes ordinaires.

Le mouvement de la canne d’avant en arrière et d’arrière en avant détermine un léger balancement du tronc d’arrière en avant et d’avant en arrière qui fait de cet exercice un exercice composé.

L’action principale porte sur les muscles de l’épaule et s’étend aux muscles extenseurs des bras ainsi qu’aux muscles inférieurs du dos et de l’abdomen.

Cet exercice constitue le moyen le plus puissant de procurer de la liberté à l’articulation de l’épaule : il nous fournit un auxiliaire vraiment heureux du traitement de la paralysie des muscles qui y concourent ; il améliore l’acte respiratoire en le faisant arriver à son complet développement et active les fonctions abdominales.

Trente-cinquième exercice. - Marcher avec une canne passée transversalement entre le dos et les plis de chaque coude pendant 10 à 15 minutes.

Les coudes étant fléchis à angle droit et portés fortement en arrière, on passe transversalement entre le dos et les plis de chaque coude une canne courte et bien arrondie ou un bâton qui présente les mêmes conditions. On se promène ainsi pendant le temps indiqué en se tenant le corps le plus droit possible. Un point important dans cet exercice est de bien rejeter en arrière les bras et les épaules qui doivent être bien tendus, et d’abaisser les dernières. La canne donne le moyen d’obtenir que le dos se maintienne dans une bonne position et que les bras et les épaules conservent une position dans laquelle, sans point d’appui, il leur serait difficile de rester longtemps. Dans cet exercice, on ne doit appliquer toute son attention à rien autre chose qu’à maintenir la régularité de la bonne tenue du corps et de la marche.

Le but de cet exercice qui, assurément, contribue par contre-coup à fortifier les muscles des épaules, du dos et des pieds, est de faire contracter l’habitude d’une tenue meilleure et plus conforme à l’hygiène, et de la maintenir. Il doit donc être mis à exécution pour combattre les habitudes opposées et par conséquent la tendance du dos, des épaules et en général de tout le corps à se tenir courbé, à se laisser aller avec paresse et négligence. Ces fâcheuses habitudes se rencontrent surtout très fréquemment, comme chacun le sait, chez les enfants aux périodes de croissance rapide et présentent précisément alors les inconvénients les plus sérieux, tels qu’une croissance imparfaite, un développement vicieux des organes respiratoires, etc., etc., dont on peut se ressentir toute la vie.

Cet exercice ne présente pas d’autre application thérapeutique spéciale.

Trente-sixième exercice. - Lancer les bras en avant et en arrière, 30, 60, 100 fois dans chaque sens.

Les poings étant fermés, on meut avec force en avant et en arrière, comme si l’on voulait l’y projeter ou l’y lancer, le bras qui doit être maintenu légèrement tendu. Ce mouvement doit être exécuté sur la mesure de l’allégro des artistes musiciens. Il faut éviter ici toute raideur du tronc et le fléchir sur les hanches. Il suit de là que, pour que l’équilibre se maintienne, le corps devra être penché légèrement en arrière au moment où les bras seront portés en avant et qu’il devra au contraire être penché en avant lorsque les bras seront portés en arrière. De cette manière, le mouvement devient plus facile et plus profitable, et son action devient plus étendue.

Simultanément avec le mouvement des muscles du bras et de l’épaule, on observe encore un mouvement cadencé des muscles de l’abdomen et du dos. L’impression immédiate de ce mouvement est très agréable. L’ensemble de cette action, bien qu’empreinte de force, est pleine de douceur.

L’avantage immédiat de cet exercice est de procurer, par sa totalisation, une bonne somme de mouvement et d’activer fortement la circulation du sang dans tout le corps. Il contribue essentiellement à la réalisation du but spécial de la thérapeutique dans les paralysies des muscles des bras, du dos ou de l’abdomen, ainsi que dans l’inertie et l’interruption des fonctions de l’abdomen en général, en même temps qu’il se recommande tout particulièrement dans certains cas, de même que dans les commencements de la pratique de la gymnastique, à cause de l’impression agréable et pleine de douceur que fait éprouver son exécution. Bien qu’il donne à la circulation une vive impulsion, cet exercice n’est pas précisément échauffant : il peut cependant constituer incidemment un moyen tout à fait convenable et tout à fait efficace de rappeler la chaleur, surtout dans le tronc et les bras.

Cet exercice se recommande en outre comme moyen de ranimer l’énergie vitale lorsqu’on éprouve cette lassitude corporelle et intellectuelle dont on est atteint quelquefois, notamment dans les changements de temps et de saison ou par suite d’un état pathologique quelconque du système nerveux abdominal, sans qu’on puisse l’attribuer à aucune autre cause admissible. On peut dans ce cas, lorsque cela est nécessaire, exécuter ce mouvement 200, 300, 400 fois, en observant de temps en temps durant l’exécution de petits intervalles de repos. Chacun pourra arriver ainsi à atteindre le point où il triomphera de cette sensation si pernicieuse de lassitude.

Dans les cas où l’on veut exercer une action encore beaucoup plus effective sur l’ensemble des muscles du tronc et où l’on veut augmenter en même temps la secousse que le mouvement imprime an corps, on doit introduire la modification suivante dans l’exécution du mouvement : au lieu de faire suivre aux deux bras une marche parallèle, on les lance simultanément dans des directions opposées, l’un en avant, l’autre en arrière.

Cette modification du trente-sixième exercice peut être employée avec avantage pour faire disparaître : les déviations latérales et les torsions de l’axe de la colonne vertébrale. Le mouvement doit alors être exécuté de telle manière que l’impulsion du mouvement exécuté avec chacun des deux bras n’ait lieu que dans une direction, le bras gauche exécutant, par exemple, le mouvement en arrière et le bras droit l’exécutant en avant, ou réciproquement, suivant la nature du vice de conformation, qui doit être déterminé d’avance avec exactitude.

Trente-septième exercice. - Lancer les deux bras latéralement 30, 60, 100 fois de chaque coté.

Cet exercice est tout à fait analogue au précédent : il n’en diffère surtout que par la direction imprimée aux bras. Les bras sont projetés latéralement ; mais, à part cette circonstance, tout se passe de même dans un cas que dans l’autre. Dans l’exercice actuel, la partie supérieure du corps, le buste, est un peu penchée en avant, mais seulement en tant que cela est nécessaire pour faciliter le libre mouvement des bras, qui doivent être maintenus perpendiculaires au tronc et se mouvoir latéralement en avant du corps. Le tronc doit aussi, dans cet exercice, pouvoir tourner librement sur les hanches. Le mouvement cadencé d’oscillation, qui est imprimé dans ce cas au tronc, est bien encore dans tous les cas, comme dans l’exercice précédent, en sens contraire de celui des bras, mais il a une direction latérale.

Parmi les muscles qui mettent les bras en mouvement, ce sont ici encore les muscles antérieurs de la poitrine qui sont en activité ; mais indépendamment de ces derniers, ce ne sont plus les muscles antérieurs de l’abdomen comme dans le cas précédent, mais ce sont les muscles latéraux de la même cavité, tous ensemble, qui viennent concourir à ce mouvement.

Cet exercice a donc de préférence pour effet d’apporter de l’animation dans les fonctions des organes des régions du foie et de la rate et d’exercer un effet salutaire sur les engorgements de ces organes. L’inclinaison du tronc en avant dans cet exercice rend un peu plus intense son action fortifiante sur les muscles du dos. Du reste, cet exercice jouit de toutes les propriétés et de toutes les applications du précédent, en tant qu’il est exécuté uniformément des deux côtés.

Trente-huitième exercice. - Exécuter un mouvement analogue à celui que l’on fait en sciant, 10, 20, 30 fois avec chaque bras de chaque côté.

Le haut du corps, le buste, étant fortement penché en avant, on tend avec force un des bras en avant et en bas et on fléchit au même moment l’autre bras à l’articulation du coude en le dirigeant en arrière et en haut, puis on les fait alternativement changer de position l’un avec l’autre en continuant régulièrement. L’exécution de ce mouvement réussit le mieux lorsqu’on le considère comme représentant la manière dont on s’y prendrait si l’on voulait éloigner avec force d’une main dans la direction indiquée un objet que l’on tirerait fortement à soi de l’autre main.

Les muscles qui sont mis en action par cet exercice embrassent dans leur sphère d’activité une très grande partie du corps : ce sont presque tous les muscles des bras, des épaules et du dos. Ce mouvement est donc convenable pour compléter une certaine somme de généralité de mouvement, il peut être opposé avec avantage aux paralysies des muscles qui y concourent. Par les secousses cadencées auxquelles il soumet les organes de la poitrine et de l’abdomen, il exerce un effet salutaire dans les affections causées par la stagnation des humeurs ou par l’atonie de ces organes ; il est tout particulièrement utile comme moyen auxiliaire du traitement dans la résorption et la résolution des dépôts d’origine pathologique, des tumeurs glanduleuses, etc., etc., qui se produisent dans les cavités thoracique et abdominale.

Trente-neuvième exercice. - Exécuter un mouvement analogue à celui de faucher, 8, 16, 24 fois dans chaque sens.

Le corps et les pieds étant maintenus tout à fait immobiles, les bras, que l’on doit avoir soin de maintenir bien étendus dans une position horizontale, sont portés avec force de droite à gauche de manière à décrire horizontalement un demi-cercle. Le mouvement doit être également accentué en allant et en venant de droite à gauche et de gauche à droite. Pour se rendre compte de ce mouvement, il suffit de supposer que l’on veut simuler l’action de moissonner, de faucher : on doit donc, dans chaque phase de l’exercice, imprimer au mouvement un certain élan, une certaine impulsion.

D’après la description donnée ci-dessus, le corps, qui reste complètement droit et immobile, doit opposer à l’élan des bras une résistance qui se renouvelle chaque fois et de chaque côté ; par suite, en même temps que les muscles élévateurs des bras et des épaules sont appelés par cet exercice à l’activité, il doit se produire une tension cadencée très énergique de l’ensemble des muscles du tronc, de la jambe et des pieds. Cet exercice a donc pour effet de ranimer la vitalité des muscles qui, dans tout le corps, président au mouvement des articulations ; son application est donc salutaire dans l’atonie et la paralysie générales des muscles, en particulier dans les commencements de paralysie de la moelle épinière, surtout dans la période de cette maladie dans laquelle une certaine sensation de lourdeur et une incertitude inusitée dans la marche, qui se font sentir dans la plupart des cas, commencent à exciter sérieusement l’attention du malade.

Quarantième exercice. - Fendre du bois, 6, 12, 20 fois.

Après avoir écarté légèrement les jambes en les maintenant dans le plan du corps, on élève en l’air les bras qui doivent être maintenus bien tendus, puis on les abaisse vivement en leur donnant une direction pareille à celle qu’ils devraient avoir si l’on voulait fendre, avec une hache que l’on tiendrait dans ses deux mains, une bûche que l’on aurait entre les pieds. Il ne faut pas que les articulations des genoux soient maintenues trop raides ; il faut plutôt qu’elles présentent un certain degré de souplesse pour que le mouvement puisse être exécute en toute liberté.

Les muscles élévateurs des bras, tous ceux de la région antérieure et postérieure du tronc et presque tous ceux de la jambe et des pieds sont ici en pleine activité. Il se produit donc une totalité de mouvements très forts et très fatigants. Ce mouvement présente cette particularité spéciale de donner un double résultat au point de vue thérapeutique ; il active les fonctions de l’abdomen dans les cas d’atonie générale des organes et d’interruption de leurs fonctions ; il vivifie les nerfs spinaux dans les cas mêmes où la paralysie de la moelle épinière a déjà fait quelques progrès. Toutefois, il aura besoin de subir quelques légères modifications suivant que l’on voudra atteindre l’un ou l’autre de ces deux buts.

Dans le premier cas, dans lequel il s’agit d’activer les fonctions de l’abdomen, il faut accentuer surtout le mouvement au moment de l’inclinaison des bras et du buste en avant ; dans le second cas, l’accentuation doit avoir lieu au moment où l’on redresse le corps, où l’on prend son élan pour frapper.

S’il y a une forte tendance aux congestions de la tète et de la poitrine, l’application de cet exercice doit être rejetée comme n’étant pas convenable à appliquer ; pour plusieurs motifs, cet exercice doit être également proscrit des applications de la gymnastique au sexe féminin.

Quarante et unième exercice. - Trotter sur place, 100, 200, 300 fois pour chaque pied.

C’est tout à fait le mouvement ordinaire du trot, avec cette différence seulement que l’on n’avance pas et que l’on reste à la même place, ce qui fait que l’inclinaison du corps en avant, si naturelle dans le trot ordinaire, manque tout à fait ici, et que les pieds ne touchent à la terre que par la pointe. On doit insister sur la position des pieds, parce que, autrement, si l’on appuyait toute la plante du pied par terre, il en résulterait pour tout le corps des secousses trop fortes qui pourraient se transmettre jusqu’à la tête et produire une impression désagréable et même nuisible pour beaucoup de gens. Il faut conserver de l’élasticité dans les articulations des genoux et des pieds (articulations fémoro-tibiale et tibio-tarsienne) ; en effet, c’est le seul moyen de réaliser, en même temps que la mise en activité des muscles de la jambe et du pied, cet ébranlement du corps si doux et si salutaire que l’on avait en vue. On peut à volonté, suivant le besoin, augmenter ou diminuer le degré d’intensité de l’exercice en fixant à une plus ou moins grande hauteur le saut que chaque pied doit exécuter.

En ce qui concerne ses applications, cet exercice se recommande comme étant convenable pour réaliser une légère fatigue, susceptible d’amener le sommeil, pour activer légèrement la circulation du sang dans l’abdomen et faciliter l’évacuation des selles, pour faire disparaître, en agissant comme dérivatif, les congestions sanguines de la tête et de la poitrine, pour combattre la paralysie des pieds et la prédominance du froid aux pieds. Comme les secousses que ce mouvement détermine font descendre le sang vers les parties inférieures du corps et concentrent surtout leur action sur l’abdomen, ce mouvement peut être prescrit utilement dans l’interruption de l’écoulement des hémorroïdes et des menstrues et en déterminer la réapparition. Toutefois, il faudra tenir compte ici des observations que nous citerons plus loin en nous occupant de la prescription spéciale à ce cas.

Quarante-deuxième exercice. - Lancer la jambe en avant et en arrière, 8, 16, 24 fois avec chaque jambe.

Quarante-troisième exercice. - Lancer la jambe latéralement, 8, 16, 24 fois avec chaque jambe.

Debout sur un pied, on élève l’autre pied à 2 ou 3 centimètres (un pouce) à peu près au-dessus du sol, et on imprime au dernier, dont la pointe doit être relevée, un mouvement énergique de projection directe d’avant en arrière et de projection relativement directe de droite à gauche. Dans les commencements, jusqu’à ce que l’on se soit habitué à se tenir en équilibre, il faudra prendre un point d’appui sur une chaise ou sur une table. On doit tâcher de s’en passer aussitôt que possible, car une grande partie de l’effet produit sur le corps par le mouvement dans sa plénitude d’exécution se trouve ainsi perdue. Les efforts que l’on fait pour se maintenir soi-même en équilibre et pour conserver le corps droit déterminent un jeu musculaire assez complexe et concourent, pour leur part, à la réalisation du but du mouvement.

Ces deux exercices réclament principalement sur une grande étendue et dans tous les sens l’action des groupes de muscles qui sont placés autour des hanches ; mais ils étendent aussi leur action à la totalité des muscles du dos, jusques et y compris ceux de la nuque, et à l’ensemble des muscles des jambes et des pieds ; en effet, la jambe même qui est dans un repos apparent a beaucoup à faire pour maintenir le corps dans un équilibre qui est menacé de tous les côtés.

L’application de ces deux exercices doit être recommandée pour combattre les rhumatismes goutteux chroniques et exempts d’inflammation de l’articulation des hanches (articulation coxo-fémorale), les paralysies des pieds. Ces deux exercices constituent en outre un moyen d’obtenir un mouvement général qui embrasse, dans sa sphère d’activité, plusieurs régions du corps.

Quarante-quatrième exercice. - Passer la jambe par-dessus une canne, 4, 6, 8 fois pour chaque jambe en avant et en arrière.

On prend une canne ou un bâton bien droit avec les extrémités des doigts des deux mains, de manière que l’écartement de ces deux dernières dépasse la largeur du corps. On se penche ensuite légèrement en avant, puis on cherche à passer les deux jambes l’une après l’autre par-dessus la canne en ayant soin que les mains n’abandonnent pas la canne, et que la jambe, en passant par-dessus la canne, se maintienne dans une position verticale, c’est-à-dire qu’au moment où elle passe, elle forme avec la canne un angle droit. Après que les deux jambes ont passé en avant par-dessus la canne, on leur fait suivre la même route en sens inverse. Cet exercice est assurément un peu fatigant. Beaucoup de personnes ne peuvent pas réussir tout d’abord à l’exécuter et n’y arrivent qu’après s’y être longtemps exercées ; son exécution est même tout à fait impossible pour quelques personnes.

Si l’on fait abstraction des mouvements accessoires sans importance qui s’y rattachent, ce mouvement concentre son action principale sur les muscles élévateurs de la jambe placés dans le fond de la cavité abdominale qui atteignent forcément, dans cet exercice, leur plus haut degré de contraction. Il se produit, dans ce cas, une excitation très énergique de la partie inférieure du canal intestinal, notamment du rectum et des vaisseaux hémorroïdaux. On peut donc introduire ce mouvement à titre d’essai dans la dose journalière de gymnastique des individus qui sont atteints de constipations opiniâtres, concernant surtout la partie inférieure du canal intestinal, et qui sont sujets à ces tumeurs si incommodes qui ont reçu le nom d’hémorroïdes sèches (hémorroïdes non fluentes, hémorroïdes cæcæ), pourvu qu’il n’y ait ni inflammation ni irritation.

Cet exercice devra être proscrit dans les cas de tendance à un abondant afflux du sang à la tête, dans les cas d’existence de hernies ; il doit aussi être exclu de la pratique de la gymnastique par le sexe féminin.

Quarante-cinquième exercice. - Rouler sur le dos, 30, 40, 30 fois de chaque côté.

On s’étend horizontalement le dos bien à plat sur le sol, en interposant entre le corps et le sol quelque chose de moelleux, un tapis tourné à l’envers, la laine contre le sol, dont la longueur n’a besoin que d’être égale à celle du tronc, et en plaçant un coussin sous sa tête. Les bras sont croisés sur la poitrine, les jambes à demi fléchies touchant à terre par les talons. On imprime alors au corps un simple mouvement de roulement sur le côté, de manière qu’on se trouve couché sur le côté, le corps reposant sur l’un des bras, l’une des épaules et sur les os latéraux de la hanche du même côté ; on exécute ensuite le même mouvement en sens inverse jusqu’à ce que l’on se trouve sur le côté opposé. Dans chaque phase de l’exercice, le corps doit tourner bien franchement et bien complètement d’un côté à l’autre, de manière à décrire un demi-cercle bien complet, en roulant de la position initiale à la position finale.

Ce mouvement n’a pas précisément pour but de mettre les muscles eu action, car leur action ne présente ici rien de particulier, elle est presque insignifiante, ce qui fait que ce mouvement ne fatigue pas, n’épuise pas les forces. Son but est plutôt d’imprimer aux organes internes si mobiles, et spécialement aux intestins, un mouvement cadencé, alternatif.

Un changement de position de cette nature peut du reste réaliser certains buts de la thérapeutique ou du moins aider à cette réalisation, comme chacun le sait. Il peut, par exemple, en déterminant une répartition uniforme du sang, être d’une application avantageuse dans tous les cas où il est besoin de remédier à la présence d’une quantité surabondante du sang et à la stagnation du sang dans les organes situés dans les profondeurs de la cavité abdominale et, par exemple, dans les cas d’existence de tumeurs hémorroïdales qui ne présentent pas d’inflammation, mais sont cependant déjà saillantes au dehors, dans les sensations douloureuses concomitantes de la vessie, ainsi que dans cette présence surabondante du sang dans l’abdomen, si incommode par la pression qu’elle exerce sur les parois des vaisseaux, que l’on rencontre chez les femmes avant l’époque des règles et qui doit faire craindre une trop forte perte de sang, etc., etc. Le même exercice est encore bon dans les envies d’évacuer les matières excrémentielles qui ne donnent pas de résultat et dans l’accumulation de l’air dans le canal intestinal qui détermine les coliques venteuses ; il peut aussi être appliqué à la réduction des hernies étranglées, etc., etc.

Comme cet exercice ne remplit pas en thérapeutique le rôle d’un curatif radical, mais celui d’un palliatif, nous n’avons pas pensé qu’il dût être mis au nombre des autres mouvements susceptibles d’entrer dans l’ordre journalier des exercices gymnastiques, mais nous conseillerons de l’employer occasionnellement quand le besoin s’en fera sentir.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM à partir de l’ouvrage de D. G. M. Schreber, Gymnastique de chambre médicale et hygiénique, Cinquième édition (Traduite sur la 15e Édition allemande), Éd. G. Masson, Paris, 1867.

Notes

[1C’est parce que cet exercice nous donne le moyen de nous réchauffer les pieds, et parce qu’il peut être exécuté même lorsqu’on est assis, et lorsque, étant assis, on est entièrement immobile, qu’il doit être recommandé avec beaucoup d’insistance pour se préserver du refroidissement des pieds et de ses conséquences dans tous les cas où l’on est contraint par les circonstances à rester longtemps assis, et où les pieds, qui étaient peut-être humides avant que l’on ne s’assit, ont une tendance à se refroidir comme cela se présente, par exemple, lorsqu’on est en voiture ou lorsqu’on se trouve dans des endroits dont le sol est froid. On fait alors exécuter avec force l’exercice ci-dessus à chaque jambe, 60, 80, 100 fois tous les quarts d’heure, et l’on se trouve ainsi préservé avec certitude du refroidissement des pieds.

[2J’ai fait sur moi-même, à l’âge de 50 ans, en exécutant cet exercice, qui est un de ceux dont la puissance est la plus grande, des expériences dans le but de répondre à la question suivante : Jusqu’où la capacité d’exécution de la fibre musculaire peut-elle être portée sans inconvénient par une augmentation graduelle de la dose d’exercice, dans l’hypothèse qu’on n’ait pas dépassé la somme totale de l’activité musculaire en exécutant le même jour un trop grand nombre d’autres exercices de natures variées ? J’ai limité dans une expérience ma tâche journalière de gymnastique presque uniquement à l’exercice de s’accroupir, et je suis arrivé par une progression graduelle, sans ressentir la moindre incommodité, à le répéter le dixième jour jusqu’à 300 fois ; j’en exécutais la moitié dans la matinée, l’autre moitié dans la soirée, en observant chaque fois de petits intervalles de repos. Antérieurement, bien que je fusse toujours plein de force musculaire et bien exercé, il suffisait que j’eusse été longtemps sans exécuter cet exercice pour que, en le répétant 30 fois en moyenne chaque jour, cela me fit éprouver une sensation de surexcitation dans les muscles antérieurs de la jambe. Je suis certain que, avec des intervalles de repos plus prolongés, j’aurais pu répéter le même exercice bien au-delà de 300 fois sans être incommodé. Comment pourrait-on, d’après cela, concevoir des limites à cet effet des transitions graduelles qui peut aller si loin, et à l’augmentation de la capacité d’exécution des muscles qui devient ainsi possible sans inconvénient ?

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