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Richard von Krafft-Ebing

La flagellation comme excitant des sens

Psychopathia Sexualis : II. — Faits physiologiques

Date de mise en ligne : mercredi 9 avril 2008

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Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

II
FAITS PHYSIOLOGIQUES

Maturité sexuelle. — La limite d’âge dans la vie sexuelle. — Le sens sexuel. — Localisation. — Le développement physiologique de la vie sexuelle. — Érection. — Le centre d’érection. — La sphère sexuelle et le sens olfactif. — La flagellation comme excitant des sens. — La secte des flagellants. — Le Flagellum salutis de Paullini. — Zones érogènes. — L’empire sur l’instinct sexuel. — Cohabitation. — Éjaculation.

Le libido sexualis peut être aussi éveillé par l’excitation des nerfs du siège (flagellation). Ce fait est très important pour la compréhension de certains phénomènes physiologiques [1].

Il arrive quelquefois que, par une correction appliquée sur le derrière, on éveille chez des garçons les premiers mouvements de l’instinct sexuel et on les pousse par là à la masturbation. C’est un fait que les éducateurs de la jeunesse devraient bien retenir.

En présence des dangers que ce genre de punition peut offrir aux élèves, il serait désirable que les parents, les maîtres d’école et les précepteurs n’y eussent jamais recours.

La flagellation passive peut éveiller la sensualité, ainsi que le prouve l’histoire de la secte des flagellants, très répandue aux XIIIe, XIVe et XVe siècles, et dont les adeptes se flagellaient eux-mêmes, soit pour faire pénitence, soit pour mortifier la chair dans le sens du principe de chasteté prêché par l’Église, c’est-à-dire l’émancipation du joug de la volupté.

À son début, cette secte fut favorisée par l’Église. Mais, comme la flagellation agissait comme un stimulant de la sensualité et que ce fait se manifestait par des incidents très fâcheux, l’Église se vit dans la nécessité d’agir contre les flagellants. Les faits suivants, tirés de la vie de deux héroïnes de la flagellation, Maria-Magdalena de Pazzi et Élisabeth de Genton, sont une preuve caractéristique de la stimulation sexuelle produite par la flagellation.

Maria-Magdalena, fille de parents d’une haute position sociale, était religieuse de l’ordre des Carmes, à Florence, en 1580. Les flagellations, et plus encore les conséquences de ce genre de pénitence, lui ont valu une grande célébrité et une place dans l’histoire. Son plus grand bonheur était quand la prieure lui faisait mettre les mains derrière le dos et la faisait fouetter sur les reins mis à nu, en présence de toutes les sœurs du couvent.

Mais les flagellations qu’elle s’était fait donner dès sa première jeunesse avaient complètement détraqué son système nerveux ; il n’y avait pas une héroïne de la flagellation qui eût tant d’hallucinations qu’elle. Pendant ces hallucinations, elle délirait toujours d’amour. La chaleur intérieure semblait vouloir la consumer, et elle s’écriait souvent : « Assez ! n’attise pas davantage cette flamme qui me dévore. Ce n’est pas ce genre de mort que je désire ; il y aurait trop de plaisir et trop de charmes. » Et ainsi de suite. Mais l’esprit de l’Impur lui suggérait les images les plus voluptueuses, de sorte qu’elle était souvent sur le point de perdre sa chasteté.

Il en était presque de même avec Élisabeth de Genton. La flagellation la mettait dans un état de bacchante en délire. Elle était prise d’une sorte de rage quand, excitée par une flagellation extraordinaire, elle se croyait mariée avec son « idéal ». Cet état lui procurait un bonheur si intense qu’elle s’écriait souvent : « O amour ! O amour infini ! O amour ! O créatures, criez donc toutes avec moi : Amour ! amour ! »

On connaît aussi ce fait, confirmé par Taxil (op. cit., p. 145), que des viveurs se font quelquefois flageller, avant l’acte sexuel, pour exciter leur puissance génitale languissante.

On trouve une confirmation très intéressante de ces faits dans les observations suivantes que nous empruntons au Flagellum salutis de Paullini (1re édition, 1698, réimprimée à Stuttgart, 1847) :

« Il y a certaines nations, notamment les Perses et les Russes, chez lesquels, et particulièrement chez les femmes, les coups sont considérés comme une marque particulière d’amour et de faveur. Les femmes russes surtout ne sont contentes et joyeuses que lorsqu’elles ont reçu de bons coups de leurs maris, ainsi que nous l’explique, dans un récit curieux, Jean Barclajus.

« Un Allemand nommé Jordan vint en Moscovie et, comme le pays lui plaisait, il s’y établit et épousa une femme russe qu’il aimait beaucoup et pour laquelle il était gentil en tous points. Mais elle faisait toujours la mine, baissait les yeux, et ne faisait entendre que des plaintes et des gémissements. L’époux voulut savoir pourquoi, car il ne pouvait comprendre ce qu’elle avait. “Eh ! dit-elle, vous prétendez m’aimer et vous ne m’en avez encore donné aucune preuve.” Il l’embrassa et la pria de lui pardonner si, par hasard et à son insu, il l’avait offensée : il ne recommencerait plus. “Rien ne me manque, répondit-elle, sauf le fouet qui, selon l’usage de mon pays, est une marque d’amour.” Jordan se le tint pour dit et il se conforma à l’usage. À partir de ce moment cette femme aima éperdument son mari.

« Une pareille histoire nous est racontée aussi par Peter Petreus, d’Erlesund, avec ce détail complémentaire, qu’au lendemain de la noce les hommes ajoutent aux objets indispensables du ménage, un fouet. »

À la page 73 de ce livre curieux, nous lisons encore :

« Le célèbre comte Jean Pic de la Mirandole, assure qu’un de ses amis qui était un gaillard insatiable, était si paresseux et si inhabile aux luttes amoureuses qu’il ne pouvait rien faire avant qu’il n’eût reçu une bonne raclée. Plus il voulait satisfaire son désir, plus il exigeait de coups et de violences puisqu’il ne pouvait avoir de bonheur s’il n’avait été fouetté jusqu’au sang. Dans ce but, il s’était fait faire une cravache spéciale qu’il mettait pendant la journée dans du vinaigre ; ensuite il la donnait à sa compagne et la priait à genoux de ne pas frapper à côté, mais de frapper fort, le plus fort possible. C’est, dit le brave comte, le seul homme qui trouve son plaisir dans une torture pareille. Et comme cet homme n’était pas méchant, il reconnaissait et détestait sa faiblesse. Une pareille histoire est mentionnée par Cœlius Rhodigin, à qui l’a empruntée le célèbre jurisconsulte Andréas Tiraquell. À l’époque du célèbre médecin Otto Brunfels, vivait dans la résidence du grand électeur bavarois, à Munich, un bon gas qui, cependant, ne pouvait jamais faire l’amour sans avoir reçu auparavant des coups bien appliqués. M. Thomas Barthelin a connu aussi un Vénitien qu’il fallait échauffer et stimuler à l’acte sexuel par des coups. De même Cupidon entraîne ses fidèles avec une baguette d’hyacinthe. Il y a quelques années, vivait à Lubeck, dans la Muhlstrasse, un marchand de fromages qui, accusé d’adultère devant les autorités, devait être expulsé de la ville. Mais la catin avec laquelle il s’était commis, alla chez les magistrats et demanda grâce pour lui en racontant combien pénibles étaient au coupable ses accouplements. Car il ne pouvait rien faire avant qu’on ne lui eût donné une bonne volée de bois vert. Le gaillard, par honte et de crainte d’être ridiculisé, ne voulait pas l’avouer d’abord, mais, quand on le pressa de questions, il ne sut plus nier. Dans les Pays-Bas réunis, dit-on, il y eut un homme de grande considération qui était affligé de la même maladie et qui était incapable de faire la bagatelle s’il n’avait pas reçu des coups auparavant. Lorsque les autorités en furent informées, cet homme fut non seulement révoqué de ses fonctions mais encore puni comme il le méritait. Un ami, un physicien digne de foi, qui habitait une ville libre de l’Empire allemand, me rapporta, le 14 juillet de l’année passée, comme quoi une femme de mauvaises mœurs, étant à l’hôpital, avait raconté à une de ses camarades qu’un individu l’avait invitée, elle et une autre femme de la même catégorie, à aller avec lui dans la forêt. Lorsqu’elles furent arrivées, le gaillard coupa des verges, exposa son derrière tout nu et ordonna aux femmes de taper dessus, ce qu’elles firent. Ce qu’il a fait ensuite avec les femmes, on peut le deviner facilement. Non seulement des hommes se sont excités à la lubricité par les coups, mais des femmes aussi, afin de jouir davantage. La Romaine se faisait fouetter dans ce but par Lupercus. Car ainsi chante Juvénal :

Steriles moriuntur, et illis
Turgida non prodest condita pyscido Lyde :
Nec prodest agili palmas præbere Luperco.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’ouvrage de Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

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