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Guide pratique des maladies mentales

Exhibitionnistes

par P. Sollier

Date de mise en ligne : samedi 12 janvier 2008

Mots-clés : ,

P. Sollier, « Exhibitionnistes », Guide pratique des maladies mentales, Éd. G. Masson, Paris, 1893, pp. 350-354.

EXHIBITIONNISTES

On désigne sous ce nom des individus qui exhibent leurs organes génitaux en public. L’exhibitionnisme peut se rencontrer dans plusieurs états très différents, mais la façon dont l’exhibition se produit est cependant souvent un moyen de diagnostic. C’est un symptôme utile à connaître, car le plus souvent ces individus sont pris comme coupables d’attentats aux moeurs ou à la pudeur et passent devant les tribunaux. Ce n’est quelquefois qu’après coup qu’on s’aperçoit que ce sont des aliénés, mais la flétrissure n’en persiste pas moins. Au point de vue médical ce phénomène peut donc avoir une grande importance. On rencontre des exhibitionnistes parmi les :
 1° Épileptiques ;
 2° Paralytiques généraux ;
 3° Déments ;
 4° Alcooliques ;
 5° Impulsifs ordinaires (dégénérés) ;
 9° Idiots et imbéciles.

1° Épileptiques. — Lorsque chez un individu de moeurs connues, honorable, on voit tout à coup se produire une exhibition, au milieu de ses occupations, sans cause provocatrice apparente, et à la suite cet individu n’éprouver aucune gêne, paraître ne pas même s’en souvenir, il faut penser à l’épilepsie larvée, et chercher les autres manifestations comitiales qu’il peut avoir : vertiges, absences, miction nocturne involontaire, morsures de la langue, pertes de mémoire, impulsions, etc. L’inconscience avec laquelle les épileptiques accomplissent ces actes, leur manque de motifs, leur contraste avec leur caractère antérieur, leur instantanéité ; l’air inconscient, la pâleur du malade, la fixité du regard sur le moment, l’oubli consécutif, sont autant de signes de l’épilepsie.

Malheureusement au point de vue médico-légal la partie la plus importante de ces symptômes, ceux de l’accès, manquent précisément. Il n’y a donc que la perte de souvenir, l’absence de motifs, et les commémoratifs pour établir la vérité et la surveillance pour la contrôler.

2° Paralytiques généraux. — Les exhibitions sont très fréquentes chez ce genre de malades. Jusqu’alors convenables, honnêtes, moraux, on les voit tout à coup, en public, sans motif appréciable, baisser leur pantalon, exhiber leurs organes génitaux avec un air de satisfaction. Car non seulement ils ont conscience de leur acte, mais ils le font avec ostentation, et n’en comprennent pas l’inconvenance. Ils en tirent vanité, en rient et en donnent une explication absurde.

L’ensemble de ces circonstances doit mettre en garde sur la liberté d’esprit du sujet et faire rechercher les autres signes de paralysie générale. C’est à elle qu’on doit penser tout d’abord quand l’exhibition s’est produite consciemment, sans oubli consécutif’ comme chez les épileptiques ; sans excuse invoquée, comme chez les impulsifs, et que le malade témoigne de la perte de son sens moral par la façon dont il s’en vante, et de son affaiblissement intellectuel par l’explication ridicule qu’il en donne.

3° Déments séniles. — L’exhibition revêt chez eux à peu près les mêmes caractères que chez les paralytiques généraux. L’âge des malades, l’aspect démentiel de leur physionomie, l’embrouillement des explications, aident au diagnostic. C’est ordinairement dans des moments d’excitation maniaque, sous l’influence d’impulsions érotiques, qu’ils se livrent à ces exhibitions. C’est généralement vis-à-vis d’enfants, de petites filles qu’ils le font, et non pas en public, dans la rue, comme les paralytiques généraux. Ils rentrent dans la catégorie des paralytiques généraux au point de vue de l’inconscience morale avec laquelle ils agissent, et d’autre part dans celle des impulsifs ordinaires par suite de l’irrésistibilité de leur désir. Ce qui les distingue des deux c’est le choix du milieu et des personnes devant qui ils se livrent à ces exhibitions. Il leur arrive aussi de satisfaire simplement leurs besoins naturels où ils se trouvent, sans se préoccuper de ceux qui les entourent.

4° Alcooliques. — Les alcooliques excités ou de simples ivrognes font aussi fréquemment des exhibitions analogues. S’il existe du délire alcoolique il n’est pas difficile de mettre l’acte sur le compte de l’alcoolisme. Mais par une singulière anomalie, qui se retrouve d’ailleurs toujours entre l’alcoolisme aigu et l’alcoolisme chronique ou subaigu, l’individu ivre passagèrement qui s’exhibe passe en jugement, tandis que l’alcoolique invétéré est placé dans un asile.

5° Dégénérés impulsifs. — Les impulsifs sont poussés à l’exhibition comme à tout autre acte répréhensible et contraire aux moeurs et aux lois. Mais ici il n’y a ni inconscience, ni perte de souvenir comme dans l’épilepsie. Ce n’est pas au milieu d’un public nombreux et quelconque qu’ils se livrent à leur acte obscène. C’est ordinairement vis-à-vis de jeunes sujets ou de personnes qui par leur caractère, leur situation, devraient au contraire leur inspirer du respect. Ce sera par exemple devant une religieuse, un prêtre, des femmes et des fillettes, dans une église, qu’ils se sentiront irrésistiblement poussés à s’exhiber. C’est du reste la seule explication qu’ils fournissent. Ce sont le plus souvent des débiles agissant sans but, d’une façon irréfléchie, impulsive, ne comprenant pas la portée de leur acte s’ils ont quelque motif précis en l’exécutant.

6° Imbéciles et idiots. — Les exhibitions sont très fréquentes dans ces deux classes de dégénérés. Elles se produisent sous l’influence d’une excitation érotique, comme chez les imbéciles, ou par ignorance des convenances, comme chez les idiots les actes n’ont pas de grandes conséquences médico-légales, l’état mental des sujets étant trop apparent pour échapper, même à un examen superficiel.

Pronostic général.

D’après ce que nous venons de voir des différents états où les exhibitions peuvent se rencontrer, il est facile de conclure que c’est un symptôme sérieux toujours, puisqu’il est lié à des affections graves ou chroniques.

En outre, au point de vue social, il peut avoir une grande importance puisqu’il expose certains individus comme des épileptiques ou des impulsifs ordinaires ou même des paralytiques généraux au début, à être regardés comme des coupables et condamnés comme tels, et que, même reconnus malades plus tard, leur flétrissure imméritée n’en rejaillit pas moins sur leur famille.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’article de P. Sollier, « Exhibitionnistes », Guide pratique des maladies mentales, Éd. G. Masson, Paris, 1893, pp. 350-354.

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