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Séminaire « RSI ou pire... »

Le tore-boyau

Commentaire de la 9ème leçon, suivi de « Jean Bertrand Pontalis ou La psychanalyse du semblant »

Date de mise en ligne : samedi 5 février 2005

Auteur : Guy MASSAT

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Nous nous interrogeons sur le RSI pour en savoir un peu moins que nous croyons savoir. La leçon 8 commence par un reproche à Soury sur la distribution des dessins de nœuds au public.
 “Ça va leur manquer uniquement parce que les autres l’ont !”

Les nœuds, ça se montre en silence. Lacan est allé montrer, j’en ai déjà parlé, la topologie des nœuds à Heidegger à la fin de sa vie, en compagnie de Catherine Millot. Heidegger garda le silence, rapporte-t-elle. J’aime à penser que c’est un grand moment de l’histoire - qui a échappé tant à Mme Heidegger qu’à Catherine Millot - entre les deux plus grands penseurs du siècle. Mon avis est qu’ils se sont compris sans rien dire. Mais, bien sûr, les nœuds, c’est difficile à voir.

C’est que le Réel n’est plus ce qu’il était du temps de Freud. En ce temps-là, les idées étaient éternelles, l’atome indivisible et Dieu, pour ainsi dire, encore vivant.

De nos jours, il n’y a plus de choses, comme dit la philosophie des sciences. S’il n’y a plus de choses, poussons notre regard un peu plus loin : c’est dire aussi qu’il n’y a plus de corps. Vous croyez avoir un corps ? Eh bien il n’y en a pas ! Vous n’avez rien du tout, et comme l’esprit c’est du vent, qu’est-ce qu’il reste ? De la parole ? Oui mais non pas la parole ordinaire ou la parole savante mais une parole de déglutination, c’est-à-dire qui coupe les mots et les pulvérise, comme la physique explose les atomes. C’est la parole de l’inconscient qui charcute les mots et les compose à sa façon. Nous sommes dans la post-modernité.

Le nœud borroméen est en réalité le nœud des Vikings et, mieux encore, le nœud des Japonais. Lacan l’a compris d’un seul coup (cf. p. 121).

Le pareil n’est pas le même : Omoios. Le pareil est de l’ordre de la consistance. Le Réel contemporain, le réel post-moderne, ne commence qu’au chiffre trois. Ce que nous appelions le Réel est devenu l’imaginaire. Ce que nous appelions le néant, le vide, est devenu le réel. Nous avons quitté le Sartre de “l’être et du Néant”.

L’orientation c’est, dit Lacan, une affaire qui semble ne concerner que chacun des nœuds. En fait tout nœud est oriental. Ce sont les bouddhistes qui ont inventé le zéro. Et la pensée orientale repose sur le vide. Le Réel est pour eux le sans-appui à partir duquel on peut prendre tous les appuis qu’on voudra, comme l’illustrent les treize propositions de l’art de la guerre de Sun tse que l’on verra la prochaine fois. C’est le Réel de Lacan :

“C’est bien ce que j’ai fait surgir la dernière fois par une remarque sur le concept en tant que ce n’est pas la même chose, le concept, que la vérité ; en tant que le concept, ça se limite à la prise, comme le mot capere l’implique, et qu’une prise, ce n’est pas suffisant pour s’assurer que c’est le Réel qu’on a en main” (p. 124).

La tangibilité de cette table dont je touche la résistance ce n’est pas le réel, c’est un concept.

Et qu’est-ce que le concept, qu’est-ce que ce frotti-frotta, “ce fricotage” ? C’est “s’apercevoir que depuis toujours on ne parlait que de ça, que tout ce qui s’était fait de philosophie suait le rapport sexuel” (p. 125). Mais s’il y a du vide, il n’y a pas de rapport sexuel :

“Ces odes qui sont ceux sous lesquels j’ai pris la parole, Symbolique, Imaginaire et Réel, je ne dirai pas du tout qu’ils soient évidents. Je m’efforce simplement de les é-vider, ce qui ne veut pas dire la même chose, parce qu’évider repose sur vide et qu’évidence repose sur voir” (p. 125).
 Ce que l’on croit c’est notre symptôme ! Le dire, ce n’est pas la voix, le dire est un acte (p. 126).

Tout rond est un tore. Un “tore-boyau”, dit Lacan. Le tord-boyaux est une eau-de-vie très forte et de mauvaise qualité : un coupe pattes, comme on disait autrefois. C’est ça la topologie ! La topologie des nœuds ! C’est pourquoi il faut être prudents avec les nœuds comme avec les eaux-de-vie, sinon on comprend ou on marche de travers.

Donc le Réel “se démontre de n’avoir pas de sens, n’avoir pas de sens parce qu’il commence” (p. 129)... Il ne commence qu’au chiffre trois. “Tout imaginaire a du deux dans le coup”, le deux est ce qui reste effacé du réel, c’est l’imaginaire, c’est du corps :

“Je vous propose, en clôture de cette séance, finit Lacan, l’identification triple. Je vous formule la façon dont je la définis : s’il y a un Autre réel, il n’est pas ailleurs que dans le nœud même [le nœud japonais], et c’est en cela qu’il n’y a pas d’Autre de l’Autre.
Cet Autre réel, faites-vous identifier à son Imaginaire, vous avez alors l’Identification de l’hystérique au désir de l’Autre. Identifiez-vous au Symbolique de l’Autre Réel, vous avez alors cette identification que j’ai spécifié de l’einziger Zug, du trait unaire. Identifiez-vous au Réel de l’Autre réel, vous obtenez ce que j’ai indiqué du Nom-du-père” (p. 130).

Donc avec Lacan ce que nous appelions réel est devenu imaginaire, ce que nous appelions le vide est devenu le réel et ce que nous appelions le symbolique et devenu diabolique : sun c’est ensemble, dia c’est séparé. La déglutination agglutinative ! Nommer vous pouvez l’écrire dit Lacan, avec un n’ et deux m, c’est-à-dire n’hommer, puisque dire est un acte.

Au fond de la matière des mots et des lettres, puisqu’on n’y trouve pas de substance, au fond de l’esprit des mots et des lettres : “le dasein s’appelle lui-même” dit Heidegger. L’Adn est l’écriture d’une parole inconsciente, une écriture qui ralentirait le vide en l’accélérant.

L’inconscient est avant toute chose. Il pourrait s’appeler Chaos. Il pourrait s’appeler, car il n’est que parole. Une parole cependant qui les précède toutes, tel le mouvement, l’abîme ou l’impermanence. C’est le signifiant zéro sans lequel l’un ne saurait se compter. Finalement, tout ce qui se montre ne fait que recopier ce qui n’est pas écrit.

Tao ko tao feng tchang tao, dit Lao-tseu. C’est le premier ver du Tao te king que l’on peut traduire par “la voix véritable est autre que la voix énoncée”. C’est-à-dire, la voix véritable est la voix de l’inconscient. Le mot tao s’écrit ainsi :

Il représente une tête au-dessus d’un discours.

Après ma conférence sur l’inconscient et le conscient de l’autre jour au salon du livre psy, quelqu’un m’a parlé du “Super-conscient” de Sri Aurobindo. Sri Aurobindo est un philosophe indien, dit-on, mais un philosophe au sens strict du terme ne peut pas ne pas mettre ses a priori en question, le mot penseur indien conviendrait mieux, même Pascal en ce sens n’est pas un philosophe, c’est un penseur chrétien. Aurobindo a fait ses études en Angleterre, comme Gandhi, avant de se consacrer au yoga.

Sri, maître, en sanscrit, s’écrit avec les lettres RSI (voir la leçon n° 4, je crois). Mais le Rsi de Sri Aurobindo ne désigne pas, à la différence du nôtre, le RSI de l’inconscient. Selon Aurobindo, l’homme doit franchir maintes étapes pour devenir conscient de son être profond, ou moi supérieur (Surmoi ?) ou Soi, ou âme, ou Dieu intérieur, qui serait le reflet de la conscience universelle ou supra conscience.

Mais, selon nous, toute conscience est super-conscience. Tout un chacun possède une super-conscience de lui-même. Or la conscience c’est la mort, ai-je expliqué, puisque toute conscience est conscience de sa propre mort. À partir de quoi il s’avère que la super-conscience n’est autre qu’une super prison, puisqu’elle demande à ce que nous nous soumettions à toutes sortes de rituels, plus monotones les uns que les autres. L’inconscient serait ce par quoi l’on peut s’évader de cette conscience ou super conscience, ce bon sens fatal, que vantent tous les monothéismes.

Hobbes (XVIIème siècle) dit dans son Léviathan : “Les hommes tombés amoureux de leurs propres inventions idéologiques leur ont donné ce nom prestigieux de Conscience, comme pour faire apparaître contraire aux lois d’y toucher ou d’y objecter ; ils ont feint de les savoir vraies, alors qu’ils savaient tout au plus qu’ils pensaient de la sorte” [1] Après la publication de son Léviathan la Chambre des Communes exigea qu’il ne publiât plus aucun livre.

La conscience est représentation. Elle fait monde tandis que “Le Réel n’est pas le monde. Il n’y a aucun espoir, dit Lacan d’atteindre le réel par la représentation” (Séminaire XXII). “Le Réel c’est ce qui ex- siste au sens”, au-dehors du sens, “l’expulsé du sens”, “l’anti-sens”, “l’antésens”, “l‘immonde”, “ce qui n’est pas monde” (id.)

L’inconscient est un système, c’est-à-dire une connexion d’éléments solidaires ne pouvant se définir que les uns par rapport aux autres en fonction de leur place dans cette connexion. Le nouage borroméen montre le fonctionnement du RSI.
 Lacan : “L’inconscient n’est pas une connaissance. C’est un savoir que je définis de la connexion de signifiants. Premier point. Deuxième point c’est un savoir dysharmonique qui ne se prête d’aucune façon à un mariage heureux” (Les Non-dupes-errent).

L’inconscient est une torsion. Gardons-nous bien de comprendre, dit Lacan. “Notre ignorance mieux vaut la protéger”, conseille Héraclite.

“J’ai tout de suite su que le nœud m’incitait à énoncer du symbolique, de l’imaginaire et du réel, quelque chose qui les homogénéisait” (RSI, 18/3/75). Avec ces trois lettres RSI, Lacan fait parler le nœud borroméen. Il le considère comme “une nouvelle boussole” pour le système inconscient (Ics).

L’inconscient est le mouvement de torsion de la parole ; mouvement centripète qui crée les choses, mouvement centrifuge qui produit l’esprit. Toute torsion est une bifurcation et toute bifurcation forme un nœud puisque, à l’infini, les droites se ferment sur elles-mêmes. Ce qu’on peut faire avec la lettre psy. Savoir, c’est savoir qu’on sait même si ce que l’on sait est justement que nous ne savons pas. Il y a là un trou dans le savoir, un insu dans le savoir qui précède le savoir, c’est l’inconscient.

Comment dit-on conscient en grec ? Suneidesis dans le langage courant, sentiment intime. Mais en recherchant plus avant, Barbara Cassin écrit : “On dit que les Grecs ne connaissaient pas la conscience. De fait il n’y a pas de mot grec correspondant à conscience, mais une grande variété de termes et d’expressions [...] opérant souvent un croisement ou une dérivation entre plusieurs de ces expressions” (Vocabulaire européen des philosophies).

S’il n’y a pas de “conscience” en grec, il y a de l’inconscient. Le mot français inconscient est construit de manière privative. Il n’est donc pas sans rapport à la conscience. Où trouver un terme qui ne serait pas le simple négatif de la conscience ? Car l’inconscient ne se réduit pas, comme le dit Lacan dans “Position de l’inconscient”, à “ce qui n’a pas l’attribut ou la vertu de la conscience”. Et Lacan inventera un terme qui n’est pas traduction mais la transcription de l’allemand “une bévue” (Unbewusste). Dans bévue, bé est mis pour bis (deux fois), adverbe multiplicatif. Ici une bévue est ce qui produit un sens inattendu, une torsion dans la parole et non pas ce qui serait simplement un en deçà du sens.

Le mot inconscient en grec le plus adéquat serait celui choisi par Freud, non pas Unbewusste qui est négatif, mais “psyché”. La mythologie n’est pas sans nous rapporter toutes les bévues de psyché. Psyché est belle mais sa beauté fait peur à ses prétendants. Elle se marie, mais c’est avec un monstre horrible. Elle vit dans un palais magnifique mais elle n’a pas le droit de voir son mari. Elle transgresse cette loi et découvre que le monstre n’est autre qu’Eros lui-même, “le plus beau des dieux immortels”. Mais elle encourt aussitôt la colère d’Aphrodite, qui l’enferme dans son palais et la tourmente de mille manières. Jusqu’à ce qu’Eros la retrouve. L’affaire finit par un mariage dans l’Olympe, ultime bévue, diront certains, puisqu’il n’y a pas de rapport sexuel.

« Jean Bertrand Pontalis ou La psychanalyse du semblant »

Interviewé par un grand journal, le Nouvel Obs., J. B. Pontalis, l’auteur du fameux vocabulaire de la psychanalyse, et qui se présente comme “psychanalyste et écrivain” (il est aussi œnologue), explique que “suivre une analyse... c’est être face à soi comme devant l’énigme du Sphinx”. Que veut dire être face à soi ?

C’est être en face de quoi ? Est-ce être face au “ça” ou au “conscient” ? Vous vous souvenez du problème de traduction de l’allemand Es, d’abord traduit par “soi” puis, après Pichon, le célèbre grammairien, par “ça”, pour la raison que “soi” se rapporte strictement au conscient.

Donc suivre une analyse ce n’est pas être “face à sa conscience” pour la raison que l’analyse n’est ni une religion ni une morale, ni le yoga de Sri Aurobindo.

Du coup nous devons nous demander qu’est-ce qu’un sphinx ? Que peut-on savoir à ce sujet ? Le sphinx, nous explique Grimal, est un monstre féminin. Il a un visage de femme, un corps de lion, mais il est pourvu d’ailes comme un oiseau de proie. On raconte que le sphinx ou la sphinge était l’enfant de Typhon, ce géant qui réussit à énerver Zeus, le souverain suprême des dieux et des hommes, et à cacher ses nerfs au fond d’une grotte. On rapporte aussi qu’il avait été envoyé par Héra contre Thèbes pour punir la cité du crime de Laïos qui avait aimé le fils de Pélops, fils de Tantale. Les sphinx ne peuvent mourir que si l’on répond à leur question, car ils incarnent en quelque sorte l’être de toute question. Qu’est-ce qu’une question ? Une femme comme le Réel, un lion comme l’imaginaire ou un oiseau de proie comme le diabolique symbolique ?

Le sphinx, on le connaît parce que lié à l’histoire d’Œdipe qui répondit à la fameuse énigme, énigme que Grimal - la référence classique -, rapporte ainsi :

“Quel est l’être qui marche tantôt à deux pattes, tantôt à trois, tantôt à quatre et qui, contrairement à la loi générale, est le plus faible quand il a le plus de pattes ?”

L’homme, répondit Œdipe, parce que l’homme marche à quatre pattes dans son enfance, puis sur ses deux jambes, et enfin s’appuie sur un bâton.

On dirait une devinette amusante pour enfant de moins de sept ans, c’est-à-dire avant l’âge de réflexion. Ça ne va pas très loin. On est loin du tore-boyau, du “coupe pattes” de Lacan.

Car quelle question n’aurait pas pour réponse l’homme ? De “N’hommer” comme l’écrit Lacan. Par exemple : Quelle heure est-il ? On peut répondre l’homme, car seul l’homme connaît l’heure. Combien font deux et deux ? l’homme, car seul l’homme sait compter. Qui suis-je ? l’homme. Que puis-je savoir ? L’homme, que dois-je faire ? L’homme, que puis-je espérer ? l’homme. Toute question est femme et toute réponse est l’homme. Reste, en faveur de la femme, que toute question est plus importante que sa réponse. Mais alors où est donc l’énigme ?

Où est l’énigme à déchiffrer dans cette réponse ? Ne serait-ce pas justement dans les chiffres ? Les chiffres quatre, deux, trois ? Car le chiffre est ce qui demande toujours à être déchiffré. Que signifie quatre ? Trois, deux ? Quatre c’est le cadre, le carré, le solide. Deux c’est la division et trois c’est le nœud. En cela l’homme est celui qui divise (deux, c’est le Symbolique et le diabolique) tout cadre (quatre, le solide, l’Imaginaire, les corps) et trois c’est le nœud, c’est-à-dire le Réel. Donc la réponse d’Œdipe serait RSI.

Mais, en soixante ans d’analyse, Pontalis n’est jamais allé jusque-là. Il ne s’en tient qu’à l’apparence infantile de la réponse, à la psychanalyse du semblant. D’où, compte tenu de son audience des articles sur les neurosciences, comme celui de Libération de ce matin où la psychanalyse est présentée, sans contestation, de personne comme une science de l’esprit, une philosophie, une poétique de l’esprit.

Selon Pontalis, toujours dans le même article testamentaire, Freud était plus intéressé par “le besoin de comprendre les énigmes de ce monde” que par la souffrance des hommes. Mais, pour tout homme, y a-t-il une énigme plus énigmatique que la souffrance ? À qui ferait-on croire que Freud étourdiment ne s’en serait pas aperçu ?

Ensuite, Pontalis prétend que l’objet de la cure serait “la réorganisation de l’appareil psychique”.Organiser c’est soumettre à un ordre. À quel ordre se réfère Pontalis ? L’ordre moral ? Le monothéisme ? L’ordre biologique ? Sur quel double, sur quel modèle devrions-nous réorganiser notre psychisme ? En somme, pour Pontalis la psychanalyse n’est qu’une mauvaise religion.

Il nous dit que la psychanalyse “ne fait pas bon ménage avec l’utopie de la santé parfaite”. Naturellement il ne nous donne pas sa définition de la santé parfaite. C’est dommage qu’un élève de Sartre évite si systématiquement de s’interroger. Si nous le suivons, sa “réorganisation de l’appareil psychique” n’apporterait même pas le bien être, mais un certain “inconfort”. C’est souvent les gens qui habitent des châteaux qui font “l’éloge de l’inconfort” - ce qui est le titre de son interview.

À quoi sert la psychanalyse de J. B. Pontalis ? Toute psychanalyse du semblant ne sert qu’aux succès des neurosciences.

Puis il nous dit que la psychanalyse serait “une ouverture intérieure”. Mais qu’est-ce qu’une ouverture intérieure ? “Ouverture intérieure” est formule mystique proposée par toutes les religions, et spécialement par Sri Aurobindo.

Il a des formules de coatch : il s’agit d’aller “au-devant de notre aphasie”, de “réveiller le non-parlant”. Mais jusqu’à présent l’aphasie c’est la perte de la parole physiologique. Elle relève de la médecine. Quant au “non-parlant”, c’est l’infans, l’enfant, celui qui n’a pas la parole. Jésus-Christ le disait déjà : “devenez comme des enfants”. Ainsi la psychanalyse de Pontalis n’a pas inventé grand chose, elle n’est qu’un christianisme dénaturé.

Ensuite il nous dit que “la situation de crise est le nœud qu’est censée dénouer la psychanalyse”, alors qu’il s’agit exactement du contraire. La psychanalyse c’est justement ce qui renoue le RSI, en faisant l’économie du symptôme, c’est-à-dire de nos croyances.

Il nous dit encore que “l’angoisse y apparaît comme un levier de la conquête de la liberté”, alors que l’inverse est beaucoup plus juste. C’est la liberté qui nous angoisse. Vieille constatation philosophique ! C’est la liberté qui est le levier de l’angoisse. Toute la tradition philosophique le raconte en long et en large. La psychanalyse de Pontalis est une sous-philosophie.

Enfin Pontalis finit son entretien en citant le livre de science fiction d’Evguéni Zamiatine “Nous autres”. Mais à l’évidence, il ne l’a pas bien compris. D-503, le héros ne découvre pas “les contrées barbares de l’inconscient”, mais au contraire le fait que c’est le conscient qui est une contrée barbare comme le sont toutes les idéologies, et la sienne en particulier.

Dans cet entretien, qui ouvre l’excellent dossier “La psychanalyse en procès” du Nouvel Obs., Pontalis se révèle comme un prêtre défroqué mais qui regretterait sa foi. Il ne nous invite pas à une lecture de Freud mais à un retour du religieux... par horreur de l’abîme. “Finita la comédia”, c’était les dernières paroles d’Auguste ; lui, le sage, n’avait jamais fait durant sa vie que semblant d’être sage. Pontalis, lui, n’aura jamais fait que semblant d’être psychanalyste. Il n’aura jamais aimé que “l’effet mère” de sa conscience.

La prochaine fois nous examinerons l’article suivant “La tentation narcissique” de Horst-Eberrard Richter, médecin, psychanalyste et philosophe. Cette fois nous verrons la psychanalyse se rendre non pas à la religion mais au politique.

J’ai reçu un formulaire de “l’Association de psychanalyse J. Lacan” pour un séminaire qui présente un concours : “une coupe de champagne sera offerte à la première personne qui trouvera le titre de l’écrit et la page contenant la phrase suivante :

“C’est donc bien un excès de jouissance qui engendre une souffrance psychique pouvant aller jusqu’à la folie”.

J’offre une bouteille de champagne à la première personne qui trouve les trois mots qui manquent pour que cette phrase redevienne compréhensible hors contexte.

Voir en ligne : J. LACAN : Séminaire RSI. Leçon du 18 mars 1975 (gaogoa.free.fr)

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