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« [...] Celui qui parle doit admettre, du fait même qu’il parle, que la représentation n’est pas la chose représentée. Dès lors qu’il monte sur la scène langagière, le sujet perd ce qu’il est comme objet réel et il quitte le "monde réel". Lacan propose d’appeler "objet petit a" ce qui, du sujet, est ainsi produit comme "rejet" du monde qu’il habite : un "objet" à proprement parler irreprésentable, un "manque" qu’il est cependant possible d’imaginer à travers son reflet au miroir.
Et de fait, Lacan s’attache à mettre au jour des éléments biologiques qui donnent chair à cet objet en traquant les manifestations de son existence. Plus encore nous dit-il : l’exclusion de cet objet hors de notre monde langagier, qu’il hante pourtant, conditionne l’existence de tout autre objet. En effet, l’objet perdu présente un double destin : il fonctionne comme cause du désir (manque) ; il cherche à se réaliser (à travers d’autres objets). Du coup, cet objet introduit et soutient l’idée même de la cause dans le champ scientifique. Dès que le monde, porté par le sujet, surgit sur la scène du langage, il s’ordonne, au prix de la perte de ce qui du sujet n’est pas représentable (l’objet a). Nous l’oublions, mais il n’est de monde que pour un sujet parlant, et pas de science sans sujet qui la fabrique. Ce sujet (désirant, manquant) est un effet du langage avec lequel il tente de rendre compte (scientifiquement) de son expérience. Mais aucun symbole scientifique (ou non) ne suppléera à ce manque, à cette coupure du sujet dont les objets concrets portent la trace. Ce n’est pas hasard si, à l’échelle préhistorique, le premier mobilier est vraisemblablement un vase dont le creusement rappelle l’extraction de a » (M.-J. Sauret, L’Humanité.fr).
