« Sous le petit enfant dit difficile, voici surgir la figure du bébé délinquant. En conséquence de quoi, les experts préconisent de procéder à un dépistage médical systématique de chaque enfant dès 36 mois. De là, la recommandation que tous les professionnels de santé prennent connaissance des critères définissant le trouble de conduite, ce qui concerne les services médicaux de l’enfance et l’école, dès la maternelle, voire la crèche. Se dessine ainsi une entreprise de médicalisation de l’enfance supposant que chaque enfant sera désormais accompagné au long de sa vie et de son parcours scolaire d’un dossier médical contenant des informations sur ses "conduites" et ses "comportements". [...].
– Alors qu’il concerne et vise le public, dans sa conception même, ce rapport est secret. Dire qu’il est secret pour la "population", c’est dire qu’il n’a qu’une seule adresse : le pouvoir et ses divers agents. Si chaque innocent est un coupable potentiel, chaque professionnel de la santé et de l’éducation devient un agent potentiel du pouvoir, mobilisé à ce titre, hors de tout consentement, au nom simplement de la science - qui ne peut vouloir que notre bien » (Gérard Wajcman, LeMonde.fr).