« Chaque psychanalyse est une expérience singulière qui déroute tout programme et toute garantie a priori. Elle se fonde sur un rapport au symptôme qui vise à en extraire la vérité et non à l’éradiquer en vue d’une normativité. En ce sens, elle est antagonique de toute psychothérapie. D’autre part, alors même que ses effets thérapeutiques sont avérés, il faut rappeler que la psychanalyse est née du refus de subordonner son action à la suggestion, ce en quoi elle se démarque encore de la psychothérapie.
– La formation des psychanalystes ne saurait s’envisager sans tenir compte de cette spécificité de la psychanalyse.
[...] Devenir analyste est toujours une décision anticipatrice. Celui qui prend cette décision, même s’il est autorisé par une hiérarchie, l’a déjà fait quand il le demande. Il inaugure ainsi le mode de solitude qui sera le sien, à chaque fois, dans son acte par rapport à un analysant, jamais le même, jamais équivalent. Aucune autorisation ne peut soutenir cette solitude en se consignant dans une liste, chaque liste s’ajoutant à l’autre dans un ensemble qui les contiendrait toutes.
[...] Nous estimons que le renforcement, par ce biais, du pouvoir institutionnel des associations de psychanalyse sur les psychanalystes va à l’encontre des exigences que nous avons exposées concernant la formation des psychanalystes » (Sophie Aouillé, Pierre Bruno, Franck Chaumon, Cécile Drouet, Guy Lérès, René Major, Pierre Marie, Michel Plon, Érik Porge - initiateurs de ce texte, L’Humanité.fr).