« Tout le monde connaît le nom de Freud. Toute connaissance et toute pratique de l’homme en a été plus ou moins affectée. On n’a pu parler de l’homme ni de soi après lui comme avant. Mais son œuvre offre à la réflexion des trouvailles, à l’enseignement des ressources qui ressemblent à une nouvelle découverte. Cela c’est l’actualité. Au docteur Jacques Lacan, fondateur, avec le professeur Daniel Lagache, le professeur Juliette Favez-Boutonnier et le docteur Française Dolto, de la Société Française de Psychanalyse, nous sommes allés demander ce qu’il en était de ce travail en cours.
Un psychanalyste, c’est très intimidant. On a le sentiment qu’il pourrait vous manœuvrer à son gré... qu’il en sait plus que vous-même sur les motifs de vos actes.
– Ne vous exagérez rien. Et puis croyez-vous que cet effet soit particulier à la psychanalyse ? Un économiste, pour beaucoup, est bien aussi mystérieux qu’un analyste. De notre temps c’est le personnage de l’expert qui intimide.
Pour la psychologie, encore qu’elle fût une science, chacun croyait y avoir son entrée par l’intérieur. Or voici qu’avec la psychanalyse on a le sentiment de perdre ce privilège, l’analyste serait capable de voir quelque chose de plus secret dans ce qui, à vous, paraît le plus clair. Vous voilà nu, à découvert, sous un œil averti, et sans bien savoir ce que vous lui montrez » (Les archives de L’Express du 31/05/1957).