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Daniel Paul SCHREBER

Avant-propos

Mémoires d’un névropathe

Date de mise en ligne : samedi 13 mars 2004

Langue de cet article : Deutsch > Vorwort

Mots-clés : ,

En commençant ce travail, jamais je n’aurais pensé à le publier. Ce n’est qu’au fur et à mesure de sa progression seulement, que cette idée s’est imposée à moi. Je ne me suis pas caché les objections qui semblent venir s’opposer à cette publication : il s’agit, notamment, de considérations sur différentes personnes encore en vie actuellement. Mais d’un autre côté, je pense qu’il pourrait être utile pour la science et pour la mise à jour des vérités religieuses, si de mon vivant, les principaux intéressés avaient accès à mon destin personnel et pouvaient être autorisés à faire des observations sur mon corps. Ce sont ces considérations qui doivent primer sur toutes autres considérations personnelles.

Chronologie de la rédaction :
 Les Mémoires elles-mêmes (chapitre I à XXII) ont été entièrement rédigées entre février et septembre 1900.
 Les Compléments de I à VII, entre octobre 1900 et juin 1901.
 La deuxième série des Compléments, à la fin 1902.

Durant tout le temps qui s’est écoulé depuis le premier commencement de ce travail, mon destin intérieur et ma vie extérieure ont notablement évolué. Tandis que j’ai vécu, au début, dans un quasi-emprisonnement, lequel faisait notamment barrage à la fréquentation des hommes cultivés de la table de famille du comité directeur de l’institut (dont j’ai même été exclu, alors que celle-ci restait accessible à des pensionnaires qui ne sortaient jamais de ses murs), etc., une plus grande liberté de mouvement et de transport m’a petit à petit été accordée, ce qui me permet encore aujourd’hui, d’accroître toujours plus la fréquentation des hommes cultivés. J’ai enfin obtenu un succès complet (toutefois en seconde instance seulement) dans le procès de l’interdiction qui m’avait frappé et que je mentionne au chapitre XX, la décision de la Cour officielle Dresde en date du 13 mars 1900 ayant finalement été écarté par la décision du Tribunal régional supérieur Dresde en date du 14 juillet 1902, faisant désormais force de loi. Ma pleine capacité légale m’a ainsi été reconnue et la libre disposition de ma fortune m’a été rendue. En ce qui concerne l’objet de ma résidence actuelle à l’institut, j’ai en main depuis quelques mois déjà, un document écrit de l’administration, selon lequel aucune objection fondamentale ne va à l’encontre de ma sortie ; je compte prévoir par conséquent mon retour à ma vie de famille, par exemple au début de l’année prochaine.

De par toutes ces modifications, l’occasion m’a été donnée d’étendre considérablement le cercle de mes observations personnelles. Quelques-uns de mes avis énoncés plus tôt vont devoir connaître certaines corrections ; je peux déjà notamment avancer, qu’il n’y a plus aucun doute sur le fait que le dit « jeu humain » [1] (les effets modérés par les miracles) se limite respectivement à moi seul et à mon proche environnement. Cela étant, je donnerais peut-être aujourd’hui une autre tournure à certaines versions de mes Mémoires. Néanmoins, je les ai pour l’essentiel laissées dans la forme sous laquelle je les avais tout d’abord écrites. Des modifications de détails porteraient atteinte à la spontanéité originale de la présentation. Il est également, selon moi sans grande importance, si des erreurs plus ou moins grandes se sont immiscées dans les points de vue que je m’étais forgé plus tôt, nés des relations entre un Dieu et moi, quant à l’image dégradée de l’ordre de l’univers. De toute façon, seuls entrent en ligne de compte les résultats auxquels je suis arrivé, sur la base de mes seules impressions et expériences, en ce qui concerne les relations divines continuelles, la nature et les qualités de dieu, l’immortalité de l’âme, etc. Aussi, après mes dernières et plus récentes expériences personnelles, j’en suis arrivé à cette conclusion qu’aucune de mes conceptions fondamentales déjà développées dans les chapitres I, II, XVIII et XIX de mes Mémoires ne peuvent exiger d’intérêt plus général.

Institut de bien-être de la « Pierre du soleil » de Pirna, en décembre 1902.

L’Auteur.

P.-S.

Traduit de l’allemand par Christophe Bormans à partir de l’ouvrage de Daniel Paul Schreber : « Denkwürdigkeinten eines Nervenkranken », publié chez Oswald Mutze à Leipzig en 1903.

Notes

[1« Menschenspielerei » (traduit par P. Duquenne et N. Sels par « malice » dans la version publiée aux éditions du Seuil en 1975) [N.d.T.].

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