Assis là à regarder les gens.

Une table une chaise ; un paquet de cigarettes, un cendrier et un briquet posés sur le formica blanc, tout lisse et tout humide du dernier coup d’éponge passé par la serveuse.

Elle est arrivée, avec son plateau, sur lequel sont empilés un cendrier, rempli de pièces blanches, et un autre, au-dessus, rempli de pièces jaunes. Elle m’a débarrassé de tout ce fatras entassé ici, sous mes yeux ; moi, évitant ses gestes ; penchant mon buste en arrière, du côté opposé au sien :

Tasses, cuillères abandonnées par les clients précédents - et au fond desquelles je pouvais observer ce curieux et collant mélange de sucre de cendres et de café - se sont succédées entre ses mains. Et puis cette éponge puante qui, à l’instant, a laissé sur la table cette odeur âcre. Eux, la serveuse et les autres derrière le comptoir, ils s’en foutent...

Elle a une tête de fouine, des cheveux courts et bruns taillés par des ciseaux de cuisine, un jean, un tee-shirt blanc rayé de larges bandes horizontales bleues ; et pas de soutient-gorge.

Je lui ai commandé un café crème. Elle est revenue et a déposé ma tasse, mon lait, et la soucoupe publicitaire plastique qui contient le ticket de caisse. J’ai payé tout de suite, et je n’ai pas pu m’empêcher de baisser les yeux en la regardant partir.
