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Andrew Lang

La possession démoniaque

Traduction et notes de E. Lefébure (Mercure de France, 1898)

Date de mise en ligne : samedi 6 janvier 2007

Langue de cet article : English > Demoniacal Possession

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Andrew Lang, « La possession démoniaque », Mercure de France, Octobre-Décembre, t. XXVIII, Paris, novembre 1898, pp. 319-336 (traduction et notes de E. Lefébure).

LA POSSESSION DÉMONIAQUE

M. Andrew Lang, l’écrivain bien connu et le facile princeps du Folklore en Europe, a eu l’obligeance d’autoriser la traduction et la publication de ce fragment de son dernier ouvrage, The Making of Religion (ch. VII, p. 138-158).

Jusqu’ici, dans l’ordre des études religieuses, l’auteur s’était employé surtout à déblayer le terrain, encombré par les débris des théories linguistiques ou atmosphériques, et à montrer, avec une précision inconnue à de Brosses et même Tylor, que les croyances des civilisés ont leurs racines dans les idées des sauvages. Il va plus loin maintenant : il rattache les idées sauvages elles-mêmes aux étranges phénomènes supranormaux, ou psychiques, qui depuis quelques années nous donnent le soupçon et le frisson de tout ce que nie le matérialisme.

Ces phénomènes, nous croyons peut-être les avoir découverts, mais ils sont en réalité aussi vieux que le monde. Magnétisme et hypnotisme, suggestion, transe, dédoublement de la personnalité, clairvoyance, mouvements sans contact, visions et hantises, les races les plus barbares ont tout connu avant nous, et l’ensemble de conceptions qu’on appelle l’Animisme est sorti de là, depuis le culte des ancêtres et des esprits jusqu’au fétichisme et à la magie.

Cependant, la religion n’est pas tout entière dans l’Animisme : elle a un ciel supérieur où l’esprit humain semble avoir plané tout d’abord. C’est ce que constate M. Lang, qui en déduit une théorie très remarquable sur l’état mental des peuples inférieurs : plus ils sont inférieurs, plus leurs notions religieuses sont élevées. Dès leurs débuts, ils possèdent l’idée d’un Être suprême jointe à celle d’une morale très pure, puis ces notions s’obscurcissent graduellement, le grand Être unique fait place à une foule de dieux ou d’esprits locaux conçus sur le modèle des âmes des morts, et le mérite de la vertu le cède à celui du sacrifice, par lequel on se concilia les divinités sanguinaires des civilisations polythéistes jusqu’à l’avènement du christianisme, la décadence religieuse aurait été ainsi en raison directe du progrès matériel, de sorte qu’en un sens le Peau-Rouge l’aurait emporté sur l’lnca et le Sémite sur le Grec. Ce fait capital d’une religion primitive, plus ou moins contesté jusqu’à présent, M. Lang le démontre par des documents nouveaux et des arguments imprévus, qui vraiment laissent peu de place au doute.

Telle est, en peu de mots, l’idée maîtresse de son ouvrage. Si l’auteur est dans le vrai en donnant ce hardi coup de barre vers la grande mare tenebrarum qu’il appelle la Région X, ce sera là un des progrès les plus positifs peut-être, en matière de science religieuse, que le dix-neuvième siècle aura faits avant de finir. On en soupçonnera la portée en lisant les pages suivantes.

À un point de vue plus restreint, ces pages présentent un intérêt d’actualité immédiate, puisqu’il y est question surtout de Mme Piper, le célèbre médium dont les communications avec les absents, morts ou vifs, ont un si grand retentissement de l’autre côté de la Manche. M. Lang donne assez de détails sur les « performances » de cette dame pour qu’il soit inutile d’en parler davantage, mais le lecteur français se demandera peut-être pourquoi tout ce bruit fait en Angleterre autour du spiritisme, que M. Lang lui-même traite quelque part d’hypothèse antédiluvienne ou préhistorique.

Au fond, c’est peut-être une question de race, et il est assez naturel de trouver déjà des distinctions de ce genre parmi les observateurs des faits psychiques. Personnel comme on le connaît, il semble qu’ici le génie britannique se soit préoccupé avant tout des futurs intérêts du moi, et qu’il ait en conséquence donné une attention exclusive aux phénomènes supérieurs de télépathie, de prémonition, de clairvoyance et de communication avec l’au-delà, toutes choses d’où peut s’induire l’idée réconfortante de la survivance humaine. Par contre les savants français, plus universellement curieux peut-être, n’ont pas négligé l’étude des manifestations physiques, c’est-à-dire des mouvements d’objets sans contact, des lévitations, de la polarité humaine, du fluide nerveux, du transfert, de la sensibilité, etc.

Nos voisins d’outre-Manche méprisent ou suspectent de semblables constatations, et, par une singulière occurrence, ce n’est pas le plus qu’ils nient, c’est le moins. Nos pauvres médiums continentaux supportent les conséquences de ce scepticisme sui generis. Eusapia a été « exposée », c’est-à-dire disqualifiée par la société psychique anglaise qui ne reviendra jamais sur son verdict, tandis que M. Richet, M. de Rochas et bien d’autres, n’en admettent par moins l’excellence de ce sujet, qui peut tricher parfois plus ou moins inconsciemment, comme tous les médiums. Le Dr Ochorowicz a publié là-dessus, en 1896, un vrai petit chef-d’oeuvre, la défense d’Eusapia contre le D’ Hodgson, qui patronne Mme Piper.

*

LA POSSESSION DÉMONIAQUE

D’après la philosophie de l’animisme et la croyance de beaucoup de peuples sauvages et civilisés, les esprits des morts, ou en gros les esprits, peuvent prendre pour résidence les corps de certaines personnes vivantes. Ces hommes, ou ces femmes, sont dits « inspirés », ou « possédés ». Ils parlent avec des voix qui ne sont pas les leurs, ils agissent d’une façon qui est en désaccord avec leur caractère naturel, ils passent pour prophétiser, et pour déployer des connaissances qu’ils ne pourraient avoir acquises normalement, et que, dans le fait, ils ne possèdent pas à l’état normal.

Tous ces phénomènes, et d’autres semblables, le sauvage leur-donne pour explication l’hypothèse qu’un esprit étranger — peut-être un démon, peut-être une âme, ou un dieu — a pris possession du malade.

Le possédé, quand il est plein de l’esprit, débite des sermons, des oracles, des prophéties, et ce que les Américains appellent des « inspirational addresses » avant de revenir à sa conscience normale. Bien que plusieurs de ces prophètes soient des imposteurs, d’autres sont sincères.

Le Dr Mason [1] mentionne un prophète qui se convertit au christianisme. « Il ne pouvait rendre compte de ses anciennes pratiques, mais il déclara qu’il avait certainement alors l’impression qu’un esprit lui parlait et qu’il devait transmettre ses communications. » Le Dr Mason raconte aussi l’anecdote suivante :

« … Un autre individu avait un esprit familier qu’il consultait et avec lequel il s’entretenait ; mais, ayant entendu prêcher l’Évangile, il se proclama converti et n’eut plus de communication avec son esprit. Celui-ci l’avait quitté, disait-il ; il ne lui parlait plus. Après un temps d’épreuve prolongé, je le baptisai. Je surveillai son cas avec intérêt, et pendant quelques années il mena une vie chrétienne irréprochable ; mais ensuite, perdant son zèle religieux et ne s’accordant pas avec certains membres de l’église, il s’en alla dans un village éloigné, où il ne pouvait suivre les offices du saint jour, et on apprit bientôt après que ses communications avec son esprit familier avaient recommencé. J’envoyai un prédicateur indigène le visiter. L’homme dit qu’il entendait la voix qui avait conversé avec lui auparavant, mais qu’elle parlait d’une manière très différente. Son langage était excessivement agréable et remuait profondément le coeur. Elle disait : “Aimez-vous les uns les autres ; agissez avec droiture — agissez avec honnêteté », et ajoutait d’autres exhortations du genre de celles qu’il avait entendu faire par les missionnaires. On lui adjoignit un assistant dans le village et l’esprit le quitta de nouveau ; depuis, il a toujours conservé 1e caractère d’un fidèle chrétien [2]… »

Cette anecdote est un exemple de ce que les spirites appellent « le changement de contrôle ». Après avoir accepté, puis délaissé la doctrine chrétienne, le malade parla encore inconsciemment, mais sous l’influence de la foi qu’il avait abandonnée. Nous verrons dans le même sens qu’un « Médium » Américain de nos jours, après avoir été pendant un certain temps en relation continuelle avec des observateurs instruits et psychologues, obtint de nouveaux « contrôles », d’un caractère plus poli et plus civilisé que son vieil « esprit familier » [3].

On admet que les possédés déploient quelquefois une éloquence dont ils seraient incapables dans leur état normal [4]. En Chine, des femmes possédées qui n’ont jamais composé une ligne de poésie dans leur vie normale, expriment leurs pensées en vers, et passent pour donner des preuves de clairvoyance [5].

L’ouvrage intitulé La Possession Démoniaque en Chine — du Dr Nevius, qui fut quarante ans missionnaire, a été violemment attaqué par les journaux de médecine de son pays natal, les États-Unis. Le docteur eut l’audace de déclarer qu’il ne trouvait pas meilleure explication des phénomènes que la théorie des Apôtres — à savoir, que les malades étaient possédés. N’ayant pas la crainte de l’homme devant les yeux, il remarqua aussi que les explications scientifiques avaient le défaut de ne rien expliquer du tout

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L’attitude du Dr Nevius ne peut être appelée strictement scientifique. Si les savants qui s’occupent de pathologie et de psychologie sont incapables d’expliquer ou de révéler le modus d’un groupe de phénomènes, il ne s’en suit pas qu’il y ait là le diable, ou un dieu, ou un esprit.

Mais ceci a été précisément, dans le fait, la conclusion naturelle des sauvages.

Le Dr Nevius catalogue ainsi les symptômes de la possession :

1. Action automatique, persistante et cohérente d’une personnalité nouvelle, qui s’intitule elle-même shieng (génie) et appelle le malade biang to (brûler d’encens, « médium »).

2. Possession d’un savoir et d’une intelligence que n’a pas le malade (dans son état normal) et qui ne peuvent s’expliquer par l’hypothèse pathologique.

3. Transformation complète du caractère moral chez le malade.

De ces indices, le second sans doute confirmerait mieux que les autres la croyance sauvage qu’une intelligence nouvelle a pénétré chez le malade. Si ce dernier déployait la connaissance des choses futures ou éloignées, la conclusion qu’une intelligence nouvelle et plus sagace a pris possession de son corps serait irrésistible pour le sauvage. Mais le moderne plus prudent, même s’il acceptait tes faits, ne serait pas acculé à une conclusion aussi extrême. Il dirait que la connaissance de ce qui est éloigné dans l’espace, ou dans le passé, peut être communiquée télépathiquement au cerveau de mainte personne vivante, tandis que pour la connaissance de l’avenir, il se réfugierait avec Hartmann dans le contact avec l’Absolu.

Mais la question des témoignages établissant les faits est la seule question réelle, au fond. Or, dans le livre du Dr Nevius, ces témoignages reposent presque entièrement sur les rapports écrits des prédicateurs chrétiens d’origine indigène car les Chinois demeuraient strictement impénétrables lorsqu’ils étaient interrogés par des Européens. « Mon frère païen vous avez une soeur qui est démoniaque ? » demande l’intelligent Européen. La réponse du frère païen reste enveloppée, du mieux possible, dans l’obscurité d’un langage oriental remarquablement embrouillé et prolixe. Nous sommes donc obligés d’en revenir aux rapports de M. Leng et autres prédicateurs indigènes. Ils sont d’un style parfaitement modeste et raisonnable. Nous apprenons que Mme Sen, une dame incapable d’efforts lyriques dans son état normal, bredouillait en vers dans sa personnalité secondaire, et découvrit le fait que M. Leng était en route pour venir la visiter, alors qu’elle n’aurait pu le savoir par aucun moyen normal [6]. « Ils traversent maintenant la rivière, et ils seront ici quand le soleil aura atteint a peu près cette hauteur » ; ce qui se trouva exact. Les autres témoins furent examinés et confirmèrent la chose [7]. Le Dr Nevius lui-même examina, pendant qu’elle était possédée, Mme Kwo, qui parlait en vers et demeurait physiquement insensible [8].

Les récits sont de ce genre ; le malade, en recouvrant sa conscience, ne sait rien de ce qui s’est passé ; les prières chrétiennes sont souvent efficaces, et il y a maintes anecdotes d’objets mus sans contact.

Par un heureux hasard, pendant que ce chapitre était sous presse, le Dr Pierre Janet publiait une étude scientifique sur un démoniaque et sa cure [9]. Le Dr Janet a expliqué, avec un complet succès, tout ce qu’il y a dans la possession, excepté les faits qui, dans la pensée du Dr Nevius, avaient besoin d’explication.

Ces faits ne se sont pas présentés dans le cas du démoniaque « exorcisé » par le Dr Janet. Ainsi le savant travail de cette autorité éminente n’aurait pas satisfait le Dr Nèvius. Les faits qui l’intéressaient n’ont pas eu lieu avec le malade du Dr Janet, et alors le Dr Janet ne les explique pas.

Le plan le plus simple, ici, est de dire que les faits auxquels croit le Dr Nevius ne se présentent jamais de la vie ; mais si jamais ils se présentent, l’explication du Dr Janet ne les explique pas.

1. Son malade, Achille, n’endossa point le rôle d’une nouvelle personnalité.

2. Achille ne déploya point un savoir ou un pouvoir intellectuel qu’il ne possédait pas dans son état normal.

3. Son caractère moral ne changea point complètement, il devint seulement plus hypocondriaque et plus hystérique que de coutume.

Achille était un pauvre diable de commerçant Français qui avait enfreint, comme le capitaine Booth [10], les lois d’une chasteté et d’une vertu strictes. Il vécut là-dessus jusqu’à un moment où il se détraqua et se crut au pouvoir de Satan. II eut des convulsions, de l’anesthésie, des idées de suicide, et il blasphémait involontairement. Il ne fut « exorcisé » ni par prière ni par ordre, mais il le devint après la longue durée d’un traitement physique et mental. Sa cure n’explique pas celles auxquelles croit le Dr Nevius. Son cas ne présente point les caractères dont le De Nevius demande l’explication à la sciences. L’ouvrage du Dr Janet est le dernier cri de la science, et il laisse le Dr Nevius juste où il l’a trouvé.

La science, cependant, peut dire au Dr Nevius que les témoignages sur lesquels il appuie ses faits n’ont pas de valeur, et elle le lui dit par la bouche du Professeur W. Romaine Neubold, dans les Proceedings de la société de Recherche Psychique (Février 1898, p. 602-4). Et le même numéro du même périodique nous montre le Dr Hodgson acceptant des faits semblables à ceux du Dr Nevius et les expliquant par — la possession ! (p. 406).

Les observations du Dr Nevius embrassent réellement tout le domaine de la « possession » chez les peuples non Européens. Mais nous avons d’autres exemples venant d’autres lieux.

On peut choisir un exemple de possession plutôt impressionnant dans les « Missionary Travels » de Livingston (p. 86). L’aventureux Sébituane était harcelé par les Matahélés sur un nouveau territoire qu’il avait choisi. Il songeait à descendre le Zambèse jusqu’à ce qu’il se trouvât en contact avec les blancs ; mais Tlapàne « qui avait commerce avec les dieux », lui tourna la face vers l’ouest. Tlapàne avait l’habitude de se retirer, « peut-être dans quelque grotte, pour rester dans un état hypnotique ou magnétique » jusqu’à la pleine lune. Alors il revenait en prophète. « Trépignant, sautillant et criant avec une violence particulière, ou frappant le sol avec un gourdin » (pour appeler ceux qui sont sous la terre), « les prophètes entrent dans une espèce de transport, et prétendent que durant cet accès ce qu’ils disent leur est inconnu à eux-mêmes », fait qui a lieu probablement lorsque la crise est naturelle. Tlapàne, après s’être mis en état de « possession » montra l’est : « Là, Sebituane, je vois un feu ; évite-le, il peut te brûler. Les dieux disent : Ne va pas là ! » Puis, montrant l’ouest, il dit : « Je vois une cité et une nation d’hommes noirs, des hommes de l’eau, leurs troupeau sont rouges, ta propre tribu dépérit, tu gouverneras les hommes noirs ; épargne ta propre tribu. »

Jusqu’ici, simple avis ; mais alors :

« Toi, Ramosinii, ton village périra entièrement. Si Mokari bouge le premier du village, il périra le premier ; et toi Ramosinii, tu mourras le dernier. »

Enfin,

Comme un intrépide voyant dans une transe,
Qui voit toute sa propre male chance,

« les dieux ont donné l’eau pour breuvage aux autres hommes, mais à moi ils ont donné l’eau amère. Ils m’appellent. J’y vais [11]. »

Tlapàne mourut, Mokari mourut, Ramosinii mourut, leur village fut détruit bientôt après, et ainsi Sebituane s’en alla du côté de l’ouest, docile à la voix, fut attaqué par les Baloianas, fit leur conquête, et les épargna.

Telle est la « possession » chez les sauvages. Il est inutile de multiplier les exemples de cette croyance universelle, si largement attestée dans le nouveau Testament et dans les procès de sorcellerie. L’étude scientifique des phénomènes, comme Littré s’en est plaint, « avait été à peine ébauchée » il y a quarante ans. Durant les années intermédiaires, les psychologues et les hypnotiseurs ont pris en grande attention le problème de ces « personnalités secondaires » que l’Animisme explique par la théorie de la possession. Les explications es philosophes modernes diffèrent, mais nous n’avons pas à discuter leurs idées physiologiques et pathologiques [12].

Notre affaire est de demander si, dans le champ de l’expérience, il y a des témoignages montrant que les individus « possédés » de la sorte exhibent réellement des connaissances qu’ils n’auraient pu acquérir par les voies normales. S’il existe de semblables témoignages, les faits alors fortifieraient naturellement la conviction que l’individu possédé a été inspiré par une intelligence étrangère à la sienne, c’est-à-dire par un esprit. Or, c’est la ferme conviction de plusieurs hommes de science qu’une certaine Mme Piper, Américaine, déploie, à l’état de possession, un savoir qu’elle n’aurait pu acquérir normalement. Le cas de cette dame est précisément de niveau avec celui de certains voyants sauvages ou barbare.

Ainsi : « Le prêtre Fidjien s’assied en fixant un ornement fait de dents de baleine, au milieu d’un silence de mort. Au bout de quelques minutes il tremble, de légères secousses parcourent sa face et ses membres, puis s’accroissent jusqu’à devenir de violentes convulsions… Maintenant le dieu est en lui [13]. »

En Chine, « la femme professionnelle s’assied à une table, en contemplation, jusqu’à ce que l’âme d’une personne morte, avec qui l’on désire communiquer, entre dans son corps et parle par elle aux vivants [14]… »

La dernière description convient parfaitement à Mme Piper. Lorsqu’on la consulte, elle tombe en passant par des convulsions dans son état de trance, après quoi elle parle avec une autre voix, assume une nouvelle personnalité, et se prétend possédée par l’esprit d’un médecin français (qui ne sait pas le français) — le Dr Phinuit. Elle déploie alors une connaissance très variée de personnes mortes ou vivantes en rapport avec ses clients qui sont généralement des étrangers, présentés souvent sous de faux noms. Mme Piper et son mari ont été surveillés par dès détectives et on ne les a jamais pris à essayer de se procurer des renseignements. Elle a passé quelques mois en Angleterre, à la charge de la Société de Recherche Psychique. Outre le Dr Phinuit, d’autres esprits plus civilisés que lui l’influencent maintenant et ses derniers exploits dépassent, dit-on, ses efforts antérieurs [15].

Des volumes de témoignages sur Mme Piperont été publies par le Dr Hodgson, qui a démasqué Madame Blavatsky et Eusapia Paladino [16]. Il fut convaincu d’emblée que Mme Piper, dans son état de transe, obtient des renseignements qui ne lui seraient pas accessibles autrement et normalement. On a admis que son esprit familier conjecture, tâche de soutirer des informations aux personnes qui siègent avec elle, et cherche sophistiquement à cacher ses insuccès Voici les constatations du Professeur James de Harvard.

« Les choses les plus convaincantes qu’elle m’ait dites sur mon propre, ménage à moi ont été ou très intimes ou très triviales. Malheureusement, je ne puis publier les premières. Pour les triviales j’en ai oublié le plus grand nombre, mais les suivantes, rarae nantes, peuvent servir comme échantillons de leur catégorie. Elle dit que nous avions perdu récemment une couverture et moi un gilet. (Elle accusa à tort une personne d’avoir soustrait la couverture, qui fut par la suite retrouvée dans la maison.). Elle dit que j’avais tué un chat gris-blanc avec de l’éther et montra comment il avait « tourné et tourné encore » avant de mourir. Elle dit comme quoi ma tante de New-York avait écrit une lettre à ma femme pour la prévenir contre tous les médiums, et se lança alors dans une très amusante critique, pleine de traits vifs, sur le caractère de l’excellente femme. (Dans le fait, moi et ma femme seuls connaissions l’existence de la lettre en question). Elle était très forte sur les événements de notre nursery, et elle donna un avis remarquable, lors de la première visite que nous lui fîmes, sur la manière de s’y prendre avec certaines bizarreries, tantrums, de notre second fils — « le petit Billy-boy », comme elle l’appela par son nom d’enfant. Elle dit comment la mangeoire craquait la nuit, comment une certaine berceuse, rocking-chair, craquait mystérieusement, comment ma femme avait entendu des pas sur un escalier, etc., etc. Si insignifiantes que soient ces choses quand on les lit, leur accumulation a un effet irrésistible ; et je répète encore ce que j’ai déjà dit, que, prenant tout ce que je sais de Mme Piper en considération, le résultat est de me rendre aussi absolument certain que je le suis de n’importe quel fait personnel au monde, qu’elle connaît des choses dans ses transes dont elle ne peut nullement avoir entendu parler à l’état de veille, et que la philosophie définitive de ses transes est encre à trouver. Les limites de son information dans les transes, sa discontinuité, son arrivée par saccades, et son apparente incapacité de dépasser un certain point, tous ces inconvénients, bien qu’ils finissent par exciter en vous une sorte d’impatience morale et bien humaine contre le phénomène, n’en sont pas moins, a un point de vue scientifique, au nombre des plus intéressantes particularité qu’il présente, puisque là où il existe des limite, il existe aussi des qualités, et leur découverte est toujours le commencement d’une explication.

C’est tout ce que je puis vous dire sur Mme Piper. Je voudrais que ce fût plus ‘scientifique”. Mais valeat quantum ! C’est le mieux que je puis faire. »

Ailleurs, M. James écrit :

« M. Hodgson et d’autres ont fait une étude prolongée des transes de cette dame, et tous sont convaincus qu’elle déploie des facultés supranormales de connaissance. Elles sont, prima facie, due au “contrôle spirite”. Toutefois, les conditions sont si complexes, qu’il faut encore différer de prendre une décision dogmatique pour ou contre l’hypothèse » [17].

Et aussi :

« Je ne puis résister à la conviction qu’il apparaît dans les transes de ce médium une connaissance de faits qu’elle n’a jamais acquise par l’usage ordinaire de ses yeux, de ses oreilles et de ses facultés à l’état de veille. »

« Les transes ont déplacé, pour mon propre esprit, les limites admises jusqu’à présent dans l’ordre de la nature. »

M. Paul Bourget (qui n’est pas superstitieux), conclut après avoir consulté Mme Piper :

« L’esprit a des procédés de connaître non soupçonnés par notre analyse » [18].

Dans le présent ouvrage j’ai pu montrer la « volonté de croire » à un degré exceptionnel ; mais, pour moi, l’intérêt de Mme Piper est purement anthropologique. Elle exhibe une survivance ou une recrudescence des phénomènes sauvages, réels ou feints, de convulsion et de personnalité secondaire, et elle entretient par là une sorte de survivance de l’explication animiste.

L’honnêteté et l’excellent caractère de Mme Piper dans son état normal, sont attestés par ses amis et ses observateurs en Angleterre et en Amérique et je n’incrimine pas son caractère normal. Mais les « personnalités secondaires » ont souvent plus de M. Hyde que du Dr Jekyll dans leur composition [19]. On admet généralement que Mme Piper une fois « possédée », tricherait quand elle le pourrait — c’est-à-dire qu’elle ferait des conjectures, chercherait à tirer des renseignements de son « sitter », désignerait un ami à lui vivant ou mort, par « Ed », ce qui peut être Edgar, Edmond, Edouard, Edith, ou une personne quelconque. Elle brouillerait son jeu, elle répéterait ce qu’elle aurait recueilli dans une séance antérieure avec la même personne, et la grande majorité de ses réponses roulerait sur de vagues références à des faits probables (comme celui qu’un homme d’un certain âge est orphelin), et qu’elle partirait de là pour obtenir des renseignements plus précis. Le Professeur Macalister a écrit :

« Elle est certes assez éveillée tout le temps pour s’informer par suggestion. Je lui ai laissé voir une tache d’encre à mon doigt, et elle m’a dit que j’étais un écrivain… Excepté sa conjecture sur ma soeur Hélène, qui est vivante, elle n’a pas fait une seule supposition qui fut entièrement exacte. Mme Piper n’est pas en état d’anesthésie durant la soi-disant transe, et si vous me demandez mon opinion à moi, c’est que toute l’affaire est une imposture et une misérable imposture » [20].

M. Barkworth dit que, autant qu’il a pu en juger par lui-même, « les pouvoirs de Mme Piper rentrent dans la lecture de pensée ordinaire (c’est-à-dire la lecture musculaire) et dépendent du fait qu’elle tient la main de son visiteur ». Chacun de ces messieurs n’a eu qu’un seul « sitting ». M. Paul Bourget m’a dit aussi, en conversation, que Mme Piper tenait sa main en lui racontant l’histoire mélancolique qui avait trait à une clef possédée par lui et qu’elle ne lui rapporta point les faits d’une manière prompte et courante, mais avec beaucoup de lenteur et d’hésitation. Même ainsi, il déclara qu’il se sentait incapable d’expliquer ce qu’elle avait accompli.

Ces pages étaient sous presse, quand le dernier rapport du Dr Hodgson sur Mine Piper a paru [21]. Il est absolument impossible, dans l’espace dont je dispose, de faire la critique de cet ouvrage. Il serait nécessaire d’examiner avec soin les différents groupes de documents, dans lesquels beaucoup de faits sont supprimés comme trop intimes, tandis que d’autres sont d’une remarquable incohérence. Le Dr Hodgson a le mérite d’avoir déployé une patience et une sagacité extraordinaires, dans la tâche fort ingrate de surveiller une malheureuse dame livrée aux divagations de la « transe ». Ses raisonnements sont parfaitement calmes, parfaitement froids, et son faible n’a pas semblé jusqu’ici être la crédulité. Nous devons, en fait, le regarder comme un expert dans cette branche de la psychologie. Mais lui-même fait bien voir que, dans son opinion, nuls rapports écrits ne peuvent produire les impressions qui résultent de quelques années d’expérience personnelle. Les résultats de cette expérience, il les résume ainsi :

« Au jour présent, je ne puis me donner comme ayant le moindre doute que les principaux “communicateurs” dont j’ai parlé dans les pages précédentes, ne soient les véritables personnalités qu’ils prétendent être, qu’ils ont survécu au changement que nous appelons mort, et qu’ils ont communiqué directement avec nous, qui nous disons les vivants, par l’organisme entransé de Mme Piper » [22].

Cela signifie que le Dr Hodgson, à présent, dans ce cas-ci, accepte l’hypothèse de la « possession » comme la comprennent les Maoris et les Fidjiens, les Chinois et les Karens.

Les rapports publiés ne produisent pas sur moi la même impression. Pour mon compte personnel, je suis convaincu que ceux que j’ai honorés dans cette vie ne s’aideraient pas plus de l’organisme entransé de Mme Piper (s’ils l’avaient, à leur disposition), que je ne me trouverais volontairement moi-même dans un « sitting » avec cette dame. Il est inutile de faire de l’éloquence sur ce chapitre ; et les curieux peuvent consulter les écrits de M. Hodgson pour leur compte. En attendant, nous avons seulement à retenir ceci, qu’une femme américaine « possédée » produit, sur une intelligence moderne aussi élevée que sceptique, la même impression que le Zoulou « possédé » produit sur certaines intelligences Zoulones.

Les Zoulous admettent la « possession » et la divination, mais ne sont pas les individus les plus crédules de l’humanité. Ils consultent généralement le possédé ordinaire sur le cas d’un malade absent. Les consultants n’aident pas le divin en lui tenant la main, mais ils doivent frapper fortement le sol si la conjecture faite par le devin est juste ; légèrement si elle est fausse. Un Zoulou sceptique, nommé John, ayant eu un schelling à dépenser pour la recherche psychique, frappa fort à chaque conjecture. Le devin fut mis dans un embarras inextricable. John garda son schelling, et le dépensa pour une exhibition beaucoup plus méritante de bâtons animés [23].

Uguise donna au Dr Callaway la description d’une possédée avec laquelle Mme Piper ne pourrait lutter. Son esprit parla non par sa bouche, mais du haut du plafond. Il fit des remarques interrogatives qui étaient toujours correctes. Puis il relata exactement un certain nombre de circonstances particulières, prescrivit quelques remèdes pour un enfant malade et offrit de rendre les honoraires si l’on n’était pas amplement satisfait [24].

En Chine et au Zoulouland, comme dans le cas de Mme Piper, les esprits aiment à s’occuper de diagnostics et d’ordonnances pour les malades absents.

Le Capitaine Jonathan Carver a donné un bon exemple de possession sauvage, dans ses voyages (1763).

Carver attendait avec impatience l’arrivée de marchands apportant des provisions, près des Mille Lacs. Un prêtre, ou jossakeed, offrit d’interviewer le Grand Esprit, et d’avoir des renseignements. On prépara une grande hutte dont on ôta la toiture (ce qui n’est pas l’habitude), de sorte que tout ce qui se passa dedans put être observé. Au centre il y avait un arrangement en forme de caisse, fait de barreaux si éloignés l’un- de l’autre « que tout ce qu’il y avait dedans était facile à distinguer ». On illumina la tente « avec un grand nombre de torches ». Le prêtre y entra, et fut dès l’abord enveloppé d’une peau d’élan, comme les voyants Ecossais étaient enveloppés de la dépouille d’un bœuf noir. On entortilla ensuite autour de lui quarante yards de corde en peau d’élan.

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« Attaché ainsi comme une momie égyptienne, le voyant fut hissé dans le cloisonnage en forme de caisse. Je pouvais maintenant encore le distinguer aussi nettement que jamais, et je pris garde de ne pas détourner de lui mes yeux un seul instant ». — effort dans lequel il échoua probablement.

Le prêtre alors commença à manœuvrer, et finalement se mit à parler dans un jargon mélangé, fait de dialectes à peine intelligibles. Alors il hurla, pria, et écuma tant, que, après environ trois quarts d’heure, il fut épuisé et sans voix. « Mais en un instant il sauta sur ses pieds, bien qu’au moment où on l’avait mis là-dedans, il semblât qu’il fut impossible à lui de remuer bras ou jambes, et, se débarrassant de son enveloppe aussi vite que si les liens dont on l’avait étreint eussent été cassés en deux », il prophétisa. Le Grand Esprit ne dit pas quand les marchands arriveraient, mais juste à midi passé, le jour suivant, il arriverait en canot, dont les gens diraient quand les marchands devraient venir.

Le jour suivant, juste à midi passé, un canot tourna une pointe de terre éloignée d’environ une lieue, et les gens de ce canot, qui avaient rencontré les marchands, dirent qu’ils viendraient dans deux jours, ce qu’ils firent. Carver, qui se déclare exempt de toute ombre de crédulité, nous laisse à « tirer telles conclusions qu’il nous plaira ».

On pense naturellement ici à « l’information privée », ce qui ne souffre qu’une difficulté : c’est que Carver, qui connaissait le topographie de l’endroit et les chances de l’arrivée d’un messager secret pour souffler le possédé, ne fait pas allusion à cette théorie [25]. Il semble regarder de pareils succès comme peu rares.

Tout ce que la psychologie peut enseigner à l’anthropologie, sur l’ensemble du sujet de la « possession », c’est que les personnalités secondaires ou alternantes sont des faits in rerune natura, que l’homme ou la femme peuvent, dans l’une de ces personnalités, n’avoir pas le souvenir conscient de ce qui a été dit ou fait dans l’autre, et que les cas de connaissances dites obtenues d’une manière supranormale dans l’état secondaire méritent d’être examinés, lorsqu’il y a quelque chance d’obtenir de bons témoignages.

*

On a dû remarquer que M. Lang, peu favorable à la médiumnité spirite de Mme Piper, ne propose néanmoins aucune explication de ce cas étrange, qui fait songer à l’évocation des morts dans l’Odyssée. M. Lang croit seulement que les défunts n’emploieraient pas d’aussi singuliers moyens pour communiquer avec nous à d’aussi rares intervalles. « Qui eût rendu la mort muette, si elle avait jamais parlé ? » a dit Musset dans la Confession d’un enfant du siècle.

Alors que penser des faits eux-mêmes, qui malgré tout restent intacts, il faut bien le reconnaître ? Comme c’est un besoin profondément humain de chercher une solution au moins provisoire à tout problème posé, voici à tout hasard une réponse telle quelle, en attendant mieux.

Parmi les constatations les plus certaines des recherches psychiques, il faut compter sans aucun doute la réalité de la double vue, ce qui justifie presque, soit dit en passant, les institutions divinatoires de Grecs et des Romains. Il existe des intuitions de l’avenir, et aussi du passé, si nettes, si précises, si détaillées, qu’on ne saurait y voir de simples coïncidences, et il y a longtemps en effet que l’objection des coïncidences ne tient plus debout.

Dans ce cas, il faut bien que les détails les plus minutieux du passé et de l’avenir aient leur prototype ou leur reflet quelque part, sans doute dans une pensée infiniment supérieure à la nôtre (celle de Dieu peut-être), et l’homme ne peut que figurer à sa place dans cette incommensurable chambre noire : il y a son image complète, sa série ininterrompue de portraits instantanés, en d’autres termes, il y a là ante et post mortem un dossier accessible aux voyants. Le magnétisme d’un objet quelconque, ayant appartenu à quelqu’un, met ceux-ci sur la trace de chacune des archives individuelles qu’on désire consulter.

Mais le voyant se trouve, par le fait même de la clairvoyance, en état d’hypnose ou d’extase, c’est-à-dire hors de lui, abstrait de son moi, et en conséquence il s’affublera sans peine d’une autre personnalité que la sienne, puisqu’il l’a quittée et que cependant il lui en faut une pour être quelqu’un. En cela, il est servi à souhait par le besoin de changement et d’imitation tout ensemble qui gît au fond de l’âme humaine. C’est le goût du masque, dont on relève tant de traces dans l’histoire, depuis les saturnales des mystères sauvages jusqu’à nos bals travestis et à nos théâtres de société (sans parler de l’hypocrisie).

Il semble ainsi tout simple qu’un médium mis, du même coup, et en extase, et en possession des « papiers » d’une individualité étrangère, s’approprie inconsciemment cette nouvelle identité : c’est un peu la carte forcée. Il mimera donc, dans son rêve lucide, les défunts ou les absents avec lesquels il se sent en rapport, et, n’étant plus lui, se demandera s’il n’est pas eux. « Serai-je Anna, ou Anna sera-t-elle en moi ? » disait Mme d’Espérance, le médium préféré d’Askakof.

Mme Piper est très apte à ces alternances de personnalité, tandis que Mlle Couesdon, par exemple, aussi maîtresse de nos biographies que Mme Piper, s’en tient cependant à une seule et unique métamorphose, celle de son moi supérieur devenu un Ange, c’est-à-dire un guide. Tous les médiums ont de même leur guide, ou « contrôle », qui peut être modelé sur un personnage réel aussi bien que sur un type idéal. C’est le premier stage de leurs transformations, car beaucoup d’entre eux ne suivent pas l’exemple de Mlle Couesdon et prennent tous les déguisements possibles, comme Mme Piper.

Voici un schéma, pour terminer, qui « illustrera » les remarques précédentes. On attribue aux couronnes aimantées (peu importe ici que la faculté soit réelle ou non) le pouvoir de transmettre en quelque manière la personnalité d’un individu à un autre. Et si, par supposition, le premier individu mourait avant le transfert, on aurait avec ce transfert, chez le second, l’évocation d’un mort, comme l’a fort bien dit Mme de Rochas. N’est-ce pas là le processus exact de l’incarnation spirite telle que la pratique Mme Piper, qui au lieu de couronnes aimantées se sert de n’importe quoi, d’un chapeau, d’une chaîne, d’un ruban, d’une bague même ?

Peut-être cette analogie fera-t-elle entrevoir, de loin, une sorte de vague théorie qui ne semblera pas absolument invraisemblable. En tous cas, l’explication ne concernerait que les évocations ou possessions spirites comme celles de Mme Piper, qui n’ont rien de spontané et qui paraissent n’exiger de la part du médium, qu’une certaine aptitude à la mimique et à la clairvoyance.

ANDREW LANG.
Traduction et notes de E. LEFÉBURE.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’article de Andrew Lang, « La possession démoniaque », Mercure de France, Octobre-Décembre, t. XXVIII, Paris, novembre 1898, pp. 319-336 (traduction et notes de E. Lefébure).

Notes

[1Missionnaire en Birmanie avant 1872.

[2La Birmanie, p. 107.

[3Hodgson, Proceedings of the Society for Psychical Research, XXXIIIe partie, volume XIII. Le Dr Hodgson n’est nullement d’accord avec cette appréciation du cas — le cas de Mme Piper.

[4Tylor, la Civilisation Primitive, Il, p. 174 de la traduction française.

[5Nevius, La Possession démoniaque en Chine, curieuse collection d’exemples recueillis par un missionnaire américain. Les rapports des missionnaires catholiques abondent en cas analogues. — La première édition de l’ouvrage du Dr Nevius est de 1894 t la seconde de 1896.

[6Nevius, p. 33.

[7Ibid., p. 35.

[8Op. cit., p. 38.

[9Névroses et Idées fixes, Alcan, Paris, 1898. C’est le premier ouvrage d’une série consacrée aux travaux du Laboratoire de Psychologie à la Salpêtrière à Paris.

[10Personnage d’un roman anglais du dix-huitième siècle, Amelia, par Fielding, l’auteur de Tom Jones.

[11« Macleod reviendra, mais Macrimmon, jamais ! » — Citation empruntée à une complainte écossaise du siècle dernier.

[12Voir Ribot, Les Maladies e la Personnalités ; Boccara et Burot, Variations de la Personnalité ; Janet, L’Automatisme Psychologique ; James, Principes de Psychologie ; Myers, dans les Proceedings of the Society for Psychical Research, « Le Mécanisme du génie », « Le moi subliminale ».

[13Tylor, La Civilisation primitive, II,. p. 173 de la traduction française.

[14Doolitlle, Les Chinois, I, 143 ; II, 110, 320.

[15Proceedings, S. P. R., XXIIIe partie.

[16Proceedings, S. P. R., VI, 436-650 ; VIII, 1-167 ; XII, 284-5820.

[17La volonté de croire, p. 314.

[18Figaro, 14 janvier 1895.

[19Allusion à un roman anglais de Stevenson, dont ces deux noms forment le titre.

[20Proceedings VI, 605-606.

[21Proceedings S. P. R., partie XXXIII, vol. XIII.

[22Op. Cit., Partie XXXIII, p. 406.

[23Comparez Callaway, La Religion des Zoulous, p. 328.

[24Callaway, p. 361-374.

[25Carver, p. 123-124

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