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Théodore Flournoy

Lucidité

Des Indes à la planète Mars (Chapitre X - §IV)

Date de mise en ligne : jeudi 5 octobre 2006

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Théodore Flournoy, Des Indes à la planète Mars. Étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie, Éditions Alcan et Eggimann, Paris et Genève, 1900.

CHAPITRE DIX
Apparences supranormales

IV. LUCIDITÉ

Tous les faits de lucidité (clairvoyance, double vue, etc., peu importe le nom) qu’on attribue à Mlle Smith, peuvent à la rigueur, supposés réels, s’expliquer par des impressions télépathiques provenant de personnes vivantes. C’est dire que non seulement j’admets d’emblée la possibilité de tels phénomènes en vertu du Principe de Hamlet, mais que, puisque la télépathie n’a rien de bien étrange à mes yeux, je n’éprouverais aucune difficulté subjective à accepter la réalité des intuitions supranormales d’Hélène — pour peu qu’elles présentassent quelques garanties sérieuses d’authenticité, et ne s’expliquassent pas plus simplement encore par des processus normaux et ordinaires ; car enfin, si coulant que l’on se montre sur les preuves du supranormal, encore faut-il qu’elles se tiennent debout et ne s’effondrent pas au moindre souffle de l’analyse et du bon sens. Malheureusement, ce n’est guère le cas.

Léopold, qui se trouve mêlé à presque tous ces messages véridiques — soit qu’il s’en reconnaisse l’auteur, soit qu’il accompagne simplement de sa présence leur manifestation par Hélène plus ou moins intrancée —, Léopold n’a jamais daigné m’en octroyer un dans des conditions vraiment satisfaisantes, et il blâme mes exigences en ce domaine comme de vaines et puériles curiosités. Quant aux innombrables phénomènes dont d’autres personnes plus heureuses que moi ont été gratifiées, ils m’ont toujours offert cette singularité : lorsqu’ils paraissent vraiment de nature à fournir une preuve décisive et éclatante de leur origine supranormale, je ne réussis jamais à en obtenir un récit écrit, précis et circonstancié, mais seulement d’incertains et incomplets racontars, parce qu’ils se trouvent trop intimes et personnels pour que les intéressés consentent à leur divulgation [1] ; tandis que, lorsqu’on veut bien m’en rédiger une relation détaillée et répondre à mes demandes de renseignements exacts, le fait se réduit à si peu de chose qu’il faut vraiment une dose de bonne volonté qui me dépasse pour y voir encore du supranormal. C’est jouer de malheur, et je serais en droit d’en tirer les conclusions les plus sceptiques. Je ne le fais pas cependant, et préfère me rabattre sur une interprétation moins sévère en rappelant le grand rôle de l’affinité élective et du rapport dans les processus psychologiques qui se déroulent en présence de nos semblables.

Tout bien pesé, en effet, je ne serais point éloigné de croire qu’il y a vraiment chez Mlle Smith des phénomènes réels de clairvoyance, ne dépassant pas d’ailleurs les limites possibles de la télépathie ; seulement, pour qu’ils arrivent à se produire, il faut que « Léopold » — c’est-à-dire l’état psychique spécial d’Hélène nécessaire à la réception et à l’externalisation des impressions télépathiques — soit aidé du dehors par l’influence de certains tempéraments favorables, plus fréquents chez les spirites convaincus que chez des gens quelconques, et qu’il ne soit pas entravé d’un autre côté par la présence paralysante de tempéraments néfastes tels que celui d’un observateur critique. Il est bien regrettable que les croyants naïfs, qui inspirent et obtiennent de magnifiques phénomènes de lucidité, se soucient ordinairement si peu des desiderata de la science et redoutent par-dessus tout de s’exposer à son examen dissolvant ; tandis que les chercheurs en quête de preuves probantes n’inspirent et n’obtiennent presque rien. Mais c’est assez compréhensible, et il est à craindre que cette antinomie entre l’état d’âme indispensable à la production des phénomènes et celui nécessaire à leur vérification ne soit l’épine au talon destinée à retarder longtemps encore la marche des recherches psychiques.

Quoi qu’il en soit, je donnerai quelques exemples des faits de lucidité de Mlle Smith, lesquels ne sont pas très variés et se laissent répartir dans les trois catégories des diagnostics et prescriptions médicales, des objets perdus et retrouvés, et des rétrocognitions d’événements plus ou moins anciens.

1. Consultations médicales.

Je me suis trop avancé en promettant (p. 114, n) des spécimens de faits extraordinaires de ce genre. On m’en a beaucoup raconté ; comme, par exemple, Léopold dictant la recette inédite et compliquée d’une pommade pour faire repousser les cheveux, pommade destinée à un monsieur habitant l’étranger, et dont un seul pot suffit à recouvrir d’une abondante chevelure son crâne dénudé avant l’âge ; ou Léopold, encore, consulté sur la santé d’une personne domiciliée bien loin de Genève, et révélant à la fois la nature véridique de son mal jusque-là méconnue par les médecins, son origine due à certains incidents insoupçonnés mais parfaitement exacts de son enfance, et enfin le traitement qui fut couronné de succès, etc. Mais l’absence de témoignages écrits et de renseignements précis sur les circonstances concomitantes de ces cures merveilleuses les réduit au rang d’amusantes historiettes sur la valeur desquelles il est impossible de se prononcer. Et, en fait d’épisodes mieux attestés, je n’ai pu obtenir que des récits authentiques, c’est vrai, mais où la probabilité d’un élément supranormal est réduite à un minimum… imperceptible pour moi. Je n’en cite qu’un cas.

M. et Mme G. ayant invité Mlle Smith à passer une journée chez eux à la campagne, à quelques lieues de Genève, dans le courant d’août, en profitèrent pour faire une séance afin de consulter Léopold sur la santé d’un de leurs enfants dont ils étaient inquiets. Je résume l’incident d’après le compte rendu écrit que M. G. m’en envoya dans la suite.

Notre fillette, dit M. G., était fortement anémiée et retombait fréquemment en état de faiblesse, malgré des intervalles de mieux. On nous avait conseillé le Dr D’Espine pour notre retour à Genève. Le médium [Mlle Smith] ignorait tout cela, nous avions du reste fait en sorte qu’il n’en sût rien.

La séance débute par quelques bonnes paroles de Léopold, à qui M. G. demande alors s’il fera bien de consulter le D’ D’Espine : Et moi donc, répond Léopold, ne puis-je rien pour vous ? Ingrats ! Mais, lorsqu’on le prie d’indiquer un traitement, il réplique : Attendez d’être à Genève. On lui demande cependant si l’oeuf et le cognac mêlés sont bons pour l’enfant ; il répond que l’oeuf est bon, mais qu’il ne faut point de cognac dans son cas, puis recommande de lui faire faire tous les jours une promenade d’une heure au grand air ; quant à des prescriptions relatives à la nourriture, il répète : Je vous ai dit d’attendre à Genève.

Une fois rentrés à Genève au milieu de septembre, M. et Mme G. ont une nouvelle séance avec Hélène. Cette fois, Léopold est plus précis, il conseille : pas trop de lait, mais quelques petits verres d’un bon vin naturel à chaque repas ; puis il ajoute : Traitez l’anémie d’abord, et vous aurez raison des fréquentes angines qui finiraient par trop l’affaiblir. Le sang est si affaibli chez elle que le moindre refroidissement, la moindre émotion, et j’irai même plus loin, je dirai que la perspective d’un plaisir même, suffit à déterminer la crise de l’angine ; vous avez du le remarquer.

Léopold, note ici M. G., nous a fait toucher du doigt des détails que nous ne savions comment expliquer. Tout ce qui précède n’était absolument pas dans notre esprit et encore moins dans celui du médium. À chaque phrase, nous nous regardions ma femme et moi avec stupéfaction…

Léopold ordonne encore beaucoup de légumes verts, des douches d’eau tiède salée pendant trois minutes le soir, et : maintenant la chose principale c’est cinq gouttes de fer dans un demi-verre d’eau deux fois par jour avant le repas. Faites, et vous verrez le résultat dans un mois. Après quinze jours déjà de ce régime, la fillette était méconnaissable.

J’ai cité ce cas parce que c’est un de ceux qui ont le plus frappé M. et Mme G. et sur lesquels ils fondent leur conviction de l’existence indépendante et des connaissances supranormales de Léopold, en sorte qu’à défaut de grand intérêt médiumique il a celui de montrer combien peu suffit à alimenter la foi dans les milieux spirites. J’oubliais de dire que la famille G. était parfaitement connue de Mlle Smith qui y avait des séances hebdomadaires pendant tout l’hiver et le printemps précédents ; aussi une seule chose m’étonne-t-elle, c’est que Léopold, lors de la première consultation improvisée, se soit trouvé pris au dépourvu au point de renvoyer ses ordonnances à plus tard et de devoir s’en tenir à des banalités telles que la promenade au grand air et la suppression du cognac. Dans la seconde séance, on voit l’effet d’un mois d’incubation : Léopold a eu le temps de retrouver dans la mémoire d’Hélène les souvenirs concernant la fillette anémique et sujette aux angines, ainsi que des prescriptions à coup sûr excellentes dans le cas donné, mais qui ne dénotent guère une science supranormale. Il n’est pas même besoin ici de la télépathie pour expliquer des messages dont le fonctionnement subconscient des facultés ordinaires de Mlle Smith suffit amplement à rendre compte.

On pourrait multiplier presque indéfiniment les exemples de ce genre tirés de la médiumité de Mlle Smith ; mais à quoi bon ? Je ne prétends pas, encore une fois, que, sur le nombre, Léopold n’ait jamais donné de consultations médicales dépassant les connaissances latentes d’Hélène et impliquant des pouvoirs supranormaux de clairvoyance ; je dis seulement que je n’ai point encore réussi à en trouver un seul cas où les preuves fussent à la hauteur de la conclusion.

2. Objets retrouvés.

Je ne connais aucun cas où Mlle Smith ait indiqué l’emplacement d’un objet égaré par quelqu’un d’autre, et sur la situation duquel elle n’aurait point pu avoir de renseignements par voie naturelle. Toutes ses découvertes consistent, pour autant que j’en puis juger, dans le retour, sous un aspect et avec une mise en scène spirites, de souvenirs soit simplement oubliés, soit proprement subliminaux d’emblée, selon que les incidents dont il s’agit ont d’abord appartenu à la conscience ordinaire ou lui ont toujours échappé et se sont dès l’origine enregistrés dans la subconscience. Ce sont des faits de cryptomnésie pure et simple, c’est-à-dire explicables par un processus psychologique normal et très commun en son essence, bien que les enjolivements pittoresques que l’imagination médiumique vient y ajouter donnent à ces automatismes téléologiques une certaine apparence mystérieuse et supranormale qui, en d’autres milieux, vaudrait certainement à Hélène ou plutôt à Léopold une petite place aux côtés de saint Antoine de Padoue. Je me borne à deux exemples.

Mlle Smith étant chargée de préparer les marchandises sortant de son rayon, on lui remet un jour un télégramme d’un client qui demandait qu’on lui expédiât immédiatement quatre mètres n° 13 459.

Cette demande laconique, dit Hélène, n’était point faite pour en hâter l’expédition. Comment trouver facilement ce n° 13 459 au milieu de 6 à 7 000 autres en magasin ? Pensive, le télégramme en main, je songeais comment je pourrais y arriver, et mon imagination se portait déjà sur une marchandise que je connaissais pour être très ancienne en rayon, lorsqu’une voix extérieure, mais très près de moi, me dit : Non point celle-là, mais bien celle-ci, et involontairement je me retournai, sans me rendre compte du pourquoi, puis ma main se posa machinalement sur l’objet que j’attirai à moi, et qui portait bien le n° 13 459.

Point n’est besoin d’être médium pour connaître par expérience ces heureuses réminiscences ou inspirations, qui viennent parfois nous tirer d’embarras en jaillissant comme un éclair à l’instant opportun ; mais ce qui, chez le vulgaire, reste à l’état faible d’idée ou d’image interne, revêt volontiers, chez les tempéraments médiumiques, la forme vive et arrêtée d’une hallucination. Au lieu de simplement « se rappeler tout à coup » où était le n° 13 459, comme cela serait arrivé à quelqu’un d’autre, Hélène entend une voix extérieure, et sent sa main se porter d’elle-même dans une certaine direction. On remarque que c’est, sous forme auditive et motrice, le pendant de l’automatisme vocal et visuel que j’ai rapporté p. 69. C’est à ce même genre de faits, aujourd’hui bien connu et presque banal, qu’appartient également l’exemple suivant, quoique l’imagination subliminale l’ait entouré d’un plus riche décor, sous la forme d’une intervention de Léopold.

Un dimanche soir, en rentrant chez elle, Mlle Smith s’aperçut qu’elle avait perdu une petite broche, qu’elle portait fixée à son corsage et à laquelle elle tenait beaucoup comme souvenir. Le lendemain elle retourna la chercher partout où elle avait été la veille, mais en vain, et un article qu’elle inséra aux Objets Perdus, dans la Feuille d’avis du mercredi, resta sans résultat. Ici, je lui laisse la parole.

Bien persuadée que ma broche était tout à lait perdue, je fis mon possible pour n’y plus penser, mais cela m’était difficile, car une nuit je fus réveillée subitement par trois coups frappés contre mon lit. Un peu effrayée, je regardai autour de moi, sans y rien voir. Je voulus essayer de me rendormir, mais, de nouveau, plusieurs coups furent frappés, tout près de ma tête cette fois-ci. Je m’assis sur mon lit (j’étais agitée), afin de me rendre compte de ce qui se passait et, à peine assise, je vis une main me balançant devant les yeux ma petite broche perdue. Cette vision n’a duré qu’une minute, mais a été assez longue pour m’impressionner profondément. J’en ai parlé à mes parents de suite à mon réveil, et eux comme moi en furent frappés.

Le mardi soir suivant (dix jours après la perte du bijou), Hélène se rendit pour une séance chez M. Cuendet, où se trouvaient encore deux autres personnes. Elle raconta l’aventure de sa broche, et la curieuse vision ci-dessus, puis l’on se mit à la table. Après une dictée typtologique sur un tout autre sujet, se produisit l’incident suivant, dont j’emprunte le récit au compte rendu que M. Cuendet en rédigea le lendemain et voulut bien me communiquer. (C’était en 1894, et je ne connaissais encore Mlle Smith que de réputation.)

… Notons que, depuis le commencement de la séance, Mlle Smith nous signalait notre esprit familier [Léopold] qui tenait une lanterne à la main. Pourquoi ? La table s’agite de nouveau, on va nous dire quelque chose ; voici ce que l’on nous dicte : Levez-vous. Prenez une lanterne. Longez la promenade jusqu’au bâtiment des fêtes ; prenez le sentier qui traverse le pré, et qui aboutit à la rue des Bains. Au milieu du sentier, à gauche, à quelques mètres, se trouve un bloc de pierre blanche. Partant du bloc, à un mètre seulement, côté soleil couchant, se trouve la broche tant cherchée. Allez, je vous accompagne [2]. — Je copie textuellement cette communication renversante, obtenue lettre après lettre ; je n’ajoute rien, je ne retranche rien. — Stupéfaction générale ! Nous hésitons ! Enfin, nous nous levons tous quatre, nous allumons une lanterne, et nous sortons. Il était 10 heures moins 20 minutes.

Nous longeons la promenade, nous arrivons au Bâtiment électoral, nous suivons le sentier qui conduit depuis là au Chemin des Bains. Au milieu, à gauche, à quelques mètres, en effet, nous trouvons le bloc indiqué. Nous cherchons un moment sans résultat et nous craignons de ne rien trouver. Enfin, côté soleil couchant, à un mètre du bloc, je trouve enfouie dans l’herbe, recouverte de sable et par conséquent toute sale, la broche indiquée. On a dû évidemment marcher dessus, car elle est légèrement déformée. Mlle Smith pousse une exclamation de surprise, et nous rentrons tous quatre à la maison, afin de nous remettre de cette émotion bien naturelle.

Il est à noter que l’endroit où le bijou s’est retrouvé est en dehors de tout sentier battu, mais que Mlle Smith y avait précisément passé, en traversant l’herbe par exception, le dimanche où elle avait perdu sa broche.

Ce cas est resté aux yeux de Mlle Smith et de ses amis spirites l’une des preuves les plus éclatantes et irréfragables de la réalité objective et indépendante de Léopold. Pour le psychologue, il constitue un très bel et intéressant exemple de cryptomnésie, bien digne de figurer à côté des cas si instructifs rassemblés par M. Myers [3] où le souvenir d’une perception subliminale (c’est-à-dire enregistrée d’emblée sans frapper la personnalité normale) apparaît comme une révélation, dans un rêve du sommeil ordinaire ou sous quelque autre forme équivalente d’automatisme. Ici, c’est « Léopold » — la subconscience d’Hélène — qui, ayant senti tomber la broche et remarqué où elle allait rouler, s’est d’abord manifesté dans une vision nocturne passagère, puis a profité de la prochaine réunion spirite pour restituer complètement ses souvenirs latents. Il n’est pas d’ailleurs nécessaire de voir quelque chose d’intentionnel dans cette restitution, le simple jeu de l’association des idées suffisant à expliquer que le souvenir de l’emplacement de la broche, emmagasiné dans une couche subliminale et stimulé par le désir de retrouver l’objet perdu, soit mécaniquement réapparu au moment de la séance, grâce à l’autohypnotisation médiumique, et ait jailli sous la forme dramatique, naturellement appropriée au milieu, d’un renseignement en apparence supranormal fourni par Léopold.

Ce dernier, avec sa lanterne et ses indications typtologiques, est tout à fait l’équivalent de l’Assyrien qui montrait en songe à M. Hilprecht comment il devait s’y prendre pour découvrir le sens d’une inscription vainement cherché pendant la veille [4]. On retrouve ici l’évidente identité des procédés de l’imagination médiumique et de ceux du rêve. Peut-être ne manque-t-il pas de gens pour croire à l’existence de l’Assyrien, comme à celle de Léopold. Soit, tout est possible. Mais il est alors bien regrettable que, si ces êtres qui peuplent nos états oniriques ou hypnoïdes sont autre chose que de pures créations subjectives de notre imagination, ils ne se soient pas encore avisés de moyens plus évidents pour nous convaincre de leur réalité. Pourquoi Léopold, par exemple, qui a toujours donné le cas de la broche perdue et grâce à lui retrouvée comme une preuve de son objectivité, n’a-t-il jamais daigné — au cours de tant de séances où il prétendait flotter dans l’atmosphère de la chambre, invisible, mais voyant tout et séparé de Mlle Smith tout en se communiquant par elle — me dire le mot écrit ou l’objet caché que je lui désignais hors du champ visuel de son médium ?

3. Rétrocognitions.

Les révélations en apparence supranormales sur le passé, fournies aux séances de Mlle Smith, peuvent se diviser en deux groupes suivant qu’elles concernent des faits de l’histoire universelle ou des incidents privés relatifs aux familles des assistants.

1. Les messages du premier groupe abondaient sous la forme de visions accompagnées d’explications typtologiques dans les séances d’Hélène tenues en 1894, mais ils avaient presque totalement pris fin lorsque je fis sa connaissance et je n’en ai jamais été témoin. D’après les procès-verbaux que j’ai eus sous les yeux, toutes ces rétrocognitions portent sur l’histoire du Protestantisme ou sur celle de la Révolution française, c’est-à-dire sur deux ordres de faits qui sont d’entre les plus connus chez nous. Il va sans dire que le groupe spirite très convaincu où ces messages se produisaient n’a jamais mis en doute que ce fussent les personnages eux-mêmes qui apparaissaient aux yeux d’Hélène avec leurs costumes du temps, et se communiquaient par la table en parlant à la première personne (sauf lorsque Léopold leur servait de barnum et dictait en son propre nom les explications demandées). Mais, comme le contenu de ces messages est toujours la reproduction textuelle ou l’équivalent à peu près exact de renseignements qui traînent dans les dictionnaires historiques et biographiques, je ne puis me défendre de l’impression qu’il s’agit là de vulgaires faits de cryptomnésie.

Si l’on tenait absolument à y faire intervenir le supranormal, cela ne pourrait être que sous la forme d’une transmission télépathique des assistants au médium. En faveur de cette supposition, on peut faire valoir deux points. D’abord, que Mlle Smith passait dans ce groupe pour dépourvue de toute culture historique, et qu’elle était fort surprise de ces révélations de faits totalement ignorés d’elle. Ensuite, qu’il y avait régulièrement à ces séances un ou plusieurs membres du corps enseignant, lesquels par leur instruction générale possédaient sans aucun doute, soit consciemment, soit d’une façon latente, toutes les connaissances historiques, en somme peu raffinées, déployées par Léopold.

Mais ces arguments ne pèsent guère à mes yeux. Pour commencer par le second, comme les assistants avaient les mains sur la table en même temps que le médium selon la coutume spirite, ils ont pu eux-mêmes, sans aucune télépathie proprement dite et simplement par leurs petits mouvements musculaires inconscients, diriger à leur insu les dictées de ce meuble, Mlle Smith ne faisant que subir et renforcer ces secousses venues de ses voisins. Il y a des médiums typtologues (j’en connais) dont tout l’art inconscient, et parfaitement sincère, consiste à soutirer par le guéridon les secrets subliminaux des personnes qui viennent les consulter. C’est le consultant qui dicte lui-même les réponses et règle les coups de la table : seul, il n’arriverait pas à la faire frapper, mais ses variations de pression imperceptibles et involontaires sont ressenties par les mains du médium, qui les traduit en secousses du meuble et joue ainsi sans s’en douter le rôle d’un appareil amplificateur. Quant à la prétendue ignorance de Mlle Smith, elle n’est point du tout telle qu’on se l’est parfois imaginée, et les révélations historiques obtenues à ses séances ne dépassent aucunement le niveau de ce qu’elle a pu absorber, consciemment ou non, à l’école et dans son entourage. Aussi, l’hypothèse qui me paraît la plus probable et à laquelle j’en reste, c’est que les messages venaient essentiellement d’elle, je veux dire de sa mémoire subliminale ; cela n’exclut point, d’ailleurs, la possibilité d’une certaine coopération des assistants, dont la conversation d’une part, l’action musculaire inconsciente sur la table d’autre part, ont souvent dû entretenir ou diriger le cours des idées subconscientes du médium et le déroulement automatique de ses souvenirs latents.

On pourrait encore imaginer que, tout en provenant de dictionnaires et autres documents existants, et sans l’intermédiaire des assistants, ces renseignements historiques sont arrivés par une voie supranormale dans le cerveau d’Hélène. Mais j’ai déjà dit plus haut (à propos du cas, tout à fait semblable, de la citation de Marlès, p. 253-254) ce que je pense d’une telle supposition au point de vue méthodologique, et je n’y reviens pas.

2. Les rétrocognitions d’événements de famille qui agrémentent les séances de Mlle Smith ont généralement la saveur de l’inédit pour les assistants, par le fait qu’elles concernent des incidents anciens et qui ne se trouvent imprimés nulle part, sauf dans la mémoire de quelques personnes âgées ou de certains amateurs d’anecdotes locales. Je n’hésite pas à voir dans ces histoires d’autrefois, jaillissant en visions et en dictées de la table au cours des hémisomnambulismes d’Hélène, des récits entendus dans son enfance et depuis longtemps oubliés de sa personnalité ordinaire, mais reparaissant à la faveur de l’autohypnotisation médiumique, laquelle ramène à la surface les couches profondes, d’où le simple jeu de l’association fait tout naturellement jaillir les souvenirs relatifs aux familles des personnes présentes à la séance. Rien de supranormal en tout cela, malgré la forme dramatique, l’art piquant et imprévu, les amusantes broderies, dont s’avise l’imagination subliminale, je veux dire Léopold, dans son rôle d’historiographe et de metteur en scène du passé.

Le jugement que je viens d’émettre est le résultat d’une induction fondée sur les rétrocognitions de Mlle Smith concernant ma propre famille. Qu’on me permette d’entrer dans quelques détails destinés à justifier mon opinion.

Je note d’abord que toutes ces rétrocognitions, dont m’honora Léopold, eurent lieu dans les six premières séances que j’eus avec Hélène, après quoi il n’y en eut plus jamais aucune au cours des cinq années écoulées depuis lors. Cela parle bien en faveur d’un groupe limité de souvenirs latents que mon introduction aux séances a déclenchés, d’une sorte de poche ou sac subliminal qui s’est vidé une fois pour toutes à l’occasion de ma présence.

En second lieu, ces connaissances ne concernent que des détails extérieurs, susceptibles de frapper l’attention de la galerie et d’être colportés de bouche en bouche. Comme les histoires de famille n’ont pas grand intérêt pour les lecteurs étrangers, je me bornerai à citer à titre d’exemple la vision qui m’avait étonné dans ma première rencontre avec Hélène (p. 27-28), et qui a déjà été publiée par M. Lemaître [5]. Je reproduis son récit en rétablissant les noms véritables :

Le médium [Mlle Smith] aperçoit une longue traînée vaporeuse qui enveloppe M. Flournoy : « Une femme ! » s’écrie le médium, et un moment après : « Deux femmes !… assez jolies, brunes… toutes deux sont en toilette d’épouse… cela vous concerne, monsieur Flournoy ! » (La table approuve par un coup frappé.) Elles restent immobiles, elles ont des fleurs blanches dans les cheveux et se ressemblent un peu ; leurs yeux comme leurs cheveux sont noirs ou en tout cas foncés. L’une, dans le coin, se présente sous deux aspects différents ; sous les deux formes elle est jeune et peut avoir vingt-cinq ans : D’une part, elle reste avec l’apparence déjà décrite (toilette d’épouse), et, d’autre part, elle se montre très lumineuse dans un grand espace [6], un peu plus mince de visage et entourée d’une quantité de jolis enfants, au milieu desquels elle paraît bien heureuse ; son bonheur se manifeste par l’expression, mais plutôt encore par l’entourage. Les deux femmes semblent prêtes à se marier. Le médium entend alors un nom qui lui échappe d’abord, puis qui lui revient peu à peu, quoique avec une certaine difficulté. Il dit : « An ! … An ! … Dan … Ran … Dandi … Dandiran ! » À laquelle des deux femmes se rapporte ce nom, demande M. Flournoy, à celle que vous voyez sous deux formes ou à l’autre ? — Réponse : À celle qui se présente sous deux formes. Le médium ne voit pas l’autre femme aussi nette, aussi dégagée que la première, mais distingue tout à coup à côté d’elle un homme grand, qui ne fait que passer. Et la table dicte : Je suis sa soeur, nous reviendrons ! Après quoi, la scène change, et nous passons à un autre sujet.

Cette vision roule tout entière sur le fait, d’ailleurs parfaitement exact, que ma mère et sa soeur se marièrent le même jour [7] ; qu’elles étaient brunes, assez jolies, et se ressemblaient ; que mon père était de haute stature ; que ma tante épousait M. Dandiran et mourut, jeune encore, sans enfants, etc. ; toutes choses qui ont forcément défrayé, en leur temps, les conversations des amis et aboutissants de ma famille, et devaient en somme être plus ou moins de notoriété publique dans une petite ville comme Genève. Or il en est de même de toutes les autres rétrocognitions de Mlle Smith à mon égard ; leur contenu est toujours véridique, mais tel qu’il ne pouvait manquer d’être connu d’une foule de gens. Cela m’amène, on le comprend, à douter qu’il y ait à la base de ces révélations une faculté vraiment supranormale de rétrocognition ; car pourquoi une telle faculté s’en serait-elle tenue exclusivement à des connaissances parfaitement explicables par une transmission orale oubliée, au lieu de s’étendre aussi à des faits plus intimes et plus personnels réfractaires à ce mode de propagation, comme c’est le cas chez d’autres médiums [8] ?

Un troisième trait frappant, c’est que toutes les rétrocognitions d’Hélène me concernant sont relatives à la famille de ma mère, et se rapportent à deux périodes précises et assez courtes, dont la première est antérieure de plusieurs années à la naissance de Mlle Smith. Cette limitation quant au temps et aux personnes me parut significative. En effet, si ces connaissances d’un passé qui m’intéresse provenaient soit d’une cause supranormale (transmission télépathique de mes propres souvenirs, conscients ou latents, à Hélène ; communications de désincarnés, etc.), soit d’une cause normale actuelle (renseignements pris par Hélène pour alimenter ses séances, etc.), je ne vois pas pourquoi elles se concentreraient sur une région aussi restreinte au lieu de se répartir au hasard sur une beaucoup plus vaste étendue ; car, sans remonter au-delà de l’époque susdite, il n’y a pas moins de six champs bien distincts d’où la télépathie, les désincarnés, ou les racontars du public auraient pu fournir d’abondants matériaux à la médiumité d’Hélène pour les rétrocognitions à moi destinées, à savoir : mon passé personnel, celui de ma femme (qui a assisté à la plupart des séances de Mlle Smith), et ceux de nos quatre familles paternelles et maternelles. Or, je le répète, toutes les prétendues révélations d’Hélène portent uniquement sur la famille de ma mère, et pendant un temps très limité. Cela me semble indiquer clairement, d’abord (ce qui est superflu pour moi dans le cas donné), la parfaite bonne foi du médium, qui n’aurait eu aucune peine à récolter dans les six champs dont je viens de parler, pour me les resservir aux séances, mille renseignements du même ordre que le contenu de la vision relatée ci-dessus ; ensuite, que le choix exclusif de ce groupe très limité d’événements anciens, tous connus en leur temps d’un public assez étendu, doit avoir eu pour cause très naturelle et normale quelques récits ou traditions de l’époque, parvenus jadis aux oreilles d’Hélène, puis sortis peu à peu de sa mémoire consciente.

Pour tirer si possible la chose au clair, je m’adressai au dernier représentant de cette génération de ma famille, M. le professeur Dandiran à Lausanne, et lui exposai le cas. Il ne se souvint pas d’emblée si mes grands-parents Claparède avaient eu affaire, près d’un demi-siècle auparavant, avec la famille Smith ; mais, le lendemain, je reçus de lui les lignes suivantes

Tu m’as fait une question sur le nom de [Smith]. Est-ce un effet des préoccupations que provoquait ta visite ? Le fait est qu’il m’est arrivé tout à coup de me rappeler fort distinctement que ma mère et ma tante [9], celle-là surtout, s’intéressaient beaucoup à une jeune femme de ce nom, qu’elles avaient déjà connue et employée comme couturière ou modiste avant son mariage avec un Hongrois. Je vois encore ce dernier [suit son signalement, très reconnaissable], quand il attendait sa femme en entretien avec ma mère et ma tante. Ce que je crois, sans pouvoir toutefois l’affirmer avec certitude, c’est que ces dames, par intérêt pour la jeune femme, la firent connaître aux Claparède. Mais c’est bien dans la cour de la pension de P., où habitaient ma mère et ma tante, que je place dans mes souvenirs la figure de M. [Smith]…

On devine que c’est par une raison de méthode que je ne m’étais point adressé en premier lieu à Mlle Smith elle-même ; mais je tiens à lui rendre cette justice que, lorsque je la questionnai à son tour, elle me donna le plus obligeamment du monde tous les renseignements que je désirais, en parfaite concordance avec les souvenirs de M. Dandiran. Sans entrer dans des détails fastidieux pour le lecteur, il me suffira de dire que toutes les rétrocognitions qui m’intriguaient tant se rapportent précisément à deux époques où Mlle Smith eut souvent à faire avec la famille de ma mère, époques séparées par un intervalle où ces relations se trouvèrent suspendues par le fait d’un séjour de plusieurs années que M. et Mme Smith firent à l’étranger. Hélène a pu — et selon ma conviction a certainement dû (bien qu’elle n’en ait plus le souvenir conscient) — connaître directement les faits de la seconde époque, où elle était âgée de cinq à six ans. Quant à ceux de la première, antérieurs de bien des années à sa naissance (tels que la double noce de ma mère et de sa soeur en 1853), il est évident que Mme Smith a eu maintes fois l’occasion de les raconter plus tard à sa fille, quoique ni l’une ni l’autre ne se le rappellent actuellement ; car de quoi une mère ne parle-t-elle pas à ses enfants pendant les longs tête-à-tête ou les promenades du jeune âge, et comment croire que des détails de la nature de ceux que j’ai rapportés ne se soient jamais glissés dans les entretiens d’Hélène petite fille avec sa mère !

Ab uno disce omnes. Bien que je sois moins au courant des rétrocognitions de Mlle Smith concernant d’autres familles, tout contribue à me prouver qu’elles s’expliquent de la même façon. Dans celles dont j’ai eu connaissance, il s’agit toujours d’anecdotes piquantes ou d’épisodes plus ou moins frappants, qui, en vertu de leur nature même, n’ont pas manqué d’alimenter les conversations des amis et connaissances et ont facilement pu pénétrer de proche en proche jusque dans l’entourage immédiat d’Hélène. De plus, dans deux cas au moins, la preuve est faite qu’à une certaine époque la mère de Mlle Smith s’est trouvée en rapports directs et personnels avec les familles dont il s’agit, exactement comme ce fut le cas avec mes grands-parents, et cette circonstance suffit à rendre compte des connaissances, très étonnantes au premier abord, contenues dans les révélations de Léopold.

En résumé, la cryptomnésie toute pure me paraît fournir une explication suffisante et adéquate des rétrocognitions d’Hélène, portant sur des événements de famille aussi bien que sur des faits historiques. Et, pas plus dans ce domaine de la connaissance du passé que dans ceux des objets retrouvés ou des consultations médicales, je n’ai réussi jusqu’ici à découvrir chez elle le moindre indice sérieux de facultés supranormales quelconques.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM à partir de l’ouvrage de Théodore Flournoy, Des Indes à la planète Mars. Étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie, Éditions Alcan et Eggimann, Paris et Genève, 1900.

Notes

[1Je tiens à dire que Mlle Smith n’est pour rien dans ces refus de documents ; elle ne demanderait pas mieux que de me les procurer, mais elle est elle-même très mal informée. Ses consultants, qui sont pourtant purement ses obligés, ne lui disent qu’incomplètement, ou même pas du tout, ce qu’ils ont obtenu de Léopold pendant ses somnambulismes suivis d’amnésie.

[2Dans cette dictée où il s’agit de la Plaine de Plainpalais, M. Cuendet relève le curieux emploi de désignations autres que celles en usage : « bâtiment des fêtes au lieu de électoral ; rue au lieu de chemin des Bains ; pré au lieu de plaine ». C’est, en effet, un trait caractéristique de Léopold (Cagliostro) dans ses messages soit typtologiques, soit écrits ou oraux, qu’il remplace volontiers par des périphrases ou des équivalents les noms propres modernes et les termes actuellement consacrés. On comprend qu’un revenant du XVIIIe siècle ne soit pas très au courant de nos expressions contemporaines ou locales !

[3« Hypermnesic Dreams », Proceed. S. P. R.. t. VIII, p.381-392. — Voir aussi « Miss X », Essays in Psychical Research., p. 112 sq.

[4W. R. Newbold, « Cases of Dream Reasoning », Psychological Review, t. Ill, p. 132 ; et Proceed. S. P. R., t. XII, p. 14-20.

[5Auguste Lemaître, loc. cit., p. 72-73. II y a, dans le second alinéa de cette page 73, divers points qui ne sont plus exacts aujourd’hui que nous sommes mieux renseignés.

[6Dans la symbolique médianimique à laquelle Mlle Smith est accoutumée, les apparitions d’une personne dans un grand espace lumineux représentent son état actuel, désincarné, par opposition à ses états passés, terrestres, qui se révèlent dans d’autres visions moins éthérées et plus réalistes par le costume et autres détails concrets. Ici, la double apparition signifie que ma tante, qui, de son vivant, regretta toujours de n’avoir pas d’enfant, doit en être bien consolée et dédommagée dans son existence désincarnée actuelle !

[7Ma mère et ma tante étaient des demoiselles Claparède (soeurs du naturaliste E. Claparède, mort en 1871). Leur double noce eut lieu le 17 septembre 1853. M. Dandiran, veuf au bout de quelques années, se remaria et devint professeur à l’Université de Lausanne dont il est aujourd’hui le vénéré doyen d’âge. Nous avons toujours conservé d’affectueuses relations, et c’est grâce lui, comme on le verra tout à l’heure, que j’ai pu éclaircir avec certitude l’origine des rétrocognitions de Mlle Smith.

[8On sait, par exemple, qu’une forte proportion des révélations de Mme Piper à ses visiteurs concernent des détails qui ne sont connus que d’eux seuls et n’ont pu faire l’objet de conversations de tierces personnes. On ne saurait trop insister sur la différence entre les messages qui portent en quelque sorte l’empreinte évidente des informations extérieures et de la rumeur publique, et ceux dont la nature, rendant cette origine difficilement acceptable, parle au moins à première vue en faveur de la télépathie ou d’autres causes inconnues. Voyez entre autres F. Podmore, « Discussion of the Trance-Phenomena of Mrs. Piper », Proceed. S. P. R.., vol. XIV. p. 50.

[9Mlle Vignier, dont il sera encore question plus loin, soeur de la mère de M. Dandiran.

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