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Richard von Krafft-Ebing

Thérapeutique de l’inversion sexuelle

Psychopathia Sexualis : III. — Neuro-Psychopathologie générale

Date de mise en ligne : jeudi 18 décembre 2008

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Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

Fréquence et importance des symptômes pathologiques. — Tableau des névroses sexuelles. — Irritation du centre d’érection. — Son atrophie. — Arrêts dans le centre d’érection. — Faiblesse et irritabilité du centre. — Les névroses du centre d’éjaculation. — Névroses cérébrales. — Paradoxie ou instinct sexuel hors de la période normale. — Éveil de l’instinct sexuel dans l’enfance. — Renaissance de cet instinct dans la vieillesse. — Aberration sexuelle chez les vieillards expliquée par l’impuissance et la démence. — Anesthésie sexuelle ou manque d’instinct sexuel. — Anesthésie congénitale ; anesthésie acquise. — Hyperesthésie ou exagération morbide de l’instinct. — Causes et particularités de cette anomalie. — Paresthésie du sens sexuel ou perversion de l’instinct sexuel. — Le sadisme. — Essai d’explication du sadisme. — Assassinat par volupté sadique. — Anthropophagie. — Outrages aux cadavres. — Brutalités contre les femmes ; la manie de les faire saigner ou de les fouetter. — La manie de souiller les femmes. — Sadisme symbolique. — Autres actes de violence contre les femmes. — Sadisme sur des animaux. — Sadisme sur n’importe quel objet. — Les fouetteurs d’enfants. — Le sadisme de la femme. — La Penthésilée de Kleist. — Le masochisme. — Nature et symptômes du masochisme. — Désir d’être brutalisé ou humilié dans le but de satisfaire le sens sexuel. — La flagellation passive dans ses rapports avec le masochisme. — La fréquence du masochisme et ses divers modes. — Masochisme symbolique. — Masochisme d’imagination. — Jean-Jacques Rousseau. — Le masochisme chez les romanciers et dans les écrits scientifiques. — Masochisme déguisé. — Les fétichistes du soulier et du pied. — Masochisme déguisé ou actes malpropres commis dans le but de s’humilier et de se procurer une satisfaction sexuelle. — Masochisme chez la femme. — Essai d’explication du masochisme. — La servitude sexuelle. — Masochisme et sadisme. — Le fétichisme ; explication de son origine. — Cas où le fétiche est une partie du corps féminin. — Le fétichisme de la main. — Les difformités comme fétiches. — Le fétichisme des nattes de cheveux ; les coupeurs de nattes. — Le vêtement de la femme comme fétiche. — Amateurs ou voleurs de mouchoirs de femmes. — Les fétichistes du soulier. — Une étoffe comme fétiche. — Les fétichistes de la fourrure, de la soie et du velours. — L’inversion sexuelle. — Comment on contracte cette disposition. — La névrose comme cause de l’inversion sexuelle acquise. — Degrés de la dégénérescence acquise. — Simple inversion du sens sexuel. — Éviration et défémination. — La folie des Scythes. — Les Mujerados. — Les transitions à la métamorphose sexuelle. — Métamorphose sexuelle paranoïque. — L’inversion sexuelle congénitale. — Diverses formes de cette maladie. — Symptômes généraux. — Essai d’explication de cette maladie. — L’hermaphrodisme psychique. — Homosexuels ou uranistes. — Effémination ou viraginité. — Androgynie et gynandrie. — Autres phénomènes de perversion sexuelle chez les individus atteints d’inversion sexuelle. — Diagnostic, pronostic et thérapeutique de l’inversion sexuelle.

DIAGNOSTIC, PRONOSTIC ET TRAITEMENT DE L’INVERSION SEXUELLE

L’inversion sexuelle n’a eu pour la science jusqu’à ces derniers temps qu’un intérêt anthropologique, clinique et médico-légal ; on est arrivé, grâce aux recherches plus récentes, à pouvoir penser aussi à la thérapie de cette anomalie funeste qui, chez l’individu atteint, constitue un si grave préjudice au point de vue moral, physique et social.

La première condition d’une intervention thérapeutique, c’est la différenciation exacte entre les cas de maladie acquise et ceux de maladie congénitale, et le classement d’un cas concret dans une des catégories qu’on a pu définir par la voie de l’empirisme scientifique.

Le diagnostic entre les cas acquis et congénitaux n’offre pas de difficultés au début.

Si l’inversio sexualis est déjà déclarée, l’étude rétrospective du cas donnera les éclaircissements nécessaires sur la maladie.

La conclusion importante, au point de vue du pronostic, c’est-à-dire de savoir s’il y a inversion congénitale ou acquise, ne peut dans ces cas se déduire que d’une anamnèse minutieuse.

Il serait de la plus grande importance, pour juger du caractère congénital de l’anomalie, d’établir si l’inversion sexuelle existait longtemps avant que l’individu se soit livré à la masturbation. Une enquête dans ce sens se butte à une difficulté : la possibilité d’une indication inexacte de l’époque (erreur de mémoire).

Prouver que le sentiment hétérosexuel a existé avant la période de début de l’auto-masturbation ou de l’onanisme mutuel, est chose importante pour la constatation d’une inversion sexuelle acquise.

En général, les cas acquis sont caractérisés de la façon suivante :

1º Le sentiment homosexuel ne se montre dans la vie de l’individu que secondairement, et peut être dû parfois à des incidents qui ont troublé la satisfaction sexuelle normale (neurasthénie onaniste, états psychiques).

Il est cependant probable que dans ce cas, malgré un libido sensuel et grossier, les sentiments et les penchants pour l’autre sexe, surtout au point de vue de l’affection psychique et du sens esthétique, ne reposent ab origine que sur une base très faible.

2º Tant que l’inversion sexuelle ne s’est pas manifestée par des faits, le sentiment homosexuel est jugé par la conscience comme vicieux et morbide, et l’individu ne s’abandonne que faute de mieux à cette anomalie.

3º Le sentiment hétérosexuel reste pendant longtemps prédominant, et l’individu ressent péniblement l’impossibilité de le satisfaire. Ce sentiment s’efface à mesure que le sentiment homosexuel se fait de plus en plus fort.

Dans les cas congénitaux, au contraire, on observe les phénomènes suivants :

a) Le sentiment homosexuel vient en première ligne et domine la vita sexualis. Il apparaît comme une satisfaction naturelle et prédomine aussi dans les songes de l’individu.

b) Le sentiment hétérosexuel a manqué de tout temps, ou si, dans le cours de la vie de l’individu, il se manifeste aussi (hermaphrodisme psycho-sexuel), il n’est qu’un phénomène épisodique, ne trouve pas de racines dans l’âme de l’individu, et n’est qu’un moyen accidentel pour satisfaire des impulsions sexuelles.

D’après ce qui procède, la différenciation entre les divers autres groupes d’invertis congénitaux et les cas d’inversion acquise ne rencontrera guère de difficultés.

Le pronostic des cas d’inversion sexuelle acquise est de beaucoup plus favorable que celui des cas congénitaux. Dans les premiers, c’est vraisemblablement l’effémination complète, la transformation psychique de l’individu dans le sens de ses sentiments sexuels pervers qui constitue la limite au delà de laquelle il n’y a plus rien à espérer pour la thérapeutique. Dans les cas congénitaux, les diverses catégories énumérées dans ce livre représentent autant de degrés divers de la tare psychosexuelle, et la guérison n’est possible qu’avec la catégorie des hermaphrodites, et seulement probable (voir plus loin le cas de Schrenk-Notzing) dans les états de dégénérescence plus grave.

La prophylaxie de ces états n’en serait que plus importante : empêchement pour les congénitaux de procréer de pareils malheureux ; préservation pour les invertis acquis des influences nuisibles qui, d’après l’expérience, pourraient amener cette fatale aberration du sentiment sexuel.

D’innombrables héréditaires deviennent la proie de ce triste mal, parce que les parents et les précepteurs ne se doutent même pas des dangers que la masturbation peut avoir pour les enfants, sur un terrain pareil.

Dans beaucoup d’écoles et de pensionnats il y a pour ainsi dire un apprentissage de la masturbation et de l’impudicité. Aujourd’hui on se préoccupe trop peu de la situation physique et morale des élèves.

S’acquitter du programme d’études, voilà la principale chose. Qu’importe si en même temps maint élève sombre au physique et au moral !

Avec une pruderie ridicule on cache d’un voile épais aux jeunes gens qui grandissent la vita sexualis : mais on ne fait pas la moindre attention aux mouvements de leur instinct génital. Combien peu de médecins sont consultés par leurs clients souvent les plus lourdement tarés pendant la période de développement des enfants.

On croit tout devoir abandonner à la nature. Par moments celle-ci s’agite trop violemment et conduit par des voies dangereuses les jeunes gens qui manquent de conseils et de secours.

Il ne nous paraît pas à propos d’approfondir ici le côté prophylactique de la question [1].

Les parents et les précepteurs trouveront beaucoup d’indications et d’instructions dans ce livre ainsi que dans les nombreux ouvrages scientifiques sur la masturbation.

Voici les points à remplir dans le traitement de l’inversion sexuelle :

1º Combattre l’onanisme ainsi que les autres éléments nuisibles à la vita sexualis.

2º Suppression de la névrose (neurasthenia sexualis et universalis) produite par des conditions anti-hygiéniques de la vita sexualis.

3º Traitement psychique pour combattre les sentiments et les impulsions homosexuels et développer le penchant hétérosexuel.

Le point principal de l’action devra viser à remplir la troisième indication, surtout contre l’onanisme.

L’accomplissement des points 1 et 2 du programme ne suffira que dans des cas très rares, quand l’inversion sexuelle acquise n’est pas encore arrivée à un état avancé. Le cas suivant rapporté par l’auteur dans le l’Irrenfreund de 1884, nº I, en fournit un exemple.

Observation 132. — Z… 51 ans, de mère psychopathe, a été mis dans son jeune âge à l’école des cadets où il a été entraîné à l’onanisme. Il se développa bien au physique ; il avait le sens sexuel normal, et devint à l’âge de dix-sept ans légèrement neurasthénique à la suite de pratiques de masturbation ; il eut des rapports sexuels avec des femmes et en éprouva du plaisir, se maria à l’âge de vingt-cinq ans, mais fut atteint un an plus tard de malaises neurasthéniques accentués et perdit alors tout à fait son inclination pour le sexe féminin. Elle fut remplacée par l’inversion sexuelle. Impliqué dans un procès de haute trahison, il passa deux ans en prison et ensuite cinq ans en Sibérie. Pendant ces sept années, la neurasthénie et l’inversion sexuelle s’aggravèrent sous l’influence de la masturbation continuelle. À l’âge de trente-cinq ans, rendu à la liberté, le malade a dû depuis visiter toutes sortes de stations thermales, à cause de ses malaises neurasthéniques très avancés. Pendant cette longue période, son sentiment sexuel anormal n’a subi aucun changement. Il vivait pour la plupart du temps séparé de sa femme, qu’il estimait beaucoup pour ses qualités intellectuelles, mais qu’il fuyait parce qu’elle était femme, de même qu’il évitait les contacts avec tout être féminin. Son inversion sexuelle était purement platonique. L’amitié, l’accolade cordiale, un baiser, lui suffisaient. Des pollutions occasionnelles se produisaient sous l’influence de rêves érotiques où il s’agissait toujours de personnes de son propre sexe. Pendant la journée aussi, la plus belle femme le laissait froid, tandis que la seule vue de beaux hommes provoquait chez lui de l’érection et de l’éjaculation. Au cirque et au bal il n’y avait que les athlètes et les danseurs qui l’intéressaient. Dans ses périodes de plus grande émotivité, l’aspect même des statues d’hommes lui provoquait du l’érection. Incidemment il retomba à son ancien vice, à la masturbation. Homme délicat de sentiment et cultivé au point de vue esthétique, il avait la pédérastie en horreur. Il considéra toujours son sentiment sexuel pervers comme quelque chose de morbide, sans s’en estimer malheureux, étant donné son libido et sa puissance manifestement affaiblis.

Le status præsens a montré les symptômes ordinaires de la neurasthénie. La taille, l’attitude et le vêtement ne présentaient rien d’étrange. Le massage électrique eut un succès extraordinaire. Au bout de quelques séances, le malade était très ragaillardi au physique et au moral. Après vingt séances, le libido s’est réveillé de nouveau, non dans le sens qu’il avait jusqu’ici, mais avec une tendance normale, la même que le malade eut jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans. À partir de ce moment ses rêves érotiques n’eurent pour objet que la femme, et un jour le malade me raconta avec joie qu’il avait fait le coït et qu’il y avait éprouvé le même plaisir qu’il y a vingt-six ans. Il cohabitait de nouveau avec sa femme et espérait être délivré pour jamais de la neurasthénie et de l’inversion sexuelle. Cette espérance s’est justifiée pendant les six mois que j’ai encore eu l’occasion d’observer le malade.

Ordinairement le traitement physique, même soutenu par la thérapie morale, par des conseils énergiques d’éviter la masturbation, de supprimer les sentiments homosexuels et d’éveiller les tendances hétérosexuelles, ne suffit pas, même dans les cas d’inversion sexuelle acquise.

Seul le traitement psychique — la suggestion — peut être efficace.

L’observation suivante montre un exemple intéressant et réconfortant du succès obtenu par l’autosuggestion dans les formes atténuées de l’anomalie.

Observation 133. — Autobiographie d’un hermaphrodite psychique. — Lutte victorieuse de l’individu contre ses penchants homosexuels.

Mon père a eu une attaque d’apoplexie, mais il guérit en gardant une légère déviation de la figure. Ma mère était très anémique et très mélancolique. Tous deux ont beaucoup souffert d’hémorrhoïdes ; mon père leur attribuait les maux de reins dont il souffrait par moments, même après son mariage.

Je suis, si j’ose m’exprimer ainsi, un caractère passif. Étant enfant je m’abandonnais à toutes sortes d’imaginations (les religieuses y compris). Je mouillais mes draps et pendant mon sommeil je m’amusais avec mes parties génitales, jusqu’au jour où mon père, pour m’en empêcher, m’attacha les mains. (J’étais à cette époque tout enfant et je ne me masturbais pas.) J’ai toujours été timide et maladroit dans mes rapports avec les autres. À l’âge d’environ quatorze ou quinze ans je fus poussé à l’onanisme. L’impulsion et les désirs pour la femme qui se sont manifestés lors de l’éveil de mon sentiment sexuel, n’étaient au fond que de nature platonique ; d’ailleurs je n’avais pas d’occasions de me mettre en relation avec des dames. À l’âge d’environ dix-huit ans j’ai essayé de satisfaire d’une façon naturelle mon besoin sexuel, plutôt poussé par la curiosité que par une impulsion intérieure. Sans avoir eu jamais d’inclination pour la femme, j’ai depuis ce temps satisfait mon besoin par des rapports sexuels chaque fois que j’en ai eu l’occasion.

Peu après la période de la puberté, je devins très anémique et je paraissais plus que mon âge. Alors des pensées mélancoliques et des idées étranges se firent jour. J’éprouvais une vraie volupté à me représenter dans l’état de la plus grande humiliation possible. Il peut être intéressant d’ajouter encore qu’à cette époque je luttais contre des doutes religieux et que ce n’est que plus tard que j’ai trouvé le courage de me placer au-dessus de la religion. Je tombais amoureux des jeunes gens. Au commencement je résistai à ces idées, mais plus tard elles sont devenues si puissantes que je suis devenu un véritable uraniste. Les femmes me paraissaient n’être que des êtres humains de seconde classe. J’étais dans un état d’esprit désolant. Avec une lassitude de la vie, des tendances à la misanthropie s’installèrent dans mon âme malade. Un jour je lus l’ouvrage : Was will das werden ? (Qu’adviendra-t-il ?) Et avant que j’aie pu m’en rendre compte, j’étais devenu démocrate-socialiste, mais dans le sens idéal. La vie avait de nouveau une valeur pour moi, car j’avais un idéal : la lutte pacifique pour le relèvement social du prolétariat. Cela produisit une puissante révolution dans mon être. Comme dans mes meilleurs jours (à l’âge de seize et dix-sept ans), je m’enthousiasmais pour l’art et notamment pour le théâtre. À l’heure qu’il est, je travaille à un drame et à une comédie, et je roule dans ma tête de grandes idées. J’ai lu une remarque de Schlegel que Sophocle devait son énergie et sa puissance de travail aux exercices physiques, son sens artistique à la musique. Puis un autre passage : « L’auteur dramatique doit être avant tout d’une intelligence intacte. » Cela me tomba comme une lourde pierre sur l’âme ; car mes sentiments sexuels invertis ne pouvaient être sortis d’un esprit sain et droit.

Je conçus alors l’idée de me faire traiter par l’hypnotisme, mais la honte m’en empêcha. Je me dis alors que je devais être, au fond, un être lâche et bien faible pour avoir si peu de confiance en moi-même et je résolus sérieusement de supprimer mes désirs uranistes. En même temps, je combattis par un régime rationnel ma nervosité. Je faisais des parties de canot ; je fréquentais la salle d’armes, je marchais beaucoup en plein air, et j’eus la joie, en me réveillant un matin, de me trouver comme un homme tout à fait transformé. Quand je pensais à mon passé entre vingt et vingt-six ans, il me semblait que, pendant cette période, un homme tout à fait étranger et dégoûtant avait logé dans ma peau.

J’étais tout étonné que le plus bel écuyer, le camionneur de bière le plus vigoureux ne m’inspirassent plus aucun intérêt ; les musculeux tailleurs de pierres même me laissaient froid. J’avais du dégoût en pensant que de pareils gens avaient pu me sembler beaux. Ma confiance en moi-même s’augmente ; je suis très bon, c’est vrai, mais je suis d’un caractère foncièrement actif. Mon extérieur s’est continuellement amélioré depuis l’âge de vingt ans. J’ai maintenant l’air que comporte mon âge. J’ai, c’est vrai, des rechutes dans mes désirs uranistes, mais je les supprime avec énergie. Je ne satisfais mon libido que par le coït, et j’espère qu’en continuant ce genre de vie rationnel l’envie du coït s’accroîtra.

Ordinairement c’est la suggestion par un tiers et la suggestion provoquée par l’hypnose qui offrira des chances de succès.

Dans ces cas la suggestion posthypnotique doit désuggérer l’impulsion à la masturbation ainsi que les sentiments homosexuels, et, d’autre part, inculquer au malade la confiance dans sa puissance et lui donner des penchants hétérosexuels.

La condition première est naturellement la possibilité d’amener une hypnose suffisamment profonde. C’est précisément ce qui ne réussit pas souvent chez les neurasthéniques ; car ils sont trop excités, embarrassés, et peu en état de pouvoir concentrer leur idées.

Ainsi dans un cas que j’ai rapporté (T. I, fascicule II, p. 58 de Internationale Centralblatt für die Physiologie und Pathologie der Harn und Sexualorgane), je n’ai pas réussi à obtenir l’hypnose bien que le malade la désirât vivement et fît tout son possible pour y parvenir.

Étant donnés les bienfaits énormes qu’on peut rendre à ces malheureux, quand on se rappelle le fait de Ladame (voir plus loin), on devrait dans de pareils cas faire tout son possible pour forcer l’hypnose, seul moyen de salut. Le résultat fut satisfaisant dans les trois cas suivants.

Observation 134. (Inversion sexuelle acquise par la masturbation.) — M. X…, négociant, vingt-neuf ans.

Les parents du malade étaient bien portants. Dans la famille du père, aucune trace de nervosité.

Le père était un homme irritable et morose. Un frère du père avait été un viveur et est mort célibataire.

La mère est morte à sa troisième couche, le malade avait six ans ; elle avait une voix grave et rauque, plutôt virile, et était très brusque dans ses allures.

Parmi les enfants nés de cette union, il y a un frère du malade qui est irritable, mélancolique et indifférent aux femmes.

Étant enfant, le malade eut une rougeole avec délire. Jusqu’à l’âge de quatorze ans, il était gai et sociable ; à partir de cette époque, il est devenu calme, solitaire, mélancolique. La première trace de sentiment sexuel s’est fait remarquer à l’âge de dix à onze ans ; il fut alors initié par d’autres garçons à l’onanisme et pratiqua avec eux l’onanisme mutuel.

À l’âge de treize à quatorze ans il eut sa première éjaculation. Jusqu’à il y a trois mois, le malade ne s’est aperçu d’aucune conséquence fâcheuse de l’onanisme.

À l’école il apprenait avec facilité ; parfois il avait des maux de tête. À partir de l’âge de vingt ans, il a eu des pollutions, bien qu’il se masturbât tous les jours. Quand il avait des pollutions, il rêvait de scènes d’accouplement ; il voyait comment l’homme et la femme accomplissaient l’acte. À l’âge de dix-sept ans, il a été amené par un homme homosexuel à pratiquer l’onanisme mutuel. Il y a éprouvé de la satisfaction, car il a toujours eu d’énormes besoins sexuels. Il s’est passé un temps assez long avant que le malade ait cherché une nouvelle occasion d’avoir des rapports avec un homme. Il s’agissait seulement pour lui de se débarrasser de son sperme.

Il n’éprouvait ni amitié, ni amour pour les personnes avec lesquelles il entretenait des rapports. Il n’éprouvait de satisfaction que lorsqu’il était dans le rôle actif et qu’on le manustruprait. Une fois l’acte accompli, il n’avait que du mépris pour l’individu. Quand, avec le temps, le personnage lui inspirait de l’estime, il cessait les relations. Plus tard, il lui fut indifférent de se masturber ou d’être masturbé. Quand il se masturbait lui-même, il pensait toujours à la main des hommes sympathiques qui l’onanisaient. Il préférait les mains dures et rugueuses.

Le malade croit que, sans la séduction, il se serait dirigé dans les voies de la satisfaction naturelle de l’instinct génital. Il n’a jamais éprouvé de l’amour pour son propre sexe, mais il s’est plu à l’idée de cultiver l’amour avec des hommes. Au commencement il a eu des émotions sensuelles en face de l’autre sexe. Il aimait à danser ; il se plaisait avec les femmes, mais il regardait plutôt leur corps que leur figure. Il avait eu aussi des érections en voyant une femme sympathique, il n’a jamais essayé de faire le coït, car il craignait l’infection ; il ignore même s’il serait puissant en présence d’une femme. Il croit que tel ne serait pas le cas, car ses sentiments pour les femmes se sont refroidis, surtout depuis cette dernière année.

Tandis qu’auparavant, dans ses rêves érotiques, il avait des représentations d’hommes et de femmes, plus tard, il ne rêvait plus que de rapprochements avec des hommes. Il ne peut se rappeler d’avoir, ces années dernières, rêvé de rapports sexuels avec une femme. Au théâtre, ce sont toujours les figures féminines qui l’intéressent, de même au cirque et au bal. Dans les musées, il se sent également attiré par les statues masculines et féminines.

Le malade fume beaucoup, boit de la bière, aime la compagnie des messieurs, est gymnaste et patineur. Les manières fates lui ont toujours été odieuses ; il n’a jamais eu le désir de plaire aux hommes, mais plutôt le désir de plaire aux dames.

Il ressent péniblement son état actuel, l’onanisme ayant pris trop d’empire. L’onanisme qui, autrefois, était inoffensif, montre maintenant ses effets nuisibles.

Depuis le mois de juillet 1889, il souffre de névralgie des testicules ; la douleur se fait sentir surtout pendant la nuit ; il a souvent des tremblements la nuit, (irritabilité réflexe exagérée) : le sommeil ne le repose pas ; le malade s’éveille avec des douleurs dans les testicules. Il est maintenant porté à se masturber plus souvent qu’autrefois. Il a peur de l’onanisme. Il espère que sa vie sexuelle pourra encore être ramenée dans les voies normales. Il pense à l’avenir ; il a même déjà noué une liaison avec une demoiselle qui lui est sympathique, et l’idée de l’avoir comme épouse lui est agréable.

Depuis cinq jours il s’est abstenu de l’onanisme, mais il ne croit pas qu’il serait capable d’y renoncer par sa propre force. Ces temps derniers, il était très abattu, n’avait plus envie de travailler, se sentait las de la vie.

Le malade est grand, vigoureux, bien bâti, très barbu. Le crâne et le squelette sont normaux.

Réflexes profonds très accentués, pupilles plus larges que la moyenne, égales, réagissant très promptement. Carotides de calibre égal. Hyperæsthesia urethræ. Les cordons spermatiques et le testicule ne sont pas sensibles ; les parties génitales sont tout à fait normales.

On rassure le malade ; on le console par l’espoir d’un avenir heureux à la condition qu’il renonce à l’onanisme et qu’il reporte son sentiment actuel pour son propre sexe vers les femmes.

Ordonnance : demi-bains (24 — 20° R.), antipyrine, 1 gr. pro die ; le soir 4 grammes de bromure de potassium.

13 décembre. Le malade vient tout effrayé et troublé à la consultation, disant qu’il ne pourra par sa propre force résister à l’onanisme ; il prie qu’on l’aide.

Un essai d’hypnose plonge la malade dans un profond engourdissement.

Il reçoit les suggestions suivantes :

1º Je ne puis, ne dois et ne veux plus faire de l’onanisme ;

2º J’ai en horreur l’amour pour mon propre sexe et je ne trouverai plus beau aucun homme ;

3º Je veux guérir et je guérirai ; j’aimerai une brave femme, je serai heureux et je la rendrai heureuse.

14 décembre. Le malade, en se promenant, a vu un bel homme et s’est senti puissamment attiré vers celui-ci.

À partir de ce moment, tous les deux jours, séances hypnotiques avec les suggestions sus-indiquées. Le 18 décembre, (quatrième séance) on réussit à obtenir le somnambulisme. L’impulsion à l’onanisme et l’intérêt pour les individus masculins diminuent.

Dans la huitième séance, on ajoute aux suggestions sus-mentionnées celle de la « puissance complète ». Le malade se sent moralement relevé et physiquement renforcé. La névralgie des testicules a disparu. Il trouve qu’il est maintenant au zéro du sentiment sexuel.

Il croit être débarrassé de la masturbation et de l’inversion sexuelle.

Après la onzième séance, il déclare n’avoir plus besoin des séances médicales. Il veut rentrer chez, lui et épouser une fille. Il se sent tout à fait bien portant et puissant. Le malade est renvoyé au commencement du mois de janvier 1890.

En mars 1890, le malade m’écrit : « J’ai eu depuis encore quelquefois besoin de rassembler toutes mes forces morales pour combattre mon ancienne habitude et Dieu merci ! j’ai réussi à me délivrer de ce mal. Plusieurs fois déjà j’ai pu accomplir le coït et j’y ai éprouvé un plaisir assez sérieux. Je compte avec tranquillité sur l’avènement d’un avenir heureux. »

Observation 135. (Inversion sexuelle acquise. Amélioration notable par le traitement hypnotique.) — M. P…, né en 1803, employé d’un établissement industriel, est issu d’une famille de patriciens très considérée en Allemagne centrale, famille dans laquelle la nervosité et les maladies mentales étaient fréquentes.

L’aïeul du côté paternel et sa sœur sont morts aliénés, la grand’mère est morte d’apoplexie, le frère du père est mort fou, la fille de ce dernier a péri d’une tuberculose cérébrale ; le frère de la mère s’est suicidé dans un accès de folie. Le père du malade est très nerveux ; un frère aîné est gravement atteint de neurasthénie compliquée d’anomalie de la vita sexualis ; un autre frère est l’objet de l’observation 118 de la sixième édition de la Psychopathia sexualis, un troisième frère a une conduite excentrique et aurait, dit-on, des monomanies ; une sœur souffre de crampes, une autre sœur est morte en bas âge de convulsions.

Le malade est taré, car dès sa première jeunesse, il était très bizarre, irritable, emporté ; il faisait à son entourage l’impression d’un individu anormal.

De très bonne heure, la vita sexualis se manifesta chez lui violemment, il est venu à l’onanisme sans y être entraîné. À partir de l’âge de seize ans, ce garçon, très développé pour son âge, fréquentait les bordels de la capitale, profitant de ses sorties du dimanche et des jours de fêtes. Il faisait le coït avec plaisir, et pendant les jours de la semaine, il se satisfaisait par l’onanisme. À partir de l’âge de vingt ans, le malade, devenu indépendant, fit des excès avec des prostituées ; il fut à la suite atteint de neurasthenia sexualis, devint relativement impuissant, et ne trouva plus de satisfaction dans le coït, à cause de sa faiblesse d’érection et de l’ejaculatio præcox. Son libido sexualis devint plus puissant que jamais ; il le satisfaisait par l’onanisme. Au commencement de l’année 1888, le malade fit la connaissance d’un jeune homme.

« Par sa figure agréable, ses manières câlines et les belles formes extérieures de son corps, il s’acquit toute mon affection. J’avais le désir de lui adresser la parole et je me réjouissais d’avance du moment où je pourrais le voir, j’étais tout à fait amoureux de lui. Avec cette passion s’éteignit mon amour pour les femmes. Cet homme pouvait m’exciter à un tel point que pendant des minutes, je sentais ma mémoire s’évanouir et que je ne pouvais que balbutier.

« Bientôt après, je fis la connaissance d’un monsieur qui m’était sympathique aussi et qui devait avoir une influence décisive sur le reste de ma vie. Il était homosexuel. Je lui avouai que je n’éprouvais plus que du dégoût pour le sexe féminin et que je me sentais attiré vers l’homme.
« Un jour que je demandais à mon camarade comment il s’y prenait pour amener des soldats à se livrer à lui, il me répondit que la principale chose était d’avoir de l’aplomb et qu’alors on pouvait faire marcher n’importe qui. Vers la fin de 1888, me rappelant ce conseil, je me rapprochai d’un brosseur d’officier qui m’avait puissamment excité, bien que jamais aucune éjaculation n’en eût résulté. Voyant que ce soldat ne voulait pas se livrer, je n’insistai plus auprès de lui. Alium quondam militem in cubiculum allectum rogavi ut, veste exuta, mecum in lectum concumberet. Rogatus fecit quæ volui et alter alterius penem trivit.

« Bien qu’après ce succès heureux j’aie encore abusé de beaucoup de gens, je n’étais pour ainsi dire amoureux que d’un seul. C’était un très joli garçon de dix-sept ans. Sa voix me semblait si caressante, ses manières étaient si convenablement tendres, qu’aujourd’hui encore je ne puis l’oublier. Dans mes rêves je ne m’occupais que de beaux jeunes gens et souvent ma sensualité réveillée m’empêchait de dormir des nuits entières ».

Au commencement de l’année 1889, les manières du malade éveillèrent des soupçons d’amour homosexuel. Une dénonciation dont il était menacé, le déprima profondément et il songea à se suicider. Sur le conseil du médecin de la famille, il partit pour la capitale. Comme le malade était incapable de renoncer par sa propre volonté à ses goûts habituels, on commença à lui appliquer le traitement hypnotique. On n’obtint qu’un léger engourdissement qui n’eut qu’un succès minime, étant données les séductions des anciens amants dans la proximité desquels le malade se trouvait.

À cette époque, il ne manquait pas encore de principes moraux solides. La situation s’améliora grâce à l’idée de sa famille désolée, et par la crainte d’une poursuite judiciaire dont il était sérieusement menacé.

Le malade se décida à essayer de se soumettre au traitement de l’auteur de ce livre.

J’ai trouvé en lui un homme délicat, pâle, gravement neurasthénique, qui désespérait de son avenir, mais qui n’avait aucun stigmate extérieur de dégénérescence. Le malade reconnaissait qu’il se trouvait dans une fausse position et semblait vouloir faire tout son possible pour redevenir un homme honnête et convenable.

Il regrettait profondément sa perversion sexuelle qu’il jugeait comme morbide, mais qu’il croyait acquise. Il ne me cacha nullement qu’en présence de jeunes gens il n’était plus maître de lui et qu’il ne pouvait pas garantir non plus de pouvoir s’abstenir de l’onanisme auquel il était forcé d’avoir recours faute de mieux. Seule une volonté puissante pourrait par suggestion l’en préserver.

Son amour homosexuel a consisté jusqu’ici exclusivement en onanisme mutuel ; l’érection ne se produit chez lui qu’au contact des hommes aimés ; l’éjaculation a lieu très tôt, mais l’accolade seule ne suffit pas pour la provoquer. Il ne s’est pas senti dans un rôle sexuel particulier vis-à-vis de l’homme. Les parties génitales et les organes végétatifs sont normaux.

En dehors des dispositions pour un traitement contra neurastheniam, on a commencé, le 8 avril 1890, un traitement hypnotico-suggestif.

L’hypnose réussit facilement par le simple regard et la suggestion verbale. Après une demi-minute, le malade tomba dans un profond engourdissement avec attitude cataleptiforme des muscles. Le réveil eut lieu en lui suggérant qu’il se réveillerait en comptant jusqu’à trois. Parfois, on pouvait obtenir des suggestions post-hypnotiques. Les suggestions intra-hypnotiques avaient pour sujet :

1º Défense de s’onaniser ;

2º Ordre formel de considérer l’amour homosexuel comme méprisable, dégoûtant et impossible ;

3º Ordre de ne trouver de beauté que chez les dames, de s’approcher d’elles, de rêver d’elles, de sentir du libido et de l’érection à leur aspect.

Les séances ont eu lieu quotidiennement. Le 14 avril, le malade m’annonça avec contentement et une sorte de satisfaction morale qu’il a fait le coït avec plaisir et qu’il avait éjaculé tardivement.

Le 16, il se sentit exempt de tendances onanistes, attiré vers la femme et tout à fait indifférent envers les hommes. Il rêve de charmes féminins et a des rapports avec des femmes.

Le 1er mai, le malade paraît tout à fait normal sexuellement et il se sent comme tel. Il est devenu au physique un tout autre homme, plein de courage et de confiance en lui-même.

Il fait le coït normal avec une satisfaction parfaite et il se croit à l’abri de toute rechute.

Dans une lettre écrite plus tard M. P… dit :

« Ce qui n’est pas autrement remarquable, c’est que je suis toujours délivré de ces aberrations. La seule chose qui me rappelle encore cette période sombre, ce sont les rêves, rares il est vrai, de mon passé désolé que je n’ai pas le pouvoir de bannir et qui parfois occupent même agréablement mes pensées. Par ma propre volonté, je l’espère, je réussirai pourtant à m’en débarrasser bientôt tout à fait. Dans le cas où je redeviendrais faible, vos exhortations instantes, j’en suis sûr, feront que je résisterai avec énergie et que je ne succomberai point. »

Le 20 octobre 1890 P… m’écrivait :

« Je suis complètement guéri de l’onanisme et l’amour homosexuel ne trouve plus de sympathie en moi. Mais la puissance complète ne semble pas encore rétablie, bien que je vive avec un régime très réglé. Toutefois je me sens content. »

Observation 136. (Inversion sexuelle acquise.) — Z…, fonctionnaire, trente-deux ans, né d’une mère hystéropathe. La mère de la mère souffrait également d’hystérie, et tous ses frères et sœurs avaient des maladies de nerfs. Un frère est uraniste. Z… était faiblement doué d’esprit ; il apprenait difficilement. En dehors de la scarlatine, il n’eut pas de maladies d’enfance. À treize ans, il fut amené par des camarades de pensionnat à pratiquer l’onanisme. Il était sexuellement hyperesthésique ; il commença à l’âge de dix-sept ans à faire le coït qu’il pratiquait avec plaisir et puissance complète. À l’âge de vingt-six ans, mariage par raison d’argent et pour sa position sociale. Le ménage fut malheureux. Après un ans, Mme Z…, à la suite d’une maladie utérine très grave, devint incapable de supporter le coït. Z… satisfaisait ses grands besoins avec d’autres femmes et, faute de mieux, par la masturbation. Il s’adonna, en outre, à la passion du jeu, mena une vie tout à fait dissolue, devint gravement neurasthénique et essaya de ranimer ses nerfs usés en buvant de grandes quantités de vin et de cognac. À ses malaises essentiellement cérébrasthéniques se joignirent alors des crises de rire et de pleurs ; il devint très émotif. Son libido nimia subsistait toujours sans être diminué. Par suite du dégoût qu’il avait toujours eu des prostituées et de la crainte des maladies, il ne se satisfaisait qu’exceptionnellement par le coït. Dans la plupart des cas, il se soulageait par l’onanisme.

Il y a quatre ans, il s’aperçut d’un affaiblissement progressif de l’érection et de la diminution du libido pour la femme. Il commença à se sentir attiré vers les hommes, et les scènes de ses rêves érotiques n’avaient plus pour objet la femme mais des individus masculins.

Il y a trois ans, comme un garçon de bain le massait, il fut très excité sexuellement (le domestique avait aussi de l’érection, ce qui frappa l’attention du malade). Il ne put pas se retenir de se serrer contre le garçon, de l’embrasser et de se faire masturber par lui, ce que celui-ci fit volontiers. À partir de ce moment ce genre de satisfaction sexuelle fut le seul qui lui convint. La femme lui est devenue tout à fait indifférente. Il ne courait qu’après les hommes. Cum talibus masturbationem mutuam fecit, concupivit cum iis dormire. Il abhorrait la pédérastie. Il se sentait tout à fait heureux, quand une lettre anonyme (datée du mois d’août 1889) qui l’engageait à être prudent, le ramena à la conscience de sa situation. Il fut profondément bouleversé, eut des attaques hystériques, fut complètement déprimé, eut honte devant les autres hommes, se sentit comme un paria dans la société, médita un suicide, s’ouvrit à un prêtre qui le rassura. Il tomba ensuite dans les idées religieuses, voulut entre autres entrer dans un couvent par pénitence et pour se guérir de ses aberrations sexuelles. En proie à cet état d’esprit, le malade tomba par hasard sur mon livre Psychopathia sexualis. Il fut épouvanté, honteux, mais il trouva une consolation dans l’idée qu’il devait être malade. Sa première idée fut de se réhabiliter sexuellement devant lui-même. Il surmonta toute son aversion, essaya le coït dans un bordel, ne réussit pas d’abord par suite de sa trop grande excitation, mais finit par remporter un succès.

Comme ses sentiments d’inversion sexuelle ne disparaissaient pas, bien qu’il s’efforçât de les refouler par toutes sortes de moyens possibles, il vint me trouver et me demander des soins médicaux. Il se sentait, dit-il, affreusement malheureux, près du désespoir et du suicide. Il voyait devant lui l’abîme et il voudrait être sauvé à tout prix.

Sa confession fut interrompue à plusieurs reprises par de violents accès hystériques. Des affirmations rassurantes, l’espoir du salut le calmèrent.

Au point de vue physique, la malade a le front un peu fuyant ; pas d’autres stigmates de dégénérescence. L’irritation spinale, les réflexes profonds exagérés, la congestion de la tête, indiquaient la neurasthénie. Du côté des parties génitales point d’anomalies, mais l’urethra était hyperesthésié. Sa mine était troublée, son maintien relâché ; vie psychique désordonnée et sans aucune consistance.

Ordonnance : demi-bains, frictions, antipyrine, bromure. Interdiction de s’onaniser, d’avoir des rapports avec des hommes ; interdiction d’avoir des pensées libidineuses portant sur des hommes.

Le malade revient après quelques jours et se plaint qu’il n’est pas assez fort pour exécuter ce programme. Sa volonté est trop faible. Étant donnée cette situation précaire, il n’y a que la suggestion hypnotique qui puisse porter remède.

Suggestions : 1º Je déteste l’onanisme, je ne puis et ne veux plus me masturber.

2º Je trouve le penchant pour l’homme dégoûtant, détestable. Jamais je ne trouverai plus l’homme ni beau, ni désirable.

3º Je trouve que seule la femme est désirable. Je ferai le coït avec plaisir et avec puissance, une fois par semaine.

Le malade accepte ces suggestions et les répète d’une voix balbutiante.

Les séances ont lieu tous les deux jours. À partir du 15 on réussit à obtenir l’état somnambulique avec suggestions posthypnotiques à volonté. Le malade reprend une certaine solidité morale et se rétablit au physique, mais des malaises cérébrasthéniques le tourmentent encore ; parfois il a encore des rêves d’hommes pendant la nuit, et à l’état de veille des penchants vers l’homme, ce qui le déprime.

Le traitement dure jusqu’au 21 septembre. Résultat : le malade est guéri de l’onanisme ; il n’est plus excité par les hommes mais bien par les femmes. Coït normal tous les huit jours. Les malaises hystériques ont disparu ; les malaises neurasthéniques sont très atténués.

Le 6 octobre, le malade m’annonce par lettre qu’il se porte bien, et me remercie en paroles émues de l’avoir « sauvé d’un abîme profond ». Il se sent rendu à une nouvelle vie.

Le 9 décembre 1889, le malade revient pour être soumis de nouveau à mon traitement. Il a eu, ces temps derniers, deux fois des rêves érotiques d’hommes, mais à l’état de veille il n’a éprouvé aucun penchant pour l’homme, il a pu aussi résister à la tentation de se masturber, bien que vivant seul à la campagne il n’eût pas d’occasions de faire le coït. Il a plus que de l’inclination pour l’autre sexe, et ordinairement il ne rêve que de personnes féminines ; rentré dans la capitale, il a fait le coït et en a éprouvé du plaisir. Le malade se sent réhabilité moralement, presque débarrassé des malaises neurasthéniques, et déclare, après trois nouvelles séances hypnotiques, que maintenant il se croit tout à fait guéri et à l’abri de toute rechute. Toutefois une rechute a eu lieu au mois de septembre 1890. Le malade, après un surmenage physique dans un voyage à travers de hautes montagnes et une série d’émotions morales, et de plus par manque d’occasions de faire le coït, était redevenu neurasthénique.

Il eut de nouveau des rêves d’hommes, se sentit attiré vers des hommes sympathiques. Il se masturba plusieurs fois et n’éprouva plus de vrai plaisir lorsque, rentré dans la ville, il fit le coït. Du reste, par un traitement antineurasthénique et une seule hypnose, on réussit vite à rétablir sa santé et à rendre sa conduite normale.

Au cours des années 1890 et 1891, le malade eut encore par-ci par là des tendances à l’inversion sexuelle et des rêves dans ce sens, mais seulement lorsque, à la suite d’émotions morales ou d’excès, la névrose se manifestait de nouveau. Dans ces moments, le coït ne lui procurait plus de satisfaction. Le malade s’est vu alors dans la nécessité de faire rétablir l’équilibre par quelques séances hypnotiques, ce qui a toujours facilement réussi.

À la fin de l’année 1891, le malade déclare avec satisfaction que depuis son traitement il a su se maintenir à l’abri de la masturbation et des rapports homosexuels, et que sa confiance en lui-même, de même que son estime de lui-même, s’est consolidée de nouveau.

Quant aux autres cas d’inversion acquise, guéris par l’emploi de la suggestion hypnotique, consulter Wetterstrand, Der Hypnotismus und seine Anwendung in der praktischen Medicin, 1891, p. 52 ; Bernheim Hypnotisme, Paris, 1891, etc., p. 38.

Les faits que nous venons de citer et qui montrent le succès de la suggestion hypnotique en présence des cas d’inversion sexuelle acquise, font supposer qu’il est possible de porter secours aussi aux malheureux qui sont atteints d’inversion sexuelle congénitale.

Bien entendu, la situation dans ces derniers cas est tout autre, en tant qu’il s’agit de combattre une anomalie congénitale, de détruire une existence psycho-sexuelle morbide pour en créer à sa place une nouvelle qui soit saine. Cet effet paraît a priori impossible à obtenir, du moins chez l’uraniste prononcé. Mais, ce qui est en apparence impossible, devient possible par l’emploi d’artifices ; cela ressort du cas de Schrenck-Notzing que nous trouverons plus loin. Il dépasse de beaucoup le cas que j’ai rapporté et dans lequel du moins la désuggestion des sentiments homosexuels a réussi avec l’emploi de l’hypnose.

Une observation analogue est rapportée par Ladame (voir plus loin).

Les conditions sont de beaucoup plus favorables chez l’hermaphrodite psycho-sexuel, chez qui on peut du moins renforcer par la suggestion et faire prévaloir les éléments et le sentiment hétérosexuel qui existent chez l’individu malade.

Observation 137. — Je suis enfant illégitime, né en 1858. Ce n’est que tard, en suivant les traces obscures de mon origine, que j’ai pu avoir des renseignements sur l’individualité de mes parents. Ces renseignements, malheureusement, sont très incomplets. Mon père et ma mère étaient cousins. Mon père est mort il y a trois ans ; il s’était marié avec une autre femme et avait plusieurs enfants qui, autant que je sais, sont bien portants.

Je ne crois pas que mon père ait eu de l’inversion sexuelle. Étant enfant, je l’ai vu souvent sans me douter que c’était mon père. Il avait un aspect vigoureux et viril. D’ailleurs, on dit qu’à l’époque de ma naissance ou auparavant, il aurait eu une maladie vénérienne.

J’ai vu plusieurs fois ma mère dans la rue, mais j’ignorais alors que c’était ma mère. Elle devait avoir environ vingt-quatre ans, lorsque je suis venu au monde. Elle était de grande taille, de mouvements brusques et énergiques et d’un caractère résolu. On dit qu’à l’époque de ma naissance elle a beaucoup voyagé, déguisée en homme, qu’elle a porté les cheveux courts, fumé de longues pipes et en général qu’elle s’est fait remarquer alors par ses allures excentriques. Elle possédait une excellente instruction, avait été belle dans sa jeunesse ; elle est morte sans avoir été jamais mariée et a laissé une fortune considérable.

Tout cela permettrait, le cas donné, de conclure à des penchants homosexuels ou du moins à l’existence d’anomalies. Ma mère a, plusieurs années avant ma naissance, donné le jour à une fille. Cette sœur que je n’ai jamais connue, s’est mariée très jeune ; mais elle s’est empoisonnée après quelques années de mariage, pour des raisons que j’ignore encore.

J’ai 1 m. 70 de taille ; 0 m. 92 de tour ; le tour de mes reins est de 1 m. 02 ; je crois donc avoir le bassin un peu fortement développé. Le pannicule graisseux a été très développé chez moi de tout temps. La charpente osseuse est vigoureuse. La musculature est bien faite, mais pas assez développée, peut-être faute d’exercice ou peut-être sous l’influence de l’onanisme que j’ai pratiqué de bonne heure et avec persévérance : de sorte que je parais plus fort que je ne le suis. Le système pileux, les cheveux et la barbe sont normaux. Les poils des parties génitales sont quelque peu clairsemés. Le reste du corps est presque glabre. Tout mon extérieur a un caractère tout à fait viril. La démarche, le maintien, la voix, sont d’un homme complet, et d’autres uranistes m’ont souvent dit qu’ils ne se doutaient pas du tout de ma passion. J’ai servi dans l’armée et j’ai toujours pris plaisir aux exercices du cavalier, monter à cheval, faire de l’escrime, nager, etc.

Ma première éducation a été dirigée par un prêtre. Je n’avais guère de camarades de jeu pour ainsi dire. La vie de famille de mes parents d’adoption était irréprochable. Au mois d’octobre 1871, on m’a mis en pension. Là, j’ai commis les premiers actes pervers sur lesquels j’aurai à revenir en détail dans l’historique de ma vie sexuelle.

J’ai fait mes classes au lycée, puis mon service militaire comme volontaire d’un an ; j’ai étudié ensuite la science forestière et je suis maintenant intendant d’un grand domaine. Je n’ai appris à parler qu’à l’âge de trois ans et ce fait a contribué à maintenir les gens dans la supposition que je suis hydrocéphale. À partir de l’époque où j’allai à l’école, mon développement intellectuel fut normal ; j’apprenais même facilement, mais je n’ai jamais pu concentrer mon activité sur un point fixe. J’ai beaucoup de goût pour l’art et pour l’esthétique, mais aucun goût pour la musique. Dans mes premières années, j’avais le plus mauvais caractère qu’on puisse imaginer. Il a changé complètement au cours de ces derniers douze ans, sans que j’en puisse indiquer la cause. Aujourd’hui rien ne m’est plus haïssable que le mensonge et je ne dis plus rien de contraire à la vérité, pas même en plaisantant. Dans les affaires d’argent je suis devenu très économe, sans être pour cela avare.

Bref, aujourd’hui je ne pense qu’en rougissant à mon passé et je ne me considérerai à juste titre comme un parfait galant homme, que lorsque je pourrai être délivré de ma malheureuse perversion ou perversité sexuelle. J’ai bon cœur, toujours prêt à faire le bien dans la mesure de mes moyens, de caractère gai pour la plupart du temps ; je suis un homme bien vu dans la société. Je n’ai aucune trace de cette irascibilité nerveuse qu’on remarque si souvent chez mes compagnons de souffrance. Je ne manque pas non plus de bravoure personnelle. Rien dans les premières phases de mon développement n’indique une anomalie. Il est vrai qu’étant encore enfant j’aimais à être au lit et à me coucher sur le ventre ; je me suis, dans cette position, le matin, frotté avec plaisir le ventre contre le lit, ce qui a souvent fait rire mes parents adoptifs. Mais je ne me rappelle pas avoir ressenti de sensations voluptueuses par ces mouvements. Je n’ai jamais recherché particulièrement la camaraderie des petites filles et je n’ai jamais joué aux poupées. De très bonne heure, j’entendis parler des choses sexuelles. Mais en écoutant ce genre de conversation, je ne pensais à rien. Même dans la vie de mes rêves, il n’y avait alors rien qui touchât aux choses sexuelles. Il n’en était pas non plus question dans mes relations avec les garçons de mon âge. Je crois pouvoir affirmer que ma vita sexualis ne s’est éveillée qu’à l’âge de treize ans, au pensionnat, après avoir été entraîné par un camarade à l’onanisme mutuel. L’éjaculation ne se produisit pas encore ; la première n’eut lieu qu’un an plus tard. Malgré cela, je me livrai avec passion au vice de l’onanisme. Mais à cette époque se manifestèrent déjà les premiers symptômes d’un penchant homosexuel. Des jeunes gens vigoureux, des débardeurs de la halle, des ouvriers, des soldats apparurent dans mes rêves, et l’évocation de leur image jouait un rôle pendant la masturbation. En même temps, il se manifesta une première inclination à la pédérastie, notamment à la pédérastie passive. Jusqu’à l’âge de quatorze ans j’ai fait souvent avec mon séducteur des essais de pédérastie mutuelle sans que l’on ait réussi à accomplir une immissio. Parallèlement à ces tendances, il existait encore un penchant faible pour le sexe féminin. Environ six mois après la première masturbation, j’allai une fois chez une puella publica, mais je n’eus ni éjaculation ni volupté particulière. Plus tard j’ai fait jusqu’à l’âge de dix-neuf ans six fois le coït dans des maisons publiques. L’érection et l’éjaculation se produisaient promptement, mais sans me procurer une grande volupté. L’onanisme, surtout pratiqué mutuellement, m’était au moins aussi agréable que le coït. Je n’ai jamais eu ce qu’on appelle un « amour de lycéen ». Il y a dix ans, lorsque je me trouvais à la station balnéaire de H., je crus qu’il s’éveillait en moi de l’amour pour une dame d’une beauté extraordinaire qui appartenait à une grande famille ; je me sentais bien près d’elle et je m’estimai heureux quand je constatai que mon amour était payé de retour. Aussi cette liaison me détourna pendant quelque temps de l’onanisme ; seulement j’avais peur, par suite de l’onanisme pratiqué pendant des années, d’être affaibli et d’être incapable de remplir mes devoirs conjugaux. Quand nous fûmes ensuite séparés par la distance, mon affection se refroidit bien vite ; je m’aperçus que je m’étais berné moi-même et, deux années plus tard, je pouvais apprendre sans la moindre jalousie, que cette dame s’était mariée. Mon penchant pour la femme — si jamais il avait existé — se refroidissait de plus en plus. Il y a deux ans et demi, étant allé avec des amis très virils dans une maison publique à H., je fis mon dernier coït. J’eus encore une érection, mais plus d’éjaculation. La femme m’est devenue indifférente ; la prostituée qui se comporte avec effronterie, provoque mon indignation. J’aime la société des femmes spirituelles, surtout de celles qui sont déjà d’un certain âge, bien que dans la société je sois maladroit, gauche, et souvent même sans tact. Je n’ai jamais trouvé aucun charme aux formes du corps féminin.

Mais revenons à mes tendances perverses. Quand, à l’âge de quatorze ans, je suis venu à H…, j’ai perdu de vue mon amant, mon séducteur. Il avait quelques années de plus que moi, et il entra dans la carrière administrative à l’âge de dix-neuf ans, je l’ai rencontré pendant un voyage en chemin de fer. Nous avons interrompu notre voyage, pris une chambre commune et essayé de la pédérastie mutuelle ; mais, à cause des douleurs, l’immissio ne nous a pas réussi. Nous nous sommes satisfaits alors par l’onanisme mutuel. À H…, j’ai eu des rapports sexuels avec deux condisciples, mais ces rapports se bornaient à de fréquentes masturbations mutuelles, mes deux camarades ne voulant pas se prêter à la pédérastie. Dans la dernière année de mon séjour à H…, j’avais alors dix-neuf ans, j’eus encore des rapports avec un troisième ami en pratiquant de l’onanisme ; mais nos relations étaient déjà plus intimes ; nous nous déshabillions et faisions de la masturbation mutuelle au lit. Du mois d’octobre 1869 jusqu’au mois de juillet 1870, je n’eus pas d’amant. Je faisais de la masturbation solitaire. Quand la guerre éclata, je voulus me faire enrôler comme volontaire, mais on ne m’a pas pris. En même temps que moi se présenta au bureau d’enrôlement un ancien camarade d’école qui depuis était devenu un jeune homme d’une rare beauté. J’ai dû partager avec lui dans un hôtel trop rempli le même lit pendant une nuit. Bien qu’à l’époque de notre séjour à l’école nous n’eussions jamais eu de rapports sexuels l’un avec l’autre, il se montra favorable à mes assiduités et fit une tentative de pédérastie. Elle ne réussit pas non plus, à cause des douleurs ; cependant pendant ces essais il y eut ejaculatio ante anum meum. Aujourd’hui encore je me rappelle de la sensation de volupté que j’ai éprouvée et qui dépassa toute mon attente. Après la guerre j’ai encore souvent rencontré cet ami, mais nos rapports se bornèrent alors aux procédés d’onanisme mutuel. Pendant les dix-huit années suivantes, je n’ai eu que deux fois l’occasion de pratiquer l’amour homosexuel. L’hiver de l’année 1879 je rencontrai dans un compartiment de chemin de fer un beau hussard. Je le décidai à coucher avec moi dans un hôtel. Plus tard il m’avoua avoir déjà pratiqué l’onanisme mutuel avec le fils du châtelain de sa commune. Je ne pus le décider à la pédérastie. Par contre je provoquai chez lui de l’éjaculation par la receptio penis ejus in os meum. Ce procédé ne m’a procuré aucune satisfaction, mais du dégoût. Je n’y suis jamais revenu depuis et je n’ai pas accepté non plus la receptio penis mei in os alterius. En 1887 j’ai fait, c’était encore en chemin de fer, la connaissance d’un matelot que je décidai à rester avec moi à l’hôtel. Il prétendit, il est vrai, n’avoir encore jamais fait de la pédérastie, mais il s’y montra tout de suite disposé ; il était dans une excitation sensuelle manifeste, eut immédiatement de l’érection et accomplit l’acte avec une ardeur non dissimulée. C’était la première fois que la pædicatio réussissait. J’eus, il est vrai, des douleurs atroces mais aussi une jouissance infinie.

Pendant mon séjour dans cette ville ma vita sexualis a subi un changement radical. J’ai constaté avec quelle facilité on peut, soit pour de l’argent, soit par goût, trouver des gens qui se prêtent à nos penchants. De tristes expériences avec des escrocs ne me furent pas épargnées non plus. Jusqu’à la fin de l’année passée j’ai goûté abondamment au plaisir de l’amour homosexuel et surtout de la pédérastie passive ; depuis je n’ai pratiqué que l’onanisme mutuel de peur de contracter une maladie vénérienne. Je n’ai jamais été pédéraste actif, d’abord pour la simple raison que je n’ai trouvé personne qui pût supporter la douleur qui en résulte.

Je cherche de préférence mes amants parmi les cavaliers, les marins, éventuellement parmi les ouvriers, surtout les bouchers et les forgerons. Les hommes robustes, à la figure colorée, m’attirent particulièrement. Les culottes de peau ordinaire des cavaliers ont pour moi un charme particulier. Je n’ai pas de prédilection ni pour les baisers ni pour d’autres accessoires. J’aime aussi les grandes mains dures et rendues calleuses par le travail.

Je ne veux pas laisser passer inaperçu que, dans certaines circonstances, j’ai un grand empire sur moi-même.

Étant intendant d’un grand domaine, j’habitais une grande maison. Mon valet était un jeune homme d’une rare beauté, qui avait fait son service militaire dans les hussards. Après avoir causé une fois vaguement de cette affaire avec lui et appris à cette occasion qu’il était inaccessible, j’ai habité pendant des années avec ce jeune homme, je me suis réjoui de sa beauté, mais je ne l’ai jamais touché. Je crois qu’il ignore encore aujourd’hui ma passion. De même j’ai fait il y a deux ans et demi à C… la connaissance d’un matelot qu’aujourd’hui encore, mes amis et moi, nous déclarons être le plus bel homme que nous ayons jamais vu. Après une absence de plus de deux années, ce marin se rendit, il y a quelques semaines, à mon invitation et me fit une visite. Je sus m’arranger de façon à ce que nous couchions dans la même chambre ; je brûlais du désir de m’approcher de lui. Mais avant je le sondai par une conversation confidentielle et quand j’appris qu’il méprisait tout ce qui avait rapport à l’amour homosexuel, je ne pus me décider à essayer de nouveaux rapprochements. Pendant des semaines nous avons partagé la même chambre, je me suis toujours réjoui à la vue de son corps superbe (dans les premiers jours j’en étais même excité sexuellement) ; j’ai pris avec lui un bain romain afin de pouvoir regardé son corps nu, mais il n’a jamais rien su de ma passion. Aujourd’hui encore j’ai une liaison idéale et platonique avec ce jeune homme qui a une instruction bien supérieure à sa position sociale et un joli talent de poète.

Jusqu’à l’âge de trente-huit ans, je n’ai pas eu une idée nette de ma situation. Je croyais toujours que je m’étais désaccoutumé de la femme par suite de l’onanisme trop précoce et pratiqué depuis, continuellement et avec intensité ; j’espérais toujours que, quand je rencontrerais « la vraie femme », j’abandonnerais l’onanisme et que je pourrais trouver du plaisir avec elle. Je n’ai connu mon état qu’après avoir fait la connaissance de compagnons de souffrance et de gens de ma tendance. Je fus d’abord épouvanté ; plus tard, je me suis résigné en me disant que mon sort ne dépend pas de moi. Aussi n’ai-je plus fait d’efforts pour résister à la tentation.

Il y a deux ou trois semaines, votre livre Psychopathia sexualis m’est tombé entre les mains. Cet ouvrage m’a fait une impression des plus profondes. Je l’ai d’abord lu avec un intérêt indubitablement lascif. La description de la formation des mujerados, par exemple, m’a beaucoup excité. L’idée qu’un jeune homme vigoureux soit émasculé de cette façon pour servir plus tard à la pédérastie de toute une tribu de peaux-rouges sauvages, vigoureux et sensuels, m’a tellement excité que, les deux jours suivants, je me suis masturbé cinq fois, toujours en rêvant que j’étais un de ces mujerados. Mais plus j’avançais dans la lecture du livre, plus j’en comprenais la portée sérieuse, morale, et plus j’ai pris en horreur mon état actuel. J’ai compris de mieux en mieux ce qu’il me faudrait faire pour amener, s’il en existe la moindre possibilité, un changement dans ma situation présente. Quand j’eus fini l’ouvrage, ma résolution était prise d’aller chercher remède chez l’auteur.

La lecture de l’ouvrage cité a eu sans doute un résultat. Depuis, je n’ai pratiqué que deux fois la masturbation solitaire, et deux fois avec des cavaliers. Dans ces quatre cas, j’ai eu bien moins de satisfaction qu’auparavant et j’ai toujours ce sentiment : « Ah ! puisses-tu donc renoncer à tout cela ! »

Néanmoins, je vous avoue que maintenant encore j’ai immédiatement des érections, quand je me trouve avec de beaux militaires.

Pour terminer, j’ajouterai encore que malgré, ou peut-être à cause de la fréquence de l’onanisme, je n’ai jamais eu de pollutions. L’éjaculation qui d’ailleurs ne consiste et n’a consisté habituellement qu’en quelques petites gouttelettes, ne se produit qu’après une friction d’une durée relativement longue.

Quand pour une raison ou pour une autre, je m’abstenais pendant longtemps de l’onanisme, l’éjaculation se produisait plus promptement et plus abondamment.

Il y a douze ans, Hansen a essayé, mais en vain, de m’hypnotiser. »

Au printemps de 1891 l’auteur de l’autobiographie précédente est venu me trouver, en me déclarant qu’il ne pouvait plus continuer cette existence et qu’il considérait le traitement hypnotique comme son dernier moyen de salut, ne se sentant pas lui-même la force nécessaire pour résister à son penchant funeste à l’onanisme et à la satisfaction sexuelle avec des personnes de son propre sexe. Il se sent comme un paria, un être contre nature, mis hors les lois de la nature et de la société, et se trouvant de plus en danger de tomber entre les mains des juges.

Il éprouve une horreur morale en accomplissant l’acte sexuel avec un individu masculin, et pourtant il se sent comme électrisé à la vue d’un beau troupier.

Depuis des années, il n’a plus la moindre sympathie, pas même morale, pour la femme.

La malade m’a paru, au point de vue physique et psychique, exactement tel qu’il s’est présenté dans son autobiographie.

J’ai pu constater que le crâne est un peu hydrocéphale et en même temps plagiocéphale.

Les essais d’hypnotisation se sont heurtés au commencement à des difficultés.

Ce n’est que par le moyen du Braid et en me servant d’un peu de chloroforme que j’ai pu obtenir, dans la troisième séance, un profond engourdissement.

À partir de ce moment, il suffisait de le faire regarder un objet brillant.

Les suggestions consistaient dans l’interdiction de la masturbation, dans la désuggestion des sentiments homosexuels, dans l’assurance que le malade prendrait goût à la femme et qu’il n’aurait plaisir et puissance que dans les rapports hétérosexuels.

Une seule fois il revint encore à la masturbation. Après la troisième séance, le malade rêva de femmes.

Quand, après la quatorzième séance, le malade, appelé à sa maison, par d’importantes affaires, dut partir, il se déclara complètement débarrassé des tendances à la masturbation et à l’amour homosexuel : cependant, ajoutait-il, le penchant pour l’homme n’était pas encore tout à fait éteint.

Il éprouva de nouveau de l’intérêt pour le sexe féminin, et il espère en continuant le traitement se délivrer définitivement de son funeste état.

Observation 138. (Hermaphrodisme psychique.) — M. V. P., vingt-cinq ans, célibataire, issu d’une famille nerveuse, a souffert de convulsions dans son enfance. Il s’en est rétabli, mais il est resté malingre, émotif et irascible. Il n’a pas eu de maladies graves. Avant l’âge de dix ans, la vie sexuelle s’est éveillée. Ses premiers souvenirs à ce sujet se rapportent à des sensations voluptueuses qu’il a éprouvées auprès des valets de la maison. Quand il fut plus âgé, il avait des rêves érotiques où il s’agissait de rapports avec des hommes. Au cirque il s’intéressait exclusivement aux artistes masculins.

Les jeunes gens vigoureux lui étaient les plus sympathiques de tous. Souvent il ne pouvait résister à l’envie de les enlacer et de les embrasser. Ces temps derniers, le simple frôlement d’un homme le remplissait de délices et lui donnait de l’éjaculation. Il a jusqu’ici heureusement résisté à l’impulsion de nouer une liaison amoureuse avec un homme. Le malade est un hermaphrodite psychique, dans ce sens qu’il n’est pas insensible aux charmes féminins ; mais il trouve l’homme plus beau que la femme. Jusqu’ici, à vrai dire, les nudités féminines ne lui ont jamais plu, et ce n’est qu’une fois qu’il aurait, d’après ses souvenirs, rêvé du coït avec une femme.

Ayant de grands besoins sexuels et ne voulant pas se commettre avec des hommes, il a toutefois commencé à l’âge de vingt ans à avoir des rapports sexuels avec des femmes. Jusque-là il s’est rarement livré à la masturbation manuelle, mais il a fait souvent de l’onanisme psychique ; ce faisant, des images de beaux hommes planaient dans son imagination.

Il a fait le coït avec succès, mais sans plaisir et sans une véritable sensation de volupté. Par des circonstances particulières, il fut astreint à l’abstinence de sa vingt-deuxième à sa vingt-quatrième année. Il supporta péniblement cette abstinence, mais il se soulageait par-ci par-là par l’onanisme psychique.

Quand, il y un an, il trouva de nouveau l’occasion de faire le coït, il s’aperçut que son libido pour la femme s’était affaibli, que l’érection était insuffisante et que l’éjaculation se produisait trop tôt. Finalement il renonça au coït. Alors il se manifesta chez lui du libido pour l’homme.

Étant donnée la faiblesse irritable de son centre d’éjaculation, le seul contact des hommes sympathiques suffisait pour provoquer chez lui un écoulement de sperme.

Le malade est fils unique. Des raisons de famille exigent qu’il conclue un mariage. Il a, à juste titre, des scrupules ; il se croit impuissant « imaginatif », et demande conseil et remède.

Il sait bien qu’il faudrait lui enlever ses penchants pour l’homme ; c’est le seul moyen de le secourir.

Il est d’un extérieur tout à fait viril. Le crâne est légèrement hydrocéphale. Barbe richement développée, parties génitales normales. Le réflexe crémastérien ne peut pas être provoqué. Aucun symptôme de neurasthénie. Œil névropathique. Pollutions rares. Érections seulement en présence des hommes sympathiques.

Le 16 juillet 1889, on a commencé à faire de l’hypnose selon la méthode de Bernheim, afin d’agir sur lui par suggestion. Ce n’est qu’à la troisième séance, le 18, qu’on a obtenu un profond engourdissement.

Suggestions : Vous n’avez plus d’affection pour l’homme. Seule la femme est belle et désirable. Vous aimerez une femme, vous l’épouserez, vous serez heureux, et vous la rendrez heureuse. Vous êtes tout à fait puissant. Vous le sentez déjà.

Le malade accepte toutes les suggestions dans l’hypnose qui est répétée chaque jour, mais qui ne dépasse jamais l’engourdissement. Le 22 juillet il annonce qu’il a fait le coït avec plaisir. Le garçon de l’hôtel où il demeure l’intéresse de moins en moins. Toutefois, il trouve toujours l’homme plus beau que la femme. Le 1er août on a dû interrompre le traitement. Résultat : puissance complète, indifférence totale pour le sexe masculin, et aussi pour le moment pour le sexe féminin.

Le même traitement a eu un succès décisif dans le cas suivant d’hermaphrodisme psychosoxuel que j’ai rapporté dans le T. 1, fascicule 2 de l’Internat. Centralblatt für die Physiol. u. Pathol. der Harn und Sexualorgane.

Observation 139. — Monsieur V. X., vingt-cinq ans, grand propriétaire, né d’un père névropathe et emporté. Le père dit-on, est sexuellement normal. La mère souffrait des nerfs, de même que ses deux sœurs. La mère de la mère était nerveuse, le père de la mère était un viveur et faisait des excès in Venere. Le malade est enfant unique et tient de la mère. Il fut dès sa naissance malingre, souffrit beaucoup de migraines ; il était nerveux, il a supporté diverses maladies d’enfance et s’est livré, sans y être entraîné, à l’onanisme à partir de l’âge de quinze ans.

Il prétend n’avoir éprouvé d’inclination ni pour le sexe féminin, ni pour le masculin, jusqu’à l’âge de dix-sept ans ; alors s’est éveillé en lui le penchant pour l’homme. Il est devenu amoureux d’un camarade. Celui-ci a répondu à son amour. Ils se sont enlacés, se sont embrassés et se sont masturbés mutuellement. À l’occasion le malade pratiquait le coït inter femora viri. Il abhorrait la pédérastie.

Ses rêves érotiques n’avaient pour objet que des hommes. Au théâtre et au cirque, il ne s’intéressait qu’aux sujets masculins. Son penchant le portait vers les gens d’environ vingt ans. Une belle taille plantureuse lui inspirait de la sympathie.

Quand ces conditions étaient remplies, peu lui importait à quelle classe de la société l’homme de sa prédilection appartenait. Dans ses rencontres sexuelles, il se sentait toujours dans le rôle masculin.

À partir de l’âge de dix-huit ans, le malade fut l’objet de vives préoccupations de la part de sa famille, car il avait noué une liaison amoureuse avec un garçon de café, s’était rendu ridicule par cette affaire et s’était laissé exploiter. On le fit rentrer à la maison. Il se commettait avec des valets et des cochers. Il y eut scandale. On l’envoya en voyage. À Londres il s’attira une affaire de chantage. Il réussit à regagner sa patrie.

Ces diverses expériences ne lui furent d’aucun enseignement et il manifesta de nouveau un penchant fatal pour les hommes. On m’a envoyé le malade pour que je le guérisse de son funeste penchant (décembre 1888). C’est un jeune homme bien portant, de grande taille, imposant, robuste ; il est de conformation tout à fait virile, a les parties génitales fortes et bien développées. La démarche, la voix et le maintien sont tout à fait virils. Il n’a pas de passions viriles bien prononcées. Il fume peu et seulement des cigarettes, boit très peu, aime les sucreries, la musique, les beaux-arts, l’élégance, les fleurs, et se meut de préférence dans les cercles de femmes ; il porte moustache, mais le reste de la figure est rasé. Sa mise n’a rien du gommeux. C’est un homme pâle, amolli, un flâneur et un propre à rien du grand monde, qu’il est difficile de sortir du lit avant l’heure de midi. Il prétend n’avoir jamais senti le caractère morbide de son penchant pour son propre sexe. Il croit que cette disposition est congénitale ; il voudrait, assagi par de fâcheuses expériences, se délivrer de sa funeste perversion ; mais il n’a guère confiance en sa force morale. Il a déjà essayé, mais alors il tombe toujours dans le vice de la masturbation qu’il trouve nuisible, car elle lui cause des malaises neurasthéniques (pas trop graves d’ailleurs). Il n’y a pas chez lui de défectuosités morales. L’intelligence est un peu au-dessous de la moyenne. Il a une éducation soignée et des manières aristocratiques. L’œil un peu névropathique dénote la constitution nerveuse de l’individu. Le malade n’est pas un uraniste complet et condamné. Il a des sentiments hétérosexuels, mais ses émotions sensuelles pour le beau sexe ne se manifestent que rarement et à un degré très faible. À l’âge de dix-neuf ans, il fut pour la première fois amené par des amis dans un lupanar. Il n’éprouva pas d’horror feminæ, il eut une érection suffisante et fit le coït avec quelque plaisir, mais sans cette volupté intense qu’il éprouve entre les bras d’un homme.

Depuis, dit le malade, il a encore coïté six fois, deux fois sua sponte. Il affirme qu’il en a toujours l’occasion, mais qu’il ne le fait que faute de mieux, quand l’impulsion sexuelle le tourmente trop ; enfin que le coït ainsi que la masturbation lui servent de faible compensation pour remplacer l’amour homosexuel. Il a même déjà pensé à la possibilité de trouver une femme sympathique et de l’épouser. Il est vrai qu’il considérerait les rapports conjugaux et l’abstinence définitive des hommes comme des devoirs très durs.

Comme il y avait là des rudiments de sentiment hétérosexuel et que le cas ne pouvait être considéré comme désespéré, un essai thérapeutique me sembla opportun. Les indications étaient très claires, mais on ne pouvait compter sur la volonté de ce malade amolli, qui n’avait nullement la conscience nette de sa situation. Il était donc tout indiqué de chercher dans l’hypnose un appui pour l’influence morale du médecin. La réalisation de cet espoir paraissait douteuse, par suite du récit du malade que le fameux Hansen avait, à plusieurs reprises, mais en vain, essayé de l’hypnotiser.

Toutefois, il fallait répéter les essais, à cause des intérêts sociaux importants du malade. À mon grand étonnement, la méthode de Bernheim amena immédiatement un profond engourdissement avec possibilité de suggestion posthypnotique.

À la deuxième séance, le somnambulisme a été obtenu par un simple regard jeté sur le malade qui est suggestible dans tous les sens. On peut, en lui passant la main sur la peau, provoquer des contractures. Le réveil a lieu en comptant jusqu’à trois.

La malade a de l’amnésie, en dehors de l’hypnose, pour tout ce qui s’est passé pendant son état hypnotique. On l’hypnotise tous les deux ou trois jours pour lui faire des suggestions. On fait, en outre, un traitement moral et hydrothérapique.

Les suggestions faites pendant l’hypnose sont les suivantes :

1º Je déteste l’onanisme, car il rend malade et misérable ;

2º Je n’ai plus d’affection pour l’homme, car l’amour pour un être masculin est contraire à la religion, à la nature et à la loi ;

3º J’éprouve du penchant pour la femme, car la femme est un être aimable et désirable ; elle est créée pour l’homme.

Dans les séances, la malade répète ces suggestions sur mon ordre.

Après la quatrième séance on est surpris de constater déjà que, dans les cercles où il est présenté, le malade commence à faire la cour aux dames. Peu de temps après, quand une célèbre cantatrice passe sur la scène, il est tout feu et flamme pour elle. Quelques jours plus tard, le malade s’informe de l’adresse d’un lupanar.

Toutefois, il cherche encore de préférence la compagnie des jeunes messieurs, mais, malgré une surveillance très étroite, on n’a pu constater rien de suspect à ce sujet.

17 février. Le malade demande la permission de faire le coït et il est très satisfait de son début avec une dame du demi-monde.

16 mars. Jusqu’ici hypnose environ deux fois par semaine. Par un seul regard, le malade est plongé dans un profond somnambulisme ; sur mon ordre, il répète les suggestions ; il est accessible à toute suggestion posthypnotique et, à l’état de veille, il ne se rappelle plus de l’influence qu’on a exercée sur lui pendant son état d’hypnose. À l’état hypnotique, il affirme être parfois tout à fait débarrassé de l’onanisme et des sentiments sexuels pour les hommes. Comme dans l’hypnose il donne toujours les mêmes réponses stéréotypées (par exemple, d’avoir à telle ou telle date fait la masturbation pour la dernière fois) et qu’il subit trop la volonté du médecin pour pouvoir mentir, ses affirmations méritent foi, d’autant plus qu’il a les apparences d’une santé florissante, qu’il est exempt de tout malaise neurasthénique, qu’il ne donne aucune inquiétude dans ses rapports avec les messieurs, et qu’il montre un caractère franc, libre et viril.

Comme il fait parfois le coït avec plaisir et en cédant à son libre penchant, et que les pollutions qu’il a quelquefois, ne sont provoquées que par des rêves érotiques concernant des personnes féminines, on ne peut plus douter de la transformation favorable de sa vita sexualis et l’on peut supposer que les suggestions hypnotiques sont maintenant devenues des auto-suggestions directrices de la totalité de ses sentiments, de ses idées et de ses efforts. Le malade restera probablement toujours une natura frigida, mais il parle souvent de mariage, et de sa résolution, aussitôt qu’il aura trouvé une dame qui lui soit sympathique, de solliciter sa main. On cessa le traitement. (Observation personnelle. International Centralblatt für die Physiol. u. Pathologie der Harn und Sexualorgane. T. I.)

Au mois de juillet 1889, j’ai reçu une lettre du père qui m’annonce que son fils se porte bien et a une bonne conduite.

Le 24 mai 1890 j’ai rencontré par hasard mon ancien client dans un voyage. Son air de santé florissante me laissa supposer un état des plus favorables. Il me confessa qu’il trouvait encore certains hommes sympathiques, mais qu’il n’éprouvait plus aucune velléité amoureuse pour le sexe masculin. À l’occasion, il fait le coït avec des femmes, en éprouve un plaisir parfait, et il songe sérieusement à se marier.

Pour faire un essai, j’ai hypnotisé le malade selon la méthode que je lui avais appliquée autrefois et je lui demandai de répéter les ordres que je lui avais donnés.

Plongé dans un profond somnambulisme et avec la même intonation qu’autrefois, le malade me récita les suggestions qu’il avait reçues en décembre 1888. C’est, en tout cas, un exemple de la durée et de la puissance de la suggestion posthypnotique.

Le traitement par suggestion hypnotique eut un succès complet dans les cas suivants.

Observation 140. (Hermaphrodisme psychique. Amélioration par le traitement hypnotique). — M. de K…, 23 ans, d’une grande famille, très bien doué intellectuellement, scrofuleux pendant son enfance, descend d’un père qui, dit-on, a été un viveur. Le frère du père avait la réputation d’être un inverti sexuel.

Le malade affirme que, déjà à l’âge de sept ans, il avait une inclination singulière pour les personnes du sexe masculin. C’étaient surtout les cochers et les laquais à moustaches qui l’enthousiasmaient à cette époque. Il éprouvait un sentiment de bonheur étrange quand il pouvait se frotter contre ces individus.

De bonne heure, le malade fut placé au corps des cadets, où il fut entraîné à l’onanisme mutuel et où il apprit la pratique de l’imitatio coïtus inter femora viri. À l’âge de dix-sept ans, il fit pour la première fois le coït avec une prostituée.

Il accomplit l’acte très bien, mais il n’eut pas le moindre plaisir, et il reconnut ou que ce genre de satisfaction n’était rien ou bien qu’il devait être autrement conformé que les autres jeunes gens.

Toutefois, il coïtait encore souvent, contracta une gonorrhée, après la guérison de laquelle il éprouva une aversion de plus en plus vive pour le sexe féminin ; il pratiqua dorénavant le coït de plus en plus rarement et seulement dans les cas où, malgré son libido très vif, il ne pouvait avoir des rapports avec des individus masculins. Son penchant pour les hommes devenait de plus en plus fort ; c’étaient notamment les hommes adultes bien bâtis et autant que possible peu barbus qui avaient de l’attrait pour lui. Il aboutit aux excès les plus dégoûtants dans le sens du coïtus buccalis, et de la pédérastie active et passive.

Le malade lui-même avait grande honte d’une pareille dégradation ; il essayait toujours de revenir dans la bonne voie en faisant le coït avec la femme, mais il dut se rendre à cette évidence désespérante que sa force normale était insuffisante, que le rapport avec la femme le laissait froid ou même lui répugnait, et que, à vrai dire, il était créé pour les rapports sexuels avec des personnes de son propre sexe. En effet, ses songes n’avaient jamais les femmes pour objet, mais toujours les hommes, et tel était déjà le cas à un âge où il n’avait pas encore la moindre idée de la différence des sexes.

Le malade vient à la consultation, car il a compris que le bonheur de toute sa vie est en jeu. Il a clairement reconnu le caractère immoral et antinaturel de son existence sexuelle. Il croit que sa situation n’est pas désespérée, puisqu’il n’abhorre pas la femme : il y a trois semaines encore, il a coïté avec une femme, il a réussi, bien qu’il n’ait éprouvé ni plaisir, ni satisfaction morale. Il ne met pas en doute qu’il soit en réalité créé pour l’amour du sexe masculin ; mais à la suite d’une neurasthénie qui vient de se déclarer, il n’a plus, même dans l’acte sexuel avec l’homme, le plaisir qu’il éprouvait autrefois dans des circonstances analogues. Il a abandonné sa position d’officier de l’armée, parce que ses troupiers l’excitaient trop sexuellement, et qu’il craignait de se compromettre un jour.

Le malade n’a pas de stigmates de dégénérescence. Il a un extérieur tout à fait viril ; les parties génitales sont normales. L’examen d’un spécimen du sperme a permis de constater des spermatozoïdes en abondance. Le pénis est grand, bien développé ; le système pileux sur les parties génitales et sur le corps en général est très bien fourni. Le malade a des goûts virils, mais il n’a jamais trouvé plaisir ni à fumer ni à boire. Son œil névropathique est la seule chose qu’on pourrait interpréter dans le sens d’une prédisposition nerveuse.

Il prétend que dans ses actes sexuels avec les hommes, il s’est la plupart du temps senti dans le rôle de l’homme, mais parfois aussi dans celui de la femme.

Une tentative d’hypnose a amené un engourdissement avec une attitude cataleptiforme des muscles ; on l’utilise pour lui faire des suggestions appropriées à sa maladie.

Après la quatrième séance, il déclare avec satisfaction et étonnement à la fois, que les hommes le laissent froid. Il voudrait essayer sa bonne chance avec des femmes, mais il craint d’être impuissant.

Après la sixième séance, il essaie le coït cum muliere, sans y avoir été engagé. Son libido fut très grand, mais inter actum le libido ainsi que l’érection l’abandonnèrent.

Après la neuvième séance, le malade interrompt le traitement, ses affaires l’ayant obligé de rentrer à la maison. Il est content en tant qu’il se sent indifférent vis-à-vis de l’homme, et capable de résister à toute tentation. Il a la conviction certaine qu’il ne retombera plus dans ses anciennes « vilenies ». Mais à l’heure qu’il est, il ne sent pas non plus le moindre intérêt pour le sexe féminin.

Observation 141. — M. X…, trente et un ans, chimiste, issu d’une famille névropathique, était, dès son enfance, nerveux, émotif, peureux et sujet aux migraines. Il se rappelle nettement qu’étant tout petit garçon, il contemplait avec plaisir les ouvriers à demi nus dans l’atelier qui se trouvait en face de la maison paternelle et qu’il se sentait attiré vers eux. Quand on l’envoya en classe, il éprouva un sentiment analogue pour ses camarades. Sans y être incité, il arriva à l’âge de onze ans à faire de l’onanisme ; pendant l’acte, il pensait toujours à ses camarades d’école. Plus tard, il eut des amitiés extatiques. Sa vita sexualis est devenue toute-puissante. Devenu grand, il s’intéressa aussi aux femmes, mais le principal objet du ses désirs, c’étaient les hommes des classes élevées de la société. Il sentit l’anomalie de ce penchant, chercha des relations avec les puellis, fit plusieurs fois le coït, mais sans y éprouver un véritable agrément. Alors il s’égara de plus en plus dans la voie de l’inversion sexuelle : il pratiquait la masturbation mutuelle et le coït inter femora viri, se livrait à l’occasion aussi à la pédérastie passive, mais il y renonça bientôt car il n’en éprouvait que de la douleur.

Il affirme qu’il se sent tout à fait homme et qu’il n’a jamais eu de goûts féminins. Squelette, attitude tout à fait virils. Système pileux et barbe très abondants, parties génitales tout à fait normales. Point d’aversion pour le sexe féminin. À l’occasion, il fait le coït avec des puellis, mais sans en être satisfait. Le malade se sent très malheureux, reconnaît nettement sa fausse position, voudrait à tout prix être débarrassé de son penchant homosexuel et devenir capable de se marier. Ce serait terrible d’être toujours forcé de jouer la comédie. Dès le premier essai d’hypnotisation fait d’après la méthode de Bernheim, le malade est plongé dans un profond engourdissement. Il est très suggestible, reçoit les suggestions nécessaires, constate avec satisfaction, après la quatrième séance, que les individus masculins lui sont devenus tout à fait indifférents et qu’il commence à coïter avec plaisir, mais que dans son âme il ne se sent pas satisfait, étant donné qu’il est obligé d’avoir recours aux puellæ publicæ. Après la quatorzième séance, il déclare n’avoir plus besoin d’appui. Il est enthousiasmé d’une jeune dame et il a l’intention de l’épouser. Le malade a sollicité la main de cette dame, mais il a été éconduit. Bientôt après, il fit un voyage en Italie, et alors l’intérêt pour les hommes se réveilla de nouveau. Il eut une rechute et me demanda de reprendre le traitement. En peu de séances le statu quo ante fut rétabli.

Observation 142. (Hermaphrodisme psychique. Traitement par la suggestion hypnotique suivi de succès). M. Z…, vingt ans, prétend être issu de grands-parents bien portants, de père sain, mais d’une mère nerveuse. Il est enfant unique et il a été gâté par sa mère. À l’âge de huit ans, il a été très excité sexuellement par un valet qui lui montrait des gravures pornographiques et son pénis.

À l’âge de douze ans, Z… devint amoureux de son corépétiteur. En s’endormant il eut la vision de cet homme tout nu. Il se sentit vis-à-vis de celui-ci dans la situation d’une femme ; il s’extasiait à l’idée de pouvoir l’épouser un jour.

À l’âge de treize ans, à l’occasion d’une soirée dansante donnée à la maison, une jeune gouvernante excita son imagination, et à l’âge de quinze ans il tomba amoureux d’une jeune dame. Il est resté sensuellement très excitable, mais les années suivantes ce furent exclusivement les hommes sympathiques qui lui firent cette impression. Il ne pratiquait point la masturbation.

À l’âge de vingt ans, le malade est devenu neurasthénique ex abstinentia. Il essaya alors le coït, mais ne réussit pas. En revanche, il était saisi d’un puissant libido quand, dans un hammam, il avait l’occasion de voir des viri nudi. L’un d’eux remarqua l’émotion du jeune homme, l’aborda, le masturba, ce qui lui causa un grand plaisir. Il se sentait puissamment attiré vers cet homme et se fit encore masturber par lui à plusieurs reprises. Entre temps il faisait des essais du coït avec les femmes, mais il remportait toujours un échec. Le malade en était profondément désolé ; il consulta des médecins qui expliquèrent son impuissance par sa nervosité et qui étaient d’avis que cela s’arrangerait bientôt.

Jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans, sa satisfaction sexuelle consistait à se faire masturber une fois par mois par l’homme aimé. C’est à cette époque qu’il se sentit pour la dernière fois attiré vers la femme. C’était une paysanne vierge. Elle se montra inaccessible à ses désirs. Comme son amant lui était devenu inaccessible aussi, le malade prit l’habitude de la masturbation solitaire. À la suite de ces pratiques, sa neurasthénie s’accentua de plus en plus. Il ne put pour cette raison terminer ses études ; il évita les hommes, devint sombre, aboulique ; il fit sans succès des cures dans divers établissements hydrothérapiques. Le malade vint me trouver vers la fin du mois de février 1890 pour me demander conseil au sujet de sa neurasthénie (cérébro-spinale) qui était grave et continue.

C’est un homme grand, svelte, de manières aristocratiques, d’allures nettement viriles, et d’apparence névropathique ; lobes des oreilles grands et se confondant comme un cadre avec les joues. Les parties génitales sont tout à fait normales. Il présente les symptômes ordinaires d’une neurasthénie cérébro-spinale modérée. Il est très déprimé, se plaint que la vie lui paraît si peu agréable qu’il en est arrivé au tædium vitæ ; il est péniblement affecté de son anomalie sexuelle, d’autant plus que sa famille insiste pour qu’il se marie.

Chez la femme il n’y a que l’âme qui l’intéresse et non le corps. Sexuellement il n’a d’affection que pour les hommes, et encore faut-il que ceux-ci soient du meilleur monde. Ses rêves n’ont jamais eu pour objet des individus de son propre sexe, mais toujours des personnes du sexe féminin. Dans ces rêves érotiques il s’est vu dans le rôle de la femme.

La puella la plus raffinée n’a jamais pu provoquer de l’érection ni du libido chez lui.

Ses rapports sexuels avec les hommes ont consisté dans la masturbation passive ou mutuelle. Il ne s’est livré que rarement à l’auto-masturbation et quand il ne pouvait faire autrement. Depuis cinq mois il s’en est abstenu, depuis le mois d’août 1889 il n’a pas eu non plus de rapports sexuels avec des hommes.

Un essai d’hypnose selon la méthode de Bernheim n’a pas réussi. En passant plusieurs fois la main sur le front, on provoque de l’engourdissement avec catalepsie. Cette méthode est employée pour appliquer le traitement suggestif chez ce malade digne de pitié. L’état hypnotique reste toujours le même ; il est impossible de l’amener au somnambulisme.

À la troisième séance le malade reçoit les suggestions : l’onanisme et l’amour du sexe masculin sont détestables ; il faut trouver les femmes belles et rêver d’elles.

Après la sixième séance (10 mars), il se produit une évolution visible dans l’existence psychique du malade. Il devient plus calme, il se sent plus dégagé, rêve par-ci par-là de femmes, et plus d’hommes, trouve que ces derniers lui sont devenus tout à fait indifférents et m’annonce avec satisfaction qu’il n’a plus de velléités de masturbation. Il s’approche du beau sexe, mais il s’aperçoit que les femmes n’exercent pas sur lui la moindre force d’attraction.

Le 19 mars des affaires rappellent le malade chez lui, de sorte que le traitement a dû être interrompu.

Le 17 mai 1890 il revient au traitement. Il affirme qu’entre temps il ne s’est pas masturbé et qu’il a su résister à son penchant pour les hommes. Aussi n’a-t-il plus rêvé d’hommes, et deux fois même dans ses songes il s’est occupé de femmes, mais tout à fait platoniquement. Son asthénie cérébrale (ex abstinentia) s’est augmentée. Il souffre évidemment du manque d’une satisfaction morale et sensuelle de sa vita sexualis, puisque l’amour homosexuel et la masturbation lui sont devenus impossibles, et que, en même temps, il est aussi privé des rapports avec les femmes. Le malade en est péniblement affecté jusqu’au tædium vitæ.

On le soumet alors à un traitement antineurasthénique (hydro-électrothérapie) et on reprend le traitement hypnotique. Ce n’est qu’après une cure laborieuse de dix semaines que les malaises neurasthéniques disparaissent. Parallèlement il se produit un changement dans l’individualité psychique.

Le malade s’aperçoit avec satisfaction qu’il devient plus vigoureux et que la vie sexuelle ne joue plus chez lui un rôle dominant. Il est vrai qu’il se sent attiré plutôt vers l’homme que vers la femme, mais il résiste facilement aux désirs homosexuels. Le boudoir qu’il avait jusqu’ici se transforme en bureau de travail ; au lieu de s’occuper de luxe, de toilette et de lectures frivoles, il court dans les forêts et sur les montagnes. À cause des dangers d’un échec, on laisse le malade prendre une initiative sur le terrain hétérosexuel.

Ce n’est que dans la quatorzième semaine de sa cure qu’il se met à l’épreuve. Il réussit brillamment. Il devient un homme gai, sain de corps et d’esprit ; il nourrit les meilleures espérances pour son avenir et caresse même l’idée de se marier.

Il éprouve un plaisir croissant aux rapports sexuels normaux et a, à l’occasion, des rêves érotiques concernant des femmes ; il ne rêve plus d’hommes.

Vers la fin du mois de septembre, la cure du malade est terminée. Il se sent tout à fait normal sous le rapport hétérosexuel ; il est délivré de sa neurasthénie et il a des idées de mariage. Toutefois il avoue franchement qu’il entre encore en érection quand il voit un homme bien fait tout nu ; mais il résiste avec facilité aux envies qui pourraient le prendre à ce propos ; dans la vie des songes il a exclusivement des « relations avec la femme ».

Au mois d’avril 1891 j’ai revu le malade qui se portait au mieux. Il croit que sa vita sexualis est complètement assainie, en tant qu’il fait le coït régulièrement avec une parfaite puissance, qu’il ne rêve que de femmes et qu’il n’a jamais la moindre velléité de masturbation. Toutefois il me fait cet aveu intéressant que souvent post coïtum il a encore passagèrement un « léger goût pour l’homme », mais qu’il lui est facile de le dompter. Il se croit rétabli pour toujours et nourrit le projet de se marier.

Le traitement par suggestion peut réussir aussi dans l’inversion sexuelle manifestement congénitale, ainsi que le prouvent les sujets traités par l’auteur et celui de Ladame où du moins on a réussi à désuggérer les sentiments homosexuels et à obtenir une neutralisation sexuelle très salutaire, étant donnés les dangers de la honte sociale et des poursuites judiciaires. Wetterstrand a même réussi à remplacer la tendance homosexuelle par des sentiments hétérosexuels avec puissance génitale. Ce cas est cité par von Schrenk (op. cit., observation 49). Des succès analogues ont été encore obtenus par Bernheim (cité par Schrenk : observation 51), Muller (cité par Schrenk : observation 53), Schrenk (op. cit., cas 66, 67). Ce dernier même a réussi dans des cas d’effémination (Schrenk, op. cit., cas 62 et 63).

Nous tenons à citer ici le premier de ces cas qui est pour ainsi dire un succès phénoménal et que l’auteur a pu personnellement suivre. D’ailleurs, ces succès décisifs et durables ne peuvent être obtenus que quand on peut pousser l’hypnose jusqu’au somnambulisme. Toutefois, il faut se mettre en garde contre les illusions.

Observation 143 (Cas d’inversion sexuelle congénitale amélioré par suggestion hypnotique). — R., fonctionnaire, vingt-huit ans, demanda, le 20 janvier 1880, des secours médicaux. Il est le frère du malade qui fait l’objet de l’observation 135 et par conséquent d’une famille très tarée. Vers la fin du traitement, il avoue être l’auteur de l’autobiographie qui a été insérée comme observation 83 dans la cinquième édition de ce livre et que nous allons tout d’abord reproduire ici :

« Mon anomalie consiste, pour le dire brièvement, en ce que, sous le rapport sexuel, je me sens tout à fait femme. Depuis ma première jeunesse, dans mes rêves et dans mes actes sexuels, j’ai eu devant les yeux uniquement des images d’êtres masculins et de parties génitales d’hommes. Jusqu’à ce que je sois devenu élève de l’Université, je n’y ai rien trouvé d’étrange. (Je n’ai jamais parlé à autrui de mes fantaisies et de mes rêves ; je vivais, quand je fréquentais le lycée, très retiré, et j’étais très peu communicatif). Ce qui frappa mon attention, alors que j’étais étudiant de l’Université, c’est que les êtres féminins ne pouvaient m’inspirer le moindre intérêt. J’ai essayé plusieurs fois depuis, au lupanar et ailleurs, de faire le coït ou d’arriver au moins au coït, mais toujours en vain.

« Aussitôt que j’étais seul avec un être féminin dans une chambre, toute érection cessait immédiatement. J’ai pris d’abord ce phénomène pour de l’impuissance, et pourtant j’étais à cette époque si excité sexuellement qu’il me fallait me masturber plusieurs fois par jour pour pouvoir dormir.

« Mes sentiments pour le sexe masculin se sont développés bien autrement : ils sont devenus plus forts chaque année. Au commencement ils se manifestèrent par une amitié extrêmement romanesque pour certains personnages, sous la fenêtre desquels j’attendais la nuit des heures entières, que je cherchais par tous les moyens à rencontrer dans les rues, et dont je cherchais toujours à me rapprocher. J’écrivais à ces personnages les lettres les plus passionnées, mais je me gardais bien toutefois d’y déclarer trop clairement mes sentiments. Plus tard, dans la période qui suivit mes vingt ans, j’eus une conscience nette de la nature sensuelle de mes inclinations, surtout à la suite de la sensation voluptueuse que j’éprouvais aussitôt que je me trouvais en contact direct avec un de ces amis. C’étaient tous des hommes bien bâtis, aux cheveux foncés et aux yeux noirs. Je ne me suis jamais senti excité par des garçons et je ne comprends pas comment on peut avoir du goût pour la pédérastie proprement dite. À la même époque (entre ma vingt-deuxième et ma vingt-troisième année) le cercle des personnes que j’aimais, s’élargissait de plus en plus. À l’heure qu’il est, je ne peux pas voir dans la rue un bel homme sans concevoir le désir de le posséder. J’aime surtout les personnes de la basse classe dont les formes vigoureuses m’attirent : les soldats, les gendarmes, les cochers de tramway, etc.. en un mot, tout ce qui porte un uniforme. Si quelqu’un de ces gens répond à mon regard, je sens comme un frisson à travers tout mon corps. Je suis excité surtout le soir, et rien qu’en entendant le pas vigoureux d’un militaire, j’ai souvent des érections des plus violentes. C’est pour moi un plaisir particulier de suivre ces individus et de les contempler en marchant derrière eux. Aussitôt que j’apprends qu’ils sont mariés ou qu’ils se commettent avec des filles, mon émotion disparaît. Il y a quelques mois encore je pouvais maîtriser mes penchants et ils ne se faisaient pas remarquer directement. À cette époque, un soldat que je suivais, me sembla disposé à consentir à mes désirs ; je l’abordai. Pour de l’argent, il fut prêt à tout. Statim summa libidine affectus sum eum amplecti et osculari neque periculo videndi deterritus sum, quominus hæc facerem. Genitalia mea apprehendit manibus et statim ejaculatio evenit. Cette rencontre me fit enfin comprendre le but de ma vie, but que je cherchais depuis si longtemps. Je savais que c’était là que mon naturel trouverait son bonheur et sa satisfaction ; à partir de ce moment j’ai pris la résolution de faire tous mes efforts pour trouver un être que je puisse aimer et auquel je resterais attaché pour toujours. Je n’ai aucun remords de ma manière d’agir.

« Il est vrai que dans les moments de calme je sens très bien la grande différence qui existe entre ma façon de penser et les vues du monde ; je connais naturellement aussi, étant jurisconsulte, les dangers d’une liaison telle que je la désire, mais tant que la totalité de ma nature n’aura pas changé, je ne saurais résister aux tentations qui me hantent. Malgré tout, je serais prêt à me soumettre à tout traitement pour sortir de mon état anormal.

« Je sens en femme, et je m’en rends compte, entre autres par le fait que toute représentation sensuelle ayant rapport à une femme me paraît pour ainsi dire forcée et même contre nature. Je suis certain aussi que mon estime pour une femme — je fréquente beaucoup la société des dames et je m’y trouve très bien — se convertirait en aversion dans le cas où j’apercevrais chez elle des inclinations sensuelles pour ma personne. Dans mes rêves et dans mes fantaisies érotiques concernant les hommes, je me figure toujours dans des positions telles que leur figure est tournée vers moi. Maxima mihi esset voluptas, si vir robustus nudus me tanta vi amplecteretur, ut reniti non possem. En général, je me vois dans ces positions dans un rôle tout à fait passif, et ce n’est qu’en faisant violence à mes sentiments que je pourrais m’imaginer dans une autre situation. Je suis d’une timidité vraiment féminine. Quelque grand que soit mon désir de m’approcher de tel ou tel individu, je fais des efforts aussi grands pour ne rien laisser percer de mon inclination. Des moustaches, un système pileux très développé, et même la crasse, me paraissent particulièrement attrayants. Inutile de dire qu’au point de vue social mon état me paraît tout à fait désespérant, et si je n’avais pas l’espoir de trouver un être qui me comprenne, je ne saurais guère supporter la vie. Je sens que les rapports sexuels avec l’homme sont l’unique moyen de combattre avec efficacité mon penchant pour l’onanisme. Bien que cela m’affecte beaucoup, je ne puis pas m’en passer longtemps, car autrement, ainsi que je l’ai déjà éprouvé par expérience, je serais encore plus affaibli par des pollutions nocturnes et par des érections qui dureraient des heures entières dans la journée.

« Jusqu’ici je n’ai aimé vraiment que deux hommes. Tous les deux étaient des officiers, de beaux hommes, de grand talent, sveltes et bien bâtis, bruns, avec des yeux noirs. J’ai fait la connaissance de l’un à l’Université. J’étais amoureux fou de lui ; je souffrais beaucoup de son indifférence, je passais la moitié des nuits sous ses fenêtres, rien que pour être dans sa proximité. Quand il fut transféré dans une autre garnison, je fus désespéré.

« Peu après je fis la connaissance d’un autre officier qui ressemblait au premier, et qui m’a captivé dès le premier moment. Je cherchai par tous les moyens possibles à me rencontrer avec lui ; je passais toute la journée dans la rue et dans les endroits où je pouvais espérer le voir. Je sentais me monter le sang au visage quand je l’apercevais à l’improviste. Quand je le voyais causer amicalement avec d’autres, je ne me sentais plus de jalousie. Quand j’étais assis à côté de lui, j’avais l’impulsion invincible de le toucher ; je pouvais à peine cacher ma grande émotion, quand j’avais l’occasion de lui effleurer les genua aut femora. Cependant jamais je n’ai eu le courage de déclarer mes sentiments devant lui, car j’ai cru deviner dans ses manières qu’il ne les aurait pas compris ou pas partagés.

« J’ai vingt-sept ans, je suis de taille moyenne, bien fait ; je passe pour être joli, j’ai la poitrine un peu étroite, de petites mains, de petits pieds et une voix grêle. Au point de vue intellectuel, je crois être bien doué, car j’ai passé brillamment mon examen de brevet ; je sais plusieurs langues et je suis bon peintre.

« Dans mon métier je passe pour être travailleur et consciencieux. Les gens de ma connaissance me trouvent froid et singulier. Je ne fume pas, ne pratique aucun sport ; je ne puis ni chanter, ni siffler. Ma démarche est un peu affectée, de même que mon langage. J’ai beaucoup de prédilection pour l’élégance, j’aime les bijoux, les sucreries, les parfums, et je vais de préférence dans la société des dames. »

On apprend encore par les notes prises par le Dr V. Schrenk sur la maladie de cet inverti, que les entraves sociales et légales d’un côté, l’impulsion violente pour son propre sexe de l’autre côté, ont provoqué dans l’âme du malade des luttes terribles qui ont fait de sa vie un supplice. C’est pour cette raison qu’il s’est confié à un médecin.

Le 22 janvier 1889, le malade fut soumis au traitement hypnotico-suggestif suivant la méthode de l’École de Nancy. Peu à peu on réussit à le mettre en somnambulisme.

Les suggestions lui ont été faites dans ce sens : indifférence et faculté de résistance vis-à-vis du sexe masculin, intérêt croissant pour les rapports avec la femme, interdiction de la masturbation, substitution des images féminines aux images masculines dans les rêves érotiques. Après quelques séances, les formes féminines commencent à plaire au malade. À la septième séance, on lui suggère de faire le coït et d’y réussir. Cette suggestion est suivie d’effet. Pendant les trois mois suivants, le malade se trouvant sous l’influence éducatrice des suggestions périodiques, est resté en possession complète d’un fonctionnement sexuel normal. Le 22 avril 1889, il y a rechute, par suite de la séduction d’un uraniste. Repentir et horreur dans la séance suivante. Comme expiation, coït avec une femme en présence du séducteur.

Le malade se plaint que le coït avec des femmes très inférieures comme éducation, ne satisfait pas son besoin esthétique. Il espère trouver cette satisfaction dans un mariage heureux. Il cesse le traitement, se fiance quelques semaines plus tard avec une amie d’enfance, se présente six mois après comme un heureux fiancé, et croit, par suite du bonheur qu’il éprouve avec sa fiancée, être à l’abri de toute rechute.

L’auteur assure que le traitement hypnotique n’a jamais d’effet nuisible secondaire. Étant donnée la lourde tare héréditaire du malade, il ne tranche pas la question de savoir si la guérison sera durable, mais il exprime la conviction que, dans le cas de récidive, la suggestion hypnotique ne manquerait pas de produire son effet comme la première fois.

Comme le succès incroyable de ce cas m’avait intéressé au plus haut degré, et que je m’intéressais encore davantage au cours que prendraient les choses après la guérison, je me suis adressé à l’auteur en lui demandant des renseignements sur l’état de santé de son ancien malade.

Avec la plus grande amabilité, M. le Dr V. Schrenk a mis à ma disposition la lettre suivante qu’il avait reçue au mois de janvier 1890.

« Par le traitement suggestif de M. le baron V. Schrenk, j’eus pour la première fois la faculté physique d’avoir des rapports sexuels avec une femme, ce qui, jusqu’ici ne m’avait pas réussi malgré des essais réitérés.

« Comme mon besoin esthétique ne pouvait être satisfait par des relations avec des prostituées, j’ai cru trouver mon salut réel dans un mariage. Une affection amicale ancienne pour une dame que je connais depuis mon enfance m’a fourni la meilleure occasion de conclure un mariage, d’autant plus qu’à cette époque je croyais que c’était elle qui serait le plus capable d’éveiller en moi des sentiments pour le sexe féminin, sentiments qui, jusque-là m’étaient totalement inconnus. Son être répond tellement à mes inclinations que je suis profondément convaincu de trouver aussi une complète satisfaction physique. Cette conviction n’a pas changé pendant les mois qui se sont écoulés depuis nos fiançailles.

« J’ai l’intention de me marier dans quatre semaines.

« En ce qui concerne mon attitude vis-à-vis du sexe masculin, ma force de résistance — c’est le résultat le plus positif et le plus constant du traitement — subsiste toujours au même degré. Tandis que, autrefois, il m’était impossible, en voyant par exemple un beau cocher de tramway, de résister à une excitation sexuelle intense au point de me forcer à quitter la voiture : aujourd’hui je peux rester sans aucune excitation sexuelle, même quand je me trouve avec mon ancien amant. Il faut ajouter toutefois que la fréquentation de ce dernier a toujours pour moi un certain attrait qui cependant ne peut être comparé à mon ancienne passion.

« D’autre part j’ai refusé, et sans que cela m’ait coûté beaucoup d’efforts, des offres réitérées d’entrer en rapports sexuels avec des hommes auxquels autrefois je n’aurais pu résister.

« Je puis affirmer que c’est plutôt par sentiment de pitié que je ne romps pas les relations avec mon ancien amant qui a conservé pour moi son affection passionnée.

« Ces relations me paraissent plutôt comme un devoir moral que comme un besoin intérieur.

« Depuis que le traitement médical a été terminé, je n’ai plus eu de rapports avec des prostituées. Cette circonstance, ainsi que les nombreuses lettres de mon ancien amant et ses tentatives de renouer l’ancienne liaison, peuvent être considérées comme la cause de ce que, dans l’intervalle de huit mois, je me suis laissé entraîner trois ou quatre fois dans nos entretiens à un rapport sexuel. Dans ces occasions, j’ai toujours conservé la conscience d’être parfaitement maître de moi-même, ce qui était contraire à mon état passionnel d’autrefois, et m’a attiré les reproches les plus vifs de la part de mon ami. Je sens toujours une certaine barrière insurmontable qui n’est pas fondée sur des raisons morales mais qui doit être directement attribuée à votre traitement. Depuis ce temps, je n’éprouve plus pour lui d’amour dans le sens d’autrefois. D’ailleurs, depuis que le traitement a été terminé, je n’ai plus jamais cherché d’occasions d’entrer en rapports sexuels avec des hommes et je n’en éprouve pas non plus le besoin, tandis qu’autrefois il ne se passait pas un jour où je ne m’y sentisse poussé au point que par moments j’étais incapable de penser à autre chose.

« Les images sexuelles à l’état de rêve ou à l’état de veille sont devenues très rares.

« Je crois pouvoir exprimer la conviction que mon mariage, qui aura lieu d’ici quelques semaines, que le changement de domicile qui en sera la conséquence et que je désire moi-même, seront capables de détruire les derniers résidus de ma perversion, résidus qui d’ailleurs ne me gênent plus. Je termine ces lignes par l’affirmation la plus sincère que, dans mon for intérieur, je suis devenu un tout autre homme et que cette transformation m’a rendu l’équilibre moral qui m’a manqué jusqu’ici. »

Les lignes précédentes que M. le Dr V. Schrenk complète encore en rapportant une communication verbale du malade d’après laquelle celui-ci ne s’est plus livré à aucun acte de masturbation, constituent bien la preuve la plus éclatante de l’effet durable et efficace de la suggestion post-hypnotique.

Pour ma part, je tiens le sentiment hétérosexuel du malade pour une création artificielle d’un excellent médecin, et le malade lui-même semble le sentir, car il parle d’une barrière qui n’est pas fondée sur des raisons morales, mais qui doit être directement attribuée au traitement.

La lettre suivante, que mon collègue V. Schrenk a bien voulu mettre à ma disposition, nous montre quel sort a été réservé à ce malade intéressant.

« Monsieur le baron, rentré depuis quelques jours de mon voyage de noces, je me permets de vous envoyer un rapport sommaire sur mon état actuel. La semaine qui précéda le mariage, je me trouvai, à vrai dire, dans un état d’émotion excessive, car je craignais de ne pouvoir remplir certains devoirs. Les prières pressantes de mon ami, qui voulait à tout prix avoir encore un entretien avec moi, m’ont laissé absolument froid. Depuis que je vous ai rencontré la dernière fois, je n’ai pas revu cet ami. J’étais très inquiet à l’idée que mon mariage pourrait fatalement devenir malheureux. Mais maintenant je n’ai plus d’inquiétude à ce sujet. Il est vrai que, la première nuit, je n’ai réussi que très difficilement à me mettre en excitation sexuelle ; mais la seconde nuit et les suivantes je crois avoir satisfait à toutes les exigences qu’on peut demander à un homme normal ; je suis toujours capable d’y satisfaire. J’ai aussi la conviction que l’harmonie qui existe, au point de vue intellectuel, entre ma femme et moi depuis longtemps, se complète encore de plus en plus par un autre genre d’harmonie. Il me paraît impossible de revenir aux anciennes habitudes. Voici peut-être un fait significatif pour mon état actuel : la nuit passée j’ai, il est vrai, rêvé d’un ancien amant, mais ce rêve n’était pas sensuel et ne m’a pas excité.

« Quant à ma situation actuelle, j’en suis satisfait. Je sais bien que mon affection nouvelle est loin d’avoir atteint le même degré que mon affection ancienne. Mais je crois que ce penchant croîtra en force tous les jours. Déjà maintenant la vie que je menais autrefois me paraît incompréhensible et je ne puis pas comprendre pourquoi je n’ai pas pensé plus tôt à refouler ces sentiments anormaux par une satisfaction sexuelle normale. Une rechute ne me paraîtrait possible qu’à la suite d’une transformation complète de ma vie psychique actuelle, et cela, pour le dire en un mot, me semble impossible.

« Votre tout dévoué, L… »

J’apprends encore les détails suivants par une lettre que M. le Dr V. Schrenk m’a écrite le 7 décembre :

« Dans le cas présent, la guérison paraît être de plus longue durée que je ne l’aurais attendu, car, lorsqu’il y a quelques mois, j’ai parlé avec mon ancien malade, celui-ci a déclaré qu’il se sentait très heureux de la vie conjugale et, comme je l’ai compris, il s’attend à devenir père d’ici peu de temps. »

En effet, au printemps 1891, il est devenu père. Le docteur V. Schrenk a publié sur son ancien malade de nouveaux renseignements très intéressants au point de vue thérapeutique, qu’on peut relire dans la Wiener internationale klinische Rundschau 1892 ainsi que dans son livre Die Suggestionstherapie, 1892, p. 242.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’ouvrage de Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

Notes

[1Les paroles suivantes, que m’a écrites le malade de l’observation 88 de la 6e édition, sont dignes d’attention sous le rapport de la prophylaxie : « Si jamais on arrivait, non pas à détruire, comme chez les Spartiates, les jeunes gens malingres pour avoir une bonne sélection dans le sens des idées darwiniennes, mais à reconnaître notre inversion sexuelle à l’âge de notre première jeunesse, on pourrait peut-être, pendant cette période, guérir par la suggestion, la pire de toutes les maladies ! Il est probable que la guérison pourrait être plus facilement obtenue dans la jeunesse que plus tard. »

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