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La Topologie et le Temps (I)

Étiologie et mythologie des formations de l’inconscient

Texte de l’intervention au Cercle Psychanalytique de Paris (25 octobre 2007)

Date de mise en ligne : samedi 27 octobre 2007

Auteur : Guy MASSAT

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Guy Massat, « Étiologie et mythologie des formations de l’inconscient », Première séance du séminaire sur « La Topologie et le Temps », au Cercle psychanalytique de Paris, le jeudi 25 octobre 2007.

Étiologie et mythologie
des formations du système inconscient

Le temps c’est l’inconscient. Le temps, le ça, c’est… l’inconscient. Soutenir ce point de vue c’est renoncer à Platon et se détacher de Démocrite. Platon illustre l’hystérie des idées éternelles et Démocrite figure l’obsession de la matière. Le psychanalyste ne peut croire ni à la matière dite insécable ni aux idées prétendues éternelles. S’il y croit il sera inévitablement freiné à son insu et déformera la psychanalyse en faveur de la psychologie. (La psychologie est par nature statique et moralisante comme la conscience). S’il « y » croit… Que signifie cet y grec ? Il renvoie à un inconnu statique qui est justement l’inverse de l’inconscient dynamique, autonome et insaisissable de Freud et de Lacan. Cette chute dans la psychologie moralisante était inévitable à l’époque de Freud. Elle s’est également produite au temps de Lacan. De nos jours elle est le plus triste état des lieux que l’on peut faire de la psychanalyse. (Cf. Le Livre noir de la psychanalyse). On ne peut y remédier qu’en reprenant la thèse de Lacan : « L’inconscient comme pulsation temporelle ». De plus, l’inconscient comme temps se révèle être, — et ce sera notre thèse — la manière la plus commode d’aborder le système inconscient et son étiologie, c’est-à-dire le langage de l’inconscient en tant que cause cryptée, largement responsable, au moins à soixante pour cent, de nos maladies physiques et mentales. Si l’on donne la valeur de 100 à la santé parfaite, 60% des maladies sont dues à l’inconscient, 20% à l’esprit et 20% au corps. Il y a un discours inconscient dont les explications dépassent par leurs mouvements d’association les causes étroites de la raison, qu’elle soit raison du corps ou de l’esprit.

D’où viennent ces malaises diffus qui ne nous quittent pas ? D’où tombent ces angoisses qui nous font éclater ? D’où sourdent ces sensations d’être piégé dans notre propre existence, d’être enlisé, emmuré, isolé ? Pourquoi l’amour, les autres, l’art, l’argent, les repas, les voyages, la consommation des objets, le sport, le travail, etc., etc. pourquoi aucune des valeurs qu’on nous propose ne réussit à nous combler ? C’est comme si, quelque part, nous étions sous l’empire des Moires, terrifiés par la fatalité. C’est comme si nous savions que ce que nous voyons nous ne pouvons jamais le saisir, car ce que l’on saisit a forcément quelques secondes de plus que ce que nous avions vu. On ne touche jamais deux fois la même chose. C’est comme si, ne saisissant jamais ce que l’on croit saisir, nous nous sentions continuellement trompés, et du coup, précipités dans une dépression sans fond. Ne sommes nous pas fatigués d’être toujours déguisé en nous-mêmes, ainsi que les autres, ainsi que les choses ?

La psychanalyse nous apprend que ces formations pathologiques du système inconscient relèvent des refoulements du ça par le surmoi et le moi. C’est une topologie étrange dont les équations tissent notre destin. Car refoulé, le ça insubstantiel fait immanquablement retour sous forme de symptômes et de trous qui s’expriment et qui parlent à sa place dans un lyrisme mégalomane toujours sidérant. Telles sont les avatars et autres mutations de notre condition humaine, de notre être-là manipulés par le discours inconscient quand nous ne l’entendons pas. 

Nous étudierons pour comprendre et approfondir les principaux concepts de la psychanalyse : « La topologie et le temps », un des derniers séminaires de Jacques Lacan… authentique traversée des miroirs. Comme dit le Zen auquel se réfère Lacan dans l’ouverture de son premier séminaire : « Il n’y a pas de miroir. Tout est vide depuis le commencement. Où la poussière pourrait-elle tomber ? » Ne sommes-nous pas arrivés, nous expliquent nos savants, à ce moment prodigieux où « nous passons de la lecture du code génétique à la capacité de l’écrire » ?

« La topologie et le temps » est l’avant dernier séminaire de Lacan, le XXVIe (1978-1979). Son dernier séminaire c’est « La Dissolution », (novembre 79 - juillet 80). Lacan meurt le 9 septembre 81. Ces deux séminaires se tiennent, comme se tiennent les concepts de temps et de dissolution. Le temps n’engendre-t-il pas la dissolution de toutes choses ? De plus, dans le langage phonétique du ça, « dissolution » peut s’entendre comme « Dis, de dire, dis (est la) solution » : dissolution. Ce « dis comme solution » nous rappelle que la psychanalyse est la cure par la parole de l’inconscient, selon une topologie des plus étrange qui soit, la topologie du temps.

Vous pouvez vous procurer facilement ces séminaires sur le site gaogoa.free.fr.

Les premiers mots de « la topologie et le temps » sont :

« Il y a une correspondance entre la topologie et la pratique. Cette correspondance consiste en les temps ».

Remarquons d’abord ce pluriel « les temps ». Ce pluriel souligne qu’il y a différentes perceptions du temps. Il y a des perceptions conscientes et inconscientes. De plus, dans le système inconscient, le moi, le ça et le surmoi ne perçoivent pas le temps de la même manière. En outre, « les temps » ça sonne comme « l’étant », c’est-à-dire la réalité phénoménologique qui se répète. Ce qui nous introduit directement au concept de répétition, un des quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse.

Mais ce concept peut être abordé de deux manières différentes : selon la contrainte et l’ennui du surmoi ou selon la jouissance surabondante du ça. C’est Nietzsche qui a introduit cette différence dans un page célèbre de son « Gai Savoir ». Nous allons nous servir de ce texte très court intitulé « Le poids le plus lourd » comme introduction à « la topologie et le temps » de Lacan :

« Qu’arriverait-il si, une fois, de jour ou de nuit, un démon te suivait dans la plus solitaire, la plus secrète de tes retraites, et te disait : Cette vie, telle que tu l’as vécue, il faut que tu la revives encore une fois, et non seulement encore une fois, mais encore une quantité incalculable de fois ; il n’y aura rien de nouveau en elle, au contraire : chaque douleur et chaque joie, chaque pensée et chaque soupir, tout l’infiniment grand et l’infiniment petit de ta vie reviendront dans la même suite et le même ordre, pour toi, comme cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et aussi cet instant et moi-même, le démon. L’éternel sablier de l’existence sera continuellement retourné, et toi avec lui, poussière parmi les poussières. Ne te jetterais-tu pas alors face contre terre en grinçant des dents et ne maudirais-tu pas le démon qui te parlerait ainsi ? Ou bien aurais-tu déjà vécu un seul instant prodigieux qui te permettrait de lui répondre : “Démon, tu es un dieu, jamais je n’ai entendu parole plus sublime” (Le Gai Savoir, §341).

C’est que le « Gai savoir » c’est le temps qui ne se répète jamais. C’est le temps réel, le temps qui n’a nul besoin d’horloge ni de montre, le temps qui tue le démon de l’identique. « Ce que le devenir répète c’est un temps qui n’est jamais le même », nous explique Deleuze qui était le philosophe favori de Lacan dans les années soixante. Le devenir ne devient jamais de l’être dans lequel il s’arrêterait pétrifié par quelque Méduse, nous apprend déjà Gorgias, 2500 av. J.-C., dans son célèbre Traité du Non-Être.

Le devenir, ou l’instant réel, n’est que la différence du temps à lui-même, c’est-à-dire qu’il ne réside que dans l’événement de la parole, l’événement de l’interprétation. L’interprétation c’est l’arme absolue du langage. Elle donne vie et mort et change l’une en l’autre. Elle se fonde en psychanalyse sur la polysémie du langage inconscient. C’est la puissance quintessenciée de la parole. Grâce à Deleuze, grâce à Lacan, grâce à la psychanalyse, nous apprenons qu’il y a au moins double sens à la répétition comme il y a deux sens à la perception du désir, et profusion de sens à la perception du temps : C’est soit la répétition comme toujours identique à elle-même soit comme continuellement différente d’elle-même, c’est le désir en tant que manque ou le désir comme jouissance, abondance, surabondance, richesse et créativité, le temps avec ses différentes mesures ou l’instant sans mesure. Bref : conscient et inconscient.

Dans Zarathoustra au chapitre « du convalescent » nous pouvons lire :

« Toutes les choses reviennent éternellement, et nous-même avec elles. Tout s’en va, tout revient : éternellement roule la roue de l’être. Tout meurt et tout refleurit, éternellement se déroule l’année de l’être. » C’est le temps cyclique contre le temps irréversible… à interpréter. Nietzsche précise encore : « le nœud des causes dans lequel je suis emmêlé ne disparaît pas : il me créera de nouveau. Le moi-même est une partie des causes de l’éternel retour ». Il s’agit là de l’éternel retour de la différence, le temps-ça sans ego sans égal, le portique vide, le torii joyeux de l’instant unique, l’inverse du « poids le plus lourd ».

« L’inconscient : pulsation temporelle », nous dit Lacan dans Les quatre concepts de la psychanalyse en 1964. Aujourd’hui c’est comme si personne n’avait remarqué ce qu’il disait là. Dans tous les livres qui paraissent de nos jours on fait de l’inconscient quelque chose de spatial, de matériel, c’est-à-dire on le confond étourdiment avec le préconscient. Préconscient que Freud, rappelons-le, avait pris soin de distinguer dans sa première topique. On dirait que les topiques qui indiquent si bien les zones différenciées des discours, sont tombées dans l’oubli. Tant pis, nous, nous ferons des pulsations temporelles, notre point de départ, notre trou constitutif. Qu’est-ce que la pulsation temporelle ? Rien que les pulsions entrelacés du passé, du présent et du futur. On peut interpréter ces pulsions comme cycliquement identiques ou comme à chaque fois différentes. Mais, constatons que dans ce séminaire Lacan se trompe souvent en dessinant les nœuds. Il s’embrouille, s’empêtre dans les nouages, commet des erreurs de dessus dessous, des inexactitudes, des bévues, des fautes d’alternance. Des canailles en profitent aussitôt pour mettre ces maladresses au compte de l’âge, de la fatigue physique ou de quelque épuisement cérébral annoncé. Donc, le moment où Lacan devrait se retirer et nommer des successeurs à la direction de sa fructueuse École. Ces psychanalystes du surmoi et du déni de l’inconscient avaient oublié la dimension et la valeur de la bévue dans l’interprétation. La bévue c’est la preuve du savoir faire inconscient. « Les discours et les nœuds provoquent des erreurs, a toujours enseigné Lacan, c’est avec eux qu’ils convient donc de travailler ». D’autres, plus ou moins débiles référent ces erreurs à la difficulté objective qu’il y a à dessiner les nouages des nœuds.

Comment oublierions-nous en topologie lacanienne que la bévue est plus importante que la vérité ? Que la vérité n’est qu’un moment de l’erreur ? L’unbewusst, l’inconscient en allemand, Lacan l’a traduit phonétiquement par « une bévue ». Ne faudrait-il plus prendre cette chose au sérieux ? La maldonne phonétique c’est le langage de l’inconscient, c’est donc l’inceste, mot qui signifie impur, c’est, ici, l’impureté du langage. C’est cela le complexe d’Œdipe : ce qui ne relève que de l’impureté du langage. Un exemple : en français mythe et mite sonnent de la même manière. Y aurait-il un rapport entre le récit fabuleux qu’est le mythe et ce petit papillon qu’est la mite ? Une mite est un insecte qui fait des trous dans les tissus de nos vêtements. Mais le mythe, n’est-ce pas ce qui fait trou dans la trame des discours soi disant cohérents ? Voilà une catastrophe phonétique, une absurde association mais étrangement libératrice. Le mythe est ce qui fait trou dans le langage ordinaire et savant ! Ainsi, le mythe d’Œdipe pourrait-il se réduire à n’être qu’une mite faisant un trou mortel dans le tissu des discours de nos destinées étourdies qu’il n’en serait pas moins un trou décisif. Alors que Lacan persévère dans le discours inconscient des crétins s’appliquent à ne le juger qu’au tribunal psychologique du conscient. C’est ce que mettent en évidence les interventions dans ce séminaire de quatre psychanalystes que nous remercions au passage. Ce sont des interventions surchargées de bon sens et d’évidences conscientes. Le paradoxe reste que le bon sens en psychanalyse est une erreur qui relève du moi et du surmoi.

C’est au nom du « bon sens » que le moi et le surmoi s’appliquent et s’ingénient à refouler le ça. Lacan ne cesse de jouer à tromper le bon sens, la vérité, et les évidences ordinaires du moi et du surmoi.

Exemple : le nœud borroméen le plus simple est fait de trois ronds. Il peut être topologiquement généralisé ou dédoublé à quatre, cinq, six ronds…

« Dans le borroméen à six, dit Lacan, il suffit d’en couper un pour que les cinq autres soient dénoués. Je précise, affirme-t-il, qu’il y a dix façons de dénouer cinq cercles, et qu’il y a trente cinq façons de dénouer six cercles en en coupant seulement trois… »

Alors, Vappereau, mathématicien de la topologie, intervient aussitôt : « Vous faites une erreur… Vous dites qu’il y a 35 façons de le faire, or il n’y en a que 20… ». « … Bon, admet Lacan, c’est ennuyeux que je m’embrouille, mais je dois le dire, je dois avouer que je m’embrouille ».

Or, dans le temps circulaire, qui est le véritable labyrinthe où, en mythologie, se sont perdus Dédale et Icare, qui ne s’embrouille pas, qui ne s’embrouillera pas, qui ne s’embrouillerait pas ?

Lacan fait distribuer le borroméen généralisé à six cercles dessiné par le grand topologue Pierre Soury. Je vous le fais voir. C’est une chaîne où si on coupe deux cercles (il y a quinze façon de le faire) alors les quatre cercles restants restent borroméènement noués.

C’est alors qu’intervient Mme Mouchonnat, psychanalyste. Elle tient à signaler à l’encan qu’elle est « complètement dépassée ». Mais être dépassé n’est-ce pas ce qu’il y a de plus heureux, en tout cas en psychanalyse ?

« … On en est à six et huit, dit-elle, or je suis complètement dépassée. Jusqu’à trois ça va ! … L’intérêt du nœud borroméen, c’est que c’est une façon d’écrire le RSI… Il y a trois ronds qui s’attachent et au milieu il y a un trou : c’est le petit a… Lacan nous fait une démonstration qui a duré, qui dure, qui est une vraie monstration, c’est-à-dire qu’il se collette avec le Réel, il s’emmêle, je dirais même qu’il y met une certaine complaisance et je pense que c’est une leçon… »

En effet c’est Mme Mouchonnat qui comprend en profondeur l’esprit de cette leçon : c’est dans le temps circulaire qu’on est perdu et pas toujours pour notre bonheur. Le temps circulaire est une prison. Nul ne peut échapper à ce temps. Les philosophies, les religions, les politiques prétendent nous faire échapper à cette prison du temps mais c’est pour nous faire entrer dans une éternité de conservation, c’est-à-dire une sous éternité sous condition, encore plus déprimante, encore plus aliénante, encore plus prison. Alors que la joie du temps irréversible est immédiatement et continuellement à la portée de n’importe qui, fut-il SDF. Le temps irréversible fait que toute chose est nouvelle à chaque fois, que tout moment est unique, « qu’il y a de l’un », comme dit Lacan. Mais ne vous y trompez pas, il s’agit là du un d’Héraclite. C’est le un de chaque instant qui est instant unique non seulement par rapport à tous les présents, mais aussi par rapport aux passés les plus passés et au futur futur de tous les futurs. Chose curieuse, les biologistes confirment ça. L’instant insaisissable du temps, il est un, il est vierge. C’est le un du ça, l’irréversible réel.

Le mot réel ça donne leer à le lire à l’envers, nous dit Lacan. Leer en allemand veut dire vide : le réel, le temps c’est la poussée du vide, ou, comme disent les physiciens : « le vide est une poussée ». Mais ce n’est pas le vide creux de l’espace ordinaire qui est une poussée c’est le vide du temps qui lui est une poussée. Dans le vide de l’espace on chute, dans celui du temps on est soulevé comme par une danse.

Lacan dans cette leçon dessine une bande de Möbius au tableau. « Ce qui la caractérise, dit-il, c’est qu’elle a des bords… ». Certes, on voit des bords, qu’est-ce que cela implique ? Les bords désignent la jouissance. « La jouissance est seulement une question de bords », dit Lacan. Or dans la bande de Möbius, justement, il n’y a pas de bords, ou d’arêtes. Möbius, le mathématicien qui, en 1861, invente cette bande à une dimension qui le fera passer à la postérité a bien précisé le théorème qui la définit : Sommets, plus faces moins arêtes = surface à une dimension : plus de face ni de dos. Si la sexualité, comme dit Lacan, c’est ce qui se répartit d’un côté à l’autre du bord, la surface de Möbius figure donc la négation de la jouissance. Elle est comme un moi, pulsion de conservation, qui serait horrifié par la jouissance, ou qui y renoncerait en faveur d’un « plus de jouir » proposé par le surmoi et qui du même coup deviendrait perverse comme la Justine de Sade à son bord défendant.

Si je vous montre une surface de Möbius avec une bande de papier ou en la dessinant je suis contraint de faire apparaître les bords. Il faut que vous imaginiez qu’ils n’existent pas. Sinon, nous verrons facilement la face et le dos : Ici la face, là le dos. Ce qui prouve qu’il n’y a pas de face sans dos ou de vie sans jouissance. Y a t il quelque chose sans bords ? Le tore n’a pas de bords puisqu’il tourne. C’est un anneau. Pourtant si on l’aplati, souligne Lacan « ça fait une surface avec bords. C’est même pour ça que le tore peut servir à faire une bande de Möbius. Mais on peut gonfler cette surface, auquel cas ça refait un tore. »

Si on aplatit une bande de Möbius on trouve trois croisements comme sur un nœud premier : on en fait un nœud premier. Tore, bande de Möbius et nœud premier ne sont finalement que des changements de présentation du même nouage. Voilà ce que montre Lacan. Souvenons-nous qu’en topologie une tasse à thé et un doughnut, c’est-à-dire un tore, sont indiscernables puisqu’ils ils sont composés l’un et l’autre de deux trous.

« La topologie est exemplaire, s’extasie Lacan, car elle permet dans la pratique de faire un certain nombre de métaphores. Il y a une équivalence entre la structure (de la métaphore) et la topologie ». La métaphore, rappelons le, consiste, en psychanalyse, à indiquer le même sens mais avec des mots différents. Exemple au lieu de dire « vieillesse » on dit « le soir de la vie ». La métonymie au contraire utilisera le même mot mais dans des sens différents. Exemple le mot « truc » peut avoir des sens complètement différents, comme le mot camembert ou autre. Camembert ce peut être la ville, le fromage ou un graphique de statistique.

Qu’est-ce que la topologie ? C’est « la connaissance des lieux », dit-on généralement. C’est ce que Leibnitz en 1669 a défini pour désigner une nouvelle branche des mathématiques sous le terme latin d’analusis situs, « analyse de la place ». Cette branche des mathématiques, avec Euler, depuis 1750, désigne l’étude des invariants dans les processus de modifications continues, ce qui entraîne, en mathématiques, différentes définitions : topologie, faible, topologie quotient, topologie forte, topologie produit, etc.

Mais, en psychanalyse, avec Lacan, la topologie va désigner autre chose. Elle va soumettre les lieux (topos) au discours (logos). C’est-à-dire qu’ici c’est la parole (logos) qui produit l’espace (topos). La topologie lacanienne c’est le discours du temps qui produit l’espace. Concernant le topos, nous ne sommes plus dans l’espace physique, mais dans la rhétorique. Car il n’y a pas de lieu qui ne soit pas produit de la parole. Pas de connaissance sans paroles ou discours inconscients. Ce discours (logos) produit les cours des nouages de toute connaissance. C’est en cela qu’il y a correspondance entre la structure de la métaphore et la topologie, c’est en cela que la métaphore est topologique par ses nœuds. On raconte qu’un psychanalyste, polytechnicien, vit Lacan faisant des nœuds avec des petites cordes. Que faites-vous, demanda-t-il ? Je fais de la topologie, répondit Lacan. Mais ce n’est pas ça la topologie, s’écria le mathématicien, ça n’a rien à voir avec des bouts de ficelles, permettez, je vais vous expliquer… Évidemment ce psychanalyste polytechnicien ne vivait pas dans la même dimension, dans la même zone d’autonomie temporelle que Lacan.

Temps a pour étymologie « tem » qui signifie couper. Par la coupure du temps nous ne sommes pas le même qu’il y a un an, le même qu’hier, le même qu’il y a une heure, ou même une seconde. On peut s’exercer facilement à ressentir ce réel. C’est régénérateur. En effet, l’inconscient ça coupe. Mais ce n’est pas une coupure comme dans l’espace ou dans la matière, qui est une perte. Dans le temps, comme dan le langage, la coupure est ce qui engendre les possibilités de combinaison des nouages.

« Le complexe de castration inconscient a donc une fonction de nœud », nous dit Lacan dans « La signification du Phallus » (Écrits, p. 685). Cela resterait un mystère si nous ne savions pas que l’inconscient est le temps. « Le transfert, le transfert lui-même, est une relation essentiellement liée au temps et à son maniement », explique Lacan dès 1954. L’inconscient est le temps réel, par rapport aux temps des horloges, des montres et autres sabliers. Il n’y a pas de temps réel qui serait mesurable parce que le réel est sans mesure. Le sans mesure c’est ce qui permet d’imaginer différentes mesures, et pour ainsi dire à l’infini. Le sans mesure produit les conditions de possibilités des zones autonomes de temporalité qu’on pourrait appeler la brillance, les fleurs ou « l’or du temps ».

Que sommes-nous sinon du temps et de la parole, métaphore ou métonymie. Le reste de nous-mêmes n’est qu’un sac de peau avec deux ouvertures principales remplis d’impuretés diverses.

Dans la topologie des nouages du temps passé, présent, futur forment un nœud premier (voir dessin). Le nœud premier est un point. Qu’est-ce qu’un point ? Un point, dans le temps, c’est ce qui se serre. Et ce qui serre est un nœud. Quand le nœud est très serré on ne voit plus qu’un point, mais c’est un nœud. C’est comme dans les films d’espionnage où sur un point, dans une lettre banale, sont dissimulées des informations essentielles. Avec la topologie des nœuds nous brisons la géométrie statique des choses et de l’espace physique en faveur de la dynamique pulsionnelle des temps : Le futur se métamorphose en passé. Qui n’en a pas déjà fait l’expérience ? Le présent ne se saisit qu’au passé. Le passé se métamorphose en futur au profit d’un présent surprenant ou en présent pour un futur inattendu. Les nœuds changent donc de figures tout en dissimulant leurs nouages. Il y a un X qui restera toujours inconnu, comme disent les mathématiciens. X, par ailleurs, ça se prononce Ics, acronyme qui désigne le système inconscient à la différence du mot inconscient qui désigne le ça dans le même système.

Qu’est-ce que le présent ? C’est ce qui se donne. Or, il y a un présent du présent qui est inconnaissable, ou plus justement inconscient. De même qu’il y a un passé du passé tout aussi inconscient et un futur du futur par essence inconscient pour conditionner tous les futurs. Le mot futur a pour étymologie « croître ». Phuein en grec c’est « faire naître, faire pousser », d’où phusis, « l’action de faire naître ». Phusis c’est aussi la nature. Phusis a donné physique et métaphysique. Avant, il n’y avait que le temps. En tout cas, l’inconscient c’est le passé, le présent, et le futur qui, telles les pulsions de Freud, 1) se refoulent, 2) s’inversent en leur contraire, 3) se retournent sur elles-mêmes ou 4) se subliminisent. L’inconscient est le nœud invisible, le point triple du temps.

De plus, le temps parle. Le temps parle du premier cri au dernier soupir. Il dit, en quelque sorte, « j’étais déjà là », « je suis obstiné, je persévère, même quand toutes les montres s’arrêtent, je continue ». Il continue avant et par delà les horloges biologiques, atomiques, et autres mesures. « Je suis obstiné je persévère », furent aussi les dernières paroles de Lacan, sur son lit de mort en 1981. C’est que la parole a toutes les caractéristiques du temps, nous a montré Saussure, puisqu’elles se déroule dans le temps. Mais, inversement le temps a toutes les caractéristiques de la parole. Le temps parle. La mort parle, la vie parle, le non-créé parle.

Dans la mythologie le temps se met en quatre pour parler. Il s’exprime par les quatre figures des générations mythologiques qui sont 1) Chaos, 2) Ouranos, 3) Chronos et 4) Zeus. Le temps réel, le temps du ça, le temps irréversible, le temps inconscient est celui de Chaos. « Etoi men protista Chaos genet » : « En vérité, ce qui est certain, c’est que tout d’abord Chaos, le vide devint », nous dit Hésiode. C’est un devenir si rapide dans ses métamorphoses qu’on le nomme l’abîme ou le vide. C’est le temps d’avant toutes les mesures le présent comme don qui produit toutes choses. Puis vient le temps météorologique d’Ouranos, le ciel étoilé. La météorologie ça parle. Meteorizein, en grec, signifie « lever en l’air ». Cette élévation ne s’applique-t-elle pas à ces bulles que sont les paroles ? Ouranos figure le temps du passé. Il conserve, comme le passé et les mots conservent ce qui a été. Il conserve ses enfants dans les entrailles de sa mère, la Terre, Gaïa, qui est également sa femme. Il les retient tous, à aucun il ne laisse voir le jour qui pourrait le libérer. Le ciel est le couvercle de l’interdiction. Mais, surgit bientôt le temps de la mesure : Chronos. Sur les instances de sa mère le dernier des fils d’Ouranos castre son père : Voilà le temps chronologique. Temps a bien pour origine « tem » qui veut dire couper. Puis, enfin, en apothéose, surgit le temps retrouvé, ressaisi dans toute sa puissance, le temps du désir comme surabondance, le temps vivant de Zeus (zao, c’est la vie). C’est le temps de la jouissance des choses. Le temps de « l’objet petit a » au centre même du nœud borroméen. L’objet petit a c’est l’ob-jet, le jaillissement devant qui cause les désirs et produit les fantasmes. C’est le ça enfin devenu sujet, tel Zeus, souverain suprême des dieux et des hommes, en tout cas de tout le système inconscient. « Wo Es war soll Ich werden », disait Freud : « Là où fut ça, le sujet doit advenir ». Si l’ob-jet petit a est temporel il n’est jamais mesurable en durée. C’est l’instant qui se dissout dans l’acte même d’apparaître où il se constitue. Zeus le figure admirablement.

Le mot mythe est composé de deux mots qui signifient parole : muthos et logos. C’est donc la parole dans la parole. La mythologie n’est pas une succession de figures plus ou moins drôles, stupides ou cruelles. Au contraire c’est une contre histoire, une histoire fondamentale qui se déroule dans les dimensions les plus secrètes de notre langage, même le plus savant. Car dans toute parole qui se répète il y a une parole qui ne se répète pas parce qu’elle est unique. Or, c’est elle qui parle vraiment. C’est ce que dit aussi Lao tseu : « La véritable parole est autre que la parole exprimée ». Ainsi, à considérer que l’inconscient est le temps nous pénétrons plus facilement, les concepts de la psychanalyse. Prenons par exemple chez Freud « Pulsions et destin des Pulsions ». Lacan dit de la pulsion : C’est « une topologie dite de bords qui explique le privilège des orifices ». Des trous. Ici c’est le trou qui précède ses bords. Le trou est la poussée et les bords sont les pulsions, leurs sources, leurs objets et leurs buts.

Premier destin de la pulsion : Le refoulement. Le moi refoule le ça, c’est-à-dire, en terme temporel, le passé refoule le présent ou le présent le passé ou le futur le passé etc. Deuxième destin : Le retournement en son contraire : Le futur se retourne en son contraire : Le nouveau devient ancien, le chaud devient le froid, le mal devient le bien, la vérité l’erreur et inversement, etc. Tout, avec le futur, se transforme en son contraire. Troisième destin : le retournement sur soi. Le présent se retourne sur lui-même. Penser le passé ou le futur c’est les rendre présents, c’est-à-dire constater que le présent se retourne sur lui-même, se raboute à lui-même. Quatrième destin : la sublimation. Le temps peut être sublimé, selon le double sens que nous avons abordé avec l’énigme de l’éternel retour nietzschéen, toujours identique ou toujours différent.

Dans la perspective de l’inconscient comme temps nous pouvons ainsi revisiter avec profit les grands concepts de la psychanalyse et nous éviter bien des piétinements, impasses et contresens.

Revenons à notre nœud borroméen de la première topique : le ça, le moi et le surmoi. Ces trois zones correspondent au réel, imaginaire et symbolique de Lacan. Dans la perspective temporelle ils correspondent au présent, passé et futur.

Qu’est-ce que le ça ? Qu’est-ce que ce présent d’un « je ne sais quoi » dont j’ignore le nom ? « À l’origine tout était ça », nous dit Freud. Qu’est-ce donc que l’origine ? L’origine c’est le commencement et le commencement ce n’est pas le début : Le début c’est spatial et physique. Le commencement est le temps. Il n’y a donc pas de commencement du commencement. Le début passe et s’oublie tandis que le commencement accompagne les choses dans toutes leurs métamorphoses et par préférence celles du moi et du surmoi lesquels ne constituent leur mobilité que par différenciation du ça. Le ça est le présent créateur par surabondance de pulsions. Il en projette partout et continuellement. Freud le compare au Chaos où bouillonnent une infinité de pulsions contradictoires. Si ne nous sommes dominé que par le ça nous sommes dans la psychose, ou pour le moins dans la mélancolie, la dépression, la dévalorisation de toutes les valeurs, tout se réduit au négatif sous le rouleau compresseur du ça, d’un Chaos qui nous met K. O. à chaque fois. Le ça est alors comme l’a vu Nietzsche : « le poids le plus lourd », le poids insupportable, le poids mortel du présent toujours le même. Le présent de l’attente et de la douleur. Mais, « Wo Es war soll Ich werden » dit Freud : Là où fut le ça, c’est-à-dire le poids le plus lourd, la parole qui fait parler le ça fait jaillir le Ich, le sujet du système inconscient. C’est l’instant prodigieux du « Gai savoir ». Le temps de Zeus. Le temps irréversible d’un présent qui danse.

Le ça (Es) est un concept de Nietzsche que Groddeck lui a emprunté dans « Le livre du ça » et dont Freud s’est servi pour fonder le système inconscient de sa deuxième topique. Rien ne peut s’agripper à l’instant. Il est insaisissable.

Le temps du moi. Le temps du moi c’est le passé. C’est la poubelle. Dès qu’on veut saisir le présent il est déjà passé. Le moi ne se définit que par le passé. Notre corps était déjà là avant qu’on ne dise moi, de même que notre esprit et notre langage. Les mots étaient déjà là comme le monde. Le moi ne se définit que par ce qu’il a été, ou ce qu’il a fait. Dans le borroméen la zone du passé domine la zone du moi, ou zone du présent. Quand on nous demande qui nous sommes. Nous répondons d’où nous venons : Moi, je suis du Midi – Mais le Midi était déjà là avant que j’apparaisse, le Midi et aussi le minuit. Nous sommes l’enfant de parents qui étaient déjà là avant nous, comme leurs parents étaient avant eux. Nous sommes ce que nous avons fait comme études. Mais l’objet de nos études existait bien évidemment avant nous, etc. Quel que soit ce que nous avons fait, ou manqué, nous sommes du passé. Voyons plus loin : nous sommes déjà morts puisque nous devons mourir. Nous ne nous référons qu’à des tombes. Nous ne nous conservons jamais que comme des tombeaux, que comme des momies. Les animaux dont nous venons étaient déjà là. Eux-mêmes viennent des végétaux qui existaient avant eux. Les végétaux son issus des minéraux qui les ont précédés. Les minéraux surgissent du temps et le temps du temps qui l’a précédé.

Il est plus commode de considérer qu’il y a un moi conscient et un moi inconscient, un passé conscient et un passé inconscient, que de dire que le moi est en partie conscient et en partie inconscient. Selon Freud le moi se présente avec une « calotte acoustique ». Il est donc sensible aux mots. Il n’est même fait que de mots. Le moi est un « mot a », oserons-nous dire. L’accès que l’homme a de son corps s’appuie sur le passé, d’où les aspects de mirage, d’illusion et de duperie du moi qu’a relevés Lacan. Le moi refoule le ça. Il est le siège principal des résistances au ça. Contrôlé par le Surmoi, il censure. Ses identifications relèvent de l’imaginaire. Il ne se construit qu’à l’aide de miroirs. L’autre est son miroir. C’est ce que Lacan a appelé « le stade du miroir ». Le passé, le moi, est constitué d’images de ce qui fut présent. Ainsi, les miroirs réfléchissent-ils mal puisque ce qu’ils réfléchissent n’est déjà plus. Mais le moi tient à ses passés et à ses images comme un chien à son os. Si par instant on cherche à le lui enlever il devient agressif et méchant. Ainsi le moi se sent toujours menacé. Il se plaint et il pue pour défendre l’enclos de ses ruines. Le passé, le moi, se moquent du présent qui ne possède rien. Ils affirment leur position en s’opposant à lui. Freud les désigne par « l’instinct de mort ». Si le ça, l’instant, le présent, le plaisir, sont la pulsion de vie, le moi est pulsion de mort. Le moi est ce qui se tient dans son miroir au plus proche de la mort comme l’évoque le mythe de Narcisse.

Le moi fait l’autre. Le moi est un autre. Le moi a toujours un autre moi, comme les oignons une autre peau. Quoi que dise le moi c’est toujours au nom d’un autre qu’il appuie sa légitimité. C’est qu’il évite toujours son propre désir en le présentant comme le désir de l’autre. Le désir du moi est le désir de l’autre est la formule qui exprime ce rapport mortel que le moi entretient avec lui-même et qui fait que dès qu’un sentiment est le sien il commence d’abord par l’annuler. Je suis, dit le moi, le passé qui conserve toutes choses, au nom de toutes les tombes. Le moi est la chute dans le temps, dans le temps spatialisé.

Le futur est le temps du surmoi. Il y a la peur du futur, l’angoisse du futur, la mort qu’il apporte avec lui. Il annonce le jugement dernier qui jugera tous les moi. Le futur a le pouvoir de changer le passé c’est-à-dire le moi. Qui aura le dernier mot, le futur ou le passé ? Interprétation. C’est que le surmoi est porteur, réel ou fictif, des valeurs de supériorité et d’idéal. Le surmoi et l’idéal du moi peuvent se confondre parce que, pour le moi, l’idéal n’est accessible que par des processus de contraintes et d’interdictions. Si tu veux vivre longtemps tu dois faire ce que je dis, annonce le surmoi, tu dois parler correctement et non pas n’importe comment comme le ça. Le surmoi propose « un plus de jouir » qui commande de renoncer à la jouissance du ça. Il invente la jouissance sous condition. C’est ce qui fonde le mythe d’Œdipe. L’Œdipe, c’est ce qui relève de l’impureté du langage. Si tu veux vivre longtemps il ne faut pas dire, faire, ou penser n’importe quoi, ordonne le surmoi au moi. Tu dois censurer, tu dois t’interdire. L’inceste est interdit, en pensée en acte et en omission. Pas de ça ! Œdipe commettra pourtant à son insu les pires « impuretés » par simple retour du refoulé. Qui, dans le présent, le passé ou le futur pourrait échapper aux erreurs de langage ? Le linguiste Chomsky, le philosophe Wittgenstein ? Comment pourrait-il y avoir un futur sans présent c’est-à-dire un discours sans erreurs ? Le futur est dominé par la ceinture du présent comme on le voit sur le borroméen.

Le futur comme son étymologie le montre, « fait croître », « fait pousser et grandir » mais quoi ? La perte ou le gain ? Si nous le concevons comme statique il est le poids le plus lourd, un mur infranchissable et gluant, mais si nous le prenons comme dynamique il n’est plus qu’un nom, qu’une vibration de l’air dont on peut se servir à notre convenance. S’affranchir du surmoi statique c’est s’affranchir du désir en tant que manque au profit d’un désir libéré de l’idéal paternel, des idée éternelles et autres interdits.

Le ça, autrement dit le présent, a une triple face puisqu’il relève du temps. Il est tout à la fois unique, ancien et nouveau. Il joue cyniquement de toutes choses bien qu’en toute rigueur il ne possède rien. « Je ne sais qui je suis, chante-il, je ne sais d’où je viens, je ne sais où je vais, à peine émerveillé de me sentir si heureux ». Comme dit Lacan, « le sujet de l’inconscient est heureux » (Écrits, p. 41).

Le passé, le moi, possède également trois faces : destruction, croissance toujours négative et conservation. On peut se le figurer tenant en main avec une bride d’or de vieilles rosses de souvenirs qui ne peuvent tenir debout et qu’il prend pour de jeunes et de fringantes espérances.

Le futur se montre aussi sous trois faces : la mort, le renouvellement et l’inattendu. C’est une canaille car il ne tient jamais les promesses qu’il a pourtant la capacité de réaliser.

L’objet petit a, c’est le jaillissement (jet) devant (ob), c’est-à-dire au centre du borroméen, qui anime et transfigure les trois dimensions du temps, ce qui engendre l’infinité des situations que l’on peut rencontrer comme autant de zones d’autonomie temporelle.

Lacan a une formule illustrée pour désigner la triade, du ça, du moi et du surmoi. Le ça est le cynique. Le moi un débile et le surmoi une canaille. Trois drôles de mousquetaires en quelque sorte, où le rôle du petit a serait tenu par d’Artagnan. C’est pourquoi Lacan préfère utiliser les termes de Réel, Symbolique et Imaginaire. Mais le réel n’est-il pas cynique, l’imaginaire débile (pensez à la télé) et le symbolique une canaille ?

Nous verrons la prochaine fois l’objet petit a. Nous reviendrons bien sûr la topique du ça, moi et surmoi afin de mieux les approfondir et les utiliser. Bien sûr, nous n’avons pas été exhaustif. Mais, concernant le temps, comment pourrait-on être exhaustif ? Nous poursuivrons notre lecture de « La topologie et le temps ». Naturellement, vos questions, vos remarques vos suggestions et vos contributions à la question du temps seront les bienvenues.

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