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L. Moreau

Viol

Les aberrations du sens génésique (1887)

Date de mise en ligne : samedi 11 août 2007

L. Moreau, « Viol », Les aberrations du sens génésique, Éd. Asselin et Houzeau, Paris, 1887, pp. 258-275.

PERVERSION GÉNITALE ABSOLUE

3° Viol [1]

Nous n’avons pas ici à étudier le viol au point de vue matériel, au point de vue physique, mais simplement au point de vue moral de celui qui s’en rend coupable. Aussi renvoyons-nous pour la première partie aux auteurs spéciaux qui ont traité de cette importante question et en particulier à l’ouvrage du professeur Tardieu sur les attentats aux moeurs.

L’histoire du viol, de cet attentat monstrueux, de ce crime abominable qui de nos jours infecte tous les degrés du corps social, se lie à la psychologie de l’homme qui ne relève que de son instinct, qui n’obéit qu’au sentiment d’une intelligence pervertie, qui le plus souvent subit la loi fatale de l’hérédité, ainsi que le prouve l’exemple suivant :

— Un malheureux père, A. de M… a eu la douleur de voir son fils aîné, à peine âgé de 16 ans, violer sa cousine et la tuer après lui avoir fait subir des traitements atroces. Dernièrement son second fils tentait aussi de violer une petite fille, et la pauvre enfant ne dut son salut qu’à l’arrivée subite de plusieurs personnes accourues à ses cris. Ces deux jeunes gens ont rendu compte à la justice de leur conduite ; mais la peine prononcée dans les deux cas a été atténuée, parce que l’instruction a prouvé que ces enfants subissaient l’influence d’une folie héréditaire [2].

Après une étude attentive des faits, on peut dans ces criminels qui attentent à la pudeur établir trois classes principales parfaitement distinctes :

1° Les uns commettent un viol comme certains impulsifs assassinent sans préméditation, ex abrupto : la circonstance qui les a ravis à leur libre arbitre a été impérieuse et subite.

2° D’autres ont calculé leur crime, ont soudoyé des séides et ont volontairement accompli leur forfait, sans l’excuse d’une propension irrésistible et indomptée.

3° Enfin d’autres attentats sont commis par des aliénés ou par de véritables brutes, par des êtres qui n’ont d’hommes que le nom.

Nous allons rapidement passer eu revue ces différentes classes :

Les faits qui ont donné lieu à des constatations médico-légales ont presque toujours révélé chez leurs auteurs un trouble dans le fonctionnement normal de l’intelligence. Ce sont des imbéciles, des idiots, des déments, des individus à la période prodromique d’une affection mentale non encore caractérisée [3].

La salacité est, on le sait, l’apanage de ces disgraciés de la nature. Très portés à se livrer à des penchants solitaires et repoussés le plus souvent des personnes du même âge qu’eux, ils choisissent par faiblesse et par timidité des jeunes enfants ou des vieillards incapables de comprendre la portée de l’acte dont ils sont victimes ou de résister à la brutalité de leur agresseur.

Chez eux, le viol se commet généralement à l’âge où les organes génitaux sont dans toute leur puissance. La nature demande â être satisfaite : sans calculer le résultat, sans chercher le plus souvent à se cacher, un enfant, une femme, se présentent à leurs regards, ils assouvissent bestialement leur appétit.

— Le jeune T…, âgé de 15 ans, doué de mauvais instincts, sans asile, sans ressources, fut recueilli par un sieur G…, chiffonnier, père d’une petite fille âgée de 8 ans. Hier, après s’être absenté une partie de la journée, G… rentra chez lui et trouva sa fille tout en larmes. Celle-ci avoua à son père qui l’interrogeait qu’elle avait été victime de la bestialité du jeune T…

T…, qui s’était enfui, a été arrêté et livré à la justice [4].

— J. B…, 2 ans, terrassier, d’une intelligence au-dessous de la moyenne, a commis un attentat inouï à Saint-Georges-sur-Eure, sur la personne d’une enfant de 4 ans. Le misérable, qui avait entraîné la pauvre petite dans une grange de l’auberge où il logeait, a pris la fuite aussitôt.

B… n’échappa pas longtemps aux recherches et tomba bientôt entre les mains de la justice [5].

— Le parquet a ouvert, à Thélus, une enquête sur un crime inouï.

Il s’agit d’un viol consommé par un homme de 30 ans sur la personne d’une femme de 82 ans, sa grand’ tante.

Pour accomplir ce crime aussi odieux qu’invraisemblable, le coupable a dû s’introduire dans la maison de sa victime à l’aide d’effraction et d’escalade [6].

Mais à côté de ces viols commis par des êtres dont l’état mental morbide ne fait un doute pour personne, il est d’autres individus, qui jusque-là n’avaient donné aucun signe d’aliénation, pris d’une rage subite, se ruent, comme on proie à une véritable manie instinctive, sur une malheureuse enfant, puis, l’acte commis, une détente se produit, et l’infamie de leur action leur apparaît dans toute son horreur. Quel est le phénomène psychologique qui se passe alors chez eux ? quelle en est la nature ? on n’en sait rien : on le constate, voilà tout.

— Un horrible crime.

Le crime dont il s’agît a été commis par un photographe assez connu.

Il recevait avant-hier la visite d’une petite fille d’une douzaine d’années.

Une sorte de soudaine fureur bestiale le saisit et, s’élançant sur la pauvre enfant, il la bâillonna et l’attacha.

Puis, abusant lâchement de sa force, il lui fit subir les derniers outrages. Son crime commis, il laissa la pauvre petite s’échapper.

Deux heures après, sur la plainte des parents, il était arrêté et écroué au dépôt [7].

— R…, condamné pour viol, est sans portée intellectuelle. La manie solitaire a flétri sa jeunesse et retardé son développement d’homme robuste.

À 15 ans, il épuisait sa vie avec une de ses parentes.

Forcé de travailler pour vivre, il se mit en domesticité chez un fermier aisé. C’est là que, travaillant aux champs, il vit venir à lui la fille du maître lui apportant son dîner. Cette vue alluma soudain ses désirs. Il se sentit, dit-il, l’enfer dans la tête, un poids de cent livres de plomb fondu à la nuque. Il courut vers la jeune fille et assouvit sans peine sa brutalité.

La cour d’assises a admis des circonstances atténuantes, et ne l’a condamné qu’à cinq ans de fers [8].

Ce qui est plus triste encore, c’est de voir que les liens du sang, loin d’opposer une barrière à ces coupables, à ces maladifs entraînements, ne servent que trop souvent à les favoriser.

Des pères abusent de leurs filles, des frères de leurs soeurs, des fils de leurs mères !

— Il est des crimes si épouvantables, si hideusement infâmes, qu’on ne sait vraiment comment en présenter le récit. Tel est celui qui a été commis hier au passage d’lsly.

B…, employé dans une filature, avait une fille de 9 ans, fort jolie et très intelligente. Il l’a livrée à deux de ses compagnons d’atelier et tous trois se sont portés sur elle aux derniers outrages.

L’instruction a démontré que ce crime a été répété pendant huit mois, jusqu’à ce que la pauvre petite fille tombât malade et mourût [9].

— Dans le courant du mois de janvier dernier, le parquet de Sables fut informé que le sieur Berthaud, âgé de 51 ans, journalier à la Bertholemère, commune des Poireux, entretenait depuis longtemps des relations incestueuses avec trois de ses filles. Cette monstrueuse situation était connue de sa femme : mais, pas plus que ses filles, elle n’osait dénoncer son mari, dont elle redoutait les violences.

Ce ne fut qu’au commencement de janvier que les deux filles aînées se décidèrent à porter plainte au maire de leur commune afin de mettre un terme aux indignes traitements dont elles étaient victimes.

Une information fut ouverte et le scélérat mis en état d’arrestation. Après avoir essayé de nier ses odieux attentats, il se vit bientôt contraint par l’évidence de faire des aveux partiels. Il reconnut avoir satisfait sa lubricité sur ses trois filles, mais il soutint qu’aucune d’elles n’avait opposé de résistance à ses coupables désirs.

Les trois jeunes filles ont au contraire déclaré toutes avec la dernière énergie que leur père n’a triomphé d’elles qu’à l’aide de menaces et de violences.

L’une de ces malheureuses a eu un enfant à la suite de ces honteuses relations, et une autre est encore aujourd’hui enceinte des oeuvres de son père.

B… a été condamné aux travaux forcés à perpétuité [10].

— M. F…, 45 ans, est marié en secondes noces et père de vingt et un enfants légitimes.

F… a une fille de 29 ans, dont il a abusé depuis quatre ans, rendue mère, et a fait disparaître sa grossesse au moyen de manoeuvres abortives. Il y a cinq ou six ans, F…, dont les odieuses passions n’ont aucune borne, déclara à sa femme qu’il prenait sa fille pour maîtresse. La femme, à demi abrutie, avait consenti à toutes les fantaisies de ce monstre, et la fille partagea le lit de ses parents. La plume se refuse à tracer les scènes d’immoralité qui eurent lieu, scènes dont la mère prenait sa part, encourageant sa malheureuse fille à l’imiter. Après maintes péripéties, F… fut arrêté. Il ne parait pas se douter de l’énormité du crime qui lui est reproché ; confronté avec sa femme et sa fille, il a donné la preuve qu’il manque absolument de sens moral.

L’enquête a de plus établi que ce triste individu, indépendamment de sa famille légitime, a eu quarante enfants illégitimes.

Ce fait se passe de tout commentaire. L’instruction révélera la valeur intellectuelle de M. F… [11].

— Un garçon boucher de la commune de Bégard, âgé de 20 ans seulement, a été arrêté en flagrant délit de tentative de viol sur la personne de sa jeune sœur âgée de 8 ans !

Ce n’était pas du reste la première fois qu’il assouvissait sur elle sa passion bestiale : il a fait aussi à plusieurs reprises des propositions odieuses à une autre de ses sœurs âgée de 10 ans. Sur leur obstiné, il chercha à les obtenir par la force. Une surveillance sévère, l’éloignement de ces pauvres petits êtres, empêchèrent le renouvellement de pareils actes, et on pouvait croire le satyre dompté, quand, le 1er janvier dernier, il se livra au crime le plus abominable : il s’introduisit dans le lit de sa mère et, comme celle-ci faisait des efforts pour repousser ses attaques, lui serrant la gorge, comprimant sa bouche, lui brisant les dents, l’étreignant de toute l’énergie de la force herculéenne dont il est doué, il la viola !

La malheureuse veuve, âgée de 46 ans, a pendant toute une nuit subi ses cruautés et ses incestueux outrages.

Le lendemain, des voisins lui ayant fait reproche de sa vilenie, il entra dans une colère furieuse et les frappa. Alors on voulut en finir avec ce forcené et la gendarmerie fut appelée.

Elle n’était pas encore arrivée que déjà cet insensé avait commis une nouvelle atrocité.

Il avait enlevé sa plus jeune soeur âgée de 8 ans, s’était enfui avec elle dans une étable à porcs, et, l’ayant couchée dans l’auge, il cherchait à la soumettre à ses féroces convoitises.

C’est au milieu de cette tentative odieuse que les gendarmes le surprirent ; mais il ne se rendit point, et menaçant, frappant, mordant ceux qui l’arrêtaient, il fit des efforts désespérés pour achever son oeuvre.

Condamné, dès l’âge de 14 ans, pour des faits semblables sur une de ses soeurs, à être détenu dans la maison de correction de Langonet, il en était sorti en mars 1875.

Ce jeune homme, d’une force peu commune, était redouté de tout le monde, et proférait des menaces de mort contre toutes les personnes qu’il rencontrait.

Il a été condamné, sans circonstances atténuantes, à vingt années de travaux forcés et vingt années de surveillance [12].

Le mariage lui-même, la paternité, qui imposent à l’homme de si sacrés devoirs, ne sont pas un obstacle à l’appétit génésique de certains individus.

D’après les statistiques, les hommes mariés figurent presque en nombre égal à celui des célibataires dans les tables de la justice.

— C’est une épidémie :

Encore un de ces abominables forfaits vient d’être accompli dans une commune voisine de celle où a été assassinée la jeune Gouzin.

Une petite fille de 6 ans et demi, Marie P…, se rendait, il y a quelques jours, du village de Braie, où habitent ses parents, à l’école communale de Bois-le-Roi, lorsqu’elle fit la rencontre d’un habitant du pays, nommé B…, qui l’attira par diverses promesses dans un champ.

Une fois là, le misérable se précipita sur l’enfant, la renversa et se livra sur elle à un odieux attentat.

L’enfant pleurant, appelant au secours, B… lui comprimait la bouche avec sa main.

Déjà la malheureuse victime, brisée, étouffant, ne paraissait plus donner signe de vie, lorsque le bruit d’une voiture se fit entendre sur la route. Le misérable prit peur et il s’enfuit : la petite Marie se releva aussitôt et, toute tremblante, en désordre, tout en larmes, elle courut de son côté jusqu’à l’école. Là elle raconta ce qui venait de lui arriver.

B… fut mis le soir même en état d’arrestation et conduit à Fontainebleau. L’auteur de cet horrible forfait est âgé de 54 ans, propriétaire, père de deux enfants dont l’un est marié [13].

On a vu également le viol commis sous l’empire de l’ivresse. Souvent alors ce n’est plus un homme seul mais une bande d’hommes véritablement en délire qui se ruent sur leur victime pour assouvir une passion brutale née dans les fumées du vin.

— Un crime qui ferait croire au recul de la civilisation s’est passé dans le canton de Tournon, au village d’Eclassan.

Dans la nuit du 1er au 2 mai, cinq jeunes gens de 19 à 25 ans, tous appartenant à des familles de cultivateurs riches et aisés, au sortir d’un dîner, pénétrèrent, au moyen de l’effraction de la porte d’entrée, dans le domicile d’un habitant de la localité, avec le projet arrêté d’avance de violer la domestique âgée de 18 ans. L’un d’eux, le plus familiarisé avec les êtres de la maison, se dirigea vers la chambre de la jeune fille, laquelle, entendant du bruit et pressentant sans doute un danger quelconque, s’était réfugiée au grenier.

Poursuivie dans ce lieu et bientôt atteinte, puis réduite à l’impossibilité de pouvoir se défendre, la malheureuse enfant fut descendue, les membres liés, à l’étage inférieur. Là, les cinq jeunes gens tirèrent au sort et la jeune fille dut subir successivement les derniers outrages [14].

— La femme B… était allée à Valauris pour effectuer un payement. Le soir elle repartait à pied pour Cannes, accompagnée de deux femmes et d’une petite fille de 12 ans.

À la chapelle Saint-Sébastien, elles furent assaillies par une bande de jeunes gens, en état d’ivresse, qui se mirent à leur lancer des pierres en criant : « Nous voulons la femme ! » Puis la moitié de la bande va barrer le chemin aux promeneuses. « Enlevons-la, enlevons-la ! » crient-ils encore, et, joignant l’action aux paroles, ils saisissent la femme C… et la traînent sur le chemin.

Là commence une série d’outrages que nous ne voulons pas énumérer et que l’on est surpris d’avoir à constater dans un pays civilisé.

La malheureuse femme criait « Au secours » de toutes ses forces. Un des jeunes gens, craignant que ses cris n’attirassent quelqu’un, met sa main sur la bouche de la victime. Mais la lutte avait épuisé C… qui s’évanouit ; elle-même ne peut plus se souvenir de ce qui se passa alors. Elle reprit ses sens le lendemain matin dans une ferme où elle avait été transportée.

« Nos renseignements particuliers, dit la Gazette des tribunaux, nous autorisent à affirmer que la bande qui s’est rendue coupable de ce monstrueux attentat se composait d’environ cinquante individus, dont sept d’entre eux ont pu être complètement reconnus jusqu’à présent [15]. »

Une jeune fille de 13 ans, habitant Caudy (Nord) allait chaque jour à Canuères. — Samedi dernier, sur la route de Beauvais, deux individus se jetèrent sur elle en lui criant : « La bourse ou la vie ».

La pauvre enfant leur donna son porte-monnaie et son panier et prit rapidement la fuite pendant que les deux misérables regardaient ce que pouvaient contenir le panier et le porte-monnaie.

Mais ils se mettent à sa poursuite, la saisissent, la jettent sur la route, prennent les ciseaux qu’elle portait et lui crèvent les yeux. Puis sur ce corps pantelant, malgré les cris de douleur de leur victime, ces bêtes fauves se livrèrent aux derniers outrages et la souillèrent au point que le lendemain la pauvre enfant succombait au milieu des plus affreuses souffrances… [16].

« D’autres fois le viol, dit le professeur Tardieu, n’est que le prélude de l’assassinat, et, soit que je coupable espère se dérober au châtiment en faisant disparaître le seul témoin qui puisse l’accuser, soit que dans la lutte il ne puisse vaincre la résistance ou étouffer les cris qu’en donnant la mort, il peut se faire que l’on ait à constater à la fois le meurtre et le viol. Dans les cas où j’ai été appelé à assister la justice pour des affaires de cette nature, c’est le plus souvent par strangulation que le crime avait été commis. Une fois le cadavre avait été précipité dans l’eau ; tout récemment, enfin, une petite fille de 7 ans et demi avait été tuée à coups de couteau, et avait en même temps les parties sexuelles horriblement déchirées. » — Des meuniers du Bas-Coudray, dans la commune de Saint-Isle, avaient pris à leur service un garçon de 20 ans qu’on appelait Blanchard.

Blanchard était depuis une semaine au moulin, lorsque, le 2 février dernier, M. et Mme Houssin, les maîtres, s’absentèrent pour la journée, laissant leur domestique seul avec Henriette, leur fille, une enfant de 11 ans et demi.

Vers midi, un homme de peine, envoyé de grand matin au dehors, eut la surprise, à son retour, de trouver la maison fermée. Il se hissa jusqu’à la fenêtre, aperçut, épars sur le sol, le contenu d’une armoire à linge, et vit au pied d’un escalier les sabots d’Henriette Houssin.

Il appela : le silence seul répondit. II se mit en quête de Blanchard, le gars avait disparu.

Que faire ? avertir les voisins, attirer du monde dans le logis désert. Une fermière accourut : un exprès fut expédié aux parents de l’enfant ; un autre se dirigea vers la gendarmerie.

On pénétra au premier étage. Sur un lit gisait le corps inanimé d’Henriette, une plaie transversale ensanglantait le cou. Autour de la blessure, une pression violente avait laissé des empreintes d’ongles. La fillette assassinée avait été l’objet du plus odieux attentat.

Blanchard avait attiré sa victime en la priant de l’aider à remplir son sac de son.

Il s’était rué sur elle. Prévoyant des efforts désespérés, la brute tenait à portée de sa main un couteau ouvert.

Blanchard, dont le vrai nom était Bouché, était recherché par le parquet de Rambouillet comme coupable de deux crimes.

En octobre dernier, il se rendait à Dourdan. Une fillette, sa cousine, était à l’école à Brénillet. Il obtint que la directrice lui remit Eugénie A…, l’entraîna dans le bois de Brétigny et souilla ignoblement l’enfant qui lui était confiée.

En novembre, B…, rencontrant en forêt une femme de 80 ans, Marguerite G…, se précipitait sur la pauvre vieille pour se livrer à de nouvelles et odieuses violences…

Bouché, cynique jusqu’à la fin, écoute d’un air railleur l’arrêt qui le condamne à la peine de mort [17].

— Un jeune homme de vingt-quatre ans, transporté par une ignoble passion, se livrait sur des enfants de neuf ans à des actes monstrueux et assassina sa dernière victime parce qu’il ne pouvait la posséder vivante.

C’est dans un marais qu’il a commis ce dernier crime ; il a bâillonné l’enfant, et enfoncé une branche de tamaris dans l’abdomen, il a arraché ses boucles d’oreilles, et c’est sur ce cadavre mutilé qu’il a assouvi sa bestialité.

Cet individu a été condamné à mort [18].

— Dans un des faubourgs, un homme entraîna à l’écart une toute jeune fille qui jouait dans la rue, satisfit sur elle ses appétits bestiaux et lui ouvrit le ventre jusqu’au nombril [19].

Au mois de novembre 1880, une petite fille âgée de vingt-six mois, laissée seule, couchée dans le lit de ses parents momentanément sortis, a été la victime de la bestialité d’un individu, qui lui a fait subir les derniers outrages [20].

Le viol parait à l’ordre du jour de l’Europe entière. La cour d’assises du Brabant vient d’en juger un qui s’est accompli dans des conditions de sauvagerie et de brutalité telles, qu’on se demande si le coupable appartient vraiment à une nation civilisée.

— Le 15 mars 1876, des laboureurs, se rendant à leurs travaux, trouvèrent un cadavre de femme baignant dans une mare de sang et portant les traces d’une lutte horrible.

Puis, de distance en distance, des mares de sang témoignant que la victime avait recherché son salut dans la fuite et avait eu à soutenir une lutte des plus vives avec son agresseur.

Les médecins légistes établiront que la femme E… avait été victime d’attentats à la pudeur sans nombre, commis avec le plus cruel acharnement.

Sneessens, âgé de dix-neuf ans, reconnu coupable, fut condamné à dix années de réclusion, à l’interdiction perpétuelle de tous ses droits.

Enfin, bien que ceci ne rentre pas précisément dans notre travail, nous devons rappeler que le viol a été de tout temps signalé comme cause d’aliénation. Le fait est trop connu pour qu’il soit nécessaire d’y insister.

Il est des individus qui mettent fin à leur existence parce qu’on les a surpris commettant des actes sans nom.

Tel est le fait cité par Brierre de Boismont : Un homme qui avait toujours donné des signes d’une grande dévotion, est saisi, en flagrant délit, avec une petite fille de six ans. Désespéré, il s’écrie qu’il ne peut survivre à une pareille faute, et il se donne la mort.

— Parfois c’est une malheureuse femme outragée, qui, perdant subitement la tête, sous l’empire de la honte de n’avoir pu échapper à l’infamie dont elle a été bien malgré elle la victime, est entraînée irrésistiblement à mettre fin à ses jours.

Tardieu en a vu plusieurs exemples :

Dans l’un, une femme se jeta par la fenêtre au moment où elle était délivrée de l’étreinte de celui qui avait abusé d’elle. Dans un autre, une jeune fille déflorée se fit périr par asphyxie dans la nuit même qui suivit le crime.

Un père usant de tout son ascendant sur sa fille, ayant même recours aux mauvais traitements, finit par la faire condescendre à ses désirs. Une grossesse est le résultat de ce commerce. Des idées religieuses, longtemps comprimées, se réveillent alors dans l’esprit de cette infortunée ; elle fait les représentations les plus vives à son père, lui déclare qu’elle ne peut rester avec lui. Des querelles s’élèvent : chaque jour des scènes de violence ont lieu ; la fille hors d’état de résister, et ne voulant pas, d’un autre côté, appeler sur l’auteur de ses jours la vindicte des lois, profite d’un moment où il l’avait laissée quelques instants libre, s’enferme dans sa chambre et s’asphyxie [21].

Il est inutile d’insister plus longuement sur ces faits à qui la presse ne craint pas de donner une publicité aussi blâmable que malsaine.

À la lecture de ces forfaits sans nom l’esprit humain recule épouvanté et se demande si, dans ces cas, il y a véritablement une distinction entre l’homme et la brute.

Certes, l’état mental de ces individus, souvent lésé, ne peut être indiqué que par une enquête médicale qui trop souvent, hélas ! fait défaut. Mais, disons-le par anticipation, ces êtres dénaturés ne méritent aucune commisération. Ils devraient à tout jamais disparaître de la société qu’ils épouvantent par leurs odieux attentats.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après le texte de L. Moreau, « Viol », Les aberrations du sens génésique, Éd. Asselin et Houzeau, Paris, 1887, pp. 258-275.

Notes

[1Le viol est un attentat la pudeur commis avec violence sur une personne du sexe féminin, vierge ou non.

[2Le Droit. Bull. des Trib., 10e année, n° 99. p. 399.

[3Annales médico-psychologiques, année 1849, p. 515.
Annales médico-psychologiques, année 1863, p. 57.
Annales médico-psychologiques, année 1864, p. 215.
Annales médico-psychologiques, année 1866, p. 253.

[4Le Globe, 13 juin 1879.

[5Tous les faits qui suivent ont été pris dans les faits divers des journaux, ce qui explique le manque de renseignements sur les antécédents des coupables. Chartres, 12 juin I1876.

[6Arras, 2 mars 1877.

[7Événement, 24 décembre 1870.

[8Lauvergne, op. cit., p. 400.

[9Événement, 12 décembre 1876.

[10Événement, 4 mai 1877.

[11Journaux des 11, 12, 13 juin 1880.

[12Cour d’assises des Côtes-du-Nord, 20 avril 1877. — Il eût été intéressant de connaître la famille et les antécédents héréditaires de cet individu. Malheureusement, dans tous les faits de cette nature qui ne motivent pas une intervention médico-légale, les enquêtes sont muettes sur ce point, d’une importance cependant capitale.

[13Événement, 11 juin 1876.

[14Annonay (Ardèche), 30 mai 1876.

[15Courrier de Cannes, 16 juin 1876.

[1617 février 1881.

[17Cour d’assises de la Mayenne, 10 avril 1877.

[18Cour d’assises de la Charente-Inférieure, 24 novembre 1876.

[19Luçon, 5 juillet 1879.

[20Ce fait s’est passé à Paris, dans le quartier de Sainte-Avoye.

[21Dr Salone, in Brierre de Boismont, du Suicide.

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