« Le semblant, avec ses explications vérifiables, n’ont d’intérêt et de sens que dans le conscient. Même si les post-freudiens tentent, encore et toujours depuis la mort de Freud, de minimiser l’inconscient, pour le Tchan, comme pour les lacaniens la béance de l’inconscient se dévoile comme le concept dynamique fondamental. “Le vide ne diffère pas de la forme et la forme ne diffère pas du vide” : 空 不 异 色, 色 不 异 空, kong bu yi se, se bu yi kong. De sorte qu’on pourrait imaginer qu’un jour des psychanalystes, vraiment désintoxiqués par le discours lacanien, pourraient, à la manière des maîtres Tchan, crier à leur analysant : “Qu’est-ce que l’inconscient ?” Et quand l’analysant hésiterait, ou répondrait par une formule connue : il recevrait un coup de bâton ! Mais ce genre de pratique n’est pas encore à la mode. Le mot scansion n’est même pas dans les dictionnaires de psychanalyse. Si les psychanalystes n’en parlent pas comment pourraient-ils s’autoriser à donner des coups de bâton ? Nonobstant, la manière de parler de Lacan relève souvent du khât, ou saillies contre la moutonnerie générale. Pas de réponses directes, à la manière des gong an : Absoudre, résoudre, dissoudre subitement, pour empêcher d’interpréter en rond. Interrompre, ponctuer et dire pour délivrer Tantale de son supplice. L’analyste est un maître de kong fu, à lire kong, 空 et fu 夫 (homme) c’est-à-dire “homme du vide”. (C’est une faute d’écriture, mais elle est voulue. D’ailleurs des moines de Shaolin ne m’ont pas démenti) » (Guy Massat, Cartel sur « Télévision »).