« L’invisibilité fut un art martial inventé et pratiqué par Boddhi Dharma. C’est la technique de la poussée du vide, ce par quoi l’inconscient conquiert sans être remarqué. Ce n’est autre que l’art du lapsus, c’est-à-dire l’art de la bifurcation. Le lapsus est ce qui brise le sens de la langue de bois ou autres lalangues. Par exemple, exemple authentique, un journaliste annonce à la radio au lieu de “Le pape est mort”. Il s’agissait de Jean XXIII : “le pope est mart” (le Pope ?) Voulant se rattraper il poursuit : “Oui, le Saint-Mère est port”…
Quel était donc, de ce journaliste, le nouage avec son grand Autre, avec Dieu, avec son père, sa mère son moi, son surmoi, etc. ? “Gardons-nous de préjuger quoique ce soit sans pouvoir l’interroger”, nous conseillerait Freud. Après tout, on est libre d’assumer ce qu’on dit : “le Saint-Mère est port”, ça sonne d’ailleurs très bien, pour peu qu’on s’y arrête ! Cela sonne comme “le sein de la mère est un porc”. Et n’est-il pas vrai que tout est bon dans le cochon ?
La radio dit parfois des choses qui donnent à penser… Le lapsus, expliquent les savants, jaillirait dans la langue conventionnelle par inadvertance. Il s’en produirait en moyenne un tous les 600 ou mille mots, ont comptés les neurosciences cherchant à comprendre les mécanismes de la chimie cérébrale. Mais c’est l’inverse. La chimie cérébrale est produite par l’inconscient, l’inconscient qui parle, le trou, le vide qui parle. Le lalangue, la langue consciente, elle, se forme toujours à la manière d’une langue de bois, taillée dans le bois. » (Guy Massat, D’Oreste à Lacan).