« Serve bone et fidelis, intra in gaudium Domini tui.
À Sa Majesté François-Joseph Ier, empereur d’Autriche-Hongrie, hôtel Bristol, Paris.
Villejuif, le 7 octobre, an III de l’ère de Dieu connu.
Sire,
Nous avons l’honneur de prier Votre Majesté de vouloir bien notifier par télégramme de notre part à Guillaume de Saxe-Cobourg, qui, depuis le décès de Frédéric III, se dit empereur d’Allemagne, de cesser ses fonctions d’empereur, de ne plus continuer à voyager en Europe et de se rendre tout aussitôt à Paris pour être par Nous investi, s’il sait se comporter ainsi que Nous le voulons, de la dignité d’empereur de Sénégambie considérablement agrandie, car Nous ne saurions le reconnaître comme empereur d’Allemagne, vu qu’il est fils naturel de lord Palmerston, et pour d’autres raisons qu’il ne Nous convient pas d’expliquer.
Vous voudrez en même temps faire procéder à l’exécution de J..., le diable incarné, pour crimes très nombreux par lui commis, et venir après cette exécution, entouré de leurs Majestés les empereurs présents à Paris, régnants et à régner, du corps diplomatique, de Leurs Excellences les ministres, que Nous avons nommés d’ici et que Votre Majesté connaît, et des principaux membres du Haut Clergé, spécialement de Don Excellence le cardinal Pecci, duc de Leicester, ex-pape Léon XIII, ainsi que plusieurs membres de l’ex-gouvernement de la République française, Nous faire sortir sans délai, conformément à Notre Dignité de Dieu incarné pour toujours, de Grand Empereur Perpétuel du Globe terrestre, spécialement Empereur de France, à titre temporaire, et de Grande Grèce pour toujours, du lieu de séquestration où Nous sommes depuis trop longtemps renfermé.
Nous recommandons à Votre Majesté de Nous faire entourer de la pompe qui convient à notre rang suprême, parce que cette pompe nous est due, et afin que notre autorité, la seule légitime au ciel comme sur la terre, soit acceptée plus aisément de l’Humanité tout entière. Nous informons également Votre Majesté, que nous épouserons principalement tout aussitôt après que Nous aurons été officiellement conduit à Paris, Son Altesse Impériale l’archiduchesse Marie-Adélaïde, votre digne fille.
Nous comptons sur votre obéissance pleine et entière sous tous rapports.
Nous avons l’honneur de prier Votre Majesté d’agréer l’assurance de Notre considération la plus distinguée,
M... De Hohenzollern.
P.-S. Votre Majesté voudra bien excuser l’irrégularité de notre écrit, vu que nous ne pouvons pas avoir ici ce qu’il faut, et cela sous aucun rapport » (Benjamin BALL, Du délire des persécutions).