« Quand nous fûmes en route, mon cocher se tourna vers moi et me dit à voix basse : “Il a perdu sa femme, et ensuite son fils unique. À la suite de ces tristes événements, son cerveau s’est déséquilibré.”
Je regardai en arrière malgré moi. Je contemplai encore une fois ce château gris, que le lierre avait presque complètement enveloppé de son tapis vert. Je le vis émerger des sommets élancés des arbres et des branches fleuries. Puis, tout à coup, il disparut derrière le rideau épais de la forêt dans laquelle ma voiture venait de s’engager. Un silence solennel régnait maintenant autour de nous, dans cette nature vierge où le soleil n’envoie que de rares rayons qui ont peine à se glisser, entre les troncs noueux, jusqu’aux verts tapis de mousse veloutée. Une légère mélancolie passait à travers les sapins où nul oiseau ne chantait, où aucune abeille ne bourdonnait.
Par la pensée, j’étais toujours à Firleiouwka.
“Sont-ce des fous ou des sages ?” me demandais-je.
Je ne sais, mais si ce sont des fous, du moins leur folie est beaucoup plus belle, plus sublime, plus touchante que notre triste sagesse » (Leopold von Sacher-Masoch, Femmes slaves).