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Psychanalyse et Institution

Un statut : ses limites et son importance

« Die Sache » - « Das Ding »

Date de mise en ligne : samedi 3 décembre 2005

Auteur : Cyro Marcos Da SILVA

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Nous sommes en train de nommer notre institution et de lui donner, formellement, son statut juridique, en l’inscrivant, selon les formalités du droit, dans le contexte de la « polis ».

Ainsi, j’ai décidé de présenter ici quelques considérations sur le moment présent, étant donné que l’élaboration d’un statut d’une institution psychanalytique va se référer à deux champs de discours - deux champs « discoursifs » : le discours juridique et le discours analytique.

Il existe dans la langue allemande, la langue de Freud, deux signifiants que, dans le moment présent, nous devons considérer. « Das Ding », c’est la chose en tant que toujours impossible d’être symbolisée. C’est le noyau, la cellule, ce qui est permanent. « Die Sache », c’est la chose déjà dans le symbolique, déjà en cause, pas dans le sens de la cause qui claudique, mais de res ; de cause dans le sens juridique, c’est-à-dire, quelque chose déjà en procès, « in procedere », en marche, ou « in pro-caedere », pour la chute.

Le Droit, en ce qu’il touche au champ du symbolique - c’est le champ où il a, en quelque sorte un « droit d’entrée » - va s’occuper de la « Sache ». En ce qui concerne « das Ding », c’est Freud qui nous pointe les chemins de son abord. À ces chemins-là, le Droit ne s’intéresse pas. D’ailleurs, qui a déjà vu le monde juridique s’occuper de rêves, des mots d’esprits, des actes manqués, même si l’on sait qu’ils ne cessent de venir comparaître partout où il y a un sujet ?

Il faut donc, à ce moment là, prendre en compte la béance, la fente qui se met entre ces deux champs. Encore faut-il ne pas oublier les constructions qui font un pont entre eux. Ainsi, si c’est par le symbolique qu’on fait ce pont, il faut considérer que le réel insistera toujours à nous montrer l’abîme qui sépare ces deux champs. L’enjeu, donc, je pense, c’est exactement le réel, car c’est sur celui-ci qui se fonde la psychanalyse.

Dans la constitution d’une culture, il y a des renoncements de jouissance qui sont exigés pour que nous puissions vivre ensemble, sous certaines possibilités. C’est en cela que l’impossible doit être pris en compte. Nous devons nous soumettre à cet impossible, pour qu’à partir de cela, quelque chose puisse être possible.

Lacan nous enseigne dans le Séminaire XX que « C’est bien là qu’est l’essence du droit - répartir, distribuer, rétribuer ce qu’il en est de la jouissance ».

Nous devrons donc envisager que, sur ce qui peut être symbolisé dans ce champ de jouissance, le droit viendra faire son réglage, avec ses principes, lesquels sont inscrits dans un certain système politique.

Mais le droit s’arrête là, puisque le signifiant ne résoud pas tout : l’Autre est barré. Le statut, donc, n’ira que jusque là : il va donc traiter d’une partie, d’une poignée de jouissance partageable, susceptible d’être distribuée et rétribuée, dans ce champ de jouissance possible d’être symbolisé.

Un statut, donc, soyons avertis, est déjà très limité, car il y a une certaine part de jouissance qui ne passera pas par le symbolique. C’est le reste de l’effet du refoulement.

Pourtant, cette partie insistera toujours dans son retour et, nous tous, ceux qui appartiennent à une institution, savent que cela y trouve terrain fertile et propice pour fleurir, puisque nous y sommes un à un, devant Ça qui de l’Autre échappe. Nous y sommes, chacun, comme nous le vérifions chaque jour, devant le réel qui nous concerne, duquel nous essayons toujours de faire l’escamotage, dans cette tentative de faire Un avec l’Autre, soit par la voie amoureuse, soit par la voie de la haine, avec l’aide considérable de l’ignorance qui n’est point sainte.

Notre statut, ne nous faisons pas d’illusion, pourra être travaillé dans le sens de nous préserver de l’universel qui nous concerne, mais jamais pourra discipliner ce qui est à chacun, dans la singularité d’une jouissance de chacun de nous. De cela, il faudra que nous nous occupions, de façon permanente, avec nos analyses en intension et extension, et avec notre « psychopathologie de la vie quotidienne » (Freud).

Faisons donc attention de ne pas tomber dans le vertige néo-libéral qui ravage le champ juridique dans sa contemporanéité, prétendant à une régulation universelle maximum, à un excès de régulation, ce qui a, comme résultat, la forclosion du singulier. C’est comme ça que se produit le « tous égaux - tous egos », puisque l’universel, sans le contrepoint du singulier, tombera fatalement dans le totalitarisme.

Nous ne pourrons, pourtant, jamais nous dispenser du juridique, parce que, dans les moments de crise, quand la jouissance singulière, de chacun, de chaque jour, explose sans bords, ce sera sur notre engagement avec la nécessaire inscription juridique dans la « polis », que nous irons compter comme dernier recours pour ne pas tomber dans la barbarie.

Nous provenons d’une scission. Pourtant, précédés ou non par une scission, dans la réalité des faits, l’important est de considérer la scission de structure qui a été toujours là, dans ce même point où nous nous faisons des illusions pour la déconsidérer, en croyant qu’avec nos amours et le service des biens nous allons la guérir.

Cette marque symbolique d’une scission qu’à tout moment l’imaginaire essaye de cicatriser ou fétichiser, est présente depuis toujours. L’important sera alors que, ce qui fait la scission, qui fait la fente, qui fait la différence, qui fait coupure, qui tranche, soit toujours soutenu et maintenu, jamais saturé. N’oublions pas : n’importe quel « tamponnement » serait illusoire et imaginaire, retardant à peine la rencontre avec le réel.

Je souhaite bien que notre statut voile le réel qui nous concerne dans notre parcours, dès le début de notre travail. J’espère encore, que la finesse et la minceur de ce voile ne deviennent jamais une carcasse ou une armature, ce qui va arriver si nous ne considérons pas le réel.

C’est très important, dans ce moment, de faire valoir comme moteur du travail, la partie de jouissance que le statut jamais ne réglera. En partant de cela, nous avons la possibilité d’accéder à l’autre partie de cela - « die Sache » - que le statut pourra régler.

Juiz de Fora, novembre 2005
Cyro Marcos da Silva

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