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Théophile Gautier

Spirite (I)

Nouvelle fantastique (1866)

Date de mise en ligne : mercredi 14 juin 2006

Mots-clés :

Théophile Gautier, Spirite, Nouvelle fantastique, Éd. Charpentier, Paris, 1866.

I

Guy de Malivert était étendu, assis presque sur les épaules, dans un excellent fauteuil près de sa cheminée, où flambait un bon feu. Il semblait avoir pris ses dispositions pour passer chez lui une de ces soirées tranquilles dont la fatigue des joies mondaines fait parfois un plaisir et une nécessité aux jeunes gens à la mode. Un saute-en-barque de velours noir agrémenté de soutaches en soie de même couleur, une chemise de foulard, un pantalon à pied de flanelle rouge, de larges pantoufles du Maroc où dansait son pied nerveux et cambré, composaient son costume, dont la confortabilité n’excluait pas l’élégance. Le corps débarrassé de toute pression incommode, à l’aise dans ces vêtements moelleux et souples, Guy de Malivert, qui avait fait à la maison un dîner d’une simplicité savante, égayé de deux ou trois verres d’un grand vin de Bordeaux retour de l’Inde, éprouvait cette sorte de béatitude physique, résultat de l’accord parfait des organes. Il était heureux sans qu’il lui fût arrivé aucun bonheur.

Près de lui, une lampe ajustée dans un cornet de vieux céladon craquelé répandait la lumière laiteuse et douce de son globe dépoli, semblable à une lune qu’estompe un léger brouillard. La lueur en tombait sur un volume que Guy tenait d’une main distraite et qui n’était autre que l’Évangeline de Longfellow.

Sans doute Guy admirait l’oeuvre du plus grand poète qu’ait produit encore la jeune Amérique, mais il était dans cette paresseuse disposition d’âme où l’absence de pensée est préférable à la plus belle idée exprimée en termes sublimes. Il avait lu quelques vers, puis, sans quitter le livre, il avait appuyé sa tête au douillet capitonnage du fauteuil recouvert d’une guipure, et il jouissait délicieusement de ce temps d’arrêt de son cerveau. L’air tiède de la chambre l’enveloppait d’une suave caresse. Autour de lui tout était repos, bien-être, silence discret, quiétude intime. Le seul bruit perceptible était le sifflement d’un jet de gaz sortant d’une bûche et le tic-tac de la pendule dont le balancier rythmait le temps à voix basse.

On était en hiver ; la neige récemment tombée assourdissait le roulement lointain des voitures, assez rares dans ce quartier désert, car Guy habitait une des rues les moins fréquentées du faubourg Saint-Germain. Dix heures venaient de sonner, et notre paresseux se félicitait de ne pas être en habit noir et en cravate blanche debout dans une embrasure de croisée au bal de quelque ambassade, ayant pour perspective les maigres omoplates d’une vieille douairière trop décolletée. Bien qu’il régnât dans la chambre une température de serre chaude, on sentait qu’il faisait froid dehors, rien qu’à l’ardeur avec laquelle brûlait le feu et au silence profond des rues. Le magnifique angora, compagnon de Malivert en cette soirée de farniente, s’était rapproché du foyer à roussir sa blanche fourrure, et le garde-feu doré l’empêchait seul de se coucher dans les cendres.

La pièce où Guy de Malivert goûtait ces joies paisibles tenait le milieu entre le cabinet d’étude et l’atelier. C’était une salle vaste et haute de plafond, qui occupait le dernier étage du pavillon habité par Guy et situé entre une grande cour et un jardin planté de ces arbres séculaires dignes d’une forêt royale, et qu’on ne trouve plus que dans l’aristocratique faubourg, car il faut du temps pour produire un arbre, et les parvenus n’en peuvent improviser pour donner de l’ombre à leurs hôtels bâtis avec la hâte d’une fortune qui craint la banqueroute.

Les murs étaient revêtus de cuir fauve, et le plafond se composait d’un entrecroisement de poutres en vieux chêne encadrant des caissons de sapin de Norvège, auxquels on avait laissé la couleur primitive du bois. Ces teintes sobres et brunes faisaient valoir les tableaux, les esquisses et les aquarelles suspendus aux parois de cette espèce de galerie où Malivert avait réuni ses curiosités et fantaisies d’art. Des corps de bibliothèque en chêne, assez bas pour ne pas gêner les tableaux, formaient autour de la pièce comme un soubassement interrompu par une porte unique. Les livres qui chargeaient ces rayons eussent surpris l’observateur par leur contraste ; on eût dit la bibliothèque d’un artiste et celle d’un savant mêlées ensemble. À côté des poètes classiques de tous les temps et de tous les pays, d’Homère, d’Hésiode, de Virgile, de Dante, d’Arioste, de Ronsard, de Shakespeare, de Milton, de Goethe, de Schiller, de lord Byron, de Victor Hugo, de Sainte-Beuve, d’Alfred de Musset, d’Edgar Poe, se trouvaient la Symbolique de Creuzer, la Mécanique céleste de Laplace, l’Astronomie d’Arago, la Physiologie de Burdach, le Cosmos de Humboldt, les oeuvres de Claude Bernard et de Berthelot, et autres ouvrages de science pure. Guy de Malivert n’était cependant pas un savant. Il n’avait guère appris que ce qu’on montre au collège ; mais, après s’être refait son éducation littéraire, il lui avait semblé honteux d’ignorer toutes les belles découvertes qui font la gloire de ce siècle. Il s’était mis au courant de son mieux, et l’on pouvait parler devant lui astronomie, cosmogonie, électricité, vapeur, photographie, chimie, micrographie, génération spontanée ; il comprenait et parfois il étonnait son interlocuteur par une remarque ingénieuse et neuve.

Tel était Guy de Malivert à l’âge de vingt-huit ou vingt-neuf ans. Sa tête, un peu éclaircie sur le haut du front, avait une expression ouverte et franche qui faisait plaisir à voir ; le nez, sans être d’une régularité grecque, ne manquait pas de noblesse et séparait deux yeux bruns au regard ferme ; la bouche, un peu épaisse, annonçait une bonté sympathique. Les cheveux, d’un brun chaud, se massaient en petites boucles fines et tordues qui repoussaient le fer du coiffeur, et une moustache d’un ton d’or roux ombrageait la lèvre supérieure. Bref, Malivert était ce qu’on appelle un joli garçon, et à son entrée dans le monde il avait eu des succès sans beaucoup les rechercher. Les mères ornées de filles à marier étaient aux petits soins pour lui, car il avait 40 000 francs de rente en terres et un oncle cacochyme plusieurs fois millionnaire dont il devait hériter. Position admirable ! Cependant Guy ne s’était pas marié ; il se contentait de faire un signe de tête approbateur aux sonates que les jeunes personnes exécutaient en sa présence ; il les reconduisait poliment à leur place après la contredanse, mais son entretien avec elles pendant les repos des figures se bornait à des phrases du genre de celle-ci : « Il fait bien chaud dans ce salon » ; aphorisme d’où il était impossible de déduire la moindre espérance matrimoniale. Ce n’était pas que Guy de Malivert manquât d’esprit ; il aurait trouvé aisément à dire quelque chose de moins banal s’il n’eût craint de s’empêtrer dans ces toiles ourdies de fils plus ténus que des fils d’araignée, tendues dans le monde autour des vierges nubiles dont la dot n’est pas considérable.

Lorsqu’il se voyait trop bien accueilli dans une maison, il cessait d’y aller, ou il partait pour un grand voyage, et à son retour il avait la satisfaction de se voir parfaitement oublié. On dira peut-être que Guy, comme beaucoup de jeunes gens d’aujourd’hui, trouvait dans le demi-monde de passagères unions morganatiques qui le dispensaient d’un mariage sérieux. Il n’en était rien. Sans être plus rigoriste que ne le comportait son âge, Malivert n’aimait pas ces beautés plâtrées, coiffées comme des caniches et ballonnées de crinolines extravagantes. Pure affaire de goût. Il avait eu comme tout le monde quelques bonnes fortunes. Deux ou trois femmes incomprises, plus ou moins séparées de leurs maris, l’avaient proclamé leur idéal, à quoi il avait répondu : « Vous êtes bien honnêtes », n’osant pas leur dire qu’elles n’étaient pas du tout son idéal à lui ; car c’était un garçon bien élevé que Malivert. Une petite figurante des Délassements-Comiques, à qui il avait donné quelques louis et un talma de velours, se prétendant trahie, avait essayé de s’asphyxier en son honneur ; mais, malgré ces belles aventures, Guy de Malivert, sincère envers lui-même, reconnaissait qu’arrivé à cet âge solennel de vingt-neuf ans, où le jeune homme va devenir homme jeune, il ignorait l’amour, tel du moins qu’il est dépeint dans les poèmes, les drames, les romans, ou même comme le représentaient ses camarades par leurs confidences ou leurs vantardises. Il se consolait très aisément de ce malheur en songeant aux ennuis, aux calamités et aux désastres qu’entraîne cette passion, et il attendait avec patience le jour où devait paraître, amené par le hasard, l’objet décisif qui le devait fixer.

Cependant, comme souvent le monde dispose de vous à sa fantaisie et selon sa convenance, il avait été décidé dans la société que fréquentait plus particulièrement Guy de Malivert qu’il était amoureux de Mme d’Ymbercourt, une jeune veuve à laquelle il faisait d’assez nombreuses visites. Les terres de Mme d’Ymbercourt jouxtaient celles de Guy ; elle possédait une soixantaine de mille francs de revenu et n’avait que vingt-deux ans. Elle avait fort convenablement regretté M. d’Ymbercourt, vieillard assez maussade, et sa position lui permettait de prendre un mari jeune et de bonne mine, d’une naissance et d’une fortune égale à la sienne. Le monde les avait donc mariés de son autorité privée, pensant que cette maison aurait un salon agréable, terrain neutre où l’on pourrait se rencontrer. Mme d’Ymbercourt acceptait tacitement cet hymen, et se regardait déjà un peu comme la femme de Guy, qui ne mettait aucun empressement à se déclarer, et même songeait à ne plus aller chez la jolie veuve, qu’il trouvait légèrement ennuyeuse aux airs légitimes qu’elle prenait par avance d’hoirie.

Ce soir-là même, Guy devait prendre le thé chez Mme d’Ymbercourt ; mais, après dîner, la nonchalance l’avait envahi ; il s’était senti si bien chez lui, qu’il avait reculé à l’idée de s’habiller et de sortir par sept ou huit degrés de froid, malgré la pelisse et le manchon d’eau bouillante placés dans sa voiture. Pour prétexte, il s’était dit que son cheval n’était pas ferré à glace et pourrait dangereusement glisser sur la neige durcie. D’ailleurs, il ne se souciait pas de laisser deux ou trois heures devant une porte, exposée à la bise, une bête que Crémieux, le célèbre marchand de chevaux des Champs-Elysées, lui avait vendue cinq mille francs. On voit que Guy était médiocrement amoureux, et que Mme d’Ymbercourt pouvait attendre longtemps la cérémonie qui lui permettrait de prendre un autre nom.

Comme Malivert, assoupi par la douce température de la chambre, où voltigeait la bleuâtre et odorante fumée de deux ou trois cabañas dont les cendres remplissaient une petite coupe de bronze antique chinois, au pied en bois d’aigle, posée à côté de lui sur un guéridon qui supportait la lampe, commençait à sentir rouler sous ses paupières les premières poudres d’or du sommeil, la porte de la chambre s’ouvrit avec précaution, et un domestique parut, tenant sur un plateau d’argent une lettre mignonne, parfumée et cachetée d’une devise bien connue de Guy, car il prit tout de suite un air de mauvaise humeur. L’odeur de muse du papier parut aussi l’impressionner désagréablement. C’était un billet de Mme d’Ymbercourt, qui lui rappelait la promesse de venir chez elle prendre une tasse de thé.

« Le diable l’emporte, s’écria-t-il peu galamment, avec ses billets qui donnent la migraine ! Le beau plaisir de traverser la ville pour aller boire une tasse d’eau chaude où l’on a fait mariner quelques feuilles teintées de bleu de Prusse et de vert-de-gris, tandis que j’ai là dans cette boîte en laque de Coromandel du thé de caravane, du thé authentique, portant encore le cachet de la douane de Kiatka, le dernier poste russe sur la frontière de Chine ! Non, certes, je n’irai pas ! »

Un vague reste de politesse lui fit changer de résolution. Il dit à son valet de chambre de lui apporter ses habits ; mais quand il vit les jambes du pantalon pendre piteusement sur le dos du fauteuil, la chemise roide et blanche comme une carte porcelaine, l’habit noir aux bras ballants, les brodequins vernis miroités de reflets, les gants étendus comme des mains passées au laminoir, il fut prit d’un désespoir subit et se renfonça énergiquement dans sa chauffeuse.

« Décidément je reste. Jack, allez faire ma couverture ! »

Nous l’avons déjà dit là-haut, Guy était un garçon bien élevé, et, de plus, il avait le coeur bon. Agité d’un léger remords, il hésita sur le seuil de sa chambre à coucher qui lui souriait de tous ses conforts intimes, et se dit que la plus simple politesse exigeait qu’il envoyât un mot d’excuse à Mme d’Ymbercourt, prétextant une migraine, une affaire importante, une contrariété quelconque survenue à l’heure du départ, pour se dispenser honnêtement d’aller chez elle. Or, Malivert, bien que capable, sans être homme de lettres de profession, de faire un article de voyage ou une nouvelle pour la Revue des Deux Mondes, détestait écrire des lettres, et surtout cette sorte de billets de pure bienséance, comme les femmes en griffonnent par douzaines sur le coin de leur toilette, tandis que Clotilde ou Rose les accommodent. Il eût plutôt fait un sonnet sur des rimes difficiles et rares. Sa stérilité là-dessus était complète, et, pour éviter une réponse de deux lignes, il allait de sa personne à l’autre bout de la ville. Par terreur du billet, l’idée désespérée de se rendre chez Mme d’Ymbercourt vint à Guy de Malivert. Il s’approcha de la fenêtre, entrouvrit les rideaux, et vit à travers les vitres moites une nuit noire que de petit flocons blancs, tombant dru, tachetaient comme un dos de pintade. Il pensa par déduction à Grymalkin, secouant la peluche de neige attachée à son carapaçon verni. Il se représenta le passage désagréable du coupé au vestibule, le courant d’air de l’escalier que le calorifère ne neutralisait pas, et surtout Mme d’Ymbercourt, debout contre la cheminée, en grande toilette, décolletée à rappeler ce personnage d’un roman de Charles Dickens, qu’on désigne toujours sous le nom de la poitrine, et dont la blanche table sert à étaler le prospectus d’opulence d’un banquier ; il vit ses dents superbes encadrées dans un sourire immobile ; ses sourcils, d’un arc parfait, qu’on eût pu croire tracés à l’encre de Chine et qui pourtant ne devaient rien à l’art ; ses yeux magnifiques, son nez pur à servir de modèle dans un cahier de principes, sa taille que toutes les couturières proclamaient accomplie, ses bras ronds comme s’ils étaient tournés et chargés de bracelets trop massifs, et le souvenir de tous ces charmes que le monde lui destinait, en le mariant sans qu’il en eût grande envie avec la jeune veuve, lui inspira une mélancolie si profonde qu’il se dirigea vers son bureau, résolu, chose affreuse ! à écrire plutôt dix lignes que d’aller prendre le thé chez cette femme charmante.

Il plaça devant lui une feuille de papier cream-laid frappé au timbre sec d’un G et d’un M capricieusement enlacés, trempa dans l’encre une fine plume d’acier emmanchée d’un dard de porc-épic, et écrivit, assez bas dans la page pour diminuer la place de la littérature, ce mot triomphant : « Madame ». Là, il fit une pause et appuya sa joue sur la paume de sa main, sa faconde ne lui fournissant rien de plus. Pendant quelques minutes il resta ainsi le poignet en position, les doigts allongés sur la plume et la cervelle involontairement occupée d’idées contraires au sujet de sa lettre. Comme si, en attendant la phrase qui ne venait pas, le corps de Malivert se fût ennuyé, sa main, prise de fourmillements et d’impatiences, semblait vouloir se passer d’ordre pour accomplir sa tâche. Les phalanges se détendaient et se repliaient comme pour tracer des caractères, et enfin Guy fut très étonné d’avoir écrit absolument sans conscience neuf ou dix lignes qu’il lut et dont le sens était à peu près de celui-ci :

« Vous êtes assez belle et entourée d’assez d’adorateurs pour qu’on puisse vous dire sans vous offenser qu’on ne vous aime pas. C’est une mauvaise note pour le goût de celui qui fait un tel aveu... voilà tout. À quoi bon continuer des relations qui finiraient par engager deux âmes si peu faites l’une pour l’autre et les lier dans un malheur éternel ? Excusez-moi, je pars, vous n’aurez pas de peine à m’oublier ! »

« Ah ça ! dit Malivert en frappant la table du poing lorsqu’il eut relu sa lettre, est-ce que je suis fou ou somnambule ? L’étrange billet que voilà ! Cela ressemble à ces lithographies de Gavarni où l’on voit en même temps dans la légende la phrase écrite et la phrase pensée, le faux et le vrai. Seulement, ici le mot ne trompe pas. Ma main, que je voulais forcer à un joli petit mensonge social, ne s’y est pas prêtée, et contrairement à l’usage, l’idée sincère est dans la lettre. »

Guy regarda attentivement le billet et il lui sembla que le caractère de l’écriture n’était pas tout à fait le même qu’il employait d’habitude. « Voilà, dit-il, un autographe qui serait contesté par les experts si ma littérature épistolaire en valait la peine. Comment diable cette bizarre transformation a-t-elle pu se faire ? Je n’ai cependant ni fumé d’opium, ni mangé de haschich, et ce ne sont pas les deux ou trois verres de vin de Bordeaux que j’ai bus qui peuvent m’avoir porté à la tête. J’ai la cervelle plus solide que cela. Que vais-je devenir si la vérité me coule ainsi de la plume sans que je le sente ? Par bonheur j’ai relu mon épître, n’étant jamais bien sûr de mon orthographe du soir. Quel effet auraient produit ces aimables lignes par trop véridiques, et quelle mine indignée et stupéfaite aurait eue Mme d’Ymbercourt en les lisant ! Peut-être eût-il mieux valu que la lettre partît telle quelle : j’aurais passé pour un monstre, pour un sauvage tatoué, indigne de mettre une cravate blanche, mais du moins cette liaison qui m’ennuie eût été brisée net comme verre ; et le verre ne se raccommode pas, même en y collant du papier. Si j’étais un peu superstitieux, il ne tiendrait qu’à moi de voir là dedans un avertissement du ciel au lieu d’une distraction inqualifiable. »

Après une pause, Guy prit un parti violent : « Allons chez Mme d’Ymbercourt, car je suis incapable de récrire cette lettre. » Il s’habilla rageusement, et, comme il allait sortir de sa chambre, il crut entendre un soupir, mais si faible, si léger, si aérien, qu’il fallait le profond silence de la nuit pour que l’oreille pût le saisir.

Ce soupir arrêta Malivert sur le seuil de son cabinet, et lui causa cette impression que le surnaturel fait éprouver aux plus braves. Il n’y avait rien de bien effrayant dans cette note vague, inarticulée et plaintive, et cependant Guy en fut plus troublé qu’il n’osait se l’avouer à lui-même.

« Bah ! c’est mon angora qui aura poussé une plainte en dormant », dit Malivert ; et, prenant des mains de son valet de chambre une pelisse de fourrure dans laquelle il s’enveloppa avec une correction qui prouvait de longs voyages en Russie, il descendit d’assez mauvaise humeur sur le perron au bas duquel l’attendait la voiture.

Voir en ligne : Lire la suite (Spirite II)

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après la nouvelle fantastique de Théophile Gautier, Spirite, Éd. Charpentier, Paris, 1866.

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