« Ce retour de flamme des banlieues est donc directement lié à une situation mondiale ; mais il l’est aussi ce dont il n’est étrangement jamais question à un épisode récent de notre histoire, soigneusement occulté depuis, sur le même mode de méconnaissance que celui des banlieues, à savoir l’événement du non au référendum. (...) Même inconscience, même irresponsabilité dans cet acte de saborder l’Europe, que celles des jeunes immigrés qui brûlent leurs propres quartiers, leurs propres écoles (...).
La culture occidentale ne se maintient que du désir du reste du monde d’y accéder. Quand apparaît le moindre signe de refus, le moindre retrait de désir, non seulement elle perd toute supériorité, mais elle perd toute séduction à ses propres yeux. Or, c’est précisément tout ce qu’elle a à offrir de “mieux”, les voitures, les écoles, les centres commerciaux, qui sont incendiés et mis à sac. Les maternelles ! Justement tout ce par quoi on aimerait les intégrer, les materner !... “Nique ta mère”, c’est au fond leur slogan. Et plus on tentera de les materner, plus ils niqueront leur mère. Nous ferions bien de revoir notre psychologie humanitaire » (Jean Baudrillard, Libération.fr).