Psychanalyse-Paris.com Abréactions Associations : 8, rue de Florence - 75008 Paris | Tél. : 01 45 08 41 10
Accueil > Articles de psychanalyse > Le bonheur existe...

Psychologie clinique

Le bonheur existe...

... Un patient me l’a dit

Date de mise en ligne : samedi 18 décembre 2004

Auteur : Jean-Pierre BÈGUE

Mots-clés :

Il y a quelques années je recevais un homme d’une quarantaine d’années désireux de surmonter un choc psychologique. Cet homme, que j’appellerai Pierre, était marié, avait 3 enfants, une situation confortable et une femme dont il était toujours très amoureux.

Or au retour de vacances familiales, il avait été profondément déstabilisé par un aveu pour le moins malencontreux de son épouse ; elle lui avait avoué l’avoir trompé pendant plusieurs années avec un collègue de travail.

Pierre n’avait pas envisagé un seul instant de rompre cette union mais il s’était trouvé bouleversé par cette révélation au point d’avoir changé de signature sans s’en rendre compte dans les jours qui avaient suivi, ce qui témoignait de l’impact de cette nouvelle sur l’organisation de sa personnalité. Pierre avait toujours été un homme de devoir ayant intériorisé une image de famille idéale à laquelle il avait toujours adhérée.

Pendant les premières séances, Pierre avait parlé de son épouse, de leur relation, des vagues soupçons vite écartés qu’il avait eus à l’époque et surtout de son immense déception qui l’entraînait dans la spirale d’une dépression réactionnelle.

Pierre, encouragé par mon écoute, me révéla alors qu’il avait été submergé quelques jours après le choc affectif par une sensation totalement inconnue : il marchait dans la forêt et tout d’un coup, il s’était senti sans limites corporelles comme s’il s’était dilué dans le monde extérieur ; il était dans les arbres qu’il voyait, dans les fleurs qu’il regardait, dans le bruissement des feuilles, dans l’oiseau qui s’envolait ou dans les personnes qu’il croisait ; il n’éprouvait aucune crainte ; il ne faisait qu’un avec tout ce qui l’entourait dans une paix extraordinaire ; c’était le bonheur absolu. Cet état avait duré plusieurs heures avant de disparaître aussi rapidement qu’il était apparu.

C’est avec nostalgie que Pierre évoquait ces moments intenses ; il aurait voulu qu’ils durent pour l’éternité ; c’était une sorte d’extase disait-il que l’on peut imaginer être celle des Saints lorsqu’ils déclarent ne faire qu’un avec Dieu ou avec l’univers dans une plénitude totale de l’être.

J’avais fait l’hypothèse, à l’époque, que le choc affectif avait provoqué, chez ce patient, une régression psychologique à une étape antérieure de son développement où il avait été autrefois en sécurité : celle de la fusion avec la mère in utero et sans doute aussi l’état des premières semaines de la vie quand le nourrisson ne fait encore qu’un avec le monde extérieur.

En effet, pour le nourrisson tout ce qu’il voit, entend, sent, est lui. Il n’y a pas encore de dedans ni de dehors ; il est le rideau qui bouge, la main qui le caresse, le visage qui lui sourit, cette musique ou ce contact corporel ; les limites corporelles et psychiques entre lui et l’autre, entre lui et le monde ne sont pas encore construites.

Nous savons que l’accès à l’ordre symbolique du langage, à la conscience de soi, introduit une rupture ; l’enfant passe d’une relation immédiate de lui-même à lui-même, à une relation médiatisée par les mots pour dire ce qu’il voit, ce qu’il sent, ce qu’il veut mais avec l’inconvénient que les mots ne traduisent que partiellement le vécu, ils sont une approximation de celui-ci et ne permettent pas de le rendre dans sa totalité.

Cette rupture laisse un manque fondamental, la nostalgie inconsciente d’un état perdu. Le bonheur ne serait donc pas un état de l’esprit mais un état de l’être d’avant l’accès au premier symbole, ce qui pourrait expliquer pourquoi les hommes et les femmes, à toutes les époques, sous toutes les latitudes, s’accordent pour dire qu’ils cherchent tous sans exception le bonheur.

Cette aspiration au bonheur impliquerait le souvenir du bonheur ; s’il y a cette unanimité n’est-ce pas parce que tous les êtres humains ont vécu la même expérience princeps ?

Partenaires référencement
Psychanalyste Paris | Psychanalyste Paris 10 | Psychanalyste Argenteuil 95
Annuaire Psychanalyste Paris | Psychanalystes Paris
Avocats en propriété intellectuelle | Avocats paris - Droits d'auteur, droit des marques, droit à l'image et vie privée
Avocats paris - Droit d'auteur, droit des marques et de la création d'entreprise