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Séminaire « RSI »

La femme n’existe pas... dans l’inconscient !

Résumé de la cinquième séance

Date de mise en ligne : samedi 6 mars 2004

Auteur : Guy MASSAT

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Résumé de la séance du 26 février 2004.
 Cinquième séance.

La conscience réfléchie n’est qu’une bulle vide dans le champagne de l’inconscient. C’est ce que je me plais à sentir. Je ne suis pas de ceux qui considèrent que l’avenir de l’inconscient est la conscience réfléchie, repliée sur elle même par une tautologie. On ne répare pas le chaos et on ne le supprime pas. Le contradictoire reste ce qu’il y a de plus fécond. Il est le discours inconscient. Conclusion : à chacun son Lacan, à chacun ses lacunes.

Je préfère considérer qu’on n’entre jamais deux fois dans le même fleuve. Il y a en qui écrivent dans “Le Monde” :

“Lacan, c’était l’obscur au sens d’Héraclite. Moi, j’apportais la lumière”. Or, distinguer l’obscur de la clarté, selon Héraclite lui-même, c’est tomber précisément dans l’errance de l’Hybris, la personnification de l’insolence et de la démesure. Ceux qui ont un peu pratiqué les fragments d’Héraclite - moi je les ai travaillés à la dynamique du borroméen, du RSI, un jour peut-être je m’autoriserai à la publication -, ceux qui les ont travaillés ne sont pas sans se souvenir du fragment 57 où Héraclite dit :

“Le Maître du plus grand nombre (c’est-à-dire celui qui avait le plus grand nombre d’auditeurs) est Hésiode [l’auteur “Des travaux et des jours” et surtout de la “Théogonie”]. Ses auditeurs le tenaient pour le maître qui savait le plus de choses. Pourtant, dit Héraclite, il ignorait que le jour et la nuit ne sont qu’un !”.

Pour Héraclite, en effet, l’obscur et la lumière ne se distinguent pas. C’est comme ça dans l’inconscient. C’est ce qui caractérise le logos d’Héraclite et qui en fait le “logos conradictoire de l’inconscient”. Si vous les distinguez, c’est que vous vous placez dans l’imaginaire (comme on le fait d’ordinaire) ou dans le symbolique où règne le principe de non-contradiction. Là, les distinctions sont évidentes. Mais, pour peu que l’on se fonde uniquement sur la parole de l’inconscient, comme le veut Lacan, nous constaterons que nous pouvons dire, comme tout un chacun peut le dire, que l’obscur n’est pas autre chose que la lumière et que la lumière est l’obscur. C’est contradictoire, mais c’est en cela que l’inconscient parle. Si la parole ne pouvait pas dire des choses parfaitement contradictoires, il n’y aurait pas de discours inconscient.

Dans l’inconscient si vous croyez que vous vous connaissez, ou que vous connaissez quelque chose, vous êtes perdu. C’est ça le narcissisme de mort qui veut tuer les autres. Le philosophe Wittgenstein voulait avec son “Tractatus” inventer enfin un langage aussi précis que les mathématiques. Il a échoué évidemment. C’est ce qu’il explique lui-même dans sa préface. Pas la préface de Bertrand Russel, la sienne que je vous recommande.

“Connais-toi toi-même”, dit l’adage inscrit au fronton du temple de Delphes par Phémonoé, la fille d’Apollon, connais-toi toi-même, c’est ce qu’il y a de plus important puisque si tu te cherches, si tu t’analyses sérieusement tu ne seras pas sans t’apercevoir que dans le Réel tu n’es personne. C’est ça la trouvaille, le seul trou qui vaille : je ne suis pas. Je ne suis pas né, pas formé, pas créé. C’est impossible, c’est contradictoire et pourtant je peux le dire, je ne suis pas et je ne pense pas, ce qui est évidemment une pensée ! Mais ce sera par l’effet de parole de ce genre de contradiction que nous sortirons de la souffrance intolérable de l’inconscient.

“Le Réel, dit Héraclite (frag.67) est jour-nuit, hiver-été, guerre-paix, satiété-faim. Il change comme le feu qui lorsqu’il est mélangé d’aromates, est désigné selon l’arôme de chacun”.

L’inconscient, ça se sent. Ça se sent comme un tremblement de terre. Ça se sent comme une singularité stupéfiante, comme une émergence insolite dans tous les champs de l’existence, c’est le réel qui remue sous la trame des choses et dans ce réel, nous dit Héraclite, “toutes les choses sont belles, bonnes et justes, mais les hommes tiennent certaines pour injustes, d’autres pour justes”. Et comble du comble, ils croient qu’il s’agit du triomphe de la lumière sur l’obscur ! Comme si on pouvait échapper au temps. Dans le Réel l’obscur est lui-même la clarté faute de quoi on est dans le ressentiment colérique de l’hybris.

Ceux qui distinguent le jour et la nuit Héraclite les appelle azunétos selon un jeu de mot dont le sens est “borné et abruti” mais qui signifie aussi à partir de l’a privatif “retranché de la parole”, de la parole contradictoire mais féconde de l’inconscient. Ils sont “les dormeurs, artisans et coopérateurs de ce qui arrive dans le monde” (frag. 75) par ce qu’ils refoulent.

C’est qu’on fabrique le monde à partir de l’inconscient qu’on refoule puis quand il fait retour on lui reproche d’être ce qu’il paraît. L’om, le on, est ce dormeur œuvrant en décalage refoulé avec le Réel, avec l’inconscient, et soumis aux retours résiduels d’un apparaître toujours insatisfaisant.

À quoi sert le borroméen ?

Le borroméen peut nous servir d’instrument de réflexion. Il peut nous servir, par exemple, pour distinguer la conscience réfléchie (S) qui se pose elle-même comme conscience de soi, la conscience immédiate qui ne se réfléchie pas (I) et l’inconscient, le contradictoire (R). Mais la principale fonction du borroméen est celle d’une cartographie des territoires de l’inconscient ou plutôt d’être une sorte de montre du temps réversible dans son réel, son imaginaire et son symbolique propres.

Qu’est-ce que ça veut dire RSI ?

Un patient voit sur mon bureau l’exemplaire du R.S.I de Lacan. R.S.I, dit-il, ça veut dire : “Relatif Strangh Index”, Indicateur relatif des forces. Ce patient est un trader. “Ça n’a, dit-il, aucune valeur mathématique si ce n’est que le monde de la bourse observe obstinément cet indicateur, avec plus ou moins de bons résultats. Comme tout le monde le regarde ça devient un repère. Mais moi je n’en tiens pas compte !”. Le borroméen, comme indicateur relatif des forces, comprenons des pulsions, c’est pas mal trouvé !

J’ai lu quelque part que le philosophe Jean Guiton, penseur chrétien, disait que : “Les émotions sexuelles violentes préfigurent l’état de l’âme ressuscitée. À l’intérieur d’une émotion extraordinaire du corps, on s’échappe du corps. Le coït me semble une pré-expérience de la résurrection”. La résurrection par la sexualité ? C’est ce que dit aussi le Tantra que nous avons abordé la dernière fois c’est-à-dire la puissance du phi dans l’inconscient.

L’émotion, l’e-motion, est un mouvement hors de, hors du corps et hors de l’esprit. Freud différencie l’excitation sexuelle somatique (I) , psychique (R, “tout le psychisme est inconscient”) et la sexualité dite normalisée (S), “dont le processus, dit-il, conduit à ce que l’on nomme la perversion” [1] ; tant il est vrai que “la société, la classe, la civilisation, la race, détermine les types de sexualité” [2]. Toute société veut régir la jouissance. Mais l’orgasme s’échappe toujours de la zoociété. Donc trois fonctions du sexuel : le sexuel somatique (l’imaginaire), le sexuel inconscient (le Réel) et le sexuel de la perversion (Symbolique), si nous prenons le borroméen comme instrument de réflexion.

Nous avons vu la dernière fois l’ek-sistence comme définition de l’inconscient. Le borroméen nous montre les trois principales catégories de l’existence : l’existence physique (I), l’existence les idées (S) et l’ek-sistence comme ce qui se passe hors (ek) du physique et du mental. L’être physique et l’être parlant sont de toutes parts traversés par l’inconscient dont les motifs “se limitent au désir sexuel” nous rappelle toujours Lacan. L’inconscient, ça parle dans la langue que nous parlons quelle qu’elle soit.

Les nœuds du langage de l’inconscient sont la trame de tout discours. Ce Parlêtre devait, selon Lacan, se substituer à l’Ics, le système inconscient de Freud, mais ça n’a pas encore eu le succès qu’on en pouvait attendre, ou du moins ça a généré des malentendus. Les étourdis croient qu’ils sont ainsi autorisés à y exprimer des propos contradictoires. Mais, dans la réalité, le contradictoire est impossible. La cafetière est sur la table ou elle ne l’est pas. Si quelqu’un dans la réalité tient des propos contradictoires, c’est qu’il est fou ou que c’est un menteur, un escroc. Reste que “L’inconscient est cette partie de mon histoire [du moment de mon histoire] marqué par un blanc [comme si on avait censuré des mots par du Tipp-Ex] ou occupé par un mensonge” (comme si on avait écrit un autre mot sur le blanc ou comme si on y avait fait quelque dessin).

Vous avez sans doute vu les nouvelles photos de Mars, en cette nouvelle année, qui est celle du singe selon les chinois. On trouverait même de l’eau sur la planète rouge. 1968 fût aussi, si l’on en croit Philippe Sollers, une année de singe. Est-ce un signe de bouleversement ? On peut se poser la question dans la mesure où “singe” n’est après tout que l’anagramme de “signe” ; de plus, “singe” est l’étymologie de la lettre Q. Comme dit mon amie Miss Tic : “2004 ça va chier”. Elle l’a tagué sur du papier toilette pour présenter ses bons vœux.

En tout cas, ces photos de mars ne sont rien face à la photo qu’a réussie à faire l’urologue australienne, le Dr Oconnel. Ce savant a réussi à nous montrer une image en 3D de la clé absolue de l’univers, selon moi : la face cachée du clitoris. Cet organe, qui n’a d’autre fonction que la jouissance, est beaucoup plus grand que ce que tout le monde croyait. Il mesure en moyenne près de 8 à 10 centimètres et parfois plus. Regardez : il ressemble exactement à une fleur, à une tulipe sauvage, ou, à l’envers, ce qui est topologiquement la même chose, à l’oiseau Phénix.

C’est l’historien grec Hérodote (5ème s. av. JC) qui nous a parlé le premier de cet oiseau métaphorique, après lui, les poètes, le mythographes, les astrologues et les naturalistes ont pris le relais, selon Grimal. Le phénix est symbole de l’inconscient qui se renouvelle de lui-même, comme la jouissance.

Il paraît que sur quinze manuels d’éducation sexuelle dix ne mentionnent pas le clitoris. Si nous regardons dans l’excellent dictionnaire étymologique le Picoche, à clitoris nous ne trouvons que ceci : Clitoris en grec, kleitoris. C’est suffisant. Kleitoris, dans le Bailly, désigne “une sorte de pierre”. Laquelle ? Assurément celle que Pausanias, le géographe grec dont je vous ai parlé la dernière fois, nous signale. Pausanias rapporte ce qu’il avait vu à Thespies, sanctuaire des muses, entre autres celle nommée Clio, la muse de l’histoire, à savoir “une pierre brute adorée sous le nom d’Eros”. Qu’est-ce que ça veut dire ? sinon qu’Eros est le fondement, la pierre, qui soutient la vie. D’une certaine manière il n’y a d’autres pierres, que la pierre philosophale qu’est l’amour. Pourquoi vivons-nous si ce n’est pour la jouissance que la vie justement procure sans autre but ? Le clitoris est donc bien, en quelque sorte, le centre même de la vie et de toutes ses histoires... Kleio, Clio, la muse de l’histoire, s’apparente à clitoris. Elle peut parler ou se taire. On la place entre Calliope, l’éloquence et Erato, le discours érotique.

Le mot kleitoris finit par RIS et klein signifie la clef. La clef qui ouvre ou qui ferme la porte de la jouissance, de la jouissance vaginale et de toutes les autres. La clé du RIS pourrait-on donc dire. Si le clitoris est la clé du RIS, il est donc la clé de l’inconscient. RIS, vous vous souvenez de ce qu’en disait Lacan dans la leçon 1 :

“Au lieu de RSI, RIS, ça aurait fait un ris, ce fameux ris de l’eau, sur lequel justement, quelque part dans mes Écrits, j’équivoque... [c’est à la page 166...]”. Le ris c’est le rire, le rire c’est la joie, et la joie c’est la jouissance. C’est donc la femme qui détient la clé de la jouissance. Cette fois, avec cette photo, nous en donnons la preuve.

Décalage du cadre de lecture

Les généticiens de l’ADN se sont aperçus qu’une section d’ADN pouvait fournir un message ou un autre tout à fait différent selon “le déplacement du cadre de lecture”. Selon le point où l’on commence la lecture cela donne des messages qui peuvent ne rien avoir de commun. On peut faire ça aussi avec des phrases quelconques. Ainsi, par exemple, la leçon quatre de Lacan commence ainsi : “Justement à cause - on n’entend pas ?- de ce dont je vous parle, le nœud...”. Si l’on commence par une section différente de la ligne on entend : “On n’entend pas ce dont je parle, le nœud”, c’est-à-dire, on ne comprend pas ce qu’est un nœud ! C’est pourquoi Lacan nous montre dans cette leçon quatre du 21 janvier 75, un objet noué borroméennement que nous avons réalisé pour que le voyiez mieux.

C’est du minimalisme, beaucoup plus conséquent que celui de Donald Judd. Car n’importe quel objet peut se réduire à ce nouage “dont dépend toute représentation” (p. 58). “Il y a plusieurs modes d’énoncer le sens, qui tous se rapportent au Réel dont il répond” (p.56) et “qui se marque du bord d’un trou”. Le Réel, vous vous souvenez, c’est le vide. Puisque tout est impermanent, il n’y a, en fin de compte, pas d’objet physique ou mentaux, mais que des apparences sans autre parenté que leurs nouages. La seule consistance est celle du temps. Le nœud du temps, présent, passé, futur, nous pouvons le transformer en espace comme avec cet objet noué par ses trous. “Pour que vous ne vous embrouilliez pas, poursuit Lacan, je vous marque que le Réel, ici, se marque du bord d’un trou.”

“Le principe du nœud, dit Lacan, c’est qu’il ne se défait pas, sauf à ce qu’on le brise”. L’objet lacanien que je vous présente peut évidemment être brisé puisqu’il est dans l’espace. Mais : “Qu’est ce que c’est que ce dénouement du nœud, qui est impossible ?, demande Lacan. C’est le retour à une forme triviale et qui est celle du rond de ficelle, justement !”.

Comme on l’a vu précédemment le rond trivial est composé de points qui sont eux-mêmes des nœuds etc. Les nœuds resserrés forment un nœud trivial.

“Si l’on part d’un nœud (dessin n°5, p. 59) fait avec trois figures triviales, à savoir trois ronds, c’est quelque chose qui se désigne ou plutôt se dessine de ceci, c’est qu’à couper de cette façon quelque chose qui est, si on peut dire, le nœud borroméen lui-même, vous obtiendrez en conjoignant ce que vous avez coupé à chaque fois, vous obtiendrez la figure propre d’un nœud au sens propre du mot” (p.57).

Inversement à partir d’un nœud premier on peut retrouver le borroméen et de plus continuer le même processus de nouage pour obtenir cette sorte de fleur.

La fleur figure l’épanouissement comme la fleur du clitoris que nous avons vue tout à l’heure : “À partir du moment où vous supposez que les deux bouts de la corde se rejoignent par une épissure ou bien que vous supposez que cette corde n’a pas de fin, s’étend jusqu’aux limites pensables ou plus exactement dépasse même ces limites” (p.57). C’est l’épanouissement hyperbolique du borroméen. Dans un nœud de trèfle, l’imaginaire, le symbolique et le réel ne présente qu’une seule et même consistance. “C’est en cela que consiste la psychose paranoïaque” dit Lacan dans “le Sinthome”. Une psychose harmonisée par l’expérience de l’analyse, ça devient un borroméen.

Un monde sans nœud est-il possible ?

Le mathématicien Minkoswski (1864-1909) inventa d’étonnantes conceptions géométriques dans la théorie des nombres. Il donna son interprétation géométrique, désormais classique, de la relativité restreinte d’Einstein en recourant à un espace particulier à quatre dimensions : le célèbre “espace-temps” de Minkowski. Depuis, pour les cosmo-mathématiciens, l’univers se construit à onze dimensions. “C’est calculable mais non imaginable”, commente Lacan (p.58). Onze dimensions, c’est dix doigts plus le pénis, le onzième. C’est homophallique, mais sans nœud. Ce sont des lignes sans nœud. Dans la théorie dite des cordes en physique, on utilise des surfaces à 26 dimensions, mais sans nœud. D’où l’importance de nos petits objets.

Voici ce qu’en dit Lacan : “Si vous entendez parler quelquefois d’un monde à quatre dimensions vous saurez que dans ce monde, calculable mais pas imaginable, il ne saurait y avoir de tels nœuds. Impossible d’y nouer une corde, si tant est que ce monde existe, impossible d’y nouer une corde en raison de ceci que toute figure, quelle qu’elle soit, se supporte non pas d’une ligne mais d’une consistance de corde...”. Une corde, vous vous souvenez, c’est toujours au moins une tresse, c’est-à-dire quelque chose dont le trois minimum fait la consistance. Ceci souligne, encore une fois, que nous devons sortir de l’espace et de sa sphère pour comprendre la topologie de l’inconscient. Dans l’espace “ce ne sont pas, dit Lacan, des consistances de lignes mais des surfaces qui peuvent faire nœud... Et c’est de cela que se constitue notre représentation” (p.58).

Le rond trivial est fait de points qui sont des nœuds faits eux-mêmes de nœuds etc., parce que rien n’échappe au nouage du temps. Toute représentation dépend de cette “trivision” comme dit Lacan (p.58) :

Cette division en trois, de consistance diverses... C’est notre représentation”, c’est la triple boîte que je vous présente. Sous l’étoffe des choses qui fait image de substance, il s’agit dit Lacan, de montrer la corde. “Montrer la corde” consiste à s’apercevoir qu’il n’y a d’étoffe qui ne soit de tissage. “La corde est le fondement de l’accord”. “Qui doute qu’il y ait un autre ordre que celui où le corps croit se déplacer” ?

L’illusion de la sphère

Nous voyons sphérique. Sous cette illusion sphérique, il n’y a que des ronds. Mais la sphère c’est notre prison. Comment accéder à l’asphère ? C’est par la topologie des nœuds. “Pourquoi l’œil voit-il sphérique, interroge Lacan. Alors qu’il est incontestablement perçu comme sphère, l’oreille, remarquez-le, entend sphère tout autant, alors qu’elle se présente sous une forme différente dont chacun sait que c’est un limaçon ? ... Si ces deux organes manifestement difféomorphiques perçoivent sphériquement c’est à cause de l’objet a. Une conjonction nécessaire enchaîne le petit a, lui-même, à faire boule... À ceci près qu’il n’a pas de forme, mais qu’il est pensable de façon dominante, oralement ou aussi bien chialement (excrémentiellement) parce qu’il est lié aux orifices du corps”. Sans l’objet a (dans l’inconscient) quelque chose manque à toute apparence d’harmonie. Le sujet (de l’inconscient) n’est supposable qu’en tant que causé par un objet qu’il ne connaît pas. Ce qu’il imagine connaître ce n’est pas la sphère de l’Autre comme tel, mais l’Autre comme troué par l’objet petit a. “L’Autre, dit Lacan, est ainsi matrice à double entrées, dont le petit a constitue l’une de ces entrées, et dont l’autre, qu’allons nous dire ? Est-ce l’Un du signifiant ?”. En tout cas le sphérique est percé par l’objet petit a d’un côté et de l’autre par le un. “Entre l’un et l’objet a, dit Lacan, il n’y a strictement aucun rapport rationnellement déterminable”. C’est là, dans ce trou, que Lacan introduit le nombre d’or. “Le nombre d’or c’est :
 1 / a = 1 + a.

Il en résulte que jamais nulle proportion n’est saisissable entre le 1 et le a, que la différence du 1 au a sera toujours a au carré et ainsi de suite indéfiniment, une puissance de a, c’est-à-dire qu’il y a aucune raison que le recouvrement de l’un par l’autre se termine, que la différence sera aussi petite qu’on peut la figurer, qu’il y a même une limite mais qu’à l’intérieur de cette limite, il n’y aura jamais conjonction, copulation quelconque du 1 au a” (p.61).

L’inconscient est discordant

“L’Un de sens (I) ne se confond pas avec l’Un de signifiant (S), dit Lacan. L’Un de sens, c’est l’être, l’être (I) spécifié de l’inconscient, en tant qu’il ek-siste, qu’il ek- siste du moins au corps”. C’est-à-dire qu’il se tient hors du corps. “Car c’est une chose frappante, souligne Lacan, c’est qu’il ek-siste dans le dis-corps. Il n’y a rien dans l’inconscient s’il est fait tel que je vous l’énonce qui au corps fasse accord. L’inconscient est discordant. L’inconscient est ce qui, de parler, détermine le sujet en tant qu’être, mais à être rayer (sillonner) de cette métonymie, dont je (le sujet) supporte le désir, en tant qu’à tout jamais impossible à dire comme tel” (p.61).

Le “petit a” cause toujours et la parole fait l’objet dans l’inconscient

“Si je dis que le petit a est ce qui cause le désir (dans l’inconscient), ça veut dire qu’il n’en est pas l’objet. Il n’en est pas le complément direct ou indirect, mais seulement cette cause, qui joue du mot comme je l’ai fait dans mon premier discours de Rome, c’est la cause qui cause toujours. Le sujet est causé d’un objet qui n’est notable que d’une écriture, et c’est bien en cela qu’un pas est fait dans la théorie (de l’inconscient). L’irréductible de ceci, qui n’est pas effet de langage, car l’effet du langage (dans l’inconscient) c’est la passion du corps” (p.61).

Le “petit a” détermine l’Etre dans l’inconscient

“Mais, du langage (inconscient) est inscriptible, est notable en tant que le langage n’a pas d’effet, cette abstraction radicale qui est l’objet, l’objet (l’ob-jet) que je désigne, que j’écris de la figure d’écriture a, et dont rien n’est pensable, à ceci près que tout ce qui est sujet, sujet de pensée (inconsciente) qu’on imagine être Etre, en est déterminé. L’Un de sens est si peu ici intéressé que ce qu’il est comme effet, effet (est fait) de l’Un du signifiant, nous le savons et j’y insiste, l’Un de signifiant n’opère, n’opère en fait qu’à pouvoir être employé à désigner n’importe quel signifié”.

Ceci montre, entre autres, que les mathèmes de Lacan ne relèvent pas des mathématiques pas plus que le discours inconscient ne relève de la linguistique. Si vous confondez ces registres, l’inconscient se réduira à une arnaque inventée par des petits malins pour crétiniser leurs semblables afin de leur soutirer de l’argent. C’est pourquoi nous devons bien saisir cette montre du temps réversible qu’est le borroméen, ou comme on disait, “tenir la corde”, la corde inconsciente du temps borroméen.

“On aurait tort de croire, poursuit Lacan, que du Réel et de l’Imaginaire (dans l’inconscient), ce soit l’Imaginaire qui soit mortel (la mort c’est du symbolique) et que ce soit le Réel qui soit le vivant ( le Réel c’est la vie, l’ek-sistence, c’est pas le vivant. Et l’Imaginaire c’est la consistance des corps, c’est le vivant)”.

“D’où vient l’arbitraire du signifiant, si ce n’est d’un discours structuré !”, c’est-à-dire du discours structuré par l’objet a. Le langage, tel qu’on l’entend d’ordinaire, (dans la réalité) “n’est qu’une ornure”, terme utilisé dans la topologie des nœuds. “La dialectique, (dans la réalité) n’est supposable que de l’usage de ce qui l’égare vers un ordinaire mathématiquement ordonné”. Voilà l’égarement des mathématiques, comme l’a vu Wittgenstein. Elles ne tiennent pas compte de ce qu’elles sont menées par un discours inconscient.

L’ek-sistence

Qu’est-ce qu’ek-sister ? Tant qu’on ne se pose pas cette question, on dort.

“Qu’est-ce que l’affect d’ek-sister, à partir de mes termes ? demande Lacan. C’est à voir, au regard de ce champ où je situe ici l’inconscient, c’est-à-dire cet intervalle entre, si je puis dire deux consistances”. Ou, pourrait-on dire, cette bifurcation de l’inconscient en deux consistances, le corps et l’esprit. “Qu’est-ce que l’affect d’ek-sister ? Il concerne ce champ où non pas n’importe quoi se dit (le contradictoire n’est pas n’importe quoi), mais où déjà la trame, le treillis de ce que tout à l’heure je vous désignai d’une double entrée - une double entrée c’est une bifurcation. Une porte, ça a deux entrées - une double entrée du croisement du petit a avec ce qui du signifiant se définit comme être (c’est-à-dire arbitraire) ; qu’est-ce qui de cet inconscient fait ek-sistence ? C’est ce que j’ai figuré et que je souligne à l’instant même du support du symptôme”. Il y a le chaos. Le chaos, ça peut reculer, mais ça ne se détruit pas. Ça bifurque dans tous les sens. Il avait, il y a, il y aura le chaos. C’est lui qui assume les images les plus harmonieuses des corps et des esprits. On ne réduit pas le chaos à la mathématique ou à quelque substance. “C’est la fonction du symptôme, poursuit Lacan, fonction à entendre comme le ferait la formulation mathématique f (x). Qu’est-ce que ce x ? C’est ce qui de l’inconscient peut se traduire par une lettre, en tant que seulement dans la lettre, l’identité de soi à soi est isolée de toute qualité... Tout un est susceptible de s’écrire d’une lettre. Sans doute, y faudrait-il convention. Mais l’étrange c’est que c’est cela que le symptôme opère sauvagement (chaotiquement). Ce qui ne cesse pas de s’écrire dans le symptôme relève de là”. Le chaos refoulant le chaos c’est le symptôme.

L’écriture inconsciente

“L’important est la référence à l’écriture. La répétition du symptôme est ce quelque chose dont je viens de dire que, sauvagement (chaotiquement) c’est écriture...”. Quelle est la première lettre, la première consonne ? C’est, pouvons nous dire, le G de Gaia : la terre. Le B, beth, qui est avant et qui signifie maison, vient en fait selon les linguistes, du E qui vient après et qui signifie souffle. Voilà qui nous introduit aux nœuds de l’alphabet. La maison du souffle c’est la parole où l’homme habite. “L’homme et la femme habitent le langage”, comme dit Lacan. Le G (arme et ornement) a donné le C le kappa (la serpe). Cette arme dont Chronos se servit pour châtrer son père Ouranos.

“Que le symptôme dans le social (dans la réalité) se définisse de la déraison, dit Lacan, n’empêche pas que, pour ce qui est de chacun, il se signale (dans l’inconscient) de toutes sortes de rationalisations. Toute rationalisation est un fait de rationnel particulier, c’est-à-dire non pas d’exception, mais de n’importe qui. Il faut que n’importe qui puisse faire exception pour que la fonction de l’exceptionnel devienne modèle. - C’est ça la théorie des exceptions - Mais la réciproque n’est pas vrai. Il ne faut pas que l’exception traîne chez n’importe qui pour constituer, de ce fait un modèle (dans l’inconscient). Ceci est l’état ordinaire. N’importe qui atteint la fonction d’exception qu’a le père (dans l’inconscient). On sait avec quel résultat, celui de son rejet, dans la plupart des cas, par la filiation, que le père engendre avec les résultats psychotiques que j’ai dénoncés”.

On se souvient qu’Ouranos rejetait ses enfants dans les profondeurs de leur mère pour qu’ils ne viennent pas le détrôner. Chronos quand il eut vaincu Ouranos préféra les avaler lui-même, ses propres enfants, pour éviter leur maudite ambition. Puis, quand Zeus vainquit enfin Chronos, après dix ans de combats, l’oracle annonça que si Zeus avait un enfant, le rejet morbide du père se perpétuerait. Or Métis qui était alors la femme de Zeus, était enceinte. Donc cet enfant le détrônerait. La fatalité de la Verwerfung continuait. Zeus était désolé. Métis, qui savait plus de choses que tous les dieux et les hommes réunis, eut alors cette idée : “Mange-moi dit-elle à Zeus et la malédiction de la Verwerfung disparaîtra”. Elle se métamorphosa en eau et Zeus l’avala comme on avale un alcool. “Que faire de mon être-là, demandait quelqu’un à Lacan qui répondit : mangez-le !”. Aussitôt Zeus sentit une forte douleur dans la tête, furieuse gueule de bois ? Son front s’ouvrit - certains récits disent que c’est Héphaïstos, le dieu du feu, qu’Héra engendra seule, qui réalisa l’opération, à la manière du tableau de Bosch : “la cure de la folie”. Et de la tête de Zeus surgit, telle une fleur sublime, Athéna, bottée, casquée, armée, déesse de laraisonparfaite.

“Un père (un père dans l’inconscient) n’a droit au respect, sinon à l’amour, poursuit Lacan, que si le dit amour, le dit respect, est, vous n’allez pas en croire vos oreilles, père-versement orienté, c’est-à-dire par une femme, objet petit a qui cause (qui parle de) son désir. Mais ce que cette femme en petit a cueille, si je puis m’exprimer ainsi, n’a rien à voir dans la question ! Ce dont elle s’occupe, c’est d’autres objets a qui sont les enfants (les enfants dans l’inconscient, le désir d’enfant) auprès de qui le père pourtant intervient, exceptionnellement dans le bon cas, pour maintenir dans la répression, dans le juste mi-Dieu si vous me permettez, la version qui lui est propre de sa perversion, seule garantie de sa fonction de père (dans l’inconscient), laquelle est la fonction, la fonction du symptôme telle que je l’ai écrite là, comme telle. Voilà ce que doit être le père (dans l’inconscient) en tant qu’il ne peut être que d’exception, il ne peut être modèle de la fonction qu’à en réaliser le type. Peu importe qu’il ait des symptômes, s’il y ajoute celui de la perversion paternelle, c’est-à-dire que la cause en soit une femme qu’il se soit acquise pour lui faire des enfants (des enfants sur l’autre scène) et que, de ceux-ci, qu’il le veuille ou pas, il prenne soin paternel. La normalité n’est pas la vertu par excellence, mais seulement le juste mi-Dieu dit à l’instant, soit le juste non-dire, naturellement à condition qu’il ne soit pas cousu de fil blanc ce non-dire, c’est-à-dire qu’on ne voie pas tout de suite de quoi il s’agit dans ce qu’il ne dit pas”...

“C’est rare qu’il réussisse ce juste mi-Dieu”. Pourquoi mi-Dieu au lieu de milieu ? Nous sommes dans l’inconscient. Le milieu, le mi-Dieu, c’est le tiers exclu. Si L dont l’étymologie est “aiguillon” est remplacé par D dont l’étymologie est porte, ouverture, c’est parce que la lettre ouvre d’une double entrée comme une porte le destin de l’être dans l’inconscient. “...Je vous l’ai dit dans un article sur Schreber, là rien de pire que le père (dans l’inconscient) qui profère la loi, surtout pas de père éducateur surtout ! Mais plutôt en retrait sur tous les magistères” (c’est-à-dire sur toutes les formations).

Une femme

“Je vais terminer comme ça, dit Lacan, à vous parler d’une femme...

[Maintenant, si vous croyez que c’est une femme de la réalité, vous risquez d’être déçu, une femme, ce n’est pas de vous, Mademoiselle, dont il s’agit, ce n’est pas non plus de la vôtre, Monsieur. C’est une femme dans l’inconscient].

... Je vous ai dis, poursuit Lacan, que la femme ça n’ek-siste pas...”.

Cette phrase, il y a un auteur célèbre, soi-disant psychanalyste, qui l’explique ainsi : La femme n’existe pas parce qu’il n’existe dans le monde que des femmes particulières ! Si c’est ce qu’avait dit Lacan, il n’aurait fait que défoncer une porte ouverte depuis les origines de la philosophie. La femme n’ek-siste pas... C’est dans l’inconscient. Et l’homme alors, il existe lui ? Mais s’il n’y a pas de femme, il n’y a pas d’homme non plus ! Ce n’est donc pas tout à fait la même chose que ce que les journalistes rapportent de Lacan en affirmant que selon lui, les femmes n’existent pas.

“L’homme et la femme, dit Lacan, habitent le langage”, le langage de l’inconscient. “Toutes les femmes, comme on dit, poursuit Lacan, mais moi je dis que les femmes sont "pas toutes" alors, ça fait un peu objection, n’est-ce pas ! mais La femme c’est toutes les femmes, mais alors c’est un ensemble vide (dans l’inconscient), parce que cette théorie des ensembles, c’est quand même quelque chose qui permet de mettre un peu de sérieux dans l’usage du terme tout”.

La femme qui serait toute, toutes les femmes, toutes les positions que peut prendre la femme, ne peut-être que cet ensemble vide qu’est la vierge Marie, laquelle est à la fois fille (fille de Dieu comme tout le monde), épouse (puisqu’elle est choisie par Dieu - c’est l’annonce faite à Marie) et mère (puisqu’elle enfante le nouveau messie) ; elle est en même temps sœur (puisque en étant fils de Dieu son fils est aussi son frère). Elle est pute puisqu’elle trompe Joseph et toujours vierge, comme on dit, c’est-à-dire que comme toutes les déesses qui relèvent de l’ensemble vide, elle est vierge dans le sens où elle n’est jamais souillée ou culpabilisée par aucun acte sexuel.

Donc Marie, fille, sœur, épouse, mère, pute et vierge. Ce sont les six positions de la femme. Mais aucune ne peut les rassembler toutes au même moment ces positions. Si une femme est fille et sœur, il faut que son père soit aussi le fils de sa mère, comme Antigone. Pour qu’elle soit épouse et mère, il faut qu’elle épouse son fils, comme Jocaste. Pour être pute et vierge, il faudrait qu’elle soit une déesse comme celle de la mythologie, Artémis, ou Athéna, qui figure l’ensemble vide dans l’inconscient.

Si “la femme est l’avenir de l’homme”, comme disait Aragon, ce ne peut être dans l’inconscient qu’un avenir tragique. “Une femme d’abord, dit Lacan, la question ne se pose que pour l’autre dans l’inconscient, c’est-à-dire celui pour lequel il y a un ensemble définissable par cette chose qui est inscrite au tableau. Ce n’est pas la jouissance du phallus”.

Qu’est-ce qu’un phallus ? Hors de l’inconscient, c’est un pénis en érection, comme tout le monde le sait. Qu’est-ce que ça fait ? ça entre et ça sort. Dans un dessin animé de Topor, on peut voir le pénis de Sade qui est un pénis qui parle dire à son maître : “regarde là, dans le mur, il y a un trou convenable dont on pourrait se servir pour copuler !”. Evidemment, le phallus n’a rien à voir avec le phi de Lacan sinon qu’ils ont la même initiale, la même lettre, qui est un rond traversé d’une barre et qu’ils représentent une fonction, F (S) (fesse) celle d’écarter et de resserrer. “Alors, dit Lacan, le phallus (dans l’inconscient) qu’est-ce que c’est ?... Est-ce la jouissance sans l’organe, ou l’organe sans la jouissance ? Enfin, c’est sous cette forme que je vous interroge pour donner sens, hélas, à cette figure.” (p. 65)

Hélas, parce qu’en donnant un sens, en croyant que ça a un sens on se trompe toujours sur la jouissance. Le phallus, dans l’inconscient, est un signifiant, c’est-à-dire qu’il ne signifie rien. Ce n’est que le symbole (dans S) d’un objet imaginaire (dans I), ce n’est pas un objet, ce n’est pas un effet imaginaire. C’est la jouissance réelle, la puissance phi de l’inconscient. Comme dit Lacan “Il n’y a pas trace d’une nature antiphallique dans l’inconscient” ou encore mieux “la femme n’a pas moins que l’homme la jouissance phallique”. C’est pourquoi le sujet est heureux. Mais, ça peut être encombrant, le phallus quand il est imaginé.

“Pour qui est encombré du phallus (dans l’imaginaire de l’inconscient), poursuit Lacan (p. 65), qu’est-ce qu’une femme ? C’est un symptôme”. “Cette ek-sistence de réel qu’est mon phallus de tout à l’heure, celui sur lequel je vous ai laissés tout à l’heure la langue pendante, il s’agit de savoir ce qui y correspond pour elle. Vous n’imaginez pas que c’est le petit machin là dont parle Freud ! ça n’a rien à faire avec ça... il y a si peu de rapports sexuels (dans l’inconscient) que je vous recommande la lecture d’une chose qui est un très beau roman Ondine”. “Ondine” est une pièce en trois actes de Giraudoux, inspirée de légendes germaniques. Les ondines dans les mythologies (qui dit mythologie dit inconscient), scandinave, germanique et celte, sont des fées, les fées des eaux. Elles proposent aux voyageurs de les conduire à travers les brumes, les marais ou les forêts mais c’est pour mieux les égarer et les perdre. Elles correspondent aux sirènes qui disent tout ce que vous aimer à entendre. Les Ondines ont de longues chevelures qu’elles peignent près des sources et des lacs. Elles sont évidemment très jolies. Elles attirent les jeunes pêcheurs ou les beaux chevaliers et les transportent dans leur palais de cristal au fond des lacs. Là, les jours passent plus rapides que les minutes, mais on meurt rapidement épuisé. Les Ondines sont pour les hommes mais pour les femmes il y a les Ondins qui jouent le même rôle. Si l’on a une Ondine ou un Ondin dans l’inconscient, on sait avec qui vous jouissez ! L’ennui c’est que vous risquez d’avoir quelques difficultés sentimentales et sexuelles avec les femmes et les hommes de la réalité. Car qui pourrez être aussi fantasmant dans la réalité qu’une Ondine ou un Ondin dans le réel ? Ça recoupe ce que disait Freud à propos du couple ; ils ne sont pas deux ils sont quatre, chacun ayant quelque Ondin ou Ondine dans l’inconscient.

“Ce qu’il y a de frappant, poursuit Lacan, dans se quelque chose qui, comme là, se bécote avec l’inconscient, c’est qu’on y croit... Qu’est-ce que c’est que croire aux sylphes (les sylphes sont des mâles) et aux ondins ?”

Le bouchon de la croyance dans l’inconscient

“Je vous fais remarquer qu’on dit croire à. Et même que la langue française y ajoute ce renforcement que ce n’est pas croire à, mais croire y. Y croire ça ne peut vouloir dire sémantiquement que ceci, croire à des êtres en tant qu’ils peuvent dire quelque chose (dans l’inconscient, à savoir quelque chose qui est précisément ce que l’on veut attendre). Si ce sont des êtres qui ne peuvent rien dire, dire à proprement parler, c’est-à-dire énoncer ce qui se distingue comme vérité ou comme mensonge, ça ne peut rien vouloir dire (dans l’inconscient)... Il n’y a pas de doute, quiconque vient nous présenter un symptôme (dans la réalité) y croit (dans l’inconscient). Qu’est-ce que ça veut dire ? S’il nous demande notre aide, notre secours, c’est parce qu’il croit que le symptôme, il est capable de dire quelque chose, qu’il faut seulement déchiffrer (comme un rébus de l’inconscient). C’est de même pour ce qu’il en est d’une femme, à ceci près, ce qui arrive, mais ce n’est pas évident, c’est qu’on croit qu’elle dit effectivement quelque chose, c’est là que joue le bouchon (l’irréfutabilité de la croyance). Pour y croire, on la croit. On croit ce qu’elle dit. C’est ce qui s’appelle l’amour (dans l’inconscient - l’amour pour sa maman). Et c’est en quoi un sentiment que j’ai qualifié à l’occasion de comique. C’est le comique bien connu, le comique de la psychose ; c’est pour ça qu’on nous dit (dans la réalité) que l’amour est une folie. La différence est pourtant manifeste entre “y” croire, au symptôme, où le croire. C’est ce qui fait la différence entre la névrose et la psychose. [Y c’est la psychose, la c’est la névrose. Y, yod, a pour étymologie “main”, comme une main tendue qu’on pourrait saisir dans l’inconscient. L, lamed, a pour étymologie aiguillon, l’aiguillon pour faire avancer le bétail, et par extension dynamiser, faire passer du repos à l’activité, exciter]. S’il n’y pas de rapport sexuel (dans l’inconscient) il est certain que l’amour peut se classifier, selon les cas élaborer, dans la réalité par Stendhal : l’amour-estime, l’amour-passion, l’amour-gôut.

“Mais l’important, dit Lacan, c’est qu’on la croit parce qu’on a jamais eu de preuve qu’elle ne soit pas (dans l’inconscient) absolument authentique. Mais ce la croire est tout de même ce quelque chose sur quoi on s’aveugle totalement, qui sert de bouchon, c’est ce que j’ai déjà dit. Car croire qu’il y en a une ça vous entraîne jusqu’à croire qu’il y a La, La qui est tout à fait une croyance fallacieuse (dans l’inconscient). Personne ne dit le sylphe ou l’ondine, il y a une ondine ou un sylphe, il y a des esprits pour certains... Quel sens a d’y croire et s’il n’y a pas quelque chose de tout à fait nécessaire dans le fait que pour Y croire, il y n’a pas de meilleur moyen que de la croire”. C’est comme ça qu’on passe de la névrose à la psychose... La femme c’est donc bien un symptôme dans l’inconscient. Le problème c’est qu’il y a une zone où l’inconscient et la réalité peuvent se confondre comme je le figure par deux ronds enlacés.

Il y a donc, pour conclure, une souffrance ek-sistentielle, c’est-à-dire hors du corps et de l’esprit. Et la cause de cette souffrance propre à l’inconscient c’est le désir de cette femme, ou de cet homme, qui n’y existe pas.

Voir en ligne : J. LACAN : Séminaire RSI. Leçon du 21 janvier 1975 (gaogoa.fr)

Notes

[1“Trois essais sur la sexualité”, p.57.

[2id. p. 56.

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