Psychanalyse-Paris.com
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« C’est dans cet écart qu’est née la psychanalyse freudienne. Cette incompatibilité est toutefois si insupportable qu’on la voudrait dépassable, en rêvant d’une autorité qui serait aussi "à l’écoute", selon la formule consacrée. L’inflation même de l’expression devrait pourtant nous alerter, et cette fausse religion de l’écoute qui règne depuis quelques années a surtout pour fonction de masquer une objectivation croissante, telle un secret de Polichinelle. Qu’un savoir, quel qu’il soit (et il n’en manque guère), objective "le toxicomane", et ç’en est fait de sa parole : il devient "à éduquer".
[...] Aussi terrible qu’en soit le constat, il nous apparaît en effet que la toxicomanie n’est plus l’exception, mais la règle, hypostasiant dans l’extrême réduction du lien social à une pure exigence de consommation la "religion" inavouée d’une société toute entière, qui découvre ici ses (anti-) héros, dans un mélange révélateur d’attirance et de répulsion. Eux parviennent au moins à une chose : en dépit de toutes les pressions, ils font valoir leur existence par le risque de leur mort, et y retrouvent une singularité - pour leurs juges, hélas, bien plus qu’en conscience pour eux-mêmes.
[...] Les sujets actuels, toxicomanes ou pas, sont de moins en moins assimilables aux belles hystériques viennoises de Freud, qui trouvaient leur salut entre un divan et un fauteuil. Lui-même a toujours clairement affirmé que ce cadre lui convenait, mais que rien ne l’imposait. Il n’est pas certain que tous ses successeurs se soient montré dignes de cette hauteur de vue...
Parmi eux, pourtant, quelques noms prestigieux, comme Sandor Ferenczi, Mélanie Klein ou Jacques Lacan, ont proposé d’autres façons de faire, qui après avoir été largement critiquées, tendent à se fétichiser à leur tour. Les reprendre et s’en inspirer afin de créer un cadre de travail adéquat pour des sujets dont le rapport à la parole est plus difficile aujourd’hui qu’au début de ce siècle, et s’oublie sans cesse davantage - telle serait la voie de recherche que nous proposerions comme l’une des plus pertinentes pour avancer à présent sur ce terrain "symptomatique" de la toxicomanie » (Hubert Lisandre, Toxicoquebec.com).
