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Éditorial

Dépression : l’entourage et le manque de volonté

Est-ce bien la volonté qui fait le plus souvent défaut au dépressif ?

Date de mise en ligne : samedi 23 juillet 2005

Auteur : Jack BENSIMON

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Conformément aux statistiques qui ne tiennent pas compte des maladies chroniques, 28 % de personnes (1 personne sur 5) expriment, à des degrés divers, une souffrance psychique importante. On estime à 25 % les consultations des médecins généralistes relevant des troubles psychiques.

La volonté est ce qui fait défaut le plus souvent au dépressif. Phrase malheureuse mais qui mérite que l’on s’y attarde. Voilà une idée "répandue" et une référence... de non-dépressif.

Une jambe cassée, une varicelle, c’est du concret, du « palpable », mais un système émotionnel dévasté, c’est tellement « impalpable », difficilement quantifiable et tellement subjectif ! On a toujours peur de ce que l’on ne maîtrise pas. Quand on a la jambe dans le plâtre, on prend des béquilles, on se fait aider, mais quand c’est l’âme qui est « fracturée », comment fait-on ?

Au Moyen âge, on associait la dépression (la « mélancolie ») à une possession diabolique, car on ne connaissait pas, on ne savait pas du tout ce qui se passait dans la tête de celui qui en souffrait. Alors on expliquait cela par un problème spirituel. Il est vrai qu’une personne dépressive est spirituellement très vulnérable, elle « baisse la garde », elle a beaucoup plus de peine à se préserver spirituellement et il y a un réel danger de dérapage. Bien entendu, notre Ennemi n’a qu’à s’engouffrer dans la brèche pour y faire ses ravages, ce qu’il ne se prive pas de faire, pouvant même aller jusqu’à pousser la personne au suicide. Mais la dépression est au départ un dysfonctionnement de l’organisme, une maladie qu’il faut traiter comme telle.

À notre époque, aux différents âges de la vie, chaque événement de vie où se joue une décision est source de remise en cause de soi. Cette pression culturelle commande aux individus de se construire en permanence une personnalité adéquate aux règles et aux normes ; ce qui peut engendrer des souffrances psychiques, voire de faire tomber dans la dépression.

Cet aspect de la dépression est de plus en plus accepté. Pourtant, de nombreux préjugés subsistent. Selon ces préjugés, les personnes souffrantes de dépression seraient : Faibles de caractère et manqueraient de volonté.

La dépression n’est pas une faiblesse de caractère, de la paresse ou un manque de volonté. C’est une maladie. Bien que les personnes atteintes de dépression jouent un rôle important dans leur propre maladie, elles n’ont pas choisi de tomber malade. Lorsque cette vision erronée revient souvent dans les propos des proches des personnes malades, il peut même sous-entendre une grave disqualification de l’individu et une culpabilisation qui peut empêcher la guérison.

Les personnes dépressives souffrent mais tous ont bien connaissance que leur maladie fait également souffrir leurs proches.

La souffrance morale du malade peut être soutenu, intransmissible, insoutenable et même insupportable. Les proches se sentent démunis, impuissants voire même culpabilisés par cette impuissance d’aider l’autre. Les capacités de gestion des taches de la vie courante sont quasi nulles et c’est à l’entourage d’assumer cette surcharge de travail et de responsabilités. Au bout de quelque temps l’autre "craque" et il y a un déprimé de plus.

La culpabilisation face au désarroi affectif provoqué dans l’entourage doit être le moteur d’une responsabilisation de la personne dépressive dans la prise en charge de sa maladie.

Il est fréquemment très difficile de réagir de la façon la plus adéquate lorsque l’on se retrouve confronté à la dépression de l’un de ses proches. Avant tout il faut bannir les phrases les plus culpabilisantes du type "Secoue-toi !", ou "ça ira mieux demain !". La dépression est une authentique pathologie qui ne peut jamais s’expliquer par un simple manque de volonté. Encourager l’autre au dialogue et faire tout pour qu’il ne se dévalorise jamais en répétant à volonté "je ne suis plus bon à rien".

De plus, le dépressif n’apporte pas que tourment à son entourage, loin de là. Les personnalités des personnes dépressives sont souvent magnanimes, créatrices, sensibles. Etre déprimé c’est avoir la sensation d’être un faible donc un minable. Son corollaire est "je vais m’en sortir tout seul, par la volonté ". C’est faux ! La guérison d’une dépression n’est jamais "liée à la volonté". Elle peut guérir "spontanément" si les circonstances qui l’ont déclenchée se corrigent ou simplement s’estompent avec le temps mais la volonté n’y est pour rien.

Il existe des pans essentiels de notre Moi qui sont indépendants de notre volonté. Voyez la sexualité, l’homme n’est pas en érection à volonté mais par un phénomène régit par l’érotisme, le désir ou l’amour. Et ce qui est érotique pour moi ne l’est peut être pas pour vous. La volonté viendra plus tard.

La Culpabilité vient ensuite compléter le tableau. Je suis faible, je n’arrive pas à m’en sortir par la volonté et je culpabilise. Logique ! Comme en mathématique, à partir d’un postulat même faux on peut construite un univers parfaitement cohérent et logique. Ce n’est pas pour ça qu’il est vrai.

L’entourage ne comprend pas, même avec la meilleure volonté (encore !) du monde. Il peut également apparaître un phénomène inconscient de rejet parmi les proches. Ce n’est pas facile pour eux non plus. Peut-être culpabilisent-ils eux aussi ! S’il ne l’a pas connu, personne ne peut imaginer ce trou sombre aux parois lisses dans lequel le dépressif est plongé. "Fait un effort, reprend toi, il y des bien plus malheureux que toi, etc...".

Les conseils fusent, accroissent la culpabilité et la lumière diminue encore et encore et encore... Faire continuellement confiance dans les sentiments profonds est le seul moyen de dépasser les incompréhensions, les différends, les drames, les désaccords. Ce n’est pas forcément l’être le plus proche au quotidien qui est le meilleur soutien car il n’a pas suffisamment d’impartialité dans ses réactions comportementales et la distanciation lui fait défaut pour appréhender la maladie. Souvent il s’agit d’un père ou d’une mère, d’un frère ou une sœur, d’un ami de longue date, qui sera le soutien fidèle.
C’est grâce à cette béquille que la personne dépressive va pouvoir analyser plus froidement sa maladie, se fixer des buts utiles et accessibles et peut-être ainsi se guérir.

Ce proche pourra lui confier certaines responsabilités à assurer lors des phases de la maladie. Il sera le principal "clignotant" pouvant prévenir de l’approche d’une crise suicidaire par exemple. Il sera perpétuellement l’asile après la tourmente. Même s’il ne comprendra pas forcément, il pardonnera.

S’il est essentiel que l’entourage soit associé au traitement, il est cependant important de prendre en compte qu’il s’agit d’une pathologie, et non d’une tendance au laisser-aller. Il est donc inutile d’essayer de "secouer" le patient. Cela le plongerait encore davantage dans le désarroi.

Les conseils psychologiques que l’on peut donner consistent à parler à une personne entraînée dans l’art d’écouter. Ceci permet d’exprimer ses sentiments afin de commencer à trouver ses propres solutions à ses problèmes. Parler et être écouté par quelqu’un témoignant de l’empathie et de l’ouverture d’esprit, peut aider à explorer les sujets posant problème ou faisant souffrir. Le psychanalyste ou le psychothérapeute peuvent aider à développer une meilleure compréhension de ses sentiments, pensées et comportements.

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