« Tout malade a besoin de se raconter l’histoire de sa maladie, ce que la médecine technico-scientifique néglige. D’autant que la psychiatrie nord-américaine est en passe d’imposer une approche exclusivement médicamenteuse de la souffrance psychique : “La maladie psychique devient ce que la molécule soulage.” Ainsi, tout en prétendant discréditer la psychanalyse, cette psychiatrie répond aux demandes d’industries pharmaceutiques particulièrement rentables. Les conséquences de ce “technico-puritanisme états-unien” ? Une santé présentée comme produit de consommation, budgétée et progressivement privatisée, des hôpitaux classés, une soumission aux lobbies pharmaceutiques, une psychiatrie réduite à l’usage de psychotropes pour limiter les “déviances” et autres “troubles du comportement”.
Pour faire face à ces tendances et à la mise à l’écart de la souffrance psychique, Marie-José Del Volgo et Roland Gori proposent de réhabiliter la force de la parole du malade dans le processus de guérison : “Le patient ne peut renoncer à ce que la maladie lui apprend sur la cause et le lieu de la mort ainsi anticipée. Seule la mise en sépulture dans les rêves et l’inconscient peut guérir psychiquement d’une guérison”. » (Nicolas Mathey, L’Humanité.fr).
– Roland Gori et Marie-José Del Volgo, La Santé totalitaire. Essai sur la médicalisation de l’existence, Éditions Denoël, 22 €.