Psychanalyse-Paris.com Abréactions Associations : 8, rue de Florence - 75008 Paris | Tél. : 01 45 08 41 10
Accueil > Séminaires psychanalytiques > Psychanalyse et Mythologie > Narcisse, les douze dieux de l’Olympe et le non-moi

Psychanalyse et Mythologie (VII)

Narcisse, les douze dieux de l’Olympe et le non-moi

Texte de l’intervention au Cercle Psychanalytique de Paris (26 avril 2007)

Date de mise en ligne : dimanche 29 avril 2007

Auteur : Guy MASSAT

Mots-clés : , ,

Guy Massat, « Narcisse, les douze dieux de l’Olympe et le non-moi », septième séance du séminaire « Psychanalyse et Mythologie » au Cercle psychanalytique de Paris, le jeudi 26 avril 2007.

La psychanalyse, qu’apporte-t-elle ?

Qu’est-ce qu’ont découvert finalement Freud et Lacan, au-delà de la clinique, au-delà de leur méthode thérapeutique ?

Selon l’épistémologie, la critique des sciences, ils ont accompli la plus fondamentale subversion du sujet depuis l’aube de la philosophie jusqu’à la physique quantique. Ils nous ont affranchi de fausses évidences qu’on peut réduire utilement à celle que formule Lacan : « La fausse évidence dont le moi se fait titre à parader de l’existence » (Écrits).

Ils ont découvert que « le moi n’a qu’une existence fictive » comme le visage de Narcisse reflété dans l’eau de la rivière. Une existence fictive face au regard « du sujet de l’inconscient ». Le sujet — celui qui fait l’action — est l’inconscient et non plus le conscient qui, lui, ne fait jamais qu’apparaître. Les maladies du moi relèvent de l’inconscient. La santé du moi relève de l’inconscient. C’est ce nouveau territoire de l’inconscient qui permet à quiconque de se régénérer et se libérer. Par l’analyse, ou la libération de l’inconscient, les symptômes physiques et mentaux s’expliquent, se comprennent, se résolvent et disparaissent.

Ils nous ont appris à distinguer et ne plus confondre l’inconscient et le conscient.

Qu’est-ce que l’inconscient ?

L’inconscient est cette dimension du langage qui est antérieure au corps et à l’esprit. « L’inconscient relève du logique pur, autrement dit du signifiant », enseigne Lacan Le signifiant ne signifie rien en lui-même. Et le « logique pur » se moque — à la manière de ce que décrit souvent la physique quantique — des principes de la logique formelle.

Subversion du sujet et logique chaotique, telles sont les caractéristiques du territoire de l’inconscient. Si les êtres se réduisent bien au langage, Narcisse comme Oedipe ne sauraient y échapper. Ils représentent les structures cachées des symptômes. Ils nourrissent de leurs poisons les invectives et les comportements hystériques, obsessionnels ou phobiques du conscient. Pour faire court, nous dirons que tout sujet s’appréhende désormais en trois dimensions dynamiques traversées par le langage : le conscient, le préconscient et l’inconscient comme cela est figuré par les nouages du nœud borroméen où la navette du temps ne cesse de tisser ses allers-retours.

L’inconscient n’est pas à confondre avec l’inconscience. L’inconscience consiste justement à vivre distraitement comme si l’inconscient n’existait pas. L’inconscience c’est l’absence de rigueur, l’absence de lucidité, d’interrogation, l’attente passive et de parti pris dans la soumission volontaire et narcissique au supposé savoir du conscient. L’inconscient psychanalytique n’est pas non plus l’inconscient des philosophes qui se réduit à ce que l’on ne peut percevoir simplement parce que nos sens sont insuffisants. Exemple : le cerveau est le pré-conscient.

L’inconscient psychanalytique lui, est la pulsation temporelle du devenir, l’expansion dynamique d’une pensée foisonnante infiniment plus riche que la pensée consciente, puisqu’il en est la source.

Plus l’inconscient est, écouté, analysé, libéré, plus l’imaginaire du pré-conscient se développe, et plus le conscient devient créatif et efficace par gains de liberté.

La méthode de la cure psychanalytique est l’association libre des sons des paroles et des sens des mots. Sa règle fondamentale consiste à tout dire de notre vie quotidienne, intime, secrète, de nos doutes, de nos peurs, de nos angoisses, de nos rêves, de nos lapsus, actes manqués symptômes, sensations, sentiments et pensées, amour et haine, sans se juger, tout cela dans le seul but de vaincre les résistances qui bloquent les pulsions vitales de notre inconscient.

Vous vous souvenez, la dernière fois, nous avons rencontré « le mur de Planck ». Nous avons vu que c’est à partir de ce mur quantique que s’arrête la logique aristotélicienne. Au-delà de cette limite, Madame la conscience, votre ticket n’est plus valable : ça va trop vite pour vous.

La logique de la conscience se disait être la vérité, mais devant ce mur, cette vérité d’Aristote et sa logique formelle ne sont plus que des moments de la bévue, de l’Unbewusste, de l’inconscient, comme dit Freud. Ici tout est dissous, absorbé. Plus de principe d’identité, de contradiction et de tiers exclu. C’est le monde de l’absorption, le monde du vide, de la vitesse absolue omniprésente, le monde du Chaos, du grand O, du non-être, du désêtre, le monde de l’inconscient. Ici il n’y a plus d’être mais des lettres, et des lettres qui se déforment et qui parlent.

Vous connaissez les trois dernières lettres de l’alphabet grec ? Ki, Psy, Oméga. Ki, X, c’est l’initiale de Chaos, le Réel, le réel selon la physique quantique et l’inconscient selon Lacan. La lettre Psy, est l’initiale de Psyché, le souffle vital, la parole. Tout le monde aime Psyché. Puis vient Oméga, l’énergie du point zéro, comme dit Niels Bohr. Khi, Psy, Oméga. L’inconscient est l’énergie du point zéro, le grand O, Oméga. Ne voit-on pas, naïvement, seulement à la forme de la lettre, que l’inconscient est ouvert ? Le conscient, lui, n’est nécessairement qu’un bord fermé sur son propre sens comme Narcisse sur sa propre image.

Mais de toute façon, comme on l’a vu, dans la topologie lacanienne c’est le trou qui précède le bord, c’est le vide qui fait le bord, les nœuds et les dessus-dessous de tous les nouages.

Si je dis par exemple : « je vais vous parler des mots ». À l’arrêt de cette phrase vous ne pouvez savoir s’il s’agit de maux ou de mots. Ce n’est que par le mouvement des phrases suivantes que vous pourrez le savoir et faire passer « maux » par exemple sous mot. Le son est maux mais il équivoque avec mot. Les deux sons se croisent mais l’un est dessus et l’autre dessous. Le croisement n’est plus dans l’ombre mais le mouvement qu’est le vide le fait bifurquer. On entend, en quelque sorte, des dessus-dessous.

Dans la topologie lacanienne une ligne peut en traverser un autre. Ce qui évidemment n’est pas possible dans notre réalité.

Ce sont les bouddhistes qui ont inventé le zéro qu’ils appelaient nirvana, mot signifiant extinction, extinction de tout désir, de tout désir producteur de souffrance, de tout désir insatisfaisant, c’est-à-dire, pour nous, hystérique, de tout désir impossible, c’est-à-dire pour nous, obsessionnel, de tout désir statique niant le devenir, ce qui, en bref, définit la liberté libre. Donc énergie du point zéro, énergie d’absorption. Absorption se dit « Jana », prononciation « Djana », dans la langue bouddhique, le Pali. Je vais vous montrer, à ce propos, une curieuse odyssée d’homophonie à travers le temps, à travers le Chaos en devenir. Ce mot bouddhiste, Djana, est celui qui a donné en Chinois Tchanna, qu’on prononce, par apocope, Tchan et c’est cet idéogramme tchan qui se prononce Zen en Japonais. Or le phonème Zen, en Japonais, est homophone du phonème grec, Zen, qui est l’infinitif présent du verbe Zao, vivre. Zen c’est le nom par lequel Homère désigne Zeus, le souverain suprême des dieux et des hommes, à savoir la vie. Et ce phonème zen est passé tout naturellement aujourd’hui dans le langage courant des pays européens. N’est-ce pas curieux ? C’est ce genre de routes involontaires et de croisements immatériels que l’on trouve dans les dimensions de l’inconscient.

Vous vous souvenez aussi de ces physiciens qui, pour nous expliquer ce qu’est un électron, le comparent au « poisson soluble » d’André Breton. Ils nous précisent aussi que ce qui est valable pour l’électron l’est aussi pour le proton et même pour l’atome (Le Cantique des Quantiques, p. 9). Comme nous sommes faits d’atomes, de protons et d’électrons, nous sommes donc rigoureusement, nécessairement, en droit et en fait, nous sommes « des poissons solubles ». Heidegger, qui s’en était aperçu, protestait que l’on ne pouvait réduire un arbre ou un être à un nuage éphémère de particules. Pourquoi ? Parce que justement nous sommes, êtres et choses, nous ne sommes avant tout que du langage.

Ainsi pouvons-nous conclure qu’il n’y a que le Chaos en devenir qui parle réellement, le reste n’est que clabauderie ou aboiements de chiens. En tout cas, la caractéristique du poisson — soluble ou pas — c’est d’avoir les yeux toujours ouverts. Le poisson, dans toutes les traditions, est le symbole de l’éveil. Gnosis seauton, Connais-toi toi-même, parce que sous tes apparences, tu n’es jamais, dans l’inconscient, qu’un poisson soluble ! Comme le serait dans l’eau le visage de Narcisse, s’il savait le voir.

S’absorber c’est se fondre, disparaître, se perdre. Nous sommes en profondeur absorbés par le Chaos. Nous sommes sans position comme l’électron qui n’a d’existence qu’au moment où il est observé. Il n’y a ni univers ni être en dehors du langage. Le monde sub-atomique, invisible à nos sens, plus microscopique que le microscopique, c’est bien le monde réel. « Mais pourquoi, diable, demande Lacan, vouloir que ce qui est microscopique soit plus réel que ce qui est macroscopique ? » (RSI, p. 45). En effet, l’inconscient est macroscopique parce qu’il inclut et englobe infiniment tout ce qui ne fait qu’apparaître. Et si l’inconscient est la vérité du Réel parce qu’il parle, il inclut nécessairement et infiniment les dimensions microscopiques et ultra rapides de la physique quantique.

Tout cela pour remarquer que Parménide, Platon et Aristote avaient tort. Ils nous ont fait croire pendant 2500 ans qu’il n’y avait rien à tirer du non-être que seul l’être totalitaire était intéressant. Or avec la physique quantique et l’inconscient nous constatons exactement le contraire.

N’entendez-vous maintenant pas sonner l’ère du discours inconscient ? On dit que ça parle dans l’inconscient et que ça ne fait pas semblant. « L’inconscient a la structure radicale du langage » (Écrits, p. 594), dit Lacan et qu’est-ce qu’il dit l’inconscient ? « Il dit le vrai sur le vrai ». C’est dans les Écrits (p. 686).

Les savants aujourd’hui voient dans la physique quantique une sorte de bombe nucléaire intellectuelle dirigée sur les notions naïves et fictives de « bon sens » et de « raison binaire » où triomphait depuis longtemps notre bonne vieille et narcissique conscience. Ce que disent ces savants se raboute et se noue à ce que soutiennent Freud, Lacan et la psychanalyse.

Pour conclure, Le Cantique des quantiques (p. 122) affirme que « notre organisation socio-politique et nos modes de pensée ont été ou vont être bouleversés, davantage peut-être que par tout autre événement » dans l’histoire de l’univers et de l’évolution humaine. C’est que la science ayant enfin trouvé dans le langage une confirmation d’elle-même, est devenu maintenant, comme l’avait prophétisait Mallarmé, « une confirmation du langage ».

Nous en sommes donc là aujourd’hui avec Freud, Lacan et avec la physique quantique. Nous avons quitté la logique de la conscience qui n’était fascinée que par le reflet de sa propre image. La physique quantique et la psychanalyse apparaissent aujourd’hui comme les deux grands « collèges de la déraison », de la déraison ordinaire, comme disait Samuel Butler dans Erewhon (nulle part à l’envers).

Pour nous résumer : il y a le Devenir d’Héraclite et l’Être de Parménide. Les Philosophies et les grandes religions ont choisi l’Être. La psychanalyse et la physique quantique ne relèvent que du mouvement et du devenir. C’est une question de méthode et elle est incontournable : il n’y a que le mouvement et l’arrêt. Et nous ne pouvons confondre l’arrêt avec le mouvement, le conscient avec l’inconscient. Tout arrêt ne peut jamais qu’être provisoire, comme le conscient, même quand il nous parait durer très longtemps. Bref il n’y a que le déplacement et la condensation comme dit Freud, ou plus exactement encore métonymie et métaphore, selon Lacan et le linguiste Jakobson.

En outre, dans le devenir il y a le manque, c’est-à-dire le désir. Mais ce manque n’est pas le manque de quelque chose, c’est le manque de rien. Et c’est ce désir de devenir, ce manque de rien qui est la pulsion de vie, de créativité et de réalisation.

Le devenir comme pulsion de vie

Qu’est-ce que le désir de devenir comme pulsion de vie ? Nous avons vu la dernière fois que Chaos était le devenir. Ce qui va à rebours de tous ceux qui réduisent le chaos à un vide statique, un non-être dont il n’y aurait « rien à dire ou penser », donc, une simple production de l’être. D’où leur traduction de « Chaos genet » par le contresens fondamental « le vide naquit », c’est-à-dire qu’à l’instar des philosophes ils veulent à tout prix que l’être précède le néant, la chose le vide, le conscient l’inconscient, le fini l’infini, leur moi le monde, et Narcisse son miroir. Or Narcisse n’existait pas avant de s’être vu. C’est ce que nous montre la théorie des pulsions de Freud. Cette théorie est conforme, adéquate avec le Chaos et le siècle de la physique quantique.

Rappelons que le terme théorie ne se réduit pas ici à son sens ordinaire de concepts abstraits plus ou moins organisés, mais qu’il convoque et impose son sens étymologique d’apparition. Le « théos » est ce qui apparaît, c’est l’observable. Dans cette perspective nous comprendrons mieux ce que qu’affirme Freud lorsqu’il dit :

« La théorie des pulsions, est notre mythologie. Les pulsions sont des êtres mythiques, formidables dans leur imprécision. Ces êtres mythiques nous frappent par leur plasticité, leur capacité de changer de but et par leur faculté de se faire représenter » (Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, p. 129-132 )

La mythologie, nous l’avons vu, commence avec le Chaos et Freud nous dit bien « à l’origine, tout était ça » (Abrégé, p. 9)

Rappelons encore une fois ce que Lacan, en commentant Freud, nous fait remarquer de la pulsion dans Les Quatre Concepts de la Psychanalyse. Il nous dit : « La constance de la poussée, (nous avons vu avec Hendrik Casimir que le vide est une poussée), interdit toute assimilation de la pulsion à une fonction biologique, laquelle a toujours un rythme. La première chose que dit Freud de la pulsion, c’est, si je puis m’exprimer ainsi, poursuit Lacan, qu’elle n’a pas de jour ou de nuit, qu’elle n’a pas de printemps ni d’automne, qu’elle n’a pas de montée ni de descente. C’est une force constante. (C’est une force constante comme le temps et donc aussi immatérielle). Il faudrait tout de même tenir compte des textes, et aussi de l’expérience, fulmine Lacan » (Les quatre concepts, p. 150).

Donc la pulsion est similaire à la poussée du vide quantique. La pulsion, comme poussée du vide, est constante et se manifeste diversement comme le temps et ses trois métamorphoses simultanées. Car, quel est le but de toute pulsion ? Le but de toute pulsion, nous dit Freud, est la satisfaction. Pour atteindre à la satisfaction la pulsion peut utiliser quatre types de stratégie :

1) Le refoulement. Donc pulsion de refoulement.

2) L’inversion. La pulsion peut dans un but de satisfaction s’inverser en son contraire. Donc, pulsion d’inversion en son contraire.

3) Le retournement, sur soi. Le retournement sur soi comme satisfaction.

4) Enfin, la sublimation.

Ce sont les quatre destins de la pulsion analysés par Freud. Mais qu’est-ce que la sublimation en psychanalyse ? Voici ce que nous dit Lacan à propos de la sublimation (p. 151) :

« Freud nous dit que la sublimation est aussi une satisfaction de la pulsion, alors qu’elle est zielgehemmt, “inhibée quant au but”. Alors qu’elle ne l’atteint pas, son but, la sublimation n’en est pas moins la satisfaction de la pulsion, et cela sans refoulement. En d’autres termes, explique Lacan, pour l’instant je ne baise pas, je vous parle, eh bien ! Je peux avoir exactement la même satisfaction que si je baisais ! C’est cela que ça veut dire. C’est ce qui pose, d’ailleurs la question de savoir si effectivement je baise. L’usage de la fonction de la pulsion n’a pour nous d’autre portée que de mettre en question ce qu’il en est de la satisfaction. Dès maintenant, tous ceux qui sont psychanalystes, doivent sentir à quel point j’apporte là le niveau d’accommodation le plus essentiel. Il est clair que ceux à qui nous avons affaire, les patients, ne se satisfont pas, comme on dit, de ce qu’ils sont. Et pourtant, nous savons que tout ce qu’ils sont, tout ce qu’ils vivent, leurs symptômes mêmes relèvent de la satisfaction. Ils satisfont quelque chose qui va sans doute à l’encontre de ce dont ils pourrait se satisfaire, ou peut-être mieux, ils satisfont à quelque chose. Ils ne se contentent pas de leur état, mais quand même, en étant dans cet état si peu contentatif, ils se contentent. Toute la question est justement de savoir qu’est-ce que c’est que ce ce qui est là contenté. Nous dirons que ce à quoi ils satisfont par les voies du déplaisir, c’est quand même aussi bien la loi du plaisir… Si la pulsion peut être satisfaite sans avoir atteint ce qui au regard d’une totalisation biologique de la fonction, serait la satisfaction à sa fin de reproduction, c’est qu’elle est pulsion partielle, et que son but n’est point autre chose que ce retour en circuit » (p. 163).

Le retour en circuit c’est le cercle, le rond, le zéro, le trou, le devenir, le vide, bref, Chaos en personne, Chaos en devenir.

Je vous suggère de vous reporter au séminaire XI, Les Quatre concepts de la psychanalyse, aux chapitres « Démontage de la pulsion » et « La pulsion partielle et son circuit ». Vous remarquerez au passage que nous vivons tous, la plupart du temps, dans la sublimation, dans le conflit. Si le beau, nous dit Kant, manifeste l’harmonie, le sublime, lui, est une lutte entre l’entendement et l’imagination, c’est-à-dire entre l’arrêt et le mouvement, entre le conscient et l’inconscient.

Mais ce circuit de la pulsion nous introduit au concept psychanalytique de Narcissisme.

Narcissisme et objet a

Pour aborder le Narcissisme, « l’amour que le sujet porte à lui-même pris comme objet », il est fort pratique de convoquer l’ontologie. L’ontologie désigne ce qui concerne l’être. L’être est, et le non-être n’est pas. Ce qui est ne peut être que parfait. De ce qui n’est pas on ne peut rien dire ni penser. L’ontologie se fonde sur le principe d’identité : A est A.

À quoi Lacan rétorque immédiatement la question fondamentale dans la première leçon de son séminaire sur L’identification (séminaire 9) :

« A est A ? questionne-t-il, mais s’il l’est tant que ça A, pourquoi le séparer de lui-même, pour si vite l’y replacer ? »

Que voit Narcisse quand il contemple soi-disant son visage fasciné dans l’eau du lac ? Quel visage voit-il ? Tout visage n’est-il pas en profondeur qu’un masque de peau sous lequel rigole une tête de mort ? On pourrait dire que Narcisse est superficiel. Car personne n’est vraiment amoureux à ce point de sa propre image. On lui trouve trop de défauts. Pourtant si Narcisse est superficiel c’est peut-être, paradoxalement, par profondeur.

Narcisse est plus profond qu’il ne semble au premier abord. Car ce que voit Narcisse n’est-ce pas tout d’abord l’objet petit a ? L’objet cause du désir et support du fantasme ? L’objet central de la psychanalyse.

Il faut savoir que l’objet petit a n’est pas un objet. D’ailleurs depuis la physique quantique il n’y a plus d’objet. Cet objet est donc un ob-jet, c’est-à-dire ce qui jaillit (jet) devant (ob) avec une rapidité de particule sub-atomique. « Ce qui jaillit devant » c’est toujours ce qui provoque le désir et anime le fantasme. Les physiciens nous disent que ce sont les particules les plus brèves qui engendrent le plus d’énergie et de conséquences. Qu’est-ce qui jaillit devant ? C’est donc tout d’abord le vide qui devient. « Chaos genet », le vide devint d’ Hésiode, ou comme le formule si dynamiquement Lacan c’est « le rien qui passe… dans la ronde des signifiants » (Écrits, p. 629).

L’objet petit a est fait d’éclats. Mais, bien évidemment, puisque nos sommes là dans le devenir, ces brisures « ne sont pas, explique Lacan, les parties d’un objet total qui serait corps » (Écris, p. 817). C’est au contraire des éclats d’ouvertures, des éclats de vide. Ils relèvent du rien qui est l’instable et indicible « je ne sais quoi ». On pense « au trous dans le vide » du physicien Dirac.

Pour montrer in situ les cinq éclats de l’objet perdu qu’est l’objet petit a, il est commode de se servir d’une étoile. Parce qu’un croisement lumineux en mouvement crée, par un effet d’optique de ralentissement, une étoile à cinq branches. Une étoile est un objet, pour ainsi dire perdu, puisqu’on la voit encore alors qu’elle est morte depuis longtemps.

Mais pour mieux se souvenir des cinq éclats de l’objet a nous pouvons encore une fois nous servir de notre propre main : Le pouce c’est le sein. Qui n’a pas sucé son pouce ? L’index dirige le regard pour lui montrer les choses. Le majeur c’est la voix parce qu’il permet de claquer les doigts. L’annulaire désigne les fèces parce que l’annulaire est le doigt de l’anneau et que anus a pour étymologie anneau. Le petit doigt représente le rien parce qu’il n’est presque rien. Donc, sein, regard, voix, fèces, rien. Vous pouvez vous l’écrire sur les doigts, ça pourra peut-être vous aider à comprendre le cœur de la psychanalyse.

Donc, si nous nous plaçons dans la perspective de l’objet a, il se pourrait que le regard de Narcisse aille beaucoup plus loin qu’on ne l’imagine généralement. Le regard de Narcisse pourrait bien voir que la matière ne fait que passer comme les fèces qui se perdent nul ne sait où. Narcisse pourrait comprendre que la voix n’est que l’écho d’une autre qui n’est elle-même que l’écho d’une autre etc., etc., à l’infini, et que toute saveur figurée par ce sein fondamental, ne laisse d’autre impression que l’évanescence. Enfin que le rien n’est jamais que ce qui ne fait que passer. Et donc, puisqu’il n’y a que du vide, comment Narcisse ne serait-il pas en droit de n’aimer et de ne faire valoir, que l’apparence de lui-même ? Ainsi peut-être, ayant constaté dans son miroir mouvant, l’insubstantialité de toutes choses le regard de Narcisse ne se complairait-il que dans le rêve d’être. Mais d’être quoi ?

Narcisse, les douze dieux de l’Olympe et le non-moi

Un des douze dieux de l’Olympe ? Pourquoi pas ? Dans Les Métamorphoses Ovide relève que Narcisse aperçut dans le reflet de son propre regard, celui du foudroyant éclat de Dionysos.

Et pourquoi pas un des douze autres dieux de l’Olympe ? Par exemple, l’éclat de la puissance de Zeus, la jouissance d’Héra, la castration créatrice d’Artémis, l’intelligence d’Apollon, la violence d’Arès, le calme d’Hestia, l’abondance de Déméter, l’habileté d’Hermès, l’ingéniosité d’Héphaïstos etc., et on en passe et des meilleurs.

Dans le narcissisme dit secondaire l’investissement pulsionnel se fait sur un idéal formé à l’extérieur de nous. La mythologie en témoigne. Pausanias, le géographe, rapporte cette version du mythe de Narcisse : Narcisse avait une sœur jumelle. Les deux jeunes gens étaient très beaux et s’aimaient beaucoup ; Un jour, hélas la jeune fille mourut et Narcisse en ressentit une insupportable douleur. Mais un jour où il regardait dans l’eau d’une rivière il crut voir le visage de sa sœur et cela apaisa sa souffrance. Ainsi, prit-il l’habitude, pour se consoler, de regarder dans les rivières. Et un jour, il vît pousser sur les bords des rivières les fleurs qu’on appelle Narcisse et dont les infusions guérissent la mélancolie.

Le stade du miroir, première invention de Lacan, désigne l’aventure par laquelle l’être humain se voit être humain. Le stade du miroir est l’avènement du narcissisme au plein sens du terme psychanalytique. Phénomène de reconnaissance, c’est le stade de la constitution du moi unifié à partir d’une image spéculaire qui peut se pétrifier en méconnaissance et en aliénation. Freud explique que le narcissisme est une forme d’investissement pulsionnel qui n’a rien de pathologique mais qui est nécessaire à la vie subjective.

Alors quand est-ce que le narcissisme est pathologique ? Où se trompe, le sujet Narcisse ? Quand devient-il les poisons, les arsenics, dont son nom est l’anagramme ?

C’est quand Narcisse s’identifie à l’image qu’il contemple, c’est quand il se confond intimement avec le reflet qu’il croit être (moi idéal ou idéal du moi), avec tout ce que cela comporte de leurre, d’aveuglement et d’aliénation. (Voir dans Les Écrits techniques de Freud, Séminaire I, le chapitre sur le narcissisme, p. 125).

Les visages que l’on peut prendre sont comme des masques interchangeables sans qu’aucun d’eux soit notre véritable visage. Pourtant il peut nous sembler parfois que nous ne sommes que notre propre visage. D’où l’importance de ne pas perdre la face. C’est dans ce narcissisme là, nous dit Lacan « que gît le rapport de l’image à la tendance au suicide » (Écrits, p. 186).

C’est quand l’oeil se confond avec ce qu’il voit. « Ce rapport érotique où l’individu, explique Lacan, se fixe à une image qui l’aliène à lui-même, c’est l’énergie et la forme d’où prend origine cette organisation passionnelle qu’il appellera son moi ». Passion qui engendre la haine, et la haine l’égarement.

Une version béotienne du mythe de Narcisse met en évidence l’agressivité et la haine de cette organisation pulsionnelle inconsciente de confusion entre l’image et le sujet, l’amour et la haine. On pourrait nommer cette version « N, haine, comme Narcisse ». Narcisse habitait à Thespies en Béotie. Ville fondée par le roi Thespios qui avait eu de sa femme Mégamédé cinquante filles et pas de garçon. Narcisse était aimé par un jeune chasseur du nom d’Aménias. Mais Narcisse qui n’aimait que lui-même, méprisait les joies de l’amour tant avec les filles qu’avec les garçons. Il repoussait sans cesse Aménias. Exaspéré il lui fit même envoyer une épée pour lui faire comprendre qu’il n’y aurait jamais aucun lien entre eux. Désespéré par cette indifférence Aménias se rendit devant la porte de la maison de Narcisse et se suicida d’un seul coup de cette même épée. Mais, en mourant il demanda à tous les dieux de le venger.

Quelque temps plus tard, Narcisse, désirant boire à une source, fut arrêté par le reflet de son propre visage à travers l’épaisseur de eaux. Les dieux lui firent confondre l’image et le sujet. le visage de l’être et le devenir de l’inconscient. Pour être sûr de cette image dont il prenait une conscience parfaite Narcisse voulu la saisir, la posséder, la retenir, l’étreindre. Mais, en s’enfonçant dans les eaux rapidement il perdit le souffle et la vie. La beauté, qui est la limite du tragique, se transforme en mort dans l’ontologie de la conscience.

C’est que non seulement l’amour de soi entraîne la haine de l’autre : le un nie l’autre. Mais de plus, l’amour de soi entraîne aussi la perte de soi. L’effet jubilatoire de notre rencontre en miroir « devient, dans l’affrontement au semblable, nous dit Lacan, le déversoir de la plus intime agressivité » (Écrits, p. 809). C’est le cercle de l’expérience tragique selon lequel la flèche destinée à l’ennemi revient à l’envoyeur.

Vous connaissez le film de John Woo Volte face, où le policier prend le visage du gangster et le gangster celui du policier. Le gangster a déclenché le mécanisme d’une bombe qui va faire sauter la ville mais il est dans le coma et on ne peut lui faire dire le code qui pourrait désamorcer la bombe. Le gangster a un frère débile mental qui est en prison, qui connaît le code, mais qui ne le donnera qu’à son frère. Il est alors décidé qu’on enlèvera le visage du gangster pour le mettre sur celui du policier qui pourra ainsi interroger le frère. Entre temps Le gangster sort de son coma et se fait greffer le visage du policier qui attendait dans le formol. Les deux personnages possèdent donc le visage l’un de l’autre. Chacun est confronté à son reflet dans le miroir de l’autre et se trouve incapable de le supporter puisqu’il y voit l’image de son ennemi.

Dans la scène finale le policier le gangster se trouvent de chaque côté d’une paroi en miroir. Lorsqu’ils dégainent leur pistolet ils voient dans le miroir le vrai visage de leur ennemi, qui est eux-mêmes de l’autre côté du miroir. L’un voit l’autre qui est leur véritable personne de l’autre côté et inversement. Le policier hésite de tirer sur son propre visage en espérant le récupérer. Tandis que le gangster tente de lacérer son visage en espérant ainsi que le policier ne le reprendra pas.

Dans cette relation en miroir, le langage fait la navette entre le réel (le vide) et l’imaginaire, ce masque interchangeable que nous portons. Dans la cure psychanalytique l’analysant parlant de ses fantasmes les plus intimes en arrive finalement à perdre la face, son moi, son image en faveur du sujet, en une métamorphose narcissique qui est la mort de l’image en faveur du langage.

Comme nous ne sommes, en profondeur, que du langage, l’identification de signifiant précède l’identification narcissique qui ne relève que de l’image. Le je est ce qui diffère continuellement de l’image de lui—même. « Je est un autre » comme l’avait vu Rimbaud. Un autre toujours autre que l’image qu’il présente..

« L’homme, nous dit Lacan, peut dire : je suis celui qui sait que je suis, mais il ne sait pas qui est je ». Or le je c’est le sujet de l’inconscient. Le sujet ne se définit plus à partir du conscient mais de l’inconscient. Donc pour nous résumer il y a le stade du miroir (le bébé n’a pas d’image unifiée de son corps, il est morcelé. Par le miroir il se rassemble en un moi). Ce narcissisme est appelé par Freud auto-érotique, mais, il va bifurquer vers une autre forme de narcissisme au moment où la libido s’investit non plus sur elle-même mais sur des figures extérieures au moi, moi idéal et idéal du moi. C’est le narcissisme secondaire. Ainsi disions-nous que Narcisse voyait dans son miroir l’un ou l’autre des douze dieux de l’Olympe. Mais c’est dans le meilleur des cas, s’il y a pétrification identitaire, c’est la folie.

On dit qu’il y a douze dieux dans l’Olympe. Six dieux et six déesses. Pourquoi douze ? Parce que douze est un nombre abondant, c’est-à-dire que non seulement il est plu facile à fractionner que dix (dix n’est fractionnable que par 2 et 5 tandis que douze l’est par 2, 3, 4, 6), mais encore abondant parce que la somme de ses diviseurs, ses aliquotes, est supérieure au nombre lui-même. En effet 1 + 2 + 3 + 4 + 6 = 16 plus grand que 12 ; alors que 1 + 2 + 5 = 8, nombre dit déficient puisque plus petit que 10. Des experts ont fait remarquer que chez Homère le nombre trois et ses multiples six, neuf et douze sont les nombres les plus employés. Douze est le symbole du devenir et de son développement.

Cela pour montrer que le nombre des dieux dans l’Olympe est en réalité très variable, comme les figures du moi. Pour les réduire au nombre de douze on donne différentes explications.

Par exemple certains retirent Hadès et Poséidon, bien que frères de Zeus, car Poséidon vit dans les mers et Hadès aux enfers et non pas sur l’Olympe, etc. Certains ajoutent à bon droit Psyché, Eros, les Muses, qui sont neuf, Gaïa, tandis que d’autres les suppriment, à leur convenance.

L’Olympe désigne ce qu’il y a de plus élevé. Le mot a pour étymologie Olumpos, chez Homère, qui signifie « rond ». On lui donne aussi pour étymologie ollumi, oulè qui signifie « couper ». Le rond le plus élevé, l’Olympe, est comme coupé du monde du corps et de l’esprit. L’Olympe se présente donc tel un cercle plastique, un tore, qui peut prendre, comme en topologie, toutes les figures qu’on voudra.

Zeus (la vie) est toujours le souverain suprême. Hestia est la sœur aînée de Zeus, c’est la déesse du foyer. Démeter une autre sœur de Zeus est la déesse des céréales et des moissons. Héra est la troisième sœur de Zeus et sa cinquième épouse, déesse du pouvoir.
Arès, le dieu de la guerre est le premier fils de Zeus et d’Héra. Héphaïstos le dieu des forges et technologies du feu est leur deuxième fils. Aphrodite fut par sa beauté accueillie dans l’Olympe. Artémis et Apollon sont les enfants de Zeus et de Léto. Hermès est le fils de Zeus et de Maïa, une des Pléiades. Dionysos est le seul Olympien à être le fils d’une mortelle, Sémélé, fille du roi de Thèbes, Cadmos. Sémélé sera accueillie aussi dans l’Olympe sur les instances de son fils. Athéna est la fille de Zeus et de Métis. C’est la fille préférée de son père.

Ainsi Narcisse peut-il s’identifier à tous ces dieux, lesquels ne sont jamais que des figurations de mots comme nous l’avons vu. Car dans le devenir il n’y a ni moi ni autres, et en même temps, il y a tous les moi et autres qu’on voudra, les douze dieux de l’Olympe et sans qu’ils soient restreints à ce nombre pour les raisons que nous avons dites et qui se fonde sur le langage et la plasticité des figures topologiques.

Non moi

Freud place le narcissisme primaire à un moment qui est antérieur à la constitution du moi qui fait image. Il disait que la vie intra-utérine en serait le début. Il nommait ça le narcissisme anobjectal, le narcissisme sans objet. Ce narcissisme fut rejeté comme impossible puisqu’à l’époque de Freud on ne pouvait encore comprendre le vide, la désatomisation, la désubstancialisation de l’univers physique. Mais aujourd’hui le narcissisme anobjectal de Freud peut être parfaitement recevable. Non seulement parce qu’il n’y a que du langage mais parce que le sujet est identique au vide, au Chaos en devenir, à l’énergie du point zéro.

« Quel était votre visage avant votre naissance ? » demande le maître Zen. Niels Bohr a la réponse : « C’est l’énergie du point zéro ! » Ce n’est donc pas pour rien que les Bouddhistes ont inventé le zéro et le non-moi (anatta), notre visage avant la naissance.

C’est ce vide qui permet de sortir du narcissisme primaire et de ne pas tomber dans le narcissisme pathologique dans lequel, vous l’avez compris, nous passons du devenir qu’est le réel à l’être statique du conscient dont relèvent toutes les maladies narcissiques ou, comme les appelait Freud, les psychonévroses narcissiques.

Ce qu’avait parfaitement compris la mythologie comme l’illustre le mythe classique de Narcisse rapporté par Ovide :

Narcisse nous dit Ovide, est le fils du dieu-fleuve Céphise, dieu remarquable pour sa fécondité et de la nymphe-rivière Liriopé qu’il aurait plus ou moins violée. On remarquera que Narcisse est donc issu des eaux. Dès qu’il fut né, la jeune-nymphe Liriopé alla interroger le fameux devin Tirésias pour connaître le destin de son enfant. Tirésias annonça que Narcisse vivrait neuf fois plus que n’importe qui à la condition expresse « qu’il ne se regardât pas ». Peut-on vivre sans se regarder ? C’est pourtant en général ce que nous faisons, surtout quand ça va bien, c’est-à-dire quand nous sommes dans le devenir, dès que nous réfléchissons à ce que nous sommes nous mourrons. Ce qui est un moindre mal car nous repassons alors dans le devenir.

En 1938 Freud contempla le tableau de Salvador Dali : « les Métamorphoses de Narcisse ». Il avait reçu le peintre sur l’insistance de Stéphane Zweig. Le tableau fit sur lui une impression profonde. On raconte qu’il fut littéralement conquis. Voici la lettre que Freud écrivit à Zweig (Correspondances, Paris, Rivages, p. 123-129) :

« Vraiment, écrit Freud, il faut que je vous remercie d’avoir amené chez moi le visiteur d’hier, car j’étais jusque là enclin à considérer les surréalistes, qui semblent m’avoir choisi pour saint patron, comme des fou absolus ».

Sur ce tableau on voit le narcissisme de mort qui se métamorphose en narcissisme du devenir. Il y a une photo très répandue dans la presse où l’on voit Dali sortir de l’eau avec des fleurs de narcisse au bout des moustaches. C’est que cette dualité du narcissisme, être et devenir, est figurée par la plante elle-même : Le bulbe du Narcisse est un poison qui donne le tétanos, tandis que la fleur est un remède contre les maladies nerveuses.

En conclusion : plus on élimine, on évacue, on détruit le narcissisme statique inconscient en faveur du devenir, et plus on assure sa personnalité dans le conscient, comme le figure le tableau de Dali « les métamorphoses de Narcisse ». Plus vite aussi on se guérit et on triomphe de nos blessures narcissiques.

P.-S.

Prochain séminaire le jeudi 31 mai à la même heure 20h 30 précises. Le sujet sera Oreste. Je vous recommande la lecture sur le site du Cercle, l’excellente étude de notre collègue Michel Borsotto, psychanalyste à Nice, intitulé « Oreste ou la question de la mère… donc du père ». C’est indispensable pour suivre ce que j’aurai à vous dire sur Oreste comparé à Lacan, à travers le meurtre de la mère. L’inconscient c’est du langage. Donc, Œdipe, Narcisse, Oreste relèvent du langage, faute de quoi ils resteraient des figures épouvantables, tragiques, terrifiantes que nous refoulerions à bon droit et qui nous entraveraient dans la réalité, jusqu’à ce que par l’analyse nous les réduisions au discours l’inconscient, car, ce qu’à l’inconscient on interdit de dire il le dit sous formes de figures conflictuelles et tragiques.

Partenaires référencement
Psychanalyste Paris | Psychanalyste Paris 10 | Psychanalyste Argenteuil 95
Annuaire Psychanalyste Paris | Psychanalystes Paris
Avocats en propriété intellectuelle | Avocats paris - Droits d'auteur, droit des marques, droit à l'image et vie privée
Avocats paris - Droit d'auteur, droit des marques et de la création d'entreprise