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Théophile Gautier

Spirite (XII)

Nouvelle fantastique (1866)

Date de mise en ligne : jeudi 14 septembre 2006

Mots-clés :

Théophile Gautier, Spirite, Nouvelle fantastique, Éd. Charpentier, Paris, 1866.

XII

Des mots humains ne peuvent rendre la sensation d’une âme qui, délivrée de sa prison corporelle, passe de cette vie dans l’autre, du temps dans l’éternité et du fini dans l’infini. Mon corps immobile et déjà revêtu de cette blancheur mate, livrée de la mort, gisait sur sa couche funèbre, entouré des religieuses en prière, et j’en était aussi détachée que le papillon peut l’être de la chrysalide, coque vide, dépouille informe qu’il abandonne pour ouvrir ses jeunes ailes à la lumière inconnue et soudainement révélée. À une intermittence d’ombre profonde avait succédé un éblouissement de splendeurs, un élargissement d’horizons, une disparition de toute limite et de tout obstacle, qui m’enivraient d’une joie indicible. Des explosions de sens nouveaux me faisaient comprendre les mystères impénétrables à la pensée et aux organes terrestres. Débarrassée de cette argile soumise aux lois de la pesanteur, qui m’alourdissait naguère encore, je m’élançais avec une alacrité folle dans l’insondable éther. Les distances n’existaient plus pour moi, et mon simple désir me rendait présente où je voulais être. Je traçais de grands cercles d’un vol plus rapide que la lumière à travers l’azur vague des espaces, comme pour prendre possession de l’immensité, me croisant avec des essaims d’âmes et d’esprits.

Une lumière fourmillante, brillant comme une poussière diamantée, formait l’atmosphère ; chaque grain de cette poussière étincelante, comme je m’en aperçus bientôt, était une âme. Il s’y dessinait des courants, des remous, des ondulations, des moires comme dans cette poudre impalpable qu’on étend sur les tables d’harmonie pour étudier les vibrations sonores, et tous ces mouvements causaient dans la splendeur des recrudescences d’éclat. Les nombres que les mathématiques peuvent fournir au calcul se plongeant dans les profondeurs de l’infini ne sauraient, avec leurs millions de zéros ajoutant leur énorme puissance au chiffre initial, donner une idée même approximative de l’effrayante multitude d’âmes qui composent cette lumière différente de la lumière matérielle autant que le jour diffère de la nuit.

Aux âmes ayant déjà passé par les épreuves de la vie, depuis la création de notre monde et celle des autres univers, se joignaient les âmes en expectative, les âmes vierges, qui attendaient leur tour de s’incarner dans un corps, sur une planète d’un système quelconque. Il y en avait assez pour peupler pendant des milliards d’années tous ces univers, expiration de Dieu, qu’il doit résorber en ramenant à lui son souffle quand l’ennui de son oeuvre le prendra. Ces âmes, quoique dissemblables d’essence et d’aspect, selon le monde qu’elles devaient habiter, malgré l’infinie variété de leurs types, rappelaient toutes le type divin, et étaient faites à l’image de leur créateur. Elles avaient pour monade constitutive l’étincelle céleste. Ces âmes étaient blanches comme le diamant, les autres colorées comme le rubis, l’émeraude, le saphir, la topaze et l’améthyste. Faute d’autres termes que vous puissiez comprendre, j’emploie ces noms de pierreries, vils cailloux, cristaux opaques, aussi noirs que l’encre, et dont les plus brillants ne seraient que des taches sur ce fond de splendeurs vivantes.

Parfois passait quelque grand ange portant un ordre de Dieu au bout de l’infini et faisant osciller les univers aux palpitations de ses ailes démesurées. La voie lactée ruisselait sur le ciel, fleuve de soleils en fusion. Les étoiles que je voyais sous leur forme et leur grandeur véritables, dans leur énormité dont l’imagination de l’homme ne saurait se faire aucune idée, scintillaient avec des flamboiements immenses et farouches ; derrière celles-là et entre leurs interstices, à des profondeurs de plus en plus vertigineuses, j’en apercevais d’autres et d’autres encore, de sorte que le fond du firmament n’apparaissait nulle part et que j’aurais pu me croire enfermée au centre d’une prodigieuse sphère toute constellée d’astres à l’intérieur. Leurs lumières blanches, jaunes, bleues, vertes, rouges, atteignaient des intensités et des éclats à faire paraître noire la clarté de notre soleil, mais que les yeux de mon âme supportaient sans peine. J’allais, je venais, montant, descendant, parcourant en une seconde des millions de lieues à travers des lueurs d’aurores, des reflets d’iris, des irradiations d’or et d’argent, des phosphorescences diamantées, des élancements stellaires, dans toutes les magnificences, toutes les béatitudes et tous les ravissements de la lumière divine. J’entendais la musique des sphères dont un écho parvint à l’oreille de Pythagore ; les nombres mystérieux, pivots de l’univers, en marquaient le rythme. Avec un harmonieux ronflement, puissant comme le tonnerre et doux comme la flûte, notre monde, entraîné par son astre central, circulait lentement dans l’espace, et j’embrassais d’un seul regard les planètes, depuis Mercure jusqu’à Neptune, décrivant leurs ellipses, accompagnées de leurs satellites. Une intuition rapide me révélait les noms dont les nomme le ciel. Je connaissais leur structure, leur pensée, leur but ; aucun secret de leur vie prodigieuse ne m’était caché. Je lisais à livre ouvert dans ce poème de Dieu qui a pour lettres des soleils. Que ne m’est-il permis de vous en expliquer quelques pages ! mais vous vivez encore parmi les ténèbres inférieures, et vos yeux s’aveugleraient à ces clartés fulgurantes.

Malgré l’ineffable beauté de ce merveilleux spectacle, je n’avais cependant pas oublié la terre, le pauvre séjour que je venais de quitter. Mon amour, vainqueur de la mort, me suivait au delà du tombeau, et je voyais avec une volupté divine, une félicité radieuse, que vous n’aimiez personne, que votre âme était libre et qu’elle pourrait être à moi pour toujours. Je savais alors ce que j’avais pressenti. Nous étions prédestinés l’un à l’autre. Nos âmes formaient ce couple céleste qui, en se fondant, fait un ange ; mais ces deux moitiés du tout suprême, pour se réunir dans l’immortalité, doivent s’être cherchées dans la vie, devinées sous les voiles de la chair, à travers les épreuves, les obstacles et les diversions. Moi seule avais senti la présence de l’âme soeur et m’étais élancée vers elle, poussée par l’instinct qui ne trompe pas. Chez vous la perception, plus confuse, n’avait fait que vous mettre en garde contre les liens et les amours vulgaires. Vous compreniez qu’aucune de ces âmes n’était faite pour vous, et, passionné sous une apparente froideur, vous vous réserviez pour un plus haut idéal. Grâce à la faveur qui m’était accordée, je pouvais vous faire connaître cet amour que vous aviez ignoré pendant ma vie, et j’espérais vous inspirer le désir de me suivre dans la sphère que j’habite. Je n’avais pas de regret. Qu’est-ce que la plus heureuse liaison humaine auprès du bonheur dont jouissent deux âmes dans l’éternel baiser de l’amour divin ? Jusqu’au moment suprême, ma tâche se bornait à empêcher le monde de vous engager dans ses voies et de vous écarter de moi à jamais. Le mariage lie dans ce monde et dans l’autre, mais vous n’aimiez pas Mme d’Ymbercourt ; ma qualité d’esprit me permettait de lire dans votre coeur et je n’avais rien à craindre de ce côté ; cependant vous pouviez vous lasser de ne pas voir apparaître l’idéal rêvé, et, par fatigue, indolence, découragement, besoin d’en finir, vous laisser aller à cette union vulgaire.

Quittant les zones lumineuses, je m’abaissai vers la terre, que je vis passer sous moi roulant avec elle sa brumeuse atmosphère et ses bandes de nuages. Je vous trouvai sans peine et j’assistai, témoin invisible, à votre vie, lisant dans votre pensée et l’influençant à votre insu. Par ma présence que vous ne soupçonniez pas, j’éloignais les idées, les désirs, les caprices qui eussent pu vous détourner du but vers lequel je vous dirigeais. Je détachais peu à peu votre âme de toute entrave terrestre ; pour vous mieux garder, je répandais dans votre logis un vague enchantement qui vous le faisait aimer. Vous y sentiez autour de vous comme une impalpable et muette caresse, et vous y éprouviez un inexplicable bien-être : il vous semblait, sans pouvoir vous en rendre compte, que votre bonheur était enfermé entre ces murailles que je peuplais. Un amant qui, par une nuit d’orage, lit près d’un bon feu le poète qu’il préfère, pendant que sa maîtresse endormie repose un bras sur sa tête dans l’alcôve profonde, livrée à de doux songes, a ce sentiment de félicité intime, de claustration amoureuse ; rien ne vaut au dehors la peine qu’il franchisse ce seuil adoré ; tout le monde est pour lui enfermé dans cette chambre. Il fallait peu à peu vous préparer à mon apparition et me mettre mystérieusement en rapport avec vous ; entre un esprit et un vivant non initié les communications sont difficiles. Un profond abîme sépare ce monde-ci de l’autre. Je l’avais franchi, mais ce n’était pas assez ; je devais me rendre sensible à vos yeux couverts encore du bandeau et ne voyant pas l’immatériel à travers l’opacité des choses.

Mme d’Ymbercourt, poursuivant toujours son idée de mariage, vous attirait chez elle et harcelait votre nonchalance de ses empressements. Substituant ma volonté à votre pensée endormie, je vous fis écrire au billet de la dame cette réponse où se trahissaient vos secrets sentiments et qui vous causa tant de surprise. L’idée du surnaturel s’éveilla chez vous, et, plus attentif, vous comprîtes qu’une puissance mystérieuse se mêlait à votre vie. Le soupir que je poussai lorsque, malgré l’avertissement, vous vous décidâtes à sortir, quoique faible et vague comme une vibration de harpe éolienne, vous troubla profondément et remua dans votre âme d’occultes sympathies. Vous y aviez deviné un accent de souffrance féminine. Je ne pouvais encore me manifester à vous d’une façon plus précise, car vous n’étiez pas assez dégagé des ombres de la matière, et j’apparus au baron de Féroë, un disciple de Swedenborg, un voyant, pour lui recommander de vous dire cette phrase mystérieuse qui vous mit en garde contre les périls que vous couriez et vous donna le désir de pénétrer dans le monde des esprits où vous appelait mon amour. Vous savez le reste. Dois-je remonter là-haut ou rester ici-bas, et l’ombre sera-t-elle plus heureuse que la femme ?…

Ici, l’impulsion qui faisait courir sur le papier la plume de Malivert s’arrêta, et la pensée du jeune homme, suspendue par l’influence de Spirite, reprit possession de son cerveau. Il lut ce qu’il venait d’écrire d’une façon inconsciente, et s’affermit dans la résolution d’aimer uniquement et jusqu’à la mort cette âme charmante qui avait souffert pour lui dans son court passage sur la terre. « Mais quelles seront nos relations ? se disait-il ; Spirite m’emmènera-t-elle dans les régions où elle plane, ou voltigera-t-elle autour de moi, visible pour moi seul ? Me répondra-t-elle si je lui parle, et comment l’entendrai-je ? »

C’étaient là des questions qu’il n’était pas facile de résoudre ; aussi Malivert, après les avoir agitées, les abandonna-t-il, et resta plongé dans une longue rêverie dont Jack le fit sortir en annonçant le baron de Féroë.

Les deux amis échangèrent une poignée de main, et le Suédois aux moustaches d’or pâle se jeta dans un fauteuil.
 « Guy, je viens sans façon vous demander à déjeuner, dit-il en allongeant ses pieds sur le garde-feu ; je suis sorti de bonne heure, et en passant devant votre maison, cette fantaisie m’a pris de vous faire une visite presque aussi matinale que celle d’un garde du commerce.
 Vous avez bien fait, baron, et c’est là un heureux caprice, répondit Malivert en sonnant Jack, à qui il donna des ordres pour qu’on servît le déjeuner et qu’on mît deux couverts.
 On dirait, mon cher Guy, que vous ne vous êtes pas couché, dit le baron en regardant les bougies qui avaient brûlé jusqu’aux bobèches et les feuillets d’écriture épars sur la table. Vous avez travaillé cette nuit. Cela va-t-il bientôt paraître ? Est-ce un roman, est-ce un poème ?
 C’est peut-être un poème, répondit Malivert, mais il n’est pas de ma composition : je n’ai fait que tenir la plume sous une inspiration supérieure à la mienne.
 Je comprends, reprit le baron, Apollon dictait, Homère écrivait : ces vers-là sont les meilleurs.
 Ce poème, si c’en est un, n’est pas en vers, et ce n’est pas un dieu de la mythologie qui me le soufflait.
 Pardon ! j’oubliais que vous êtes romantique, et qu’il faut laisser devant vous Apollon et les Muses dans le dictionnaire de Chompré ou les lettres à Emilie.
 Puisque vous avez été en quelque sorte mon mystagogue et mon initiateur au surnaturel, mon cher baron, je n’ai aucun motif de vous cacher que ces feuillets pris pour de la copie, comme disent les imprimeurs, m’ont été dictés, cette nuit et les précédentes, par l’esprit qui s’intéresse à moi et qui semble vous avoir connu sur terre, car vous êtes nommé dans son récit.
 Vous vous êtes servi de médium, parce que les rapports ne sont pas encore bien établis entre vous et l’esprit qui vous visite, répondit le baron de Féroë ; mais bientôt vous n’aurez plus besoin de ces moyens lents et grossiers de communication. Vos âmes se pénétreront par la pensée et le désir, sans aucun signe extérieur. »

Jack vint annoncer que le déjeuner était servi. Malivert, tout bouleversé de cette aventure étrange, de cette bonne fortune d’outre-tombe que don Juan eût enviée, touchait à peine les morceaux placés devant lui. Le baron de Féroë mangeait, mais avec une sobriété swedenborgienne, car celui qui veut vivre en commerce avec les esprits doit atténuer autant que possible la matière.
 « Vous avez là d’excellent thé, dit le baron ; du thé vert à pointes blanches, cueilli après les premières pluies du printemps, et que les mandarins boivent sans sucre, à petites gorgées, dans des tasses enveloppées de filigrane de peur de se brûler les griffes. C’est la boisson par excellence des songeurs, et l’excitation qu’elle produit est tout intellectuelle. Rien ne secoue plus légèrement la pesanteur humaine et ne prédispose mieux à la vision des choses que le vulgaire ne voit pas. Puisque vous allez maintenant vivre dans une sphère immatérielle, je vous recommande ce breuvage. Mais vous ne m’écoutez pas, mon cher Guy, et je conçois votre distraction. Une situation si nouvelle doit vous préoccuper étrangement.
 Oui, je l’avoue, répondit Malivert, je suis dans une sorte d’ivresse, et je me demande à chaque instant si je ne suis pas en proie à quelque hallucination.
 Chassez de telles idées qui feraient fuir à jamais l’esprit, ne cherchez pas à expliquer l’inexplicable, et abandonnez-vous avec une foi et une soumission absolues à l’influence qui vous guide. Le moindre doute amènerait une rupture et vous causerait d’éternels regrets. Une permission rarement accordée réunit dans le ciel les âmes qui ne se sont pas rencontrées dans la vie ; profitez-en, et montrez-vous digne d’un pareil bonheur.
 J’en serai digne, croyez-le bien, et je ne ferai pas souffrir une autre fois à Spirite les douleurs que je lui ai infligées bien innocemment pendant qu’elle habitait encore ce monde. Mais j’y pense à présent, dans le récit qu’elle m’a dicté, cette âme adorable ne m’a pas dit le nom dont elle se nommait sur terre.
 Tenez-vous à le savoir ? Allez au Père-Lachaise, gravissez la colline, et près de la chapelle vous verrez une tombe de marbre blanc sur laquelle est sculptée une croix couchée et ornée à son croisillon d’une couronne de roses aux délicates feuilles de marbre, chef-d’oeuvre d’un ciseau célèbre. Dans le médaillon formé par la couronne, une courte inscription vous apprendra ce que je n’ai pas été autorisé formellement à vous dire. La tombe, dans son muet langage, parlera à ma place, quoique, à mon avis, ce soit là une curiosité vaine. Qu’importe un nom terrestre, quand il s’agit d’un éternel amour ? Mais vous n’êtes pas encore tout à fait détaché des idées humaines, et cela se conçoit. Il n’y a pas longtemps que vous avez mis le pied hors du cercle qui ferme la vie ordinaire. »

Le baron de Féroë prit congé. Guy s’habilla, fit atteler et courut chez les fleuristes les plus en renom pour trouver une gerbe de lilas blanc. On était en plein hiver ; il eut peine à trouver ce qu’il voulait. Mais, à Paris, l’impossible, quand on peut le payer, n’existe pas. Il le trouva donc, et gravit la colline le coeur palpitant et les yeux humides.

Quelques flocons de neige pas encore fondus brillaient comme des larmes d’argent sur les feuilles sombres des ifs, des cyprès, des sapinettes et des lierres, et relevaient de touches blanches les moulures des tombeaux, le sommet et les bras des croix funèbres. Le ciel était bas, d’un gris jaunâtre, lourd comme du plomb, un vrai ciel fait pour se poser sur un cimetière, et la bise aigre gémissait en passant à travers ces ruelles de monuments faits à la taille des morts, et mesurés strictement sur le néant humain. Malivert eut bientôt gagné la chapelle, et non loin de là dans un cadre de lierre d’Irlande, il vit la blanche tombe qu’une légère couche de neige rendait plus blanche encore. Il se pencha sur la grille et lut cette inscription gravée au centre de la couronne de roses : « Lavinia d’Aufideni, en religion soeur Philomène, morte à dix-huit ans. » Il allongea le bras par-dessus la clôture, et fit tomber sa gerbe de lilas sur l’inscription, et, quoique sûr du pardon, resta quelques minutes près de la tombe dans une rêveuse contemplation, et le coeur gros de remords : n’était-il pas le meurtrier de cette pure colombe si vite retournée au ciel ?

Pendant qu’il était ainsi accoudé à la grille du monument, laissant couler ses larmes qui tombaient tièdes sur la froide neige, second linceul de la tombe virginale, dans l’épais rideau des nuages grisâtres une éclaircie s’était formée. Comme une lumière à travers les gazes superposées dont on diminue le nombre, le disque du soleil apparaissait moins indistinct, d’un blanc pâle et plus semblable à la lune qu’à l’astre du jour, un vrai soleil fait pour les morts ! Peu à peu la trouée se fit, et de l’ouverture s’échappa un long rayon visible sur le fond sombre de la brume, qui vint éclairer et faire scintiller sous le mica de la neige, comme sous une rosée d’hiver, la gerbe de lilas blanc et la couronne de roses en marbre.

Dans le tremblement lumineux du rayon où jouaient quelques atomes gelés, Malivert crut distinguer une forme svelte et blanche qui s’élevait de la tombe comme une légère fumée qu’une cassolette d’argent, enveloppée des plis flottants d’un suaire de gaze, semblable à la robe dont les peintres revêtent les anges, et qui lui faisait de la main un signe amical.

Un nuage passa sur le soleil et la vision se dissipa. Guy de Malivert se retira murmurant le nom de Lavinia d’Aufideni, regagna sa voiture, et rentra dans Paris peuplé partout de vivants qui ne se doutent pas qu’ils sont morts, car la vie intérieure leur manque.

Voir en ligne : Lire la suite (Spirite XIII)

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après la nouvelle fantastique de Théophile Gautier, Spirite, Éd. Charpentier, Paris, 1866.

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