« Cette proximité sémantique donc laisse entendre que l’état adulte peut parfois être parasité par l’état adolescent. Il n’est pas étonnant que l’adultère inclue si souvent dans sa démarche ces dimensions, flagrantes et tellement envahissantes à l’adolescence, que sont l’angoisse, l’impatience, la fébrilité, l’hésitation, la nostalgie, le regret, etc., le tout traduisant le piaffement dans lequel on se trouve mis en général par la recherche de l’objet perdu. Comme s’il était naturel à l’adolescent de se dire qu’il risque, en passant un cap, de ne plus jamais avoir l’occasion de retrouver son objet perdu. Voilà qui m’inclinerait à franchir un pas de plus et à faire de "adultère", bien plus que le facile et immédiat "adulte erre", un "adulte taire". Comme pour constater qu’il traduirait une forme de refus de la cruelle dimension vectorielle du temps - qu’on retrouve au principe du fameux “démon de midi” ! (...) Cela pourrait se traduire par un : “Il va bien falloir qu’un jour ou l’autre, au lieu de le taire, j’en arrive à l’assumer, mon fameux statut adulte.” » (Aldo Naouri, LeMonde.fr).