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Richard von Krafft-Ebing

La vie sexuelle morbide et l’aliénation mentale

Psychopathia Sexualis : IV. — Pathologie spéciale

Date de mise en ligne : mardi 17 février 2009

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Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

IV
PATHOLOGIE SPÉCIALE

Les phénomènes de la vie sexuelle morbide dans les diverses formes et états de l’aliénation mentale. — Entraves psychiques. — Affaiblissement mental aigu. — Faiblesse mentale consécutive à des psychoses, à des attaques d’apoplexie, à une lésion de la tête ou à un lues cerebralis. — Démence paralytique. — Épilepsie. — Folie périodique. — Psychopathie sexuelle périodique. — Manie. — Symptômes d’excitation sexuelle chez les maniaques. — Satyriasis. — Nymphomanie. — Satyriasis et nymphomanie chroniques. — Mélancolie. — Hystérie. — Paranoia.

ENTRAVES PSYCHIQUES AU DÉVELOPPEMENT

En général, la vie sexuelle est très peu développée chez les idiots. Elle fait même totalement défaut chez les idiots d’un degré avancé. Les parties génitales sont, dans ce cas, petites, atrophiées, les menstrues ne se produisent que tard ou pas du tout. Il y a impuissance ou stérilité. Même chez les idiots qui ont des facultés mentales d’un niveau relativement plus élevé, la vie sexuelle ne tient pas le premier rang. Elle se manifeste, dans quelques cas très rares, avec une certaine périodicité et alors elle se fait jour avec une grande intensité. Elle ne peut apparaître que sous forme de rut et elle exige avec impétuosité une satisfaction. Les perversions de l’instinct génital ne semblent pas se rencontrer chez les individus dont le développement intellectuel reste à un degré aussi peu élevé.

Si l’impulsion à la satisfaction sexuelle se butte à une résistance, il se produit de puissants désirs accompagnés de violences dangereuses contre les personnes. Il est bien compréhensible que l’idiot ne soit pas difficile quand il s’agit de sa satisfaction sexuelle et qu’il s’attaque même aux personnes de sa plus proche parenté.

Ainsi Marc Ideler rapporte le cas d’un idiot qui voulut stuprer sa propre sœur et qui l’avait presque étranglée quand on l’empêcha de commettre l’acte.

Un cas analogue est raconté par Friedreich (Friedreichs Blätter, 1858, p. 50).

J’ai, à plusieurs reprises, donné mon avis médical sur des délits contre les mœurs commis sur des petites filles.

Girard aussi (Annales méd.-psych., 1885, nº 1) cite un cas à ce sujet. La conscience de la portée de l’acte manque toujours, mais souvent l’idiot a le sentiment instinctif que ces actes obscènes ne sont pas permis en public, c’est ce qui le décide à accomplir les actes sexuels dans un lieu solitaire.

Chez les imbéciles, la vie sexuelle est ordinairement aussi développée que chez les individus qui jouissent de la plénitude de leurs facultés mentales. Les sentiments d’arrêt moraux sont très peu développés. Voilà pourquoi la vie sexuelle de ces individus se fait jour d’une manière plus ou moins vive. C’est aussi pour cette raison que les imbéciles sont un élément troublant pour la vie sociale. L’accentuation morbide et la perversion de l’instinct sont très rares chez eux.

La satisfaction de l’instinct génital la plus usitée, c’est l’onanisme. L’imbécile ose rarement s’attaquer aux personnes adultes de l’autre sexe.

Souvent il stupre des animaux. L’immense majorité des sodomistes sont des imbéciles. Les enfants aussi sont assez souvent l’objet de leurs aggressions.

Emminghaus (Maschka’s Handbuch, IV, p. 234) rappelle la grande fréquence chez eux des manifestations impudiques de l’instinct génital : masturbation dans un lieu public, exhibition des parties génitales, violences sur des enfants et même sur des personnes de leur propre sexe, sodomie.

Giraud (Annales méd.-psychol., 1885, nº 1) a rapporté toute une série d’attentats aux mœurs commis sur des enfants.

1º H..., dix-sept ans, imbécile, a entraîné avec des noix une petite fille dans un grenier, Genitalia puellæ nudavit, sua genitalia ei ostendit et in abdomine infantis coitum conatus est. Il n’a pas du tout conscience de la signification de son acte au point de vue légal et moral.

2º L..., vingt et un ans, imbécile, dégénéré, est occupé à garder les troupeaux. Sa sœur âgée de onze ans vient avec une camarade âgée de huit ans et raconte qu’un inconnu a essayé de commettre sur elles des attentats obscènes. L... conduit aussitôt les enfants dans une maison inhabitée, essaie le coït sur l’enfant de huit ans, mais il abandonne bientôt sa tentative car l’immissio ne réussit pas et l’enfant crie. Rentré à la maison, il promet à l’enfant de l’épouser si elle ne le trahit pas. Amené devant le juge, il exprime l’intention de réparer son tort en épousant la petite.

3º G..., vingt et un ans, microcéphale, imbécile, pratique depuis l’âge de six ans la masturbation : il fut plus tard pédéraste, tantôt actif, tantôt passif ; a essayé à plusieurs reprises de faire l’acte de pédérastie sur des garçons et a attaqué des petites filles. Il ne comprenait absolument pas la portée de ses actes. Ses envies sexuelles le prenaient périodiquement et sous forme de rut, comme chez les animaux [1].

4º B..., vingt et un ans, imbécile, se trouvant seul au bois avec sa sœur âgée de dix-neuf ans, lui demande de consentir au coït. Elle refuse. Il menace de l’étrangler et la blesse d’un coup de couteau. La fille affolée lui tire violemment le pénis comme pour l’arracher, alors il renonce à sa tentative et revient tranquillement à son ouvrage. B... a un crâne microcéphale, mal conformé : il n’a aucune compréhension de son acte.

Emminghaus (op. cit. p. 234) cite un cas d’exhibitionnisme.

Observation 144. — Un homme de quarante ans, marié, avait pendant seize ans exhibitionné dans des squares et autres endroits publics devant des petites filles, des bonnes, etc. Il choisissait toujours l’heure du crépuscule et sifflait pour attirer l’attention sur lui. Des gens qui le guettaient l’avaient souvent surpris et lui avaient administré une verte correction. Il évitait alors ces endroits ; mais il continuait ailleurs. Hydrocéphalie. Imbécillité à un degré léger. Le tribunal inflige une punition minime.

Observation 145. — X..., issu d’une famille chargée de tares héréditaires, imbécile, étrange et bizarre dans ses pensées, ses sentiments et ses actes, est arrivé, grâce au népotisme, à occuper les fonctions de juge suppléant. Accusatus est quod iterum iterumque ancilis genitalia sua ostendit et superiorem corporis partem de fenestra demonstravit. Hors cela aucune trace d’instinct génital. Prétend n’avoir jamais pratiqué la masturbation. (Sander : Archiv. f. Psych. T. I, p. 655)

Observation 146. — Actes de pédérastie sur un enfant. Le 8 avril 1884, à dix heures du matin, un certain V... entre en conversation dans la rue avec Mme X... qui tenait sur ses genoux un garçon de seize mois. V... lui prit l’enfant sous prétexte qu’il voulait le mener promener. Il s’éloigna à une distance d’un demi-kilomètre, revint et déclara que l’enfant lui était tombé des bras et s’était, dans sa chute, blessé à l’anus. Cette partie du corps était déchirée et il en coulait du sang. À l’endroit où l’accident a eu lieu, on a trouvé des traces de sperme. V... avoua son crime abominable, mais pendant l’audience il eut une attitude si étrange, qu’on ordonna un examen de son état mental. Il fit l’impression d’un imbécile aux gardiens de la prison.

V..., quarante-cinq ans, ouvrier maçon, moralement et psychiquement taré, est dolichomicrocéphale ; il a une face étroite et resserrée, une figure et des oreilles asymétriques, un front bas et fuyant. Les parties génitales sont normales. V... fait preuve d’une sensibilité cutanée très minime en général ; c’est un imbécile, il n’a pas de conception de rien. Il vit au jour le jour, sans s’inquiéter de rien, vit pour lui et ne fait rien de sa propre initiative. Il n’a ni désirs ni cœur ; il n’a jamais fait le coït. Il est impossible d’obtenir de lui d’autres détails sur sa vita sexualis. L’idiotie intellectuelle et morale est prouvée par sa microcéphalie ; le crime doit être attribué à un instinct sexuel indomptable et pervers. Il est interné dans un asile d’aliénés (Virgilio. Il Manicomio. Ve année nº 3).

Un cas analysé par L. Meyer (Arch. f. Psych. T. I, p. 103) nous montre des femmes imbéciles devenues indécentes, se livrant à la prostitution et à d’autres actes d’immoralité [2].

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’ouvrage de Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

Notes

[1Pour les nombreux cas de ce genre, voir Henkes Zeitschrift, XXIII, fascicule supplémentaire, p. 147. — Combes, Annales med.-psych., 1866 — Liman, Zweifelhafte Geisteszustaende, p. 389). — Casper-Liman, Lehrb., 7e édit., cas 293. — Bartels, Friedreichs Blätter f. d. gerichtl. Med., 1890, fascicule 1.
Pour d’autres cas de pédérastie consulter Casper, Klin. Novellen, cas 5. — Combes, Annales méd.-psychol., juillet.

[2V. Sander, Vierteljahrschrift f. ger. M., XVIII, p. 31. — Casper, Klin. Novellen, cas 27.

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