« L’étrange influence qu’exerce la musique sur les facultés mentales lorsqu’elles ont été préalablement modifiées par l’action du hachisch, appelle naturellement notre attention sur une question qui bien souvent, a préoccupé les médecins d’aliénés. À toutes les époques, on a essayé d’agir sur le moral des fous par la musique. On a échoué ; mais les insuccès n’ont jamais profité qu’à ceux qui avaient tenté les expériences. On a fait de nouvelles tentatives, toujours en se promettant monts et merveilles d’un moyen thérapeutique que l’on veut trouver bon quand même, et qui semble hors d’atteinte de toute espèce de déconsidération. Notre opinion sur ce sujet ressortira des quelques considérations dans lesquelles nous allons entrer : mais si nous devions l’exprimer dès à présent dans toute sa franchise et sa naïveté nous ne pourrions mieux faire que de répéter ces paroles d’un écrivain moderne : “La musique, comme moyen curatif, ne réussit guère qu’à l’Opéra-Comique. Là, on guérit la folie avec une romance, la fièvre avec un solo de flûte, le choléra morbus avec un air varié de trombone : c’est fort ingénieux. - Mais nous avons maudit souvent la harpe de David et l’hypochondrie de Saul, qui ont manifestement produit toutes ces billevesées.” » (J.-J. Moreau de Tours, Du Hachisch et de l’aliénation mentale).